Ministère et mission au Moyen-Orient Nouvelles de l’Association réformée au Moyen-Orient (MERF)
Ministère et mission au Moyen-Orient Nouvelles de l’Association réformée au Moyen-Orient (MERF)
C’est l’aube au Moyen-Orient et l’adhan, mélodieux et mystérieux, provoquant la dispersion d’une volée de tourterelles, convoque les dévots à la prière, mais pendant que les disciples du prophète Mahomet répondent à l’appel du minaret, un nombre toujours croissant de croyants au sud et à l’est de la Méditerranée, dans toute la Corne de l’Afrique et dans les vastes régions entourant la mer d’Oman et l’océan Indien suivent les traces du Prophète, Prêtre et Roi Jésus-Christ.
En septembre 2008, le pasteur Victor Atallah, directeur général de « Middle East Reformed Fellowship » (MERF) (Association Réformée au Moyen-Orient), s’est adressé aux membres de plusieurs Églises réformées de la région de Niagara. Sa conférence visait à mieux faire connaître la croissance et la situation de la foi réformée au cœur du monde islamique.
Le pasteur Atallah, un diplômé de l’Université de Beyrouth ainsi que de l’École de théologie du Proche-Orient au Liban, a transmis de nombreuses salutations : tout d’abord de la part de son Église à Larnaca, sur l’île de Chypre; puis de la part d’autres croyants du Moyen-Orient, membres d’Églises réformées de l’Égypte, de l’Iran, de l’Iraq, du Koweït, de la Jordanie, du Liban, de la Syrie, de la Palestine, d’Oman, du Qatar, de Bahreïn, des Émirats arabes unis, ainsi que des Églises clandestines du Yémen et de l’Arabie Saoudite; de la part aussi de croyants de l’Afrique du Nord, membres des Églises du Soudan, du Tchad et de la Libye ainsi que des Églises clandestines de l’Algérie, de la Mauritanie, de la Tunisie et du Maroc; de la part des croyants de la Corne de l’Afrique, membres des Églises de l’Éthiopie et de la Somalie, ainsi que des frères et sœurs dans la foi du Djibouti et de l’Érythrée; de la part également de croyants de l’Asie du Sud-Est, membres de plusieurs Églises réformées très vivantes du Pakistan et de l’Indonésie, ainsi que des frères et sœurs dans la foi de l’Afghanistan.
M. Jan DeGelder, pasteur de l’Église réformée canadienne de Flamborough en Ontario et président de MERF au Canada, a débuté la soirée par un texte d’invocation tiré du Psaume 67, un appel radical à toutes les nations : « Que les peuples te célèbrent, ô Dieu! Que tous les peuples te célèbrent. La terre donne ses produits; que Dieu, notre Dieu, nous bénisse. Que Dieu nous bénisse et que toutes les extrémités de la terre le craignent. » Le pasteur Atallah, conférencier dynamique, a dressé un tableau des instructions du psalmiste à mettre en pratique au cœur de l’action dans certains des champs missionnaires les plus difficiles de toute la planète.
L’association MERF reçoit l’appui de nombreuses Églises réformées et presbytériennes dans le monde. Elle a pour but de fortifier et d’encourager les disciples du Christ dans le monde islamique par la formation de pasteurs locaux au centre d’études et à la bibliothèque de recherche de leur ministère à Chypre, par la diffusion, dans vingt-deux pays différents, d’émissions radiophoniques expliquant l’Évangile en arabe, en farsi, en ourdou et dans d’autres langues sémitiques, par la publication de documentation et de matériel biblique et par l’apport d’une aide diaconale aux Églises partenaires dans le besoin.
Le pasteur Atallah a fait remarquer ceci :
« En dépit de ce que nous entendons dans les médias, l’Évangile a un impact puissant au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le sud de l’Asie. De la rive ouest du Jourdain jusqu’à Khartoum et Lahore, Jésus-Christ appelle son Église et travaille à l’avancement de son Royaume dans toutes les langues, toutes les tribus et toutes les nations. »
Le pasteur Atallah a comparé les efforts d’évangélisation dans le monde islamique au ministère de l’apôtre Paul dans le Nouveau Testament, alors qu’il était ambassadeur pour Christ dans les chaînes. « L’apôtre était souvent lié, mais le ministère de la Parole était libre », a-t-il noté, faisant référence à 2 Timothée 2.8-10 où Paul écrit :
« Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts, issu de la descendance de David, selon mon Évangile, pour lequel je souffre jusqu’à être lié comme un malfaiteur. Mais la parole de Dieu n’est pas liée. C’est pourquoi je supporte tout à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est en Christ-Jésus, avec la gloire éternelle. »
« Malgré le fait que les efforts d’évangélisation sont restreints dans plusieurs pays au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie du Sud-est, Dieu est souverain et la Parole continue d’être proclamée », a fait remarquer le pasteur Atallah, soulignant comment le fait de croire en un Dieu souverain et d’être fermement convaincu que l’Évangile n’est pas lié a permis aux Églises réformées d’exercer un rôle de direction dans le champ missionnaire arabe.
« Les croyants réformés sont bien équipés pour confronter les affirmations de l’Islam », a fait remarquer le pasteur Atallah, soulignant les forces d’une vision du monde calviniste.
