1. La raison pour laquelle les diacres ont été donnés à l’Église
2. Les qualités des diacres
3. Ce que les diacres sont appelés à faire

Daniel était à l’église un dimanche matin lorsque des soldats du gouvernement sont entrés et ont arrêté toute l’assemblée. Ils ont été emprisonnés pour avoir commis le crime d’adorer Dieu. Dans ce pays, la prison est un endroit dangereux pour les membres de l’Église, mais encore davantage pour ceux qui exercent un ministère ordonné. Cependant, malgré le danger potentiel, Daniel a été ordonné comme diacre alors qu’il était en prison. Il a commencé son ministère de miséricorde envers ceux qui sont dans le besoin alors même qu’il était en prison. Il a été un don précieux de Dieu pour son Église persécutée. En fait, il y a plus de deux mille ans que les diacres sont un don précieux que Dieu accorde à son Église.

Comprenons-nous la valeur inestimable des diacres? Nous considérerons premièrement la raison pour laquelle les diacres ont été donnés à l’Église, puis les qualités requises pour qu’ils soient ordonnés et, enfin, ce à quoi ils sont appelés.

1. La raison pour laquelle les diacres ont été donnés à l’Église⤒🔗

Nous apprécions davantage les diacres lorsque nous nous rappelons à quel moment leur ministère a débuté et la raison pour laquelle il a été institué. L’Église naissante a connu des débuts remarquables après la Pentecôte. Bien que des milliers de croyants s’y soient joints dès le départ, pas une seule personne dans l’Église n’était dans le besoin, car les membres vendaient ce qu’ils avaient pour subvenir aux besoins des autres (Ac 4.34). Cependant, il n’a fallu que peu de temps avant que certains besoins soient négligés à cause des problèmes engendrés par la croissance phénoménale de l’Église — une croissance qui l’obligeait à fonctionner au maximum de ses capacités, pratiquement jusqu’au point de rupture (Ac 6.1).

À cette époque, il y avait à Jérusalem des Juifs qui parlaient l’araméen et d’autres le grec. Chaque groupe se réunissait pour adorer dans ses propres synagogues. Des personnes des deux groupes se convertissaient et se joignaient à l’Église de Jésus-Christ, les différences en ce qui concerne la langue entraînant une certaine séparation en ce qui concerne la vie sociale. C’est ainsi que les besoins des veuves de langue grecque ont fini par être négligés. Au premier siècle, les veuves se retrouvaient généralement dénuées de tout si elles n’avaient pas de famille pour prendre soin d’elles. C’est pourquoi l’Église avait un urgent besoin de trouver une meilleure façon de prendre soin de ceux qui étaient dans le besoin.

Qui irait de l’avant pour répondre à ces besoins critiques? Dieu a donné des diacres à son Église pour répondre à ces besoins. Actes 6 nous rapporte comment le ministère de diacre a vu le jour — ou du moins nous donne une description du prototype du ministère qui allait bientôt se développer. Lorsque Paul fait mention « des évêques et des diacres » à l’Église de Philippes (Ph 1.1), le ministère de diacre avait déjà été établi officiellement. Les anciens et les diacres occupaient les deux ministères officiels dans l’Église.

Dieu a donné des diacres à son Église pour aider à préserver l’unité et l’amour dans l’Église. C. Van Dam en donne l’explication suivante :

« N’oublions jamais cette origine du ministère de diacre. Les diacres sont ceux qui veillent à ce que l’Église puisse vivre pleinement la joie d’être ensemble. Par conséquent, ils veillent à ce que la communion des saints, avec tout ce que cela implique, continue à être exercée. Les diacres sont ceux qui s’assurent que personne n’est oublié ou négligé dans l’Église de Dieu, ou encore que personne n’est abattu ou accablé au point où la joie de leur salut et de leur libération de tout esclavage en Jésus-Christ semble avoir disparu. Ils veillent à ce que personne ne soit défavorisé au point de ne pouvoir accomplir le mandat qui leur a été confié par Dieu en tant que parent ou membre de l’Église. Par conséquent, il ne s’agit pas seulement de voir à ce que tous aient suffisamment de nourriture, mais aussi de s’assurer que la joie dans l’Esprit des enfants de Dieu rendus libres se manifeste concrètement dans la communion des saints.¹ »

2. Les qualités des diacres←⤒🔗

Nous apprécions davantage les diacres lorsque nous nous rappelons ce qui est requis d’eux pour qu’ils puissent être ordonnés. En 1 Timothée 3.8-13, Paul explique clairement les exigences pour devenir diacre. Ils doivent faire preuve d’une aussi grande maturité spirituelle que celle exigée des anciens (3.8). Ils doivent être dignes de respect et être exemplaires dans leurs paroles (3.8). Ils doivent être de bons modèles (3.8).

