À la découverte de la création dans nos activités récréatives
À la découverte de la création dans nos activités récréatives
1. Pagayer en solitaire⤒🔗
C’est le matin; le temps est brumeux sur la Magnetawan. Dans un canot rouge, un pagayeur solitaire fend silencieusement l’eau calme. La pagaie entre dans l’eau et ressort. Les ondulations en forme d’arc s’éloignent de la silhouette pour aller s’échouer sur le rivage rocailleux. Des gouttelettes d’eau sont suspendues en équilibre sur la pointe des feuilles repliées. On entend au loin l’appel du huard. L’écho de son trille est réverbéré le long des rangées de pins majestueux. Alors que le canot poursuit sa route silencieuse, la lumière filtrée du soleil danse joyeusement sur les vagues minuscules, en harmonie avec tout ce qui l’entoure, comme elle le fait depuis des centaines, voire des milliers d’années.
La silhouette solitaire dans le canot rouge constitue l’image par excellence du Canada, rendue célèbre par un homme du nom de Bill Mason. Mason a travaillé la majeure partie de sa vie en tant que cinéaste pour l’Office National du Film. Il a travaillé à de nombreux films, tels que Paddle to the Sea (« Pagayer jusqu’à la mer »), The Rise and Fall of the Great Lakes (« L’essor et la chute des Grands Lacs ») et Cry of the Wild (« Le cri de la nature sauvage »). Il faisait la recherche, il dirigeait, il filmait, il réalisait, il faisait la narration. Ses films ont remporté de nombreux oscars et ont même été mis en nomination pour les « Academy awards ». Bill a rapidement connu le succès et il est vite devenu célèbre. Mais alors même que sa popularité grandissait, le combat intérieur qu’il livrait pour arriver à s’exprimer davantage sur lui-même et, ce qui est encore plus important, sur sa foi s’intensifiait.
Mason était un chrétien qui croyait en Dieu le Créateur. Pagayeur de longue date, il se sentait plus près de Dieu lorsqu’il était seul dans la nature. Dans les périodes occupées de sa vie, il aspirait à pouvoir passer du temps dans la nature, parce que plus il passait de temps loin de la nature, plus il se sentait éloigné de Dieu. C’était cette spiritualité qu’il voulait désespérément partager avec les autres.
Le titre du dernier film de Mason, Waterwalker (« Celui qui marche sur l’eau »), faisait référence à l’apôtre Pierre marchant sur l’eau à la rencontre de Jésus. Dans ce film, Bill tente d’expliquer sa foi à un public en grande majorité séculier. Il a fait la réflexion suivante : « Que dire? Les gens de mon Église vont me dire que je n’en ai pas suffisamment dit et mes camarades pagayeurs vont dire “bon film, mais tu prêches un peu trop”. » Le fait est que, derrière les murs de l’Office National du Film, Bill a dû se battre longtemps et durement au sujet de la narration de ce film avec les personnes qui voulaient « séculariser » le film.
Dans la version définitive, il ne fait aucun doute que la voix de la personne qui parle de religion est celle d’un autochtone. Il semble qu’ils ont procédé ainsi dans un effort pour rendre le film plus acceptable pour la masse des gens, la culture autochtone étant mieux acceptée que le christianisme. Mason a dû finalement admettre qu’il n’a pas réussi à communiquer le message qu’il voulait transmettre. Harcelé par toutes les politiques, il a terminé son film dans la frustration. Il est triste qu’il n’ait pas eu la liberté de déclarer à toutes les personnes qui visionneraient son film quel Dieu impressionnant il avait.
2. Voir Dieu dans la nature←⤒🔗
Je pense que Bill avait un point. La sérénité de la nature vierge vient remuer notre âme. Fuir la civilisation pendant un certain temps pour aller pagayer sur une rivière déchaînée, c’est bien plus qu’une activité récréative ou qu’un exercice physique. Ça peut aussi être une occasion de croissance spirituelle.
