Zacharie 3 - L'Évangile dans l'Ancien Testament
Zacharie 3 - L'Évangile dans l'Ancien Testament
Zacharie 3
Vous êtes-vous jamais demandé si l’Évangile, la Bonne Nouvelle qui forme le cœur de la foi chrétienne, était déjà présent dans l’Ancien Testament, la première partie de la Bible? L’Évangile de la réconciliation de Dieu avec les hommes apparaît-il seulement avec la venue de Jésus-Christ, dont nous parle directement le Nouveau Testament, qui est la seconde partie de la Bible? Eh bien, nous allons voir ensemble que déjà dans l’Ancien Testament nous trouvons clairement exprimé l’Évangile de la grâce de Dieu, qui pardonne et réconcilie. Nous allons lire un passage d’un livre prophétique de l’Ancien Testament, le livre de Zacharie.
Zacharie était un prophète vivant au 6e siècle avant Jésus-Christ, au milieu d’une communauté de Juifs revenus d’exil dans leur pays, le petit État de Juda. Les circonstances de vie de cette communauté étaient bien difficiles et le souvenir de leurs fautes passées encore très vivace : il leur était de plus en plus clair que, s’ils avaient été déportés dans des pays étrangers après que leur capitale, Jérusalem, eut été détruite, avec son Temple, c’était à cause de leur infidélité envers Dieu et l’alliance qu’il avait conclue avec eux. Leurs dirigeants religieux avaient corrompu le vrai service que Dieu voulait que son peuple lui rende, ils avaient mélangé le culte des idoles des autres nations avec celui de l’Éternel Dieu. Pouvait-on maintenant espérer une réconciliation avec Dieu, sa juste colère pouvait-elle être apaisée?
Le début du livre de Zacharie nous présente huit visions que le prophète a eues à une date qu’il nous précise lui-même : la 2e année du règne du roi perse Darius, le 24e jour du 11e mois, qu’on appelait le mois de Chebath. Cela correspond, dans notre calendrier moderne, à la mi-février de l’an 519 avant Jésus-Christ, il y a donc quelque 2500 ans de cela. Nous allons méditer sur la 4e de ces huit visions, celle qui concerne le grand-prêtre Josué. Voici le chapitre 3 du livre de Zacharie, dans l’Ancien Testament :
« Puis il me fit voir Josué, le grand-prêtre, qui se tenait debout devant l’ange de l’Éternel. Et Satan se tenait à sa droite pour l’accuser. L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan! Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem! Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu? Or Josué était couvert d’habits très sales et il se tenait devant l’ange. L’ange s’adressa à ceux qui se tenaient devant lui et leur ordonna : Ôtez-lui ses vêtements sales! Et il ajouta à l’adresse de Josué : Regarde, j’ai enlevé le poids de la faute que tu portais, et l’on te revêtira d’habits de fête. Alors je m’écriai : Qu’on lui mette un turban pur sur la tête. On lui posa donc le turban pur sur la tête, et on le revêtit d’autres habits. Or l’ange de l’Éternel se tenait là. L’ange de l’Éternel fit ensuite cette déclaration à Josué : Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici. Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi, car ce sont des hommes qui serviront de préfiguration. En effet, je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe. Voici que je pose une pierre devant Josué. Sur cette pierre unique, il y a sept yeux. J’y graverai moi-même son inscription, le Seigneur des armées célestes le déclare. En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays. En ce jour-là, le Seigneur des armées le déclare, vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier » (Za 3.1-10).
Reprenons ma question initiale : Si vous ne vous êtes jamais demandé si l’Évangile est déjà présent dans l’Ancien Testament, notre texte vous donne la réponse : un oui franc et net! Le merveilleux Évangile de la grâce de Dieu nous est présenté dans la 4e vision du prophète Zacharie. Le pardon est accordé au peuple, en la personne de Josué, le grand-prêtre, simplement sur la base de la décision souveraine et toute-puissante de Dieu, quels que soient les péchés qui ont été commis. Nous avons ici une saisissante anticipation sur ce que le Nouveau Testament nous expose encore plus clairement : Dieu purifie ses élus, et rien ni personne ne peut annuler ce processus de purification.