Un diacre est impliqué à un niveau intime dans la vie des gens, il doit donc contrôler ce qu’il dit. Calvin écrit : « Paul exhorte les diacres à n’avoir qu’une seule parole, car la duplicité est un défaut difficile à éviter dans ce genre de travail et pourtant il doit, plus que tout autre, en être complètement absent. » Le diacre doit avoir un bon mariage et prendre bien soin de ses enfants. Il doit savoir bien diriger sa maison selon la Bible (3.12). Il doit être un homme qui fait preuve de discipline dans sa vie (pas d’excès de vin, 3.8). Sa vie prend tout son sens en Jésus-Christ et c’est en lui également qu’il trouve son contentement, grâce au Saint-Esprit qui le remplit; il n’est pas esclave des choses de ce monde. Il n’y a rien de louche ou de honteux dans la gestion de ses affaires et de ses finances. Il est libre par rapport à l’amour de l’argent (3.8).

Un diacre doit conserver le mystère de la foi dans une conscience pure (3.9). Sa théologie est saine et solide. Calvin paraphrase ce concept ainsi : « étant bien instruit dans la foi, de manière à ne rien ignorer de ce que les chrétiens doivent savoir ». Même si le diaconat n’est pas un ministère d’enseignement dans l’Église, notre Seigneur ne veut pas qu’un homme inexpérimenté dans la marche fidèle avec le Seigneur ou peu affermi sur le plan doctrinal soit consacré à un ministère ordonné.

Pour être diacre, il ne s’agit pas seulement d’être un homme sensible, bienveillant, charitable et prêt à servir. Louons le Seigneur pour toutes ces grâces, mais le diacre doit aussi comprendre la doctrine biblique et y croire. Pourquoi a-t-il besoin de connaître la théologie pour s’occuper des pauvres? Parce qu’une vie correcte est le fruit d’une pensée correcte, basée sur une doctrine vraie. Comment le diacre pourrait-il bien conseiller ceux qui luttent ou prier avec eux s’il ne connaît pas la vérité des Écritures et l’espérance qui s’y trouve (Hé 5.2-14)?

Un homme doit d’abord être mis à l’épreuve avant d’exercer le diaconat (1 Tm 3.10). En Actes 6.3, il est écrit que l’Église devait rechercher des hommes « de qui l’on rende un bon témoignage », c’est-à-dire connus pour leur intégrité, leur maturité et leur dévotion envers Dieu. Ils devaient être des hommes remplis de l’Esprit, dont la pensée et la conduite étaient imprégnées de sa Parole.

L’Église doit faire bien attention de ne confier le ministère de diacre qu’à des hommes qualifiés. Si un homme n’a pas les qualités spirituelles pour être ancien, il n’a pas les qualités spirituelles pour être diacre non plus. Le diaconat n’est pas un terrain d’entraînement pour permettre à un homme non mature de devenir un ancien plus tard, lorsqu’il aura acquis davantage de maturité spirituelle. Lorsque nous réfléchissons à qui pourrait faire un bon diacre, les premières questions à considérer ne devraient pas être : « A-t-il un esprit pratique? Est-il habile pour réparer les choses? Est-il bon avec les chiffres et est-il un bon conseiller sur le plan financier? A-t-il à cœur les pauvres et les gens dans le besoin? Est-il gentil, aimable et amical? A-t-il des dons d’organisation? A-t-il bien réussi dans le monde des affaires? Est-il prêt à servir? » Un homme peut posséder toutes ces qualités et ne pas être qualifié pour être diacre. Il doit plus que toute autre chose avoir de la maturité spirituelle et marcher dans la sainteté. Par conséquent, le diaconat est ouvert à tous les hommes qui marchent fidèlement avec Dieu. Ceux qui exercent le ministère de diacre peuvent avoir différents dons — miséricorde, encouragement, capacité de conseiller, administration, générosité —, mais ils doivent tous avoir acquis de la maturité spirituelle.