La popularité des programmes dans la nature et des randonnées dans les étendues sauvages est liée au fait que les gens recherchent leur bien-être personnel. La spiritualité fait partie de ce bien-être. Dans la nature, même l’homme séculier reconnaît une puissance ou un esprit d’harmonie. Ce n’est pas une coïncidence si les cassettes et les disques compacts de relaxation ne reproduisent pas les sons qu’on retrouve près des complexes industriels bruyants où des machines arrachent méthodiquement des parties des autos mises au rancart, ou encore les sons des klaxons des conducteurs impatients pris dans la circulation. Ils reproduisent des sons naturels comme le flux et le reflux apaisant de la marée au bord de l’océan ou encore le doux chant des oiseaux.
L’homme reconnaît la paix dans le monde de la nature, mais malheureusement il est incapable de voir ou de louer Dieu en tant que Créateur. La nature en soi devient l’objet auquel l’homme voue un culte, un peu comme si l’on se rendait dans une galerie d’art et qu’on adressait un compliment au tableau pour sa beauté plutôt que de complimenter l’artiste qui l’a peint.
Lorsque vous visitez une galerie d’art et que vous observez les différentes œuvres exposées, vous pouvez entrevoir l’artiste qui les a réalisées. Si vous appréciez un tableau, vous appréciez en fait les talents et les habiletés de l’artiste qui l’a peint. Dans notre civilisation, nous sommes entourés de monuments, de technologies et de philosophies faits par l’homme qui attirent notre attention sur les êtres humains qui en sont les auteurs. Lorsque l’homme tourne son regard vers l’intérieur, il n’y trouve que le désespoir de la condition humaine. Il y a tant de choses que l’homme construit, peint, écrit ou chante qui non seulement ne font aucune place à Dieu, mais qui ne font aucune place à la nature ou à l’homme non plus. Il n’est donc pas surprenant qu’il y ait tant de désespoir dans un monde où l’homme regarde continuellement à lui-même.
Cependant, en tant que chrétiens, nous pouvons être reconnaissants de connaître le Grand Artiste et nous pouvons réaliser que tout dans le monde de la nature attire notre attention sur Dieu : des premiers rayons du soleil à l’aube aux magnifiques couchers de soleil en fin de journée, à la lune et aux étoiles dans la nuit. Les montagnes majestueuses et les coccinelles colorées ont toutes les deux vu le jour par la même parole. Des pins imposants aux nénuphars fragiles et des mammifères géants aux tout petits oiseaux et poissons, toute la nature proclame la gloire de Dieu.
Pour entendre cette proclamation, on doit écouter, tout comme l’a fait un jour un homme qui avait embauché un guide pour le conduire en randonnée avec son fils dans les montagnes Adirondacks. Le guide leur a fait voir de nombreuses choses magnifiques, invisibles pour l’œil non entraîné. Un jour, après que le guide leur eut montré quelques-uns des secrets cachés de la nature, le garçon a demandé : « Monsieur, pouvez-vous voir Dieu? » Le guide lui a répondu : « Mon garçon, j’en suis rendu au point où je peux à peine voir autre chose lorsque je suis dans les bois. »
3. Déclarations bibliques←⤒🔗
Nous confessons que nous connaissons Dieu par deux moyens :
« Premièrement, par la création, la conservation et le gouvernement de l’univers, qui s’offre à nos yeux comme un livre magnifique dans lequel toutes les créatures, petites et grandes, sont comme autant de lettres qui nous amènent à contempler les choses invisibles de Dieu, c’est-à-dire “sa puissance éternelle et sa divinité”, comme le dit l’apôtre Paul (Rm 1.20). Toutes ces choses sont suffisantes pour convaincre les hommes et les rendre inexcusables. Deuxièmement, il se fait connaître à nous plus clairement et plus pleinement par sa sainte et divine Parole, aussi pleinement que nous en avons besoin dans cette vie, pour sa gloire et pour le salut des siens » (Confession des Pays-Bas, article 2).
Les psaumes nous rappellent sans cesse de louer Dieu pour tout ce qu’il a créé.
