Un peuple saint pour un Dieu saint
Un peuple saint pour un Dieu saint
- Les exigences de Dieu à l’égard de son peuple
- Sainteté et sanctification
- Notre relation avec le monde pécheur
- La sainteté accordée et exigée par Dieu pour son Église
- Savoir exercer un discernement spirituel
- La recherche de la sanctification
À la lumière de plusieurs passages de la Bible, tirés aussi bien de l’Ancien Testament que du Nouveau Testament, nous réfléchirons sur les exigences de Dieu à l’égard de son peuple, sur la signification des mots « sainteté » et « sanctification », et sur notre relation avec le monde pécheur. Car ce sont des termes très importants dans la vie d’un chrétien, et leur impact sur nos actions quotidiennes doit être visible si nous prétendons porter le nom de « chrétien », c’est-à-dire disciple de Jésus-Christ.
1. Les exigences de Dieu à l’égard de son peuple⤒🔗
Au chapitre 19 du livre du Lévitique, dans la première partie de l’Ancien Testament, nous lisons la parole suivante : « L’Éternel parla à Moïse et dit : Parle à toute la communauté des Israélites. Tu leur diras : Vous serez saints, car je suis saint, moi l’Éternel votre Dieu » (Lv 19.1-2). Au même chapitre 19, l’Éternel donne à Moïse pour son peuple Israël un certain nombre de prescriptions qui définissent ce caractère de sainteté. Par exemple, nous lisons : « Vous ne ferez pas d’incisions dans votre chair pour un mort et vous n’imprimerez pas de tatouage sur vous. Je suis l’Éternel » (Lv 19.28). Au chapitre 20 du même livre du Lévitique, nous lisons encore :
« Vous garderez tous mes principes et toutes mes ordonnances et vous les mettrez en pratique, ainsi le pays où je vous mène pour vous y établir ne vous vomira pas. Vous ne suivrez pas les principes des nations que je fais chasser devant vous; car elles ont toutes commis ces actions et j’en ai été dégoûté. Je vous ai dit : c’est vous qui posséderez leur pays; je vous en donnerai la possession; c’est un pays découlant de lait et de miel. Je suis l’Éternel votre Dieu qui vous ai séparé des peuples » (Lv 20.22-24).
Et un peu plus loin : « Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Éternel; je vous ai séparé des peuples, afin que vous soyez à moi » (Lv 20.26).
La question que j’aimerais maintenant vous poser est la suivante : le Nouveau Testament confirme-t-il cet appel à la sainteté, ou bien l’abolit-il? Dieu a-t-il diminué ses exigences à l’égard de son peuple racheté, parce qu’il se serait rendu compte que son peuple n’était pas en état d’obéir parfaitement à sa loi? Dieu a-t-il envoyé son Fils sur la terre pour que celui-ci accomplisse pour nous la sainteté requise et nous dispense ainsi de rechercher la sanctification? Est-ce cela la signification de la grâce divine à notre égard? Citons ce qu’écrit l’apôtre Paul aux chrétiens de la ville de Corinthe, dans sa deuxième lettre, au chapitre 6 :
« Ne formez pas avec les incroyants un attelage disparate. Car quelle association y a-t-il entre la justice et l’iniquité? Ou quelle communion entre les ténèbres et la lumière? Et quel accord entre Christ et Bélial? Quelle part le croyant a-t-il avec le non-croyant? Quel contrat d’alliance entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : “J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. C’est pourquoi : sortez du milieu d’eux; et séparez-vous, dit le Seigneur; ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant.” Puisque nous avons de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en développant jusqu’à son terme la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Co 6.14 à 7.1).
Ce passage nous donne d’emblée la réponse aux questions que nous avons posées. Dieu n’exige pas moins de nous qui sommes ses enfants adoptés qu’il n’exigeait de son peuple Israël; pas moins, bien au contraire. La réponse que nous avons obtenue de l’Écriture est tout à fait claire, mais nous devons admettre qu’entre les réponses claires de l’Écriture et notre propre conception des choses, il existe souvent un fossé très profond. C’est pourquoi il nous faut bien saisir les implications de la volonté de Dieu dans notre vie quotidienne, afin de marcher dans une plus grande obéissance. En particulier, Paul soulève la question de la relation entre les croyants et le monde non croyant, un problème qui reste toujours d’actualité et se pose à chaque génération de croyants. Les enfants de l’alliance conclue par Dieu avec eux ont en effet souvent tendance à effacer les frontières entre leur vie dans l’alliance et le monde incroyant. Ce faisant, ils brisent leur participation à l’alliance. Nous ferons appel, au cours de notre méditation, à d’autres textes du Nouveau Testament, en particulier l’Évangile selon Jean et les lettres de Paul.
