Psaume 90 - Enseigne-nous à compter nos jours
Psaume 90 - Enseigne-nous à compter nos jours
« Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous conduisions notre cœur avec sagesse. »
Psaume 90.12
« Il ne rajeunit pas! » Voilà une expression courante pour décrire une personne qui vieillit. Si vous voulez savoir ce que notre société pense du vieillissement, vous n’avez qu’à regarder les cartes d’anniversaire. Souvent, l’humour de ces cartes tourne autour du regret ou de la peur que nous avons de vieillir.
Le chrétien ne devrait pas avoir peur de vieillir, mais devrait plutôt apprendre à bien compter ses jours : « Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous conduisions notre cœur avec sagesse » (Ps 90.12).
Que signifie compter nos jours? S’agit-il simplement de faire des croix sur notre calendrier? Ce serait une façon efficace de nous rappeler qu’on ne peut pas arrêter le vieillissement, qu’on ne peut pas l’éviter, que c’est un processus certain. Cependant, cela ne ferait qu’amener les gens à regretter les jours passés. Comment faire face à tout ce que nous avons fait ou n’avons pas fait, à tout ce que nous avons dit ou n’avons pas dit, aux amitiés que nous n’avons pas maintenues, aux emplois que nous n’avons jamais acceptés?
La façon dont les chrétiens réagissent au vieillissement n’est pas toujours très différente de celle des non-chrétiens. Les chrétiens font parfois preuve d’un humour macabre à ce sujet, malgré le fait que la Parole de Dieu nous exhorte à penser différemment.
1. L’expérience de Moïse⤒🔗
Le Psaume 90 est d’un grand réconfort pour le croyant. Il est attribué à Moïse et c’est le seul psaume où Moïse est spécifiquement désigné comme auteur. Il est presque certain que ce psaume a été écrit au cours des quarante ans pendant lesquels Israël a erré dans le désert.
Moïse savait ce que signifie devenir vieux. Il avait déjà atteint quatre-vingts ans lorsqu’il s’est présenté à la cour du pharaon afin de conduire le peuple de Dieu! Il a dirigé la nation d’Israël pendant quarante autres années, jusqu’à sa mort à l’âge de cent vingt ans. Deutéronome 34.7 nous dit que lorsque Moïse est mort, « sa vue n’était pas éteinte et sa vigueur n’avait pas disparu ». Il était tout aussi fort le jour de sa mort que lors du départ d’Israël de l’Égypte quarante ans plus tôt.
À plusieurs reprises au cours de ces quarante ans passés dans le désert, Moïse a vu les fils rebelles et désobéissants d’Israël consumés par la colère de Dieu. Il a vu toute une génération mourir dans le désert à cause de l’incrédulité dont elle avait fait preuve. Avec quelle clarté voyait-il que l’homme est comme l’herbe qui fleurit un jour pour être jetée au feu le lendemain! Il a vu des milliers de ses compagnons israélites retourner à la poussière dans le désert. Lui-même a reçu de Dieu quatre-vingts années suivies de quarante autres, puis il est mort lui aussi. Son corps était tout autant prisonnier de la mort que ceux des autres hommes.
Moïse a vu des jours remplis de difficultés et de douleur. Il connaissait personnellement la puissance de la colère de Dieu. Malgré tout, il en appelait à Dieu, encore et toujours, le suppliant de ne pas manifester seulement sa colère, mais aussi sa miséricorde (Ps 90.13-17). L’espérance dans la grâce de Dieu est à la base du Psaume 90. Les pécheurs ne peuvent pas entrer dans la terre promise. Les enfants d’Israël n’ont pas pu entrer et nous ne le pouvons pas non plus. La terre de Canaan était un signe représentant la réalité céleste, la terre promise ultime. Aucun être humain ne peut prétendre y entrer à cause de sa prétendue bonté ou de son obéissance soi-disant parfaite. Personne n’est bon; personne n’obéit parfaitement. Nous entrons dans le pays céleste par grâce, au moyen de la faveur non méritée de Dieu envers nous. Dieu sauve son peuple non pas sur la base de ses prétendues œuvres de justice, mais plutôt en vertu de sa propre miséricorde, cette miséricorde qu’il a manifestée au monde par l’œuvre de Jésus-Christ sur la croix et dans laquelle les rachetés placent leur foi (Tt 3.4-7).
Dans les derniers versets du Psaume 90, Moïse se tourne vers cette grâce. Au cœur des jugements qu’il a vus s’abattre à maintes et maintes reprises sur Israël dans le désert, il continue à espérer dans l’amour et la miséricorde du Dieu de l’alliance, dans la compassion du Seigneur pour ses serviteurs. Il attend avec impatience le dernier matin, ce matin qui ne fera plus jamais place à la nuit, ce matin où le Seigneur viendra combler de son amour intarissable tous ceux qui se confient en lui, où il fera de son peuple un peuple heureux pour toute l’éternité.
2. Faire face à la réalité←⤒🔗
Au verset 12, Moïse prie le Seigneur d’enseigner son peuple à compter ses jours. Qu’est-ce que cela signifie? Nous comptons nos jours lorsque nous prenons conscience de ce qu’est la vie réellement.