Ceci est d’autant plus frappant que, dans l’Ancien Testament, la loi indique justement le processus contraire : sous la dispensation de la loi, si vous étiez entré en contact avec quelque chose ou quelqu’un déclaré impur par Dieu, vous aussi vous seriez devenu impur et auriez dû passer par un processus de purification. Lisez à ce sujet le chapitre 12 du livre du Lévitique. Sous la loi donc, la tendance était à la diffusion rapide de l’impureté, laquelle, tout comme le péché après la chute, s’est répandue partout et a tout contaminé. L’accent était donc placé sur le fait que les hommes sont des créatures impures devant le Dieu saint, recherchant toujours une purification. Dans le passage que nous avons cité, nous voyons en revanche que Dieu lui-même renverse cette tendance : non pas, bien sûr, que son peuple soit devenu pur par lui-même, mais simplement parce que Dieu le déclare pur. Dans le Nouveau Testament, nous voyons ce renversement de tendance de manière plus claire encore : l’accent n’est plus placé sur ce qui est impur et contamine le reste rapidement. Bien plutôt, par la mort de Jésus-Christ, ce qui est impur se trouve purifié par ce qui est pur.
Pour illustrer ceci, prenons deux textes du Nouveau Testament : au chapitre 10 du livre des Actes des apôtres, Pierre, le disciple de Jésus, reçoit une vision dans laquelle il lui est commandé de manger toutes sortes d’animaux qui étaient considérés comme rituellement impurs par la loi et donc en horreur aux Juifs.
« Il était à peu près midi. Il eut faim et voulut prendre de la nourriture. Pendant qu’on la lui préparait, il eut une extase. Il vit le ciel ouvert et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre; il s’y trouvait tous les quadrupèdes, des reptiles et des oiseaux. Une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Par trois fois, cela se renouvela, puis la nappe disparut dans le ciel » (Ac 10.9-16).
Dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, au chapitre 7, l’auteur explique à ses lecteurs la situation des couples dont l’un des conjoints est un croyant et l’autre un incroyant :
« Si un frère a une femme non croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie pas; et si une femme a un mari non croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie pas son mari. Car le mari non croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère, autrement vos enfants seraient impurs, tandis qu’en fait ils sont saints » (1 Co 7.12-14).
L’Évangile se trouve justement dans un tel revirement : une purification qui, d’un point de vue humain, apparaît comme totalement impossible, devient maintenant une réalité. Ce qui était impensable, en dehors de notre capacité de compréhension, est devenu vrai et palpable, même si cela demeure toujours incompréhensible pour notre raison humaine. Le texte décrivant la 4e vision du prophète Zacharie nous offre pourtant une perspective très profonde sur ce processus. Cela nous est communiqué sous forme d’une révélation adressée au prophète, une vision qui lui est accordée. Une telle révélation n’est certes pas quelque chose que nous aurions pu percevoir par nos facultés humaines. Tout comme au début du livre de Job, nous sommes faits spectateurs d’une scène qui se déroule dans les lieux célestes, en présence de Dieu et de tous les anges qui l’entourent. L’un d’entre eux, qui joue un rôle central, est Satan. Comment pourrait-on résumer le message de cette révélation? Peut-être en une simple phrase : nous avons ici affaire à un procès dont l’issue est radicalement différente de tout ce qu’on aurait pu imaginer.
En effet, comme très souvent dans la Bible, nous avons affaire à un procès dans la 4e vision du prophète Zacharie. Satan, mot qui en hébreu signifie littéralement « l’accusateur », se tient à la droite de l’accusé, comme c’était généralement le cas dans une cour de justice israélite. Le grand-prêtre Josué représente principalement la prêtrise corrompue d’Israël, mais aussi le peuple dans son entier, et son histoire d’infidélité et de désobéissance au cours des siècles. Pensez-vous un instant que Satan, qui se tient debout devant Dieu, ait besoin d’apporter de faux témoignages contre l’accusé pour prouver son cas? Dieu connaît très bien la réalité des péchés de son peuple, et en particulier la déchéance des prêtres israélites.