« Nous sommes bénis par une perspective de la foi cohérente et globale qui s’applique à toutes les sphères de la vie, nous croyons fermement à la doctrine du péché qui explique la misère et le désespoir qui caractérisent l’existence humaine et nous adhérons fermement à la théologie de l’alliance qui correspond très bien à la perspective du Moyen-Orient où la famille est considérée comme une communauté de foi. »
Le pasteur a noté comment ces forces aident à ancrer la foi des croyants au Moyen-Orient, les amenant à proclamer l’Évangile avec audace. « Si nous croyons en un Dieu souverain et tout-puissant, alors nous n’aurons pas un esprit de crainte », a souligné le pasteur Atallah, rappelant à l’auditoire les hauts faits de l’histoire de la rédemption.
« Si nous nous souvenons de ce que Dieu a fait dans le passé, alors nous aurons beaucoup de courage dans la proclamation de la Parole. Nous ferons preuve d’esprit d’audace et, tout comme Paul, nous croirons que l’Évangile est une puissance de Dieu et que personne ne pourra en arrêter l’avancement ou imposer des limites à sa liberté. »
Élève personnel du Dr Cornelius Van Til, un théologien du séminaire de Westminster, le pasteur Atallah a défendu le travail de plusieurs personnes-clés réformées ou presbytériennes du 19e siècle qui ont œuvré comme missionnaires, implanteurs d’Églises et traducteurs de la Bible et qui ont établi les fondements de l’Église arabe contemporaine.
« L’héritage du champ missionnaire au Moyen-Orient est un héritage réformé », a souligné le pasteur Atallah, notant que des Églises nationales bien vivantes en Égypte, en Éthiopie, au Soudan, au Liban et au Pakistan trouvent toutes leurs racines dans les efforts d’évangélisation des Églises réformées et presbytériennes.
Le conférencier a attiré l’attention sur le travail crucial de deux importants pionniers de la foi : Eli Smith (1801-1857), traducteur de la Bible de l’Église presbytérienne, et Cornelius Van Dyck (1818-1895), missionnaire médical de l’Église réformée. Ces deux linguistes américains ont consacré plus de deux décennies à la traduction de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament en arabe. Un effort minutieux, auquel ont collaboré les plus grands érudits de la langue arabe de l’époque, le texte de Smith et Van Dyck est le premier volume d’importance en arabe à avoir été imprimé à grand tirage. C’est une traduction de la Bible qui a approfondi l’héritage calviniste de l’Église au Moyen-Orient et qui a même exercé une influence sur la langue arabe moderne.
Le pasteur Atallah a souligné l’intervention providentielle de la main de Dieu dans le développement de l’Église dans le monde islamique — un développement paradoxal qui a défié la réalité politique qui régit le Moyen-Orient. Il a expliqué comment l’action missionnaire du 19e siècle, souvent liée à l’impérialisme occidental — point toujours sensible et symbole d’oppression dans le monde islamique — a permis la proclamation authentique de la Parole à plusieurs occasions. Il a ensuite ajouté que la montée proarabe généralisée qui a suivi en réaction au colonialisme s’est en fait révélée une bénédiction cachée. En effet, la montée du nationalisme au Moyen-Orient a alors empêché le christianisme occidental — au sein duquel les grandes confessions d’Amérique du Nord et de l’Europe commençaient à adopter la théologie libérale — de continuer à exercer une influence. « La jeune Église du Moyen-Orient ne pouvait se permettre d’avoir des leaders qui jettent des doutes sur l’inerrance des Écritures », a ajouté le pasteur Atallah.
En dépit des restrictions contemporaines imposées à la liberté d’expression religieuse au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le sud de l’Asie, l’Église persécutée continue de se développer. Le pasteur Atallah a souligné la proclamation de l’Évangile en Iran, où l’Église continue de croître malgré l’hostilité toujours présente de la révolution islamique et la position anti-Occident du président Mahmoud Ahmadinejad. Il a ensuite parlé de l’Église au Soudan, où plus de trois millions de croyants réformés continuent de se rencontrer régulièrement dans le contexte d’une guerre civile toujours présente et sous la menace d’un génocide. Puis, il a mentionné l’Église au Pakistan, où pendant trois jours plus de 3500 croyants réformés se sont rassemblés pour participer à une conférence organisée par MERF et où un mouvement florissant de développement d’écoles chrétiennes se réjouit d’avoir mis en place trois académies accueillant plus de 3000 étudiants. Il a ensuite lié la vitalité de l’Église au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le sud de l’Asie à un thème commun : « Jésus-Christ brille dans ces gens. »
Le pasteur Atallah a terminé sa conférence en lançant un appel à l’auditoire — pas seulement pour un soutien financier, mais aussi pour inviter des gens à joindre le champ de mission. « Nous avons un besoin criant de nouvelles personnes prêtes à se joindre à notre équipe, en particulier au centre où est localisé notre ministère à Larnaca », a-t-il dit.
« L’Église au Moyen-Orient réclame à grands cris des conseils et de l’aide en ce qui concerne la direction alors que de plus en plus de croyants joignent la communion des saints et grandissent dans la foi — nous avons besoin de solides messagers réformés de la Parole, prêts à se tenir sur la brèche. Le besoin est criant — nous sommes sur le seuil d’un des champs missionnaires les plus stratégiques au monde. »