La personne insensée qui ne croit pas pense que la vie va toujours continuer. La personne qui ne connaît pas Dieu pense toujours qu’il lui reste beaucoup de temps. Un jour, elle se repentira. Un jour, elle croira dans l’Évangile de Jésus-Christ. Il lui reste bien assez de temps. Elle est jeune, forte et en santé; les mauvais jours ne sont pas pour elle. Alors, elle ne compte pas ses jours, ne considère pas le temps qui passe ou ne réfléchit pas à sa vie.
Il y en a d’autres qui ne comptent pas leurs jours parce que la peur les paralyse. Ils considèrent l’avenir et s’attendent au pire. Ils vont perdre leur argent, ils vont perdre la santé et mourir de cancer comme leur mère ou d’une crise cardiaque comme leur père. Qu’ils soient jeunes ou vieux, ils ont l’impression que leur avenir ne peut pas être autre chose que désastreux, car ils n’ont jamais appris à compter les jours de leur vie et à considérer leur vie dans une juste perspective.
Si nous apprenons à compter nos jours, nous voyons que notre vie est brève — environ soixante-dix ans, un peu plus si nous jouissons d’une forte constitution. Pourtant notre vie est bien davantage que ces quelques années. Si notre espérance est dans le Seigneur Jésus-Christ, nous comptons sans cesse sur la compassion de Dieu. Nous plaçons notre espérance dans l’amour intarissable de Dieu. C’est alors que notre cœur devient sage, que nous commençons à voir notre vie telle qu’elle est réellement : brève, mais, par la foi, sous la miséricorde de Dieu.
3. Le regard tourné vers l’avenir←⤒🔗
Comment un chrétien peut-il vieillir bien? La première chose que nous devons apprendre, c’est que notre vie entière est entre les mains de Dieu, car il est notre Créateur. Nous ne sommes pas maîtres de notre vie ni de notre mort. Nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes et nous devons notre vie à celui qui l’a créée (Ac 17.25). Nous sommes nés dans le temps et nous sommes assujettis au temps, mais Dieu est éternel et nous devons lui confier notre vie. C’est Dieu qui fait retourner l’homme à la poussière, qui l’emporte dans le sommeil de la mort, qui, dans sa colère, le détruit à cause de son péché.
Mais si c’était là la seule chose que nous apprenions, comme le désir de combattre la mort à tout prix serait fort! Si tout ce qui nous attendait était un Dieu saint, prêt à juger nos péchés, nous consacrerions toute notre énergie à fuir la mort, à la nier et à la défier. Cependant, il y a pour les croyants la promesse de l’Évangile. Même si notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. C’est pourquoi nous ne perdons pas courage (2 Co 4.16). Le chrétien est appelé non pas à vivre dans la crainte de la mort, mais plutôt à se souvenir de la miséricorde de Dieu envers son peuple.
Deuxièmement, nous devons nous rappeler que notre vie dans notre corps présent ne durera pas toujours. À moins que le Seigneur Jésus-Christ ne revienne avant, la mort nous saisira tous. Viendra un moment où notre cœur arrêtera de battre, notre corps deviendra froid et nous serons physiquement morts. Chacun d’entre nous est comme l’herbe du matin qui fleurit, mais qui sèche et se fane avant l’arrivée du soir. Nous ne devrions pas être surpris si, à mesure que nous vieillissons, notre corps nous rappelle constamment que nous sommes comme l’herbe. Compter nos jours, c’est nous rappeler que nous sommes mortels.
Finalement, nous devrions nous réjouir dans ces jours que nous comptons. Chaque jour, le chrétien est transformé à l’image de Jésus-Christ. Les jours que nous comptons sont des jours où nous recevons la grâce de Dieu, où nous faisons l’expérience de la grâce de Dieu, à travers le Seigneur Jésus-Christ. Plus nous vieillissons, plus nous devrions être en mesure de parler de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Plus les jours de notre vie s’écoulent, plus ils devraient être remplis d’actions de grâce et de louanges pour notre salut en Jésus-Christ et non pas d’un récital de complaintes parce que nous tombons en morceaux. Il n’est pas surprenant que les jeunes aient souvent peur de vieillir alors que ceux d’entre nous qui sont plus âgés ne semblent pas toujours apprécier la miséricorde de Dieu tant que cela. Lorsque nous voyons des chrétiens plus âgés, c’est la grâce de Dieu que nous contemplons. Dieu les a préservés, leur a donné la capacité de persévérer et a fait preuve de bonté envers eux maintes et maintes fois.
Nous vieillissons, mais nous devenons sages lorsque nous nous rappelons à quel point nos vies sont brèves. Nous ne vivrons pas dans nos corps actuels pour toujours et pourtant, si nous sommes chrétiens, nos vies sont vécues dans la miséricorde et sous la grâce de Dieu. Notre Dieu fidèle nous manifestera cette grâce en Jésus-Christ. Puisque nos vies sont brèves, nous dépendons de notre Dieu qui ne vieillit pas et qui ne se fatigue pas, mais qui demeure fidèle envers ses enfants : « Jusqu’à votre vieillesse je serai le même, jusqu’à votre âge avancé, je vous soutiendrai; je l’ai fait et je veux encore porter, soutenir et libérer » (És 46.4).
Pour le chrétien, vieillir c’est l’occasion pour Dieu de manifester sa grâce en nous et envers nous. Puissions-nous bien vieillir, car nous connaissons Dieu.