Introduction à la deuxième épître de Pierre
Introduction à la deuxième épître de Pierre
1. Auteur et authenticité⤒🔗
L’auteur de cette lettre affirme avoir déjà écrit une première lettre. Il se présente comme « l’esclave » soumis à la volonté de Dieu et comme un « apôtre » envoyé de Dieu.
Il déclare avoir vu Jésus-Christ sur la montagne de la transfiguration (2 Pi 1.16-18). Il était certainement d’origine juive, car il possède une bonne connaissance de l’Ancien Testament. Il devait être âgé et il s’attendait à une mort proche, voire subite (2 Pi 1.13-15; comparer aussi Jn 21.18). Les deux épîtres respirent le même esprit et donnent un enseignement semblable. Notons enfin l’incontestable supériorité de cette lettre sur tous les écrits non canoniques. Quant aux différences constatées, il est vraisemblable qu’elles proviennent du fait que l’auteur traite de sujets différents. Il n’est nullement un plagiaire de la première lettre.
Un examen attentif démontrera qu’un plagiaire contemporain n’aurait pu imaginer les différences citées. On y trouve de nombreux passages qui rappellent le style des discours de Pierre dans le livre des Actes des apôtres. Pierre était connu sous le nom de Simon, et l’emploi de ce nom (2 Pi 1.1) n’a rien d’anormal ici, alors qu’un copieur imitateur aurait copié sur 1 Pierre 1.1. Le double usage de l’expression ils « amorcent » (2 Pi 2.14, 18) rappelle son ancienne profession et l’usage conjugué de « départ » et de « tente » dans 2 Pierre 1.14-15 correspond au récit que fait Luc de la transfiguration qu’il rapporte dans son Évangile (Lc 9.31-33).
Si l’on a longuement contesté à cette lettre l’authenticité pétrine et le droit donc de figurer dans le canon du Nouveau Testament, les auteurs chrétiens des premiers siècles la citent comme étant de Pierre, parmi lesquels en tout premier lieu Origène. Ce dernier parle des deux trompettes de ses épîtres, mais note que certains mettent en doute l’authenticité de la seconde. Eusèbe, l’historien de l’Église (4e siècle), cite la deuxième lettre avec Jacques et Jude, parmi les « douteuses » (en grec : « ta antilegomena »), mais admises par la plupart des Églises. Beaucoup de critiques en font l’œuvre d’un pseudonyme qui l’aurait fabriquée à la fin du 2e siècle. En faveur de la non-authenticité, on avance l’argument de la rareté des citations de la 2e lettre de Pierre dans les écrits des Pères apostoliques et l’analogie avec la lettre de Jude. Certains vont jusqu’à soutenir que Pierre aurait simplement copié cette dernière.
Mais ceci s’explique du fait de sa brièveté et des circonstances de son origine. C’est la raison de son admission tardive dans le canon. Aux 2e et 3e siècles, lorsque beaucoup d’écrits apocryphes firent leur apparition, y compris une « Apocalypse » attribuée à Pierre, les docteurs de l’Église furent très prudents, avec raison d’ailleurs, avant d’admettre un document comme Écriture sainte. Au 4e siècle, Jérôme déclarait que beaucoup refusaient d’attribuer notre lettre à Pierre, à cause des différences de style avec sa première lettre. Cependant, lui-même l’acceptait comme authentique, car à ses yeux la différence de style s’expliquait du fait que Pierre aurait utilisé un secrétaire différent lors de la rédaction de la seconde lettre qui porte son nom. C’est à partir du 4e siècle que celle-ci est définitivement reconnue ayant été écrite par Pierre.
Ajoutons encore que la deuxième lettre n’est pas anonyme, et les notes touchant à la biographie de l’auteur sont tout à fait en accord avec la vie connue de l’apôtre Pierre. Notez la grande sensibilité avec laquelle il parle de la purification des vieux péchés (2 Pi 1.9), l’allusion à sa mort imminente (2 Pi 1.13), prédite par le Seigneur (Jn 21.18-19); la transfiguration est citée comme un point important de sa vie et de celle de ses collègues (2 Pi 1.17-18).
2. Destinataires←⤒🔗
L’auteur appelle ses destinataires « ceux qui ont reçu une foi égale à celle des juifs » et leur souhaite grâce et paix avec connaissance.