Pour prouver son cas, Satan n’a besoin que de citer les paroles que Dieu lui-même a mises dans la bouche de ses prophètes. Écoutez par exemple ce que dit Dieu au chapitre 22 du livre du prophète Ézéchiel, écoutez ce terrible acte d’accusation contre Jérusalem, ville où se trouvait le Temple, à la lumière de la loi sainte de Dieu :
« La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots : Toi, fils d’homme, jugeras-tu la ville sanguinaire? Fais-lui connaître toutes ses horreurs! Tu diras : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici une ville qui répand le sang au milieu d’elle, pour que son jour arrive, et qui se fait des idoles pour se souiller! Tu es coupable à cause du sang que tu as répandu et tu t’es souillée par les idoles que tu as faites. Tu as ainsi abrégé tes jours et tu es parvenue au terme de tes années. C’est pourquoi je te livre au déshonneur devant les nations et à la moquerie de tous les pays. Ceux qui sont près et ceux qui sont au loin se moqueront de toi qui es souillée de réputation et pleine de trouble. Voici les princes d’Israël : Chacun use de la force chez toi, pour répandre le sang. Chez toi, l’on méprise père et mère. Au milieu de toi, l’on commet des actes d’oppression contre l’immigrant. Chez toi, l’on exploite l’orphelin et la veuve. Tu méprises ce qui est saint, tu profanes mes sabbats. Il y a chez toi des gens qui calomnient leur prochain pour l’assassiner. Chez toi, les gens prennent part aux repas de sacrifices sur les montagnes. On fait des choses abominables au milieu de toi. Chez toi, il y a des gens qui ont des relations sexuelles avec la femme de leur père; chez toi, il y en a qui abusent d’une femme pendant son indisposition. L’un commet des abominations avec la femme de son prochain, l’autre, abominable, déshonore sa belle-fille, un troisième viole sa sœur, fille de son père, chez toi. Chez toi, on se laisse corrompre par des présents pour répandre le sang. Tu prêtes à un taux usuraire et tu exiges de l’intérêt. Tu extorques le bien de ton prochain par la violence, et moi, tu m’oublies, déclare le Seigneur, l’Éternel. Mais voici : je vais frapper dans mes mains à cause de tes profits malhonnêtes et du sang répandu au milieu de toi. Ton courage tiendra-t-il bon, tes mains seront-elles fermes au jour où j’interviendrai contre toi? Moi, l’Éternel, j’ai parlé et j’agirai. Je te disperserai parmi les nations et je te disséminerai à travers les pays, et je ferai disparaître totalement la souillure du milieu de toi. Tu t’es toi-même déshonorée aux yeux des nations, mais tu reconnaîtras que je suis l’Éternel » (Éz 22.1-16).
Voilà à quoi aurait pu ressembler l’acte d’accusation porté par Satan devant Dieu, contre le grand-prêtre Josué. Les dix commandements qui forment le cœur de la loi de Dieu ont été à maintes reprises grossièrement violés par le peuple d’Israël. Et voilà Josué, l’accusé, qui se tient devant Dieu, impuissant et désespéré. Ses habits sales sont maculés par toutes les souillures de l’histoire de désobéissance, de méchanceté et d’impureté d’Israël. Le mot hébreu que la Bible emploie pour exprimer l’idée de saleté signifie en fait « souillé et rendu impur par des excréments ». Donc Satan n’a pas menti, les faits qu’il avance sont exacts! Il connaît la loi de Dieu par cœur et compte minutieusement toutes les offenses que vous et moi commettons à son égard. Il peut additionner de manière très exacte tous les péchés dont vous et moi nous rendons quotidiennement coupables. Sur sa longue liste, il n’en manque aucun…
Mais ce faisant, il ne cherche pas seulement à faire de vous et de moi des perdants, il veut aussi faire de Dieu lui-même un perdant. Il cherche à faire se retourner le jugement divin contre Dieu et son ange : le plan de Dieu pour sa création n’est-il pas en effet un échec cuisant? Pourquoi continue-t-il donc avec ce plan? La destruction du monde est la seule solution viable, et d’ailleurs, Dieu n’a-t-il pas dit : « Je ferai disparaître totalement la souillure du milieu de toi »? Que Dieu détruise donc d’abord son peuple, puis le reste de sa création, puisque tout a échoué. Car quelle raison reste-t-il de maintenir la création après la chute, s’il n’y a plus de peuple qui puisse remplir le rôle de nation sainte dans cette création?