« Éternel, notre Seigneur! Que ton nom est magnifique sur toute la terre! […] Quand je regarde tes cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as établies : Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui? » (Ps 8.2a,4-5a).
« Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains » (Ps 19.2). « Il conduit les sources dans des torrents qui coulent entre les montagnes » (Ps 104.10). Vous pouvez également considérer la réponse de Dieu à Job aux chapitres 38 et 39 du livre de Job.
Dieu désire que nous voyions sa création et que nous lui offrions des louanges pour celle-ci. Il ne l’a pas cachée, mais il nous a plutôt placés au milieu d’elle. Dans sa Parole, il attire notre attention sur elle. Il s’attend à ce que nous soyons émerveillés par ses œuvres. Il est plus facile de nous émerveiller lorsque nous sommes en pleine nature que lorsque nous conduisons sur l’autoroute.
4. Les sons à l’état naturel←⤒🔗
Dans un chapitre intitulé « Creative Recreation » (« Détente créative »), tiré de son livre Hidden Art (« L’art caché »), Francis Schaeffer a écrit :
« Les gens sont non seulement en train de détruire la nature et la terre, mais en plus ils sont en train de s’en isoler. Il y a toujours un édifice, une rue, une auto, un patio ou quelque chose entre eux et la terre. […] L’homme ne peut profiter d’un sain repos pour son système nerveux ou physique s’il ne pose jamais le pied directement sur le sol ou si ses narines, ses oreilles et ses papilles gustatives ne sont jamais libérées de la vue, des sons, des saveurs ou des odeurs qui émanent des machines, du ciment, des tuyaux d’échappement et d’autres choses non naturelles. »
S’isoler de la nature, c’est s’isoler de la plus belle révélation de Dieu.
Faites la comparaison entre se tenir debout sur une roche pour contempler l’eau tourbillonnante d’une rivière qui coule plus bas et se tenir debout sur un viaduc pour regarder passer le flot continu de voitures polluantes. Ou bien encore, faites la comparaison entre contempler l’éclat d’un beau feu de camp, sentir sa bonne chaleur (sans aucune pause publicitaire pendant des heures) et fixer aveuglément l’éclat froid de votre téléviseur. Il n’y a simplement aucune comparaison entre les bénéfices spirituels de ces activités. Pourquoi ne pas écouter le chant des insectes à la nuit tombée ou le cri des oiseaux de proie qui planent dans le ciel, plutôt que les sons discordants et irritants qui nous assaillent partout au cœur de nos villes de béton?
La ligne des toits dans les grandes villes est un témoignage de l’orgueil démesuré de la société moderne. Les gratte-ciel reflètent la puissance, la richesse et l’arrogance. Ils n’ont pas été construits en harmonie avec ce qui les entoure, mais plutôt comme des monuments à la gloire de ceux qui ont conquis les éléments naturels. Le principal accomplissement de l’homme a été de se vanter lui-même. Avec le temps, le métal rouille et les philosophies s’écroulent, la dure réalité de la condition humaine est mise en lumière. Nous ne faisons que passer en tant que simples mortels et ce que nous accomplissons disparaît aussi. Cependant, Dieu est immortel. La création qu’il soutient est toujours là, depuis qu’il l’a créée au commencement. Elle témoigne de sa puissance, de sa providence et de son amour.
Nous aurions tous grandement avantage à prendre la route qui sort de la ville et à suivre Bill Mason jusque dans la nature sauvage. Emmenez votre famille, emmenez vos amis, allez-y seul si vous préférez, mais surtout, prenez le temps de pagayer et de descendre une rivière en pleine nature. Considérez cela non seulement comme une aventure, mais comme un voyage de croissance spirituelle. Observez, émerveillez-vous et transmettez aux autres un sens d’admiration plein de respect devant ce que Dieu a créé. Goûtez la beauté de ce monde créé et louez Dieu pour ses œuvres éblouissantes! Enseignez à vos enfants à voir la nature comme l’œuvre de ses mains. Émerveillez-vous et soyez poussés à l’adorer.