Le danger qui menace les Églises est celui du doute et de l’erreur qui surgissent à cause de l’enseignement des faux docteurs, se présentant comme des conducteurs spirituels (2 Pi 2.1). La nature des déviations n’est pas précisée. Sans doute, on niait la rédemption et la seigneurie du Christ (2 Pi 2.11). La pleine manifestation de ces réalités étant encore future, l’apôtre vit le danger que l’ignorance et l’incertitude pouvaient causer dans l’esprit d’un certain nombre de gens dans les Églises (2 Pi 2.1). Aussi leur rappelle-t-il les vérités déjà enseignées (2 Pi 1.12-13; 3.1-2). Les Écritures n’étaient pas le produit d’une imagination ingénieuse ou d’une opinion humaine, mais la révélation faite par le Saint-Esprit. (2 Pi 1.19-21). L’avènement du Seigneur qui semblait vague et distant sera comme celui d’un voleur (2 Pi 3.10). La deuxième de Pierre a pour but de stimuler ainsi la loyauté de la foi et d’encourager les chrétiens, dont l’attente de l’avènement du Seigneur était affaiblie à cause de l’apparent retard de celui-ci.
Il apparaît très clairement dans le passage de 2 Pierre 3.1 que ce sont les mêmes destinataires que ceux de la première. Cependant, elle ne s’adresse pas exclusivement à eux. Elle a été sans doute écrite à une époque où la mort de Pierre était imminente. Il avait appris que les faux docteurs sévissaient dans les Églises, et par conséquent il tenait à mettre les frères en garde contre ces pervertisseurs de la foi. Il décharge sa conscience de sa responsabilité vis-à-vis de ses lecteurs en ne cessant de les avertir; il sait que son temps est limité. Il cherche à éveiller leur sainte intelligence spirituelle afin de les rendre capables de résister à la puissance d’égarement des faux docteurs (2 Pi 3.1-17) et à ranimer leur espérance dans le retour de Jésus-Christ. Ainsi, tandis que, dans la première lettre, il cherchait à affermir la foi de ses lecteurs afin qu’ils puissent supporter l’épreuve que leur infligeaient les assaillants de l’extérieur, dans la deuxième, il les met en garde contre les ennemis de l’intérieur. Il le fait en insistant sur la seigneurie de Jésus-Christ et sur son prochain retour, en exhortant à la croissance et au développement spirituels.
Nous possédons très peu d’informations quant au lieu et à la date de sa composition. On peut supposer que, dans l’attente de sa mort proche, il dut la rédiger vers les années 66 ou 67.
3. Particularités←⤒🔗
Des ressemblances frappantes existent entre la première lettre de Pierre, l’épître de Jude et la seconde de Pierre (voir spécialement Jude 1.4-19). Il est cependant certain que la seconde de Pierre fut rédigée après la lettre de Jude. En la comparant à la première de Pierre, on peut se rendre compte de certains contrastes :
- La première souligne la mort et la résurrection du Christ; la seconde son retour.
- La première est tendre et humble; la seconde est plus sévère et agressive.
- La première attire l’attention sur le danger externe de la persécution; la seconde sur le danger interne, c’est-à-dire l’hérésie doctrinale.
- La première souligne la gloire des rachetés qui sera manifestée lors du retour du Christ; la seconde relie cet événement au jugement dernier.
4. Message←⤒🔗
L’enseignement de la doctrine n’est jamais sans importance. C’est pourquoi le faux enseignement constitue un danger très grave, puisqu’il dévie de la vérité et qu’il détruit l’âme. Le meilleur antidote c’est la vérité même qui vient de Dieu, centrée en Christ et qui peut être acquise et communiquée par le moyen de la Parole. Être proche de la Parole c’est s’approcher de Dieu; plus on vit dans la proximité de Dieu et moins on risque de s’égarer et de tomber dans l’apostasie. La connaissance de Dieu et de son Christ est un refuge sûr contre la fausse doctrine.
Si dans la première lettre l’apôtre soulignait la suffisance de la grâce divine, dans la seconde, il insiste davantage sur la responsabilité qui incombe au chrétien. D’où son appel à la sainteté de la vie, à la consécration, à la connaissance de Dieu et de sa vérité de même que l’attente vigilante de la venue du Seigneur. Il commence par encourager les lecteurs à progresser dans la vie chrétienne et dans la connaissance de toutes les vertus, car la nouvelle révélation en Christ est liée à celle des temps anciens qui a été faite aux prophètes. La fausse doctrine s’accompagne de présomption et de mauvaise vie, et ne peut rester impunie, ce qui était déjà le régime de l’Ancien Testament.
