Romains 9 - La place d'Israël dans l'histoire du salut
Romains 9 - La place d'Israël dans l'histoire du salut
Romains 9
Jusqu’à présent, nous avons lu ensemble les huit premiers chapitres de la lettre de l’apôtre Paul aux Romains dans le Nouveau Testament. En particulier, le chapitre 8 a retenu notre attention, car il concentre en lui toute l’annonce de l’Évangile, et, comme nous l’avons vu dans un article précédent, il conclut sur une note inégalable d’élévation, d’espérance et de certitude, quelles que puissent être les circonstances de la vie présente. Reprenons les derniers versets de ce chapitre :
« Mais dans tout cela, nous sommes bien plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’absolue certitude : ni la mort, ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni ce qui est en haut ni ce qui est en bas, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8.37-39).
Au chapitre neuvième, Paul va considérer la place que tient Israël dans l’histoire du salut. Lui-même est Juif, descendant de Juifs, éduqué dans la tradition judaïque. Si quelqu’un doit avoir de la sympathie pour les Juifs, c’est bien lui, qui fait partie de ce peuple. Or le voilà déchiré en son for intérieur, car il constate que la majorité de ses frères de race n’accepte pas la révélation finale de Dieu en Jésus-Christ alors que c’est à eux qu’elle est d’abord adressée. Il écrit :
« Ce que je vais dire est la vérité; j’en appelle au Christ, je ne mens pas : ma conscience, en accord avec l’Esprit Saint, me rend ce témoignage : j’éprouve une profonde tristesse et un chagrin continuel dans mon cœur. Oui, je demanderais à Dieu d’être maudit et séparé du Christ pour le bien de mes frères, nés du même peuple que moi. Ce sont les Israélites. C’est à eux qu’appartiennent la condition de fils adoptifs de Dieu, la manifestation glorieuse de la présence divine, les alliances, le don de la loi, le culte et les promesses; à eux les patriarches! Et c’est d’eux qu’est issu le Christ dans son humanité; il est aussi au-dessus de tout, Dieu béni pour toujours. Amen! » (Rm 9.1-5).
Alors, demande Paul, Dieu a-t-il échoué dans son plan de salut, puisque ceux à qui il a adressé sa révélation refusent de l’accepter? La réponse est « non ». Le véritable Israël se compose de ceux, qu’ils soient Juifs ou non-Juifs, qui acceptent cette révélation et qui se mettent au bénéfice des promesses accordées à Abraham, le père de tous les croyants. Voici les versets suivants :
« La Parole de Dieu aurait-elle échoué? Non! En effet, ce ne sont pas tous ceux qui descendent du patriarche Israël [c’est-à-dire Jacob] qui constituent Israël; et ceux qui descendent d’Abraham ne sont pas tous ses enfants. Car Dieu a dit à Abraham : C’est la postérité d’Isaac qui sera appelée ta descendance. Cela veut dire que tous les enfants de la descendance naturelle d’Abraham ne sont pas enfants de Dieu. Seuls les enfants nés selon la promesse sont considérés comme sa descendance. Car Dieu a donné sa promesse en ces termes : Vers cette époque, je viendrai et Sara aura un fils. Et ce n’est pas tout : Rébecca eut des jumeaux nés d’un seul et même père, de notre ancêtre Isaac. Or, Dieu a un plan qui s’accomplit selon son libre choix et qui dépend, non des actions des hommes, mais uniquement de la volonté de celui qui appelle. Et pour que ce plan demeure, c’est avant même la naissance de ces enfants, et par conséquent avant qu’ils n’aient fait ni bien ni mal, que Dieu a dit à Rébecca : L’aîné sera assujetti au cadet. Ceci s’accorde avec cet autre texte de l’Écriture : J’ai aimé Jacob et pas Ésaü » (Rm 9.6-13).