Si la tâche des diacres se limite à apporter des fleurs ou des paniers de fruits aux malades, à remettre des enregistrements des prédications ou à écrire des chèques, alors ces exigences spirituelles ont moins d’importance. Cependant, si le diacre est appelé à répondre aux besoins plus profonds des gens, s’il est appelé à exercer un ministère envers des gens qui ont faim, qui ont soif, qui ont besoin d’un ami ou qui ont toutes sortes d’autres besoins, alors il faut qu’il ait de la maturité spirituelle. Les gens comptent sur lui pour qu’il les aide à trouver leur réconfort dans les Écritures et à se tourner vers Jésus-Christ. Si les diacres doivent « encourager les membres de l’Église à pourvoir aux besoins de ceux qui manquent du nécessaire, chercher à prévenir la pauvreté, distribuer discrètement et avec joie des dons à ceux qui sont dans le besoin, prier avec ceux qui sont dans la détresse en leur rappelant les consolations des Saintes Écritures² », alors ils doivent absolument être des hommes de Dieu qui marchent fidèlement avec lui. Le fait que ce ministère sacré exige de telles qualités spirituelles démontre à quel point il est important.

3. Ce que les diacres sont appelés à faire←⤒🔗

Ensemble, les deux ministères d’ancien et de diacre sont un modèle de tout le ministère de Jésus-Christ. Lorsqu’il était sur la terre, le Christ était « puissant en œuvres et en paroles » (Lc 24.19); aujourd’hui, du ciel, il continue à exercer ces deux aspects de son ministère à travers les ministères d’ancien et de diacre dans l’Église. Lorsqu’il était sur la terre, le Christ a enseigné tout ce qui concerne le Royaume partout où il allait; aujourd’hui, du ciel, il continue à enseigner et à diriger à travers les pasteurs et les anciens. Lorsqu’il était sur la terre, le Christ faisait du bien, guérissait des malades, exerçait la miséricorde partout où il allait; aujourd’hui, du ciel, il continue à faire du bien et à exercer la miséricorde à travers le diaconat.

Notre confession de foi confirme ces deux aspects du ministère lorsqu’elle ordonne à l’Église d’exercer un ministère à la fois « envers l’homme intérieur et envers l’homme extérieur », c’est-à-dire à la fois envers l’âme et envers le corps (Confession de foi de Westminster, 26.1). Le rôle des diacres est un complément au ministère spirituel d’au moins trois façons importantes : il permet à l’Église d’accorder toute la place nécessaire à l’enseignement et à la prédication, il atteste l’enseignement et la prédication de l’Église et il accompagne l’enseignement et la prédication de l’Église.

Premièrement, la supervision des actes de miséricorde par les diacres permet à l’Église d’accorder toute la place nécessaire à l’enseignement et à la prédication. En Actes 6, les apôtres et les anciens n’avaient ni l’énergie, ni le temps, ni les ressources, ni la force d’exercer à la fois un ministère spirituel et un ministère de miséricorde. Même les apôtres ne pouvaient tout faire. Personne ne le peut. C’est ainsi que des diacres ont été nommés pour permettre aux apôtres et aux anciens de se concentrer sur leurs tâches d’enseignement et de prédication de la Parole. L’Église doit avoir des diacres pour s’occuper des besoins sur le plan pratique et ainsi permettre aux anciens de prendre soin du troupeau du point de vue spirituel.

Deuxièmement, la supervision des actes de miséricorde par les diacres atteste l’enseignement et la prédication de l’Église. Après l’ordination des premiers diacres, l’Église a connu une grande croissance en nombre, une croissance saine (Ac 6.7). La prédication de la Parole par les apôtres et les anciens était attestée dans le concret par la façon dont les chrétiens prenaient soin les uns des autres, ce dont le monde était témoin. Le ministère diaconal donne de la crédibilité à la Parole prêchée en permettant aux gens de voir l’amour en action. Tim Keller rapporte les paroles de l’empereur romain Julien l’Apostat qui un jour s’est plaint :

« N’oublions pas que rien n’a davantage contribué au progrès de la superstition des chrétiens que leur charité envers les étrangers. […] Ces Galiléens impies pourvoient aux besoins non seulement de leurs propres pauvres, mais des nôtres également. »