Ce n’est pas tant Josué qui se trouve au centre de l’accusation de Satan. En fait, Josué et Israël n’ont que peu de valeur aux yeux de Satan. Ils ne comptent que dans la mesure où Satan peut se servir d’eux contre Dieu, car sa véritable cible n’est rien de moins que le Dieu éternel et tout-puissant! Ce qu’il veut, c’est faire admettre à Dieu qu’il n’est pas en contrôle de sa création et qu’il ne pourra pas en fin de compte réaliser son plan. Dieu doit donc abdiquer de son trône tout-puissant afin que Satan prenne sa place… Mais Satan ne peut forcer Dieu à abdiquer. C’est pourquoi il utilise Josué, qui symbolise le peuple du Seigneur, et il montre à Dieu dans tous les détails combien sales sont les habits du grand-prêtre. En faisant contempler à Dieu ces habits souillés, Satan veut lui renvoyer une image de lui-même, comme si Dieu se regardait dans un miroir. Pour atteindre son but, le rusé serpent peut commodément se cacher derrière les témoignages authentiques et fiables que les prophètes de Dieu ont continuellement amassés contre Israël.
Mais soudain se produit un miracle. Soudain, l’accusateur se retrouve dans la position d’accusé, et se voit menacé. « L’Éternel dit à Satan : Que l’Éternel te réduise au silence, Satan! Oui, que l’Éternel te réduise au silence, lui qui a choisi Jérusalem! Celui-ci n’est-il pas un tison arraché au feu? » (Za 3.2). Que s’est-il donc passé? Satan, tout aussi bon connaisseur de la loi qu’il soit, oublie facilement les mots suivants, prononcés par Dieu dans sa loi :
« je punis les fils pour la faute de leur père, jusqu’à la troisième, voire la quatrième génération de ceux qui me haïssent. Mais j’agis avec amour jusqu’à la millième génération envers ceux qui m’aiment et qui obéissent à mes commandements » (Ex 20.5-6).
Le Seigneur a exercé son juste jugement et appliqué la peine annoncée : Il a détruit par le feu Jérusalem et son temple en 586 avant Jésus-Christ. Son jugement a été exécuté par l’armée babylonienne. Après cette destruction, trois ou quatre générations de Juifs ont vécu en exil. Maintenant, le temps de la restauration est arrivé, sur la base d’une raison seulement : « l’Éternel a choisi Jérusalem. » Ce choix de Jérusalem comme ville sainte est le fruit d’une décision souveraine, et l’Éternel va montrer à Satan qu’il demeure maître de l’histoire et des circonstances.
Aux chapitres 1 et 2 du livre de Zacharie apparaît déjà la mention de la restauration de Jérusalem. Cela va bien sûr de pair avec la reconstruction du Temple, où des prêtres fidèles doivent désormais servir Dieu et favoriser une communion renouvelée avec lui. Pour exécuter son plan, Dieu met en effet fin à l’impureté d’Israël. Mais il ne le fait pas comme Satan voudrait qu’il le fasse. Il va maintenant lui montrer qu’il a le pouvoir de faire disparaître cette impureté d’une tout autre manière, toute divine : après avoir puni son peuple, il sauve un tison du feu. Comme seul peut le faire un roi à la fois tout-puissant et gracieux, il déclare Josué pur, et cela devient réalité… Il pardonne, comme c’est dans sa nature, et il purifie son peuple par pure grâce. Certes, il est juste, mais il est aussi miséricordieux, sans que ces deux aspects entrent en conflit l’un avec l’autre ou s’annulent mutuellement. Et c’est ainsi que Satan, l’accusateur, qui ne sait pas ce que cela signifie que de pardonner, devient le grand perdant de ce procès tenu en présence de Dieu. Comme nous l’avons déjà dit, il s’agit bien d’un procès dont l’issue est tout autre que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Voilà la plus belle expression de l’Évangile du Seigneur, telle qu’on la trouve dans l’Ancien Testament.
