Calvin - Le réformateur 1509 – 1564
Calvin - Le réformateur 1509 – 1564
- Un réformateur profondément ancré dans la Bible
- Un réformateur qui connaissait l’histoire à fond
- Un réformateur de la doctrine
- Un réformateur de l’Église
- Un réformateur de la liturgie
- Un réformateur polémique
- Un réformateur doux
- Un réformateur politique
- Un réformateur social
- Un réformateur de l’éducation
Le 10 juillet 2009; une journée bien spéciale, car c’est le jour où partout dans le monde des Églises et des individus ont célébré le 500e anniversaire de naissance du grand réformateur français, Jean Calvin. Habituellement, personne ne porte attention aux gens nés cinq siècles plus tôt. Ils ne sont plus que poussière pour nous et sont tombés dans l’oubli.
Cependant, c’est différent en ce qui concerne Jean Calvin. Cinq siècles de poussière couvrent peut-être sa tombe, mais il est toujours dans nos mémoires. Il continue d’être un personnage qui intrigue les historiens, qui défie les théologiens, qui attire les sociologues, qui surprend les spécialistes de l’économie et qui ravit les maisons d’édition. Effectivement, les dernières décennies ont vu paraître un flot constant d’essais, d’articles et de livres au sujet de cet homme du passé.
Alors, qu’est-ce qui explique toute cette attention et cette célébrité? Comment expliquer sa popularité toujours actuelle? Voilà une question difficile. Elle est difficile non pas parce qu’il y aurait peu à dire à son sujet, mais bien plutôt parce qu’il y a tant à dire. De bien des manières, Calvin était un réformateur aux multiples facettes. Jetons un regard sur quelques-unes d’entre elles.
1. Un réformateur profondément ancré dans la Bible⤒🔗
Toute personne qui se penche sur la vie et l’œuvre de Calvin est d’abord frappée par son immense productivité littéraire. Il a écrit de nombreux commentaires qui couvrent la plupart des livres de la Bible. Il interagit avec le texte biblique consciencieusement, minutieusement, respectueusement et de manière très savante. De plus, ses commentaires sont remplis de références aux deux langues bibliques principales, soient l’hébreu et le grec.
Ce faisant, certains se plaindront peut-être que ses remarques sont plutôt sèches ou qu’elles sont trop savantes ou trop verbeuses. Ils préféreraient davantage d’applications et d’illustrations. Quoi qu’il en soit, aucune personne qui relève le défi de lire Calvin ne pourra prétendre qu’il ne prenait pas la Bible au sérieux et qu’il ne faisait pas tout son possible pour mettre au jour et appliquer ce qu’elle a à nous dire. Personne ne pourra non plus sortir de cette étude les mains vides, parce qu’il y a toujours une vérité exposée ou l’explication d’un enseignement qui vient stimuler l’esprit ou remplir l’âme.
2. Un réformateur qui connaissait l’histoire à fond←⤒🔗
Bien qu’elles soient présentes dans ses commentaires également, le lecteur de l’Institution de la religion chrétienne ne peut éviter les nombreuses références que fait Calvin aux pères de l’Église chrétienne des premiers siècles ainsi qu’aux controverses et débats du passé. Dès le début de sa carrière en tant que ministre de la Parole, Calvin a participé à des disputes et à des débats théologiques, un peu partout en Suisse ainsi qu’au-delà de ses frontières. Ce qui stupéfiait de nombreux témoins, qui ont plus tard commenté ces événements, était la grande étendue de la connaissance de Calvin sur les pères de l’Église grecque et de l’Église occidentale. Qu’il s’agisse d’Ambroise, d’Augustin, d’Irénée ou de Tertullien, il pouvait tous les citer et il le faisait souvent.
En conséquence, les arguments de Calvin n’étaient jamais superficiels ou basés sur des suppositions. Il pouvait utiliser le poids de l’histoire de l’Église dans l’argumentation liée aux questions débattues à son époque et il le faisait régulièrement. Souvent, la personne qui argumentait avec Calvin avait l’impression qu’elle n’était pas en train d’argumenter avec Calvin uniquement, mais avec toute l’Église des temps passés également.
3. Un réformateur de la doctrine←⤒🔗
Calvin a fait connaître ses positions doctrinales au moyen de pamphlets et de traités, de catéchismes et de liturgies. Cependant, il ne fait aucun doute que c’est dans l’Institution de la religion chrétienne que l’on trouve l’exposition la plus développée et la plus détaillée de ce qu’il croyait et professait. Dans cette œuvre célèbre qu’il a écrite, Calvin nous fournit une défense très systématique, très complète et très élaborée de la doctrine réformée.