Ce n’est pas parce que le soin des veuves était sans importance qu’il a été confié aux diacres. C’est bien plutôt parce que le ministère de miséricorde était d’une très grande importance qu’un nouveau ministère ordonné a été créé. En soi, il aurait été bien que les apôtres démontrent l’amour du Christ en servant aux tables et en s’occupant de tous les petits détails reliés au soin des veuves. Jacques, le frère du Seigneur, qui faisait partie de l’Église de Jérusalem à ce moment-là, écrira quelques années plus tard : « La religion pure et sans tache, devant Dieu le Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions et à se garder des souillures du monde » (Jc 1.27). N’allez surtout pas penser que le ministère de diacre est un ministère de moindre importance. Comme le dit George C. Fuller : « Dénigrer le noble ministère de diacre est pratiquement de l’hérésie.³ »

Un jour, un diacre et moi avons eu une rencontre avec une infirmière pour discuter des soins pour Eleanor, une membre âgée de notre Église. Cette dame n’a pas de famille qui vit près d’elle et elle demeure seule. C’est pourquoi les diacres l’aident en faisant son épicerie, en l’accompagnant à ses rendez-vous chez le médecin et en la conduisant à la banque. Alors qu’Eleanor expliquait à l’infirmière tout ce que les diacres font pour elle, elle lui a dit : « Je ne sais pas ce que je ferais sans mon Église. » L’infirmière a été vraiment décontenancée : « Votre Église fait tout cela pour vous? » Le nom du Christ, proclamé par l’Église, a été attesté par ces actes de miséricorde des diacres.

Finalement, la supervision des actes de miséricorde par les diacres accompagne l’enseignement et la prédication de l’Église. Jésus n’a pas seulement enseigné les gens, il a aussi répondu à leurs besoins physiques. Vous souvenez-vous du passage où il est dit qu’après avoir nourri la multitude, les gens ont voulu faire de lui un roi? Ils ont réagi ainsi parce qu’il avait pris soin de leurs besoins physiques. Jésus a toutefois refusé de devenir leur roi dans ce sens-là. Sa mission principale n’était pas de nourrir des pécheurs, mais de mourir pour eux afin qu’ils puissent devenir enfants de Dieu.

Les œuvres de miséricorde des diacres ne doivent jamais éclipser le ministère de la Parole ou le remplacer. La proclamation de la Parole est toujours primordiale, toujours le but premier. Nous ne devons pas nous concentrer simplement sur les actes de miséricorde. Le ministère diaconal doit toujours être accompagné de l’Évangile de Jésus-Christ. Il doit toujours être accompli au nom du Christ, pour la gloire de Dieu (Mt 5.16; Ac 3.10; Col 3.17). L’aide matérielle ne devrait être apportée que dans le contexte du partage de la Parole de Dieu.

Par exemple, une clinique de notre Église en Ouganda prodigue des soins médicaux à des milliers de gens chaque semaine, mais les gens doivent d’abord accepter d’entendre l’Évangile avant de recevoir des traitements. Un autre exemple : les diacres de notre Église donnent de la nourriture aux pauvres, mais seulement après qu’ils soient venus à l’Église pour la célébration du dimanche et qu’ils aient ensuite reçu une Bible. Le Comité des ministères diaconaux essaie d’apporter de l’aide dans le contexte du ministère de la Parole. Nous voulons que l’amour du Christ se traduise en actions, mais en même temps nous voulons être certains que l’aide diaconale n’éclipse pas la présentation de l’Évangile. Le ministère diaconal doit accompagner, non pas éclipser, le ministère de la Parole.

Les diacres ont toujours été un don précieux de Dieu à son Église. Nous louons Dieu pour le ministère de diacre. Nous prions Dieu afin qu’il accorde de nombreux autres diacres à son Église, que nos fils reçoivent ce noble appel. Lorsque nous voyons des hommes qui présentent les qualités spirituelles décrites dans cet article, nous devrions les encourager à considérer le ministère de diacre.

Frederick Herzog explique l’importance du diaconat de la façon suivante :

« Durant la Deuxième Guerre mondiale, lorsque les Pays-Bas étaient occupés par les Allemands, les diacres de l’Église réformée néerlandaise ont pris soin des gens persécutés à cause de leurs convictions politiques en les nourrissant et en les cachant dans des endroits secrets. Lorsqu’ils se sont aperçus de ce qui se passait, les Allemands ont décrété que le ministère ordonné de diacre devait être éliminé. Le 17 juillet 1941, le Synode réformé a pris la résolution suivante : Quiconque touche au ministère de diacre interfère avec ce que le Christ a ordonné à l’Église dans l’accomplissement de sa tâche. […] Quiconque touche au diaconat, touche au culte dû à Dieu!⁴ »

Notes