Voici donc qu’au moment où Satan disparaît dans l’arrière-plan de cette divine cour de justice, l’Ange de l’Éternel s’avance au-devant. Qui est-il? Dans l’Ancien Testament, il est parfois distingué du Seigneur et parfois totalement identifié avec lui. C’est lui qui fait revêtir à Josué des vêtements propres. C’est lui qui annonce au grand-prêtre que ses transgressions ont été pardonnées. Dans le Nouveau Testament, nous lisons qu’une fois des docteurs de la loi se sont demandé, en présence de Jésus-Christ : « Qui peut pardonner les péchés, si ce n’est Dieu seul? », et ce après que Jésus eut dit à un homme paralytique : « Mon ami, tes péchés te sont pardonnés » (Lc 5.20-21). Bien sûr, ce sont des paroles que seuls le Seigneur ou son ange peuvent exprimer avec effet. C’est dans le même sens de miséricorde que l’Ange peut aussi dire, au nom du Seigneur : « En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays » (Za 3.9). Il peut même promettre une forme de communion avec Dieu inouïe :
« Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici » (Za 3.7).
La restauration d’une prêtrise devant le Seigneur est désormais assurée, l’accès à Dieu est de nouveau rendu possible. Le symbole d’une telle restauration est le turban propre qui est posé sur la tête du grand-prêtre, sur l’insistance enthousiaste du prophète Zacharie, intervenant lui-même dans cette scène. Dans la loi de Dieu, au chapitre 28 du livre de l’Exode, ce turban devait être le signe le plus spécial de l’habit du grand-prêtre. On devait lui attacher une fleur d’or pur, sur laquelle étaient gravés ces mots : « Consacré au Seigneur ». Mais ce qui est étonnant, c’est que la purification du grand-prêtre Josué n’est pas obtenue par un cérémoniel rituel, comme la loi dans l’Ancien Testament le prescrivait. Le rôle du grand-prêtre était justement de servir de médiateur entre Dieu et son peuple. Il entrait dans le Temple, à Jérusalem, et y accomplissait des rites de purification. Là, il présentait les péchés du peuple à Dieu, et après que les rites de purification prescrits par la loi aient été accomplis, il retournait vers le peuple pour annoncer le pardon divin. Mais ici, il se passe quelque chose d’autre : quelqu’un d’autre et de bien plus grand que le grand-prêtre accomplit la purification en revêtant Josué d’habits propres : il s’agit de l’Ange de l’Éternel lui-même. Josué n’accomplit aucun rite, il reçoit passivement les habits propres et le turban. Il est directement déclaré pur en présence du Dieu saint. Tout le cérémoniel de son office de grand-prêtre se trouve remplacé par un processus de purification que l’Ange de l’Éternel accomplit.
Donc, au-dessus de la prêtrise humaine de Josué, il existe dans le ciel un tout autre type de prêtrise qui remplace à la fois celle de Josué, et la restaure! La vision que le prophète Zacharie reçoit s’étend donc beaucoup plus loin que sa propre génération, celle de ces Juifs revenus à Jérusalem en l’an 539 avant Jésus-Christ, après 70 ans d’exil. Josué et ses amis sont appelés par l’Ange du Seigneur un signe de quelqu’un qui viendra un jour, un serviteur qu’il appelle « le Germe ». Pourquoi « le Germe »? Parce que Dieu va faire germer quelque chose d’incorruptible du tison qu’il a arraché au feu et qui était presque entièrement brûlé. Ce nom « germe » est ici associé à un autre nom : « Mon serviteur », nom utilisé par d’autres prophètes de l’Ancien Testament pour indiquer une descendance royale. Josué et ses amis sont donc une préfiguration d’un Messie à venir qui sera à la fois Prêtre et Roi. Nous comprenons alors beaucoup mieux pourquoi Satan accusait continuellement le grand-prêtre devant Dieu : à travers Josué, qui sert de signe pour la venue du Germe, Satan voulait justement empêcher la venue de cette prêtrise et royauté qui serait réunie dans la personne du Messie.
