Lorsque j’étais adolescent, ma classe d’école du dimanche a visité le nord de l’Arizona. Je me vois encore très clairement, rampant jusqu’au bord de la falaise très abrupte pour regarder la Petite Rivière Colorado (Little Colorado River) qui coulait tout en bas. Les paumes de mes mains étaient couvertes de sueur — ça n’a pas pris de temps pour que je recule! Il y a aujourd’hui dans notre société un groupe de gens qui, spirituellement parlant, sont en train de ramper jusqu’au bord d’une « falaise » : la fin de leur vie. Elles feront bientôt face à la mort et entreront dans l’éternité.

Je parle des personnes qui habitent dans les résidences ou les foyers d’accueil pour personnes âgées ou encore dans les centres de soins de longue durée. Ces personnes peuvent facilement s’identifier aux paroles du psalmiste :

« Car tous nos jours déclinent par ton courroux; nous voyons nos années s’achever comme un murmure. Le nombre de nos années s’élève à soixante-dix ans et, si nous sommes vigoureux, à quatre-vingts ans; et leur agitation n’est que peine et misère, car cela passe vite, et nous nous envolons » (Ps 90.9-10).

La plupart des gens qui vivent dans ces centres ont soixante-dix ans, quatre-vingts ans et même plus. La plupart d’entre eux gémissent ou se plaignent à cause de problèmes de santé, d’enfants ingrats, d’amitiés perdues, d’angoisse devant l’avenir, de désorientation, etc. Lorsque nous regardons leurs visages et que nous prenons conscience de leurs besoins — des bras qui ne fonctionnent plus, des jambes qui ne peuvent plus bouger, des voix qui ne peuvent plus émettre de sons, des yeux qui ne voient plus clairement —, comme nous soupirons après le jour où le Grand Médecin fera toutes choses nouvelles!

Ces gens qui arrivent « au bord » de l’éternité doivent faire face aux dures réalités du processus de la mort et de la mort elle-même — et c’est également vrai pour ceux qui croient au Seigneur Jésus-Christ. Les enfants de Dieu n’ont pas vraiment peur de la mort, car il nous a délivrés de cet aiguillon (1 Co 15.56-57), mais ils ont peur du processus de la mort. Malgré leur sincérité et leur dévouement, les gens qui prennent soin des personnes âgées dans une perspective humaniste démontrent leur compassion et apportent leur aide en cherchant surtout à préparer les personnes âgées à « mourir dans la dignité », mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Cependant, l’Église a la responsabilité et le privilège de faire connaître l’Évangile, la bonne nouvelle qui nous assure que le bon Berger est avec les membres de son peuple qui marchent dans la vallée de l’ombre de la mort pour entrer dans la gloire du ciel!

Le travail auprès des personnes qui vivent dans des résidences pour personnes âgées comporte certaines frustrations. Une des plus grandes difficultés rencontrées est le peu de réponses apparentes que l’on reçoit de leur part à cause de leur âge et de leurs infirmités. Les célébrations à la chapelle ou les conversations individuelles peuvent être interrompues pour diverses raisons : les annonces à l’interphone, le bruit des assiettes et des plateaux qui sont manipulés, les visiteurs, les gens qui circulent, les pleurs et les gémissements, etc.

C’est là que la foi réformée permet de trouver tout de même une grande satisfaction dans ce travail. Nous croyons que lorsque la Parole de Dieu est présentée de manière fidèle, Dieu se sert de sa Parole et accomplit toujours ses desseins à travers elle :

« Ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : Elle ne retourne pas à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l’ai envoyée » (És 55.11).

Qui peut savoir la profondeur à laquelle le Saint-Esprit fait pénétrer l’Évangile dans le cœur de ceux qui l’entendent dans ces résidences, que ce soient les personnes âgées elles-mêmes, le personnel autour ou encore les visiteurs?

Il y a un aspect positif : la plupart des résidents des foyers pour personnes âgées aiment être visités. On estime que 85 % de ceux qui vivent dans des foyers ou des centres n’ont pas de contact régulier avec leur famille ou leurs anciens amis! Il y a bien longtemps, Jacques a écrit :

« La religion pure et sans tache, devant Dieu le Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se garder des souillures du monde » (Jc 1.27).

Alors que nous recherchons la sainteté et la pureté dans notre marche chrétienne, nous ne devons pas négliger de « visiter les orphelins et les veuves ». (Notez que ces deux groupes ont déjà vécu l’expérience de la mort.) Au nom de son Sauveur, l’Église, à travers les siècles, a établi des orphelinats, pris soin des veuves, répondu aux besoins des personnes âgées, construit des hôpitaux, aidé les pauvres et généralement contribué à soulager les souffrances de l’humanité. L’exercice d’un ministère envers les résidents des foyers et des centres pour personnes âgées reflète la compassion et le sacrifice de Jésus-Christ lui-même (voir Lc 10.33 et Mc 10.45).

Un des plus grands défis pour quiconque prêche, enseigne ou fait connaître la Parole de Dieu est de faire ressortir clairement que le salut est par la grâce seule, par la foi seule, en Jésus-Christ seul! Plusieurs résidents des foyers ou des centres pour personnes âgées ont passé des décennies dans des Églises où le message de « l’Évangile » consistait à placer leur foi en Jésus et à faire quelque chose d’autre. Alors qu’ils arrivent aux portes de l’éternité, ils doivent comprendre que ce n’est pas le fait qu’ils ont vécu une vie bonne et honnête, qu’ils sont membres d’une Église, qu’ils connaissent la Bible, qu’ils sont bons envers leurs voisins, qu’ils croient en l’existence de Dieu, etc., qui leur donnera la victoire sur la mort et la vie éternelle au ciel.

Êtes-vous impliqué dans un ministère régulier auprès des personnes âgées? C’est une belle occasion pour ceux qui hésitent à s’impliquer dans des projets d’évangélisation parce que ce ministère s’exerce généralement dans des milieux non menaçants. En général, à la fois le personnel d’administration et les résidents apprécient grandement de telles visites et les personnes qui désirent le faire sont bien accueillies. Vous n’avez pas nécessairement besoin de passer beaucoup de temps à vous préparer et vous n’avez pas besoin d’être un spécialiste de la Bible ou un musicien professionnel. Si vous avez de l’amour pour les gens qui approchent de l’éternité et que vous êtes prêts à utiliser vos talents et vos habiletés, vous pouvez avoir le privilège d’être le serviteur du Seigneur pour mettre en garde et pour encourager : « Car le salaire du péché c’est la mort; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 6.23).