Étude biblique sur Philippiens 1.27 à 2.18 L’attitude du Messie
Étude biblique sur Philippiens 1.27 à 2.18 L’attitude du Messie
- Exhortation à combattre pour l’Évangile (1.27-30)
- Exhortation à l’unité et à l’humilité (2.1-4)
- Jésus s’est humilié et Dieu l’a élevé (2.5-11)
- Conclusion : Marcher dans la crainte de Dieu (2.12-18)
- Pour animer la discussion
1. Exhortation à combattre pour l’Évangile (1.27-30)⤒🔗
« Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ, afin que, soit que je vienne vous voir, soit que je reste absent, j’entende dire de vous que vous demeurez fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Évangile sans vous laisser aucunement intimider par les adversaires. C’est pour eux une preuve de perdition, mais pour vous de salut, et cela de la part de Dieu; car il vous a été fait la grâce non seulement de croire en Christ, mais encore de souffrir pour lui, en soutenant le même combat que vous m’avez vu livrer et que, vous l’apprenez, je livre encore maintenant. »
Dans la phrase, « Seulement, conduisez-vous d’une manière digne de l’Évangile du Christ » (verset 27), le mot « manière » signifie se conduire comme un citoyen. L’apôtre utilise probablement ce mot du fait que plusieurs colons venant de Rome, surtout des vétérans de l’armée, s’étaient établis à Philippes. Ils étaient par conséquent des citoyens romains.
En faisant allusion à leur citoyenneté romaine, Paul indique que les Philippiens sont devenus citoyens du Royaume des cieux et qu’ils doivent par conséquent toujours se rappeler les obligations que comporte cette citoyenneté. Ils doivent participer dans la bataille pour que d’autres puissent également venir à la foi. Ils ne doivent pas se laisser intimider par leurs adversaires (ceux-ci n’étaient pas de faux enseignants, mais des gens qui avaient complètement rejeté l’Évangile).
Les Philippiens avaient un double privilège de grâce. Premièrement, ils avaient la foi, qui est un don de Dieu. Ensuite, ils devaient souffrir pour son nom.
L’affliction des croyants subie à cause de leurs adversaires leur donnait l’occasion de prendre position pour la cause de Jésus-Christ. Dans leurs souffrances, ils ne devaient pas porter leur attention sur l’injustice qui était commise contre eux, mais sur la grâce, sur le fait que, dans leur souffrance, ils avaient l’occasion de servir le Seigneur. Ils devaient suivre l’exemple de l’apôtre et se souvenir de ce qu’il avait expérimenté au milieu d’eux. Voir en particulier Actes 16; 1 Thessaloniciens 2.2 et 2 Corinthiens 7.5. (Question 1).
2. Exhortation à l’unité et à l’humilité (2.1-4)←⤒🔗
« S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque encouragement dans l’amour, s’il y a quelque communion de l’Esprit, s’il y a quelque compassion et quelque miséricorde, mettez le comble à ma joie afin d’avoir une même pensée; ayez un même amour, une même âme, une seule pensée; ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. »
Nous avons déjà lu en Philippiens 1.27 que les relations à l’intérieur de l’Église laissaient à désirer. Ici, l’apôtre aborde à nouveau ce sujet. « S’il y a donc… » est le début d’une section qui lance un appel pressant en faveur de l’unité. Nous avons ici l’un des appels les plus émotifs de l’apôtre pour l’unité et l’humilité.
La signification de ce passage est la suivante : Si vous croyez réellement, alors soyez unis et humbles d’esprit. Ne vous nuisez pas les uns les autres. (Question 2).
Paul parle également de la joie qu’il a d’être en relation avec cette Église. Il reste toutefois encore des progrès à faire. Calvin cite le Psaume 137.6 (mettre Jérusalem au-dessus de toute autre joie) pour dire que le souvenir de Jérusalem est notre couronne de joie.
« Si cela était un accomplissement de joie pour Paul, les Philippiens auraient été plus que cruels si, étant en désaccord entre eux, ils avaient tourmenté et comme navré d’une double tristesse le cœur de ce saint personnage » (Jean Calvin).
Prenez note de l’expression « en Christ » que Paul utilise fréquemment.