Mais ses efforts resteront vains. Le Germe viendra, comme l’Ange du Seigneur l’a annoncé. Le plan de Dieu se réalisera. C’est ce que confirme l’auteur de la lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, au chapitre 7 :
« De nombreux prêtres se succèdent parce que la mort les empêche d’exercer leur fonction à perpétuité. Mais Jésus, lui, parce qu’il demeure éternellement, possède le sacerdoce perpétuel. Voilà pourquoi il est en mesure de sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur auprès de Dieu » (Hé 7.23-25).
Voilà la Bonne Nouvelle dont la Bible est porteuse : Un prêtre qui vit éternellement intercède pour nous auprès de Dieu et construit un Temple qui ne pourra jamais être détruit : ce temple est constitué de pierres vivantes, c’est-à-dire de tous ceux qui croient au nom de Jésus-Christ et se soumettent à sa royauté et à sa prêtrise éternelles.
La vision du prophète Zacharie se termine sur un aperçu de ce que sera le futur :
« En un seul jour, j’ôterai le poids de la faute que porte ce pays. En ce jour-là, le Seigneur des armées le déclare, vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier » (Za 3.9-10).
Cette expression typique qu’on retrouve souvent dans l’Ancien Testament indique la paix, la sécurité et la prospérité pour le peuple de Dieu. Mais cette promesse n’est pas seulement adressée au grand-prêtre Josué et au peuple de Juda après leur retour d’exil. Elle nous concerne également et fait intégralement partie de l’Évangile de la grâce. Cependant, tout comme pour Josué et ses compagnons, les conditions exprimées au verset 7 nous concernent tout autant :
« Si tu suis les chemins que j’ai prescrits et si tu obéis à mes commandements, tu exerceras dans mon temple les fonctions judiciaires, tu veilleras sur mes parvis, et je te te donnerai libre accès parmi ceux qui se tiennent ici » (Za 3.7).
Il s’agit d’une alliance renouvelée entre Dieu et son peuple.
Cette alliance renouvelée implique et même exige une obéissance renouvelée de la part du peuple. Le Germe promis, le Messie, est venu dans la personne de Jésus-Christ. En sa personne s’est manifestée la nouvelle prêtrise, éternelle et incorruptible promise par l’Ange de l’Éternel et dont Josué est une préfiguration. La conséquence de ce nouvel état de choses est rendue explicite dans le Nouveau Testament, lorsque nous lisons le second chapitre de la première lettre de Pierre :
« Quant à vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière. Car vous qui autrefois n’étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu. Vous qui n’étiez pas au bénéfice de la grâce de Dieu, vous êtes à présent l’objet de sa grâce » (1 Pi 2.9-10).
Il ne faut jamais l’oublier, car ceux qui se sont mis au bénéfice de la grâce de Dieu ne sont eux aussi, après tout, qu’un tison arraché au feu. S’ils sont devenus une nation de rois-prêtres, ce n’est pas à cause de leurs propres vertus, mais uniquement parce que Dieu a choisi d’envoyer son Fils sur terre, comme un agneau qui devait être abattu. Il a été crucifié sur une croix, offrant en sa personne le sacrifice requis pour la délivrance du peuple que Dieu veut rassembler pour lui-même. Il a établi une nouvelle prêtrise, éternelle et incorruptible, pour que ce peuple racheté devienne une nation de rois-prêtres. C’est ce dont témoigne l’apôtre Jean dans le Nouveau Testament, dans la vision qu’il a de l’Église rassemblée autour de l’Agneau, c’est-à-dire Jésus-Christ, au cinquième chapitre de l’Apocalypse :
« Oui, tu es digne de recevoir le livre et d’en briser les sceaux, car tu as été mis à mort et tu as racheté pour Dieu, par ton sang répandu, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, de toutes les nations. Tu as fait d’eux un peuple de rois et de prêtres au service de notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (Ap 5.9-10).