Regardant vers l’avenir, l’auteur s’étend sur l’attente de la venue du Seigneur. Cette espérance doit pousser le chrétien à vivre une vie irréprochable et à progresser dans la connaissance de Dieu par le moyen des Écritures. Son style, comme celui de 1 Pierre, est vivant et énergique. Les allusions aux œuvres de Paul, implicites dans la première, deviennent ici explicites. Il traite Paul comme un contemporain respecté et comme son égal, et non comme le martyr canonisé d’un passé déjà lointain.
Les responsabilités du croyant découlent des privilèges mêmes accordés par la grâce qui arrose et rend fertiles leurs existences nouvelles. Parce que Dieu, auteur de toute grâce, leur donne tout ce qui est nécessaire en vue de leur croissance, ils peuvent et ils doivent vivre dans la piété. C’est là une obligation morale. Mais le terme de l’œuvre divine apparaîtra dans le Royaume éternel. Ici, le fidèle sera à l’abri de la corruption (2 Pi 1.11). Ainsi, l’avènement de Jésus-Christ devient le fondement de notre espérance, un appui réconfortant pour la foi et un refuge contre tous les périls qui nous menacent. La sévérité contre les faux docteurs est motivée non par l’absence de charité, mais par un amour qui refuse la lâcheté et la faiblesse. Or, les fidèles et l’Église dans son ensemble courent durant leur existence terrestre le danger de renier le Seigneur ou encore celui de refuser de croire en son avènement.
Ce message peut être réparti de la manière suivante :
La nature de la vraie connaissance est le don de Dieu, et par ses promesses, elle rend le croyant participant à la nature divine, elle le fait croître et le prépare en vue de l’expérience du Royaume à venir.
Son fondement se trouve dans le témoignage de ceux qui connaissent le Christ et dans la révélation du Saint-Esprit. Ensuite vient la dénonciation prophétique des propagateurs des erreurs, dont la présence dans l’Église a été prédite. Leurs erreurs sont d’une part le reniement du Christ et d’autre part le laxisme moral. Mais l’auteur cite des précédents pour montrer que Dieu a jugé les perversions dans le passé et il le fait avec son langage imagé dans 2 Pierre 2.19-20. Leur condamnation ultime (2 Pi 2.21) rappelle les paroles de Jésus concernant Judas (Mt 26.24).
Le caractère eschatologique de la lettre apparaît plus clairement dans le dernier chapitre. Les références à la mort dans ce chapitre indiquent que Pierre possède une perspective éternelle (voir l’allusion à la prophétie dans 2 Pi 1.21). Si le chapitre 2 parle explicitement d’erreur, le chapitre 3 traite de l’espérance à venir, fondée sur une connaissance du dessein de Dieu et en sa patience et en sa persévérance. Les moqueurs renieront la vérité de l’avènement du Christ que les prophètes et les apôtres avaient prédit. Mais qu’on se souvienne du passé et des jugements intervenus autrefois. Car le jour du Seigneur viendra tel un voleur (la même expression de Paul dans 1 Th 5.2), et la dissolution sera suivie par la création des nouveaux cieux et d’une terre nouvelle (2 Pi 3.15).
5. Analyse du contenu←⤒🔗
- Salutations - 1.1-2
- Croissance dans la vie chrétienne - 1.3-21
- Les faux docteurs - 2.1-22
- Le retour du Christ - 3.1-18
a. La promesse non accomplie - 3.1-7
b. Le jour est décrit - 3. 8-13
c. L’exhortation - 3.14-1 8
6. Questions←⤒🔗
- Qu’est-ce qui est « précieux » d’après 1.1, 4?
- À quel événement est-il fait allusion dans 1.17?
- Comment l’Écriture est-elle décrite? (1.19-21).
- Quels sont les exemples d’un juste jugement? (2.4-6).
- À qui Pierre compare-t-il les faux docteurs? (2.13-17).
- Quels seront les signes des derniers jours? (3.3-7).
- Que pense l’auteur de Paul? (3.15-16).
- Expliquer la chaîne des vertus chrétiennes. (1.5-7).
- Pourquoi le retour du Christ est-il… « en retard »? (3.9).
- Quels sont les traits des faux docteurs? (2.1-3; 10, 12, 14).
- Montrer le rapport entre le retour du Christ et le jugement dernier.