3. Jésus s’est humilié et Dieu l’a élevé (2.5-11)←⤒🔗
« Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus, lui dont la condition était celle de Dieu, il n’a pas estimé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes; après s’être trouvé dans la situation d’un homme, il s’est humilié lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »
« Ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ » (verset 5). Cela réfère à la volonté du Messie de se sacrifier lui-même, que l’apôtre cite en exemple pour les croyants. Étant le Fils de Dieu, Jésus est l’égal de Dieu. (Question 3).
Il ne considère toutefois pas cette égalité comme une proie à arracher. « Arracher » ou « saisir » peut vouloir dire « amasser quelque chose scrupuleusement ». Ce mot peut également vouloir dire, comme c’est le cas ici, « saisir quelque chose avec empressement ». Jésus n’a pas saisi cette égalité comme un voleur saisit son butin. Le Fils de Dieu n’a pas « exploité » sa divinité, mais il s’est dépouillé lui-même. Tout comme un roi peut voyager incognito parmi son peuple, de même Jésus a caché sa divine majesté et sa gloire de la vue de chacun et il a pris la forme d’un esclave. (Question 4).
K. Schilder fait une belle exégèse de ces versets dans l’une de ses prédications intitulée : « La décision du Fils de Dieu de rejeter la guerre éclair » :
« Comment le Fils allait-il mettre fin au temps? En un instant? Comme une crise? La réponse du ciel était “Non!” Dieu avait délibéré avec lui-même, le monde ne serait pas condamné en un instant. Ce ne serait pas comme une guerre éclair. La guerre viendrait, car la méchanceté ne peut pas tolérer le Seigneur et le Seigneur ne peut pas tolérer la méchanceté! Ce ne serait toutefois pas un coup rapide, soudain, mais elle viendrait de façon indirecte, par Jésus-Christ qui s’est dépouillé de sa divinité, pour aller jusqu’à l’humiliation. Cette façon indirecte a été choisie par Dieu lui-même…
Le Fils de Dieu s’est dépouillé lui-même. Il a mis de côté tous les emblèmes et toutes les armes de sa puissance et de sa majesté. Ce n’est pas comme si les fleuves de Dieu pouvaient s’assécher. Le torrent de vie qui vient de Dieu ne s’arrête jamais de couler, mais il existe d’éternité en éternité. Il reste le Soleil, Dieu de Dieu, Lumière de la lumière, mais les rayons du Soleil qui resplendissent dans le monde, il y a renoncé. Il est venu dans le monde, non comme un souverain, mais comme quelqu’un qui a la forme d’un serviteur.1 »
On peut encore ajouter ceci. Non seulement le Fils de Dieu est devenu homme, il s’est également humilié lui-même. Il a pris la nature humaine qui était ternie par le péché. Il est resté obéissant jusqu’à la mort. Il est allé jusqu’à cette profondeur pour s’humilier lui-même. Ce n’est donc pas un homme, mais Dieu lui-même qui l’a élevé au plus haut, lui donnant la place d’honneur. Cela n’est pas arrivé discrètement, car Dieu a fait savoir que le nom du Christ est élevé au-dessus de tout nom. (Question 5).
Notez que le verset 9 dit que Dieu lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. Nous lisons au verset 11 que ce nom c’est le Seigneur, Kurios, « le Souverain légitime et Chef de tous, nommé par Dieu et élevé en puissance au-dessus de toutes choses » (S. Greidanus). (Question 6).
4. Conclusion : Marcher dans la crainte de Dieu (2.12-18)←⤒🔗
« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, avec crainte et tremblement, mettez votre salut en action, non seulement comme si j’étais présent, mais bien plus encore maintenant que je suis absent. Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire selon son dessein bienveillant. Faites tout sans murmures ni discussions, pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans reproche au milieu d’une génération corrompue et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la parole de vie. Ce sera mon sujet de gloire au jour de Christ de n’avoir pas couru ni peiné en vain. Mais même si je sers de libation en plus du sacrifice et de l’offrande de votre foi, je m’en réjouis et je me réjouis avec vous tous; vous aussi réjouissez-vous de même et réjouissez-vous avec moi. »
La conclusion à tirer est évidente. Ayant présenté devant leurs yeux l’exemple de l’obéissance de Jésus-Christ, l’apôtre exhorte maintenant les Philippiens à être obéissants au Seigneur.