Ce que Paul souligne en reprenant l’histoire des patriarches du peuple juif, c’est que Dieu établit une lignée qui lui appartient en propre non pas à la manière naturelle des hommes, mais selon une promesse particulière. Il choisit librement et souverainement ceux qui feront partie de son Alliance. Peu importe le rang naturel, c’est le choix de Dieu qui compte. Ceci amène bien sûr à se poser la question cruciale de la justice de Dieu. Dieu est-il juste en choisissant qui il lui plaît? Je cite les versets suivants :
« Mais alors, que dire? Dieu serait-il injuste? Loin de là! Car il a dit à Moïse : Je ferai grâce à qui je veux faire grâce, j’aurai pitié de qui je veux avoir pitié. Cela ne dépend donc ni de la volonté de l’homme, ni de ses efforts, mais de Dieu qui fait grâce. Dans l’Écriture, Dieu dit au pharaon : Voici pourquoi je t’ai fait parvenir où tu es : pour montrer en toi ma puissance, et pour que, sur la terre entière, on proclame qui je suis. Ainsi donc, Dieu fait grâce à qui il veut et il endurcit qui il veut. Tu vas me dire : pourquoi alors Dieu fait-il encore des reproches? Car qui a jamais pu résister à sa volonté? Mais qui es-tu donc toi, homme, pour critiquer Dieu? L’ouvrage demandera-t-il à l’ouvrier : Pourquoi m’as-tu fait ainsi? Le potier n’a-t-il pas le droit, à partir du même bloc d’argile, de fabriquer un pot d’usage noble et un autre pour l’usage courant? Et qu’as-tu à redire si Dieu a voulu montrer sa colère et faire connaître sa puissance en supportant avec une immense patience ceux qui étaient les objets de sa colère, tout prêts pour la destruction? Oui, qu’as-tu à redire si Dieu a agi ainsi pour manifester la richesse de sa gloire en faveur de ceux qui sont les objets de sa grâce, ceux qu’il a préparés d’avance pour la gloire? » (Rm 9.14-23).
L’argument sans appel de Paul est celui de la souveraineté divine. Dieu est le maître, il est souverain, lui seul est Dieu. Qui sommes-nous, hommes et femmes pécheurs de toute manière, pour venir lui demander des comptes? À partir de là, Paul démontre en citant les prophètes Osée et Ésaïe de l’Ancien Testament, que Dieu a pu appeler à faire partie de son peuple aussi bien des Juifs que des non-Juifs. Lisons à partir du verset 24 :
« C’est nous qui sommes les objets de sa grâce, nous qu’il a appelés non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les non-Juifs. C’est ce qu’il dit dans le livre du prophète Osée : Celui qui n’était pas mon peuple, je l’appellerai “mon peuple”. Celle qui n’était pas la bien-aimée, je la nommerai “bien-aimée”. Au lieu même où on leur avait dit : “Vous n’êtes pas mon peuple”, on leur dira alors : “Vous êtes les fils du Dieu vivant.” Et pour ce qui concerne Israël, Ésaïe déclare de son côté : “Même si les descendants d’Israël étaient aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer, seul un reste sera sauvé. Car pleinement et promptement, le Seigneur accomplira sa parole sur la terre.” Et comme Ésaïe l’avait dit par avance : “Si le Seigneur des armées célestes ne nous avait laissé des descendants, nous ressemblerions à Sodome, nous serions comme Gomorrhe.” » (Rm 9.24-29).
Paul explique ensuite la raison pour laquelle une partie des Israélites n’est pas parvenue à la connaissance du salut de Dieu : c’est parce qu’ils ont cherché à être déclarés justes devant Dieu en prétendant accomplir parfaitement les œuvres exigées par la loi, au lieu de rechercher le principe de la justification dans la foi. Au contraire, les nations païennes qui n’avaient pas reçu ni recherché la révélation ont reçu cette justification parce qu’ils ont cru aux promesses de Dieu faites à travers la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, devenant ainsi les fils spirituels d’Abraham, le père de tous ceux qui ont cru. Et Paul de conclure avec une citation du prophète Ésaïe de l’Ancien Testament, qui parle du salut de Dieu comme d’une pierre d’achoppement, c’est-à-dire d’une cause de chute pour beaucoup qui n’y croiront pas. Je cite donc les versets qui terminent ce chapitre 9 :
« Que dirons-nous donc? Les païens, qui ne recherchaient pas à être déclarés justes, ont saisi cette justice, la justice qui est reçue par la foi. Les Israélites, eux, qui recherchaient une loi qui rend juste, ne sont pas parvenus à cette loi. Pourquoi? Parce qu’ils ont cherché cette loi comme si elle ne provenait pas de la foi, mais des œuvres. Ils ont buté contre la pierre qui fait tomber, celle dont parle l’Écriture : Voici, je place en Sion une pierre qui fait tomber, un rocher qui fait trébucher. Celui qui met en lui sa confiance ne sera jamais dans le déshonneur » (Rm 9.30-33).
Et Paul continue au chapitre 10 sur cette lancée, en formant de tout cœur le vœu que ses frères de sang, les Israélites, soient tous sauvés en parvenant à la connaissance du plan de salut de Dieu; ce plan de salut est reçu par la foi en le don gratuit de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ, et non pas en la confiance que nous pourrions parfaitement accomplir par nous-mêmes les œuvres prescrites par la loi. C’est ce chapitre 10 que je verrai dans un prochain article. Paul y parle aussi de l’annonce de l’Évangile, la prédication, comme du moyen par lequel Dieu amène les hommes à la connaissance du salut par la foi.