En même temps, il est bon de prendre conscience que l’Institution n’était pas une œuvre rédigée sous l’impulsion du moment, mais plutôt le fruit de l’œuvre de toute une vie. Calvin a rédigé la première édition alors qu’il était relativement jeune, pour ensuite y revenir régulièrement, ajoutant des passages, des sections, en retranchant d’autres, révisant et corrigeant, et ce, presque jusqu’au moment de sa mort. Il est fascinant de lire ce que Ford Lewis Battles, un spécialiste bien connu de Jean Calvin, a écrit au sujet de l’évolution de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin.
4. Un réformateur de l’Église←⤒🔗
En dépit de ses écrits volumineux, il serait injuste de limiter l’influence de Calvin au domaine didactique. Au contraire, ce que Calvin a appris des Écritures, de l’histoire de l’Église et des pères de l’Église s’est répercuté dans l’Église. Son insistance à prêcher à partir de la Bible a transformé le culte d’adoration; la Parole en était maintenant le cœur et non plus le sacrifice de la messe. Il a réformé l’Église et lui a redonné de la vitalité en l’éloignant des rituels et des inventions de l’Église romaine, la ramenant plutôt aux éléments que l’on trouve dans la Bible, soient la Parole, les sacrements, la prière, l’offrande et le chant. Il a aboli le ministère de prêtre et a instauré à nouveau les ministères bibliques d’ancien, de pasteur, d’enseignant et de diacre. Tout comme Martin Luther, il a dénoncé la distinction entre le clergé et les laïcs et a soutenu et défendu le sacerdoce de tous les croyants.
5. Un réformateur de la liturgie←⤒🔗
Le culte, ou la liturgie, est un autre aspect de l’œuvre de réforme de Calvin dans l’Église qui mérite une attention particulière. C’est pendant les années qu’il a vécu à Strasbourg (1538-1541) que Calvin a traduit et adapté la liturgie développée par le réformateur Martin Bucer, à la fois collègue et conseiller de Calvin. Dans cette liturgie, il soutenait l’ordre du culte suivant : l’invocation, la prière, la confession, la promesse de pardon, les dix commandements chantés, la lecture de la Parole, le sermon, le chant d’un psaume ou d’un hymne et la bénédiction.
Il est à noter également que Calvin était convaincu que le livre des Psaumes constituait le véritable recueil de chants de l’Église. C’est la raison pour laquelle il insistait énergiquement pour qu’on l’utilise et voulait que l’Église de Genève ainsi que les autres Églises de la Réforme reviennent à ce qui se pratiquait dans l’Église de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et de la période apostolique. En 1539, Calvin a compilé dix-huit psaumes dans un livre. Ces psaumes ont été mis en vers en français par Clément Marot et ils étaient accompagnés de la notation musicale. Plus tard, Marot est allé à Genève et il a travaillé avec Louis Bourgeois à ajouter d’autres psaumes et des hymnes. C’est Calvin qui dirigeait le processus de ce travail. Il a lui-même ajouté plusieurs hymnes de sa propre composition à la version genevoise du psautier.
6. Un réformateur polémique←⤒🔗
Tout au long de son ministère, Calvin n’a jamais eu peur ou n’a jamais hésité à défendre la foi réformée contre les critiques et les détracteurs. Lorsque le cardinal Jacopo Sadoleto a écrit une lettre invitant les citoyens de Genève à retourner au sein de l’Église catholique romaine, c’est Calvin qui a pris sa plume pour rédiger sa célèbre Réponse à Sadoleto. Quand certains anabaptistes radicaux ont défendu ardemment l’inconscience de l’âme après la mort, c’est Calvin qui a répondu et qui a répliqué à leurs positions dans un traité intitulé Psychopannychia. Lorsque Pierre Caroli, un pasteur protestant, l’a accusé d’arianisme, Calvin a défendu sa croyance en la Trinité. Il en a été de même avec de nombreux autres, tels que Jérôme Bolsec, Joachim Westphal et Sébastien Castellio. La plume de Calvin était rarement oisive et sa vie rarement sans controverse.
7. Un réformateur doux←⤒🔗
Je suis bien conscient qu’en qualifiant Calvin de « réformateur doux », j’entre dans le domaine de la controverse. Cependant, j’aimerais tout de même faire une remarque à ce sujet, car quelle est l’image habituelle qu’ont les gens de Calvin? Très certainement celle d’un homme froid, impitoyable et fanatique.
Il ne fait aucun doute que certaines peintures et certains portraits de Calvin ont contribué à propager cette image. Aucune de ces œuvres ne le représente comme une personne amicale et facile d’approche. Les yeux, la bouche, les habits, tout contribue à faire de lui un homme très intimidant. En plus, il ne fait aucun doute que, à tout le moins au cours de ses jeunes années, Calvin avait tout un caractère qui se manifestait souvent. Aussi, lorsqu’on lit ses traités dans lesquels il défend la foi et attaque ses critiques, son langage pourrait être qualifié de fort, cinglant, voire même choquant. Les débats de notre époque où la douceur prédomine étaient inconnus au temps de Calvin, que ce soit de lui-même ou de ses adversaires.