2. Sainteté et sanctification←⤒🔗
Commençons par tâcher de cerner la signification des mots « sainteté » et « sanctification ». Je suis saint, non parce qu’un homme ou une institution en décide ainsi, mais parce que j’appartiens à Dieu et à nul autre. Je le sers en obéissant à sa loi et non pas à la loi du monde pécheur. Dans le Sermon sur la Montagne, qui est la loi qu’il donne à ses disciples, le Seigneur Jésus dit entre autres : « Nul ne peut servir deux maîtres, car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Mt 6.24), c’est-à-dire l’idole de l’argent. Comment puis-je obéir à la loi de Dieu et non à celle du monde pécheur, qui lui est contraire? Parce que, comme l’écrit Paul au début du chapitre 8 de sa lettre aux chrétiens de Rome : « La loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort » (Rm 8.2). Ainsi, notre vie, notre attitude dans la vie montrent désormais les caractéristiques de l’obéissance à Dieu. Nous nous dédions entièrement à Dieu en nous purifiant de tout ce qui rend nos corps et nos cœurs impurs, comme Paul l’écrit aux Corinthiens.
Ainsi donc, le mot « saint » comprend au moins quatre significations qui sont toutes reliées entre elles. Premièrement, « être saint » signifie que nous appartenons exclusivement à Dieu, il est notre seul Seigneur et Maître, il a fait de nous sa propriété exclusive. Deuxièmement, « être saint » signifie une purification complète de tout ce qui est impur, autrement nous ne pouvons pas appartenir exclusivement à Dieu, car il est saint et sa loi détermine pour nous ce qui est pur et ce qui est impur. Troisièmement, « être saint » signifie que nous devons nous séparer du monde pécheur; autrement nous serions contaminés, pollués. Quatrièmement, « être saint » veut dire que nous devons marcher dans l’obéissance à Dieu, maintenant que nous vivons sous la loi de l’Esprit de vie qui nous a été donnée en Jésus-Christ.
La question qui se pose immédiatement est la suivante : pouvons-nous, par nos propres moyens, parvenir à une telle sainteté, par nos propres œuvres? La réponse est « non, pas du tout! » Écoutons comment Paul introduit sa lettre aux chrétiens de Galatie et leur apporte une salutation de la part de Dieu :
« Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher au présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père, à qui soit la gloire aux siècles des siècles! Amen! » (Ga 1.3-5).
Sans la ferme foi que Jésus-Christ montre sa propre pureté au Père céleste en notre faveur, et qu’il prie pour nous devant son Père sur la base de son sacrifice parfait effectué pour notre compte, il n’existe pour nous aucun espoir d’atteindre la sainteté. Car nous savons bien que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos propres œuvres. En effet, elles restent toujours imparfaites devant Dieu. Dans l’Évangile selon Jean, Jésus prie justement pour ses disciples : « Et moi je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés dans la vérité » (Jn 17.19). Il a prié le Père de sanctifier lui-même les disciples : « Sanctifie-les par la vérité; ta parole est la vérité » (Jn 17.17). Mais si Dieu nous a sanctifiés, ce n’est pas pour nous laisser dans les griffes du monde pécheur, bien au contraire!
Une autre salutation de Paul dans une de ses lettres, la première aux chrétiens de Corinthe, est adressée de la manière suivante :
« Paul, appelé à être appelé apôtre du Christ-Jésus par la volonté de Dieu et le frère Sosthène, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus, appelés à être saints, et à tous ceux qui, en quelque lieu que ce soit, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre : Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ! » (1 Co 1.1-3).
Vous voyez, vous qui croyez en Jésus-Christ, Dieu vous a mis à part et vous a appelés en Christ pour lui appartenir. Sur la base de votre mise à part, sur la base de votre appel par Dieu, vous pouvez recevoir de lui la paix qui vous permet de marcher sur la voie de la sanctification.
3. Notre relation avec le monde pécheur←⤒🔗
Nous avons déjà cité l’important passage de 2 Corinthiens 6 où Paul établit un contraste entre la justice et l’iniquité, les ténèbres et la lumière, Christ et Bélial, le croyant et l’incroyant, le temple de Dieu et les idoles. Paul conclut en insistant à la fois sur les promesses de Dieu et ses commandements en vue d’une vie sainte : « Puisque nous avons de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en développant jusqu’à son terme la sainteté dans la crainte de Dieu » (2 Co 7.1).