Ils doivent d’abord travailler à leur salut « avec crainte et tremblement », c’est-à-dire avec soin, labeur et vigilance, en s’efforçant d’éviter le péché. « Travailler » signifie tenir ferme dans la souffrance et les luttes, comme l’apôtre l’a expliqué au premier chapitre. « Car c’est Dieu qui opère en vous le vouloir et le faire » (verset 13). Cette réflexion doit être un sujet d’encouragement et de réconfort pour les Philippiens. C’est ce qui nous motive à être actifs dans la foi : Dieu fait le travail! Il accorde toutefois le salut au moyen de la foi et de la repentance! (Question 7).
Une vie vécue dans la crainte de Dieu ne laisse pas de place à une attitude qui a tendance à grogner. Encore ici, l’apôtre est conscient de l’exemple donné par Jésus, même s’il ne le dit pas directement. Tout comme l’a enseigné le Fils de Dieu, les croyants doivent marcher comme des enfants de Dieu dans ce monde, sans reproche au milieu d’une génération perverse. Pour cette dernière expression, voir le cantique de Moïse en Deutéronome 32.5 (« S’ils se sont corrompus, ce n’est pas lui, mais ses fils qui sont à blâmer, race perverse et retorse »), de même que la conclusion du discours de Pierre à la Pentecôte en Actes 2.40 (« Il les exhortait en disant : Sauvez-vous de cette génération perverse »).
Le symbole des « flambeaux qui brillent » se trouve également ailleurs dans les Écritures, en Daniel 12.3 (« Ceux qui auront été des clairvoyants resplendiront comme la splendeur de l’étendue céleste, et ceux qui auront enseigné la justice à la multitude comme des étoiles, à toujours et à perpétuité »).
Comparez le verset 16 avec Ésaïe 49.4 (« Mais moi j’ai dit : C’est en vain que je me suis fatigué, c’est pour le vide, la vanité que j’ai consumé ma force ») et Ésaïe 65.23 (« Ils ne peineront pas en vain et n’auront pas des enfants pour l’épouvante. Car ils formeront la descendance des bénis de l’Éternel, et leur progéniture sera avec eux »). Nous trouvons la même idée en Galates 2.2 (« Je leur exposai l’Évangile que je prêche parmi les païens; je l’exposai en privé aux plus considérés, de peur de courir ou d’avoir couru en vain »). Même si courir la course, pour l’apôtre, peut vouloir dire boire la coupe du martyre, il ne considère pas que c’est un prix trop élevé à payer pour son travail. Cela doit être pour lui et pour les Philippiens un sujet de joie. D’où l’appel répété à se réjouir. (Question 8).
5. Pour animer la discussion←⤒🔗
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Remarquez que plusieurs textes de ce passage sont cités dans les Canons de Dordrecht, par exemple 1.29 dans C.D. 1,4 : « car il vous a été fait la grâce… de croire en Christ »; C.D. 3/4, rejet des erreurs 9, où Philippiens 2.13 est cité pour réfuter le libre arbitre. Quelle est l’importance de ces textes pour notre foi?
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Malheureusement, Philippiens 2.3 est souvent vécu en sens inverse, c’est-à-dire que l’on s’estime supérieur aux autres. Quel genre de problèmes cela peut-il engendrer dans l’Église?
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Certains croient que Philippiens 2.6-11 est un hymne qui proviendrait de la communauté judéohellénistique. Un « mythe du rédempteur » préchrétien serait prétendument à l’origine de cet hymne! Paul laisse-t-il entendre quelque part, même indirectement, que cette section est un « hymne »?
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Par qui la divinité de Jésus-Christ est-elle encore niée aujourd’hui? Pensez à des sectes et à des religions.
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Au verset 8, Paul souligne l’indignité de la mort de Jésus : « jusqu’à la mort, la mort sur la croix ». Cela voulait dire beaucoup pour les Philippiens, car ils étaient citoyens romains. D’après leurs droits civiques romains, ils n’auraient jamais pu être condamnés à un tel châtiment déshonorable.
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Le fait que Jésus règne (verset 9-11) signifie-t-il que Dieu le Père a abdiqué son règne?
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Y a-t-il une contradiction au fait que Dieu soit à l’œuvre et que nous soyons à l’œuvre? (Versets 12 et 13).
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Remarquez le contraste entre les « murmures » du verset 14 et la « joie » mentionnée encore aux versets 17 et 18. La joie dans l’adversité n’est-elle pas une exigence trop difficile? Donnez des exemples à partir des Écritures qui montrent que c’est tout de même possible!
Note
1. Klaus Schilder, Preken II, p. 279-293.