Néanmoins, il y avait une autre facette chez cet homme, une facette que peu de gens connaissent. Elle était pourtant bien réelle et l’auteur Richard Stauffer l’illustre et en fait la preuve dans un petit livre intitulé L’Humanité de Calvin. Dans ce livre, il cite directement les lettres de Calvin et démontre qu’il était un mari affectueux, un père bon, un ami fidèle et un pasteur sensible. Bref, il avait un côté doux.
8. Un réformateur politique←⤒🔗
Passons maintenant à une autre sphère peu connue de l’influence de Calvin. Calvin a également eu un impact politique. Évidemment, ça ne signifie pas qu’il ait écrit spécifiquement au sujet de la politique. Néanmoins, une lecture attentive des écrits de Calvin révèle qu’il avait des choses pertinentes à dire dans le domaine politique et que plusieurs de ces choses ont pris racine.
En ce qui a trait au sujet épineux de la relation entre l’Église et l’État, Calvin a tenu à préciser que l’Église et l’État occupent deux sphères différentes d’activité et d’influence. Il a particulièrement insisté sur ce principe dans sa longue lutte avec les conseils politiques de Genève. Calvin argumentait invariablement et constamment que le domaine de la discipline de l’Église ne relève pas de la juridiction de l’État et il insistait pour que les membres des divers conseils laissent l’Église prendre soin du bien-être spirituel des croyants sous tous ses aspects.
Un autre sujet politique brûlant retenait aussi l’attention de Calvin; il s’agissait du devoir des chrétiens d’obéir aux tyrans. Il affirmait que l’on doit obéir aux dirigeants politiques en ce sens qu’ils sont des serviteurs de Dieu, mais qu’en cas de désaccord entre ce qu’ils demandent et ce que Dieu demande, on doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. En plus, il ajoutait qu’en dernière analyse les dirigeants méchants devraient faire face au jugement du Dieu tout-puissant. En ce qui a trait à la question de la résistance ou de la désobéissance civile, Calvin affirmait qu’il relevait de la tâche des magistrats de second niveau de protéger le peuple et que c’était à eux de conduire le peuple si la résistance s’avérait nécessaire.
9. Un réformateur social←⤒🔗
Tout comme il n’a jamais écrit de traité spécifique sur la politique, de même Calvin n’a jamais écrit de traité spécifique sur les questions sociales et économiques non plus. Néanmoins, ici aussi nous voyons que Calvin a exercé une influence, car une lecture attentive de ses commentaires révèle de nombreuses remarques pertinentes en ce qui a trait à l’argent, la pauvreté, la redistribution de la richesse, les taux d’intérêt, le chômage, les industries financées par l’État, la propriété privée, les salaires et le commerce.
Ceux qui ont un intérêt particulier pour ces domaines concernant Calvin devraient consulter l’ouvrage majeur écrit par André Biéler et intitulé La Pensée économique et sociale de Calvin. Vous y trouverez des idées extraordinaires, mais aussi des idées surprenantes qui caractérisaient la pensée de Calvin concernant le domaine social et le domaine économique.
10. Un réformateur de l’éducation←⤒🔗
En juin 1559, Calvin a fondé l’Académie de Genève et y a nommé plusieurs professeurs et prédicateurs qui avaient été expulsés de la ville de Berne. Parmi ces professeurs se trouvait Théodore de Bèze qui a été nommé recteur et qui est devenu plus tard le successeur de Calvin à l’Académie. Les choses se sont bien développées et en 1564 un bâtiment a été construit. Il est toujours là, à Genève, et il fait maintenant partie de l’Université de Genève.
Cette académie était divisée en deux sections distinctes. Une section était réservée à une éducation plus générale et l’autre se spécialisait dans l’éducation théologique. La plupart des étudiants de la section théologique venaient de l’étranger et ils ont été puissamment utilisés par le Seigneur au fil des ans pour répandre les enseignements de Calvin dans d’autres pays. Avec le temps, cette académie est devenue une université, mais dans ses débuts elle était bien connue pour son impact dans l’avancement de la cause de la Réforme calviniste un peu partout en Europe.
En conclusion, ce que nous venons de dire démontre que Calvin était un homme auquel Dieu a accordé énormément de dons. Tout au long des cinq cents dernières années, son enseignement dans de nombreux domaines a façonné nos vies, ainsi que la vie du monde occidental. Nous avons de multiples raisons d’être reconnaissants envers Dieu de nous avoir donné un tel homme. Nous avons également de multiples raisons d’espérer et de prier que ses contributions à la foi ne seront pas oubliées dans notre société qui se sécularise rapidement.