Notons au passage que le mot « Bélial », qui est un équivalent de Satan, possède dans une certaine tradition juive la signification d’une personne ou d’une créature qui désobéit à la loi de Dieu, qui se rebelle contre sa loi et ses commandements. Mais, plus important encore, nous remarquons qu’avec l’exigence de pureté et de séparation qui accompagne la sainteté accordée par Dieu, Dieu effectue aussi des promesses à son peuple Israël : promesses de sa présence en leur sein. Ces promesses font partie intégrante de l’alliance conclue par l’Éternel avec son peuple. Et Paul écrit justement aux Corinthiens sur la base de l’alliance exprimée dans l’Ancien Testament : « J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (2 Co 6.16), qui n’est autre qu’une citation de Lévitique 26.12. Donc, nous devons bien comprendre que notre propre marche, notre propre conduite, notre relation avec le monde, oui même avec le monde pécheur, doivent être fondées sur la même base. En tant qu’enfants de l’alliance nous ne vivons pas sous un régime différent que celui que Paul enseigne aux Corinthiens.
Mais que voulait dire Paul lorsqu’il cita pour les chrétiens de Corinthe ces mots tirés de l’Ancien Testament? Voulait-il dire qu’ils ne devaient avoir absolument aucun lien avec les incroyants? Non, pas du tout. De fait, Paul leur écrivait déjà dans sa première lettre :
« Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir de relation avec les débauchés. Ce n’est pas d’une manière absolue avec les débauchés de ce monde, ou avec les cupides et les accapareurs, ou avec les idolâtres; autrement vous devriez sortir du monde. Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, tout en se nommant frère, serait débauché, ou cupide, ou idolâtre, ou insulteur, ou ivrogne, ou accapareur, et même de ne pas manger avec un tel homme » (1 Co 5.9-11).
Voyez-vous, la ville de Corinthe du temps de Paul était d’une immoralité extrême. Dans le temple de la déesse païenne Aphrodite se trouvaient quelque mille prostituées qui recevaient en permanence les touristes et les idolâtres, ce qui, du reste, rapportait beaucoup d’argent à la ville. Mais c’est là que Paul appelle les chrétiens à vivre une vie en contraste total avec celle des païens. Leur corps est devenu le temple du Dieu saint, il n’y a plus de place dans leur vie pour l’immoralité, plus d’actes tels que ceux qui se déroulaient quotidiennement dans le temple de l’idole païenne Aphrodite. Paul devait rappeler ces choses-là aux chrétiens de Corinthe, car l’immoralité de la vie dans cette ville était célèbre dans tout l’Empire romain et avait malheureusement laissé ses marques dans la vie de plusieurs membres de l’Église. Mais il était néanmoins impossible de cesser tout rapport, toute forme de contact avec les incroyants. Et c’est aussi le cas pour nous aujourd’hui. Dans l’Évangile selon Jean, au chapitre 17, Jésus prie pour ses disciples de la manière suivante : « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les garder du Malin » (Jn 17.15).
Ainsi donc, l’appel adressé aux chrétiens de se séparer du monde signifie d’abord qu’au sein de l’Église doit régner la sainteté; cela signifie que la vie des membres de l’Église doit refléter la pureté. Posons-nous donc personnellement les questions suivantes : Comment est-ce que j’utilise chaque jour ce que mon Créateur m’accorde? Suis-je obéissant à la loi sainte de Dieu? Pour citer les paroles de la lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament : Est-ce que je plonge les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et est-ce que je persévère, non pas en l’écoutant pour l’oublier, mais en la pratiquant activement? (Jc 1.25). Comment est-ce que j’utilise la boisson, avec mes amis ou en privé, à la maison? Quel genre de conversations est-ce que j’ai avec mes amis, quel genre de plaisanteries est-ce que j’échange avec eux? Comment est-ce que j’aborde mes questions d’argent privées ou les affaires financières de mon entreprise?
Si tu es un enfant, pose-toi la question suivante : Est-ce que mon cœur est propre devant le Seigneur Jésus lorsque je joue ou je cause avec mes amis? Est-ce que je reste pur de cœur et de bouche lorsque je suis sur le terrain de sport, même si mon corps est plein de poussière ou de boue? Si vous êtes un étudiant, posez-vous la question suivante : Est-ce que j’offre une résistance à la pression du groupe qui tente de me faire agir de manière impure, ou bien est-ce que j’accepte de me conduire comme le reste du groupe, par souci de conformisme ou par peur d’être exclus?
Nous avons déjà cité un passage du chapitre 19 du livre du Lévitique qui interdisait aux Israélites les tatouages et les incisions : « Vous ne ferez pas d’incisions dans votre chair pour un mort et vous n’imprimerez pas de tatouage sur vous. Je suis l’Éternel » (Lv 19.28). Voyez-vous, au temps des Israélites (et peut-être dans de nombreux groupes encore aujourd’hui) les tatouages et incisions sur le corps jouaient un rôle en tant que rite funéraire païen. Mais si aujourd’hui quelqu’un se fait faire un tatouage qui reste de manière permanente, c’est comme s’il ou elle décidait lui-même de son identité : le tatouage devient un signe indélébile gravé dans votre peau (que ce soit une fleur, un symbole, le dessin d’une femme nue ou quoi que ce soit d’autre). Pour enlever le tatouage, il faudrait arracher la peau elle-même. Ce signe est devenu partie intégrante de vous-même.
En le faisant graver sur votre corps, vous renieriez celui qui vous a donné votre identité : exclusivement votre Créateur et votre Sauveur. Il a placé sur vous sa marque indélébile, afin de faire de vous sa propriété exclusive. Or cette marque, c’est l’eau de votre baptême, qui vous purifie de toute impureté, et par lequel vous êtes scellé en Jésus-Christ par et pour Dieu. Si vous portez le sceau du baptême, qui est le signe de votre purification en Christ et qui détermine votre identité en tant qu’enfant de l’alliance conclue par Dieu en Jésus-Christ, alors vous ne pouvez placer sur votre corps une autre marque indélébile.
Or ce qui est vrai pour notre corps l’est aussi pour notre esprit : nous devons nous demander si nous ne portons pas les tatouages des idées en vogue ou des courants intellectuels païens? Demandons-nous donc si nous portons le sceau de la souveraineté de Dieu sur nos pensées, au lieu des marques de la pensée païenne, qui témoigne du pouvoir des idoles modernes sur notre réflexion.
4. La sainteté accordée et exigée par Dieu pour son Église←⤒🔗
Mais dans l’Église elle-même, la pureté qui témoigne de la sainteté exigée par Dieu doit être maintenue. Il ne peut y avoir sous aucun prétexte de syncrétisme, c’est-à-dire de mélange entre les pratiques païennes et le culte chrétien. La doctrine biblique doit être enseignée avec pureté, le culte doit se dérouler dans une atmosphère de sainteté et de crainte respectueuse du Dieu vivant. Le prophète Habacuc, dans l’Ancien Testament, établit la distinction entre le culte des idoles et celui de l’Éternel :
« Malheur à celui qui dit au bois : Lève-toi! À la pierre silencieuse : Réveille-toi! Enseigne-t-elle? La voilà plaquée d’or et d’argent, mais en elle, pas le moindre esprit. En revanche, l’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui! » (Ha 2.19-20).
Malheureusement, bien des cultes qui se veulent chrétiens sont davantage caractérisés par des cris et des vociférations, s’adressant au Dieu trois fois saint comme s’il était une pièce de bois qu’on invitait bruyamment à se lever, ou une pierre silencieuse qu’on voulait réveiller par des clameurs. Où est la sainteté du culte de l’Église dans de telles pratiques, si on les compare à l’appel du prophète : « En revanche, l’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui! »
Mais l’Église est aussi sainte lorsque les sacrements, le baptême et la sainte Cène, c’est-à-dire le repas du Seigneur, sont maintenus purs de toute interprétation et célébration idolâtre; lorsque seuls les croyants sincères et repentants, ceux qui confessent la foi chrétienne, peuvent s’en approcher et les recevoir. Pour cela, l’Église doit exercer une discipline spirituelle, celle qui lui a été enseignée et ordonnée par son chef, Jésus-Christ. Les anciens dans l’Église veillent au bon ordre, c’est-à-dire à ce que personne ne participe indûment aux sacrements, si la vie d’une telle personne ne témoigne pas d’une foi sincère et repentante. Cela ne signifie pas que seuls des membres parfaits puissent recevoir le réconfort du pain et du vin de la communion au corps et au sang de Jésus-Christ, car si une telle exigence prévalait, personne, ni les pasteurs, ni les anciens, ni les diacres ne pourraient jamais y participer. Par ailleurs, des personnes parfaites n’auraient guère besoin de prendre le repas du Seigneur, car la perfection de leurs œuvres leur servirait de justice parfaite devant Dieu. Jésus-Christ leur serait inutile. Or tous les hommes sont pécheurs et ont besoin du salut offert par Dieu en Jésus-Christ. Mais au sein du peuple racheté par Dieu, la vie et la doctrine des croyants doivent être maintenues pures et saintes, et la participation au corps et au sang de Jésus-Christ ne peut être accordée à ceux qui mènent publiquement une vie scandaleuse, en contravention directe et affirmée avec la loi du Seigneur Jésus-Christ.
Le gouvernement de l’Église lui aussi se déroule de manière sainte, juste, en obéissance avec les prescriptions de son seul chef, Jésus-Christ, et non pas suivant les modes ou les coutumes en vigueur dans le monde. Autrement, c’est l’abus de pouvoir personnel, l’autoritarisme de quelques-uns qui prévaudra en son sein. Les activités auxquelles s’adonne l’Église témoignent aussi de sa sainteté en ce qu’elles sont directement rattachées à son rôle au sein du Royaume de Dieu.
5. Savoir exercer un discernement spirituel←⤒🔗
Mais nous devons à présent nous poser la question suivante : Est-ce que nous séparer du monde signifie que nous ne pouvons pas jouir de la vie, que nous ne devons pas profiter des moments agréables qui nous sont offerts, et qu’au contraire nous devons marcher avec un visage sombre et triste à travers chaque journée que le Créateur nous accorde? Bien sûr que non! Ce serait faire une caricature de la vie chrétienne. De son temps, l’apôtre Paul a eu à faire à deux sérieuses déformations de l’enseignement de la grâce et de ses implications dans la vie des chrétiens. La première déformation, qui se produisit dans l’Église des Colossiens, illustre bien ce que je viens de dire. Il y avait à Colosses des gens qui introduisaient toutes sortes de prescriptions, de règles strictes, comme si celles-ci pouvaient mener ceux qui les pratiquaient au salut. Dans sa lettre aux chrétiens de Colosses. Paul leur écrit :
« Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous laissez-vous imposer ces règlements : Ne prends pas! Ne goûte pas! Ne touche pas! Toutes choses vouées à la corruption par l’usage qu’on en fait? Il s’agit de préceptes et d’enseignements humains, qui ont, il est vrai, une apparence de sagesse, en tant que culte volontaire, humilité et rigueur pour le corps, mais qui ne méritent pas d’honneur et contribuent à la satisfaction de la chair » (Col 2.20-23).
Paul dit en fait aux Colossiens qu’ils sont en train de devenir la proie d’une fausse sagesse, qui ne témoigne pas du tout de la vraie sanctification.
L’autre déformation de l’enseignement de la grâce, à l’inverse, avait pris racine chez les Corinthiens, dont certains, comme nous l’avons déjà vu, s’adonnaient à l’immoralité sexuelle sous prétexte d’être libres en Christ. Écoutez comment Paul leur parle : « Tout m’est permis, leur dit-il, mais tout n’est pas utile, tout m’est permis, mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit » (1 Co 6.12) Vous le voyez, la liberté en Christ ne signifie jamais que nous pouvons ignorer sa loi et marcher avec une conduite impure, car si tel était le cas, alors nous ne serions plus libres, mais au contraire retombés en esclavage.
Alors, comment usons-nous des occasions qui nous sont présentées de nous réjouir ou de participer à des manifestations qui ne sont pas nécessairement chrétiennes de caractère? Nous le faisons en nous souvenant toujours que nous avons reçu la loi de l’Esprit qui en Christ nous a redonné la vie. Nous sommes sanctifiés par l’Esprit Saint pour mener une vie de sanctification, c’est-à-dire une vie d’obéissance. Nous pouvons juger de toutes choses de manière spirituelle, car nous sommes équipés spirituellement; en Jésus-Christ nous avons vu la lumière, nous savons maintenant distinguer entre ce qui est lumière et ce qui est ténèbres. Or, nous utilisons cette lumière pour projeter de la lumière sur toutes choses.
Nous n’approuvons pas tout, loin de là, et même souvent nous refusons notre participation à bien des activités, des spectacles ou des manifestations culturelles de tous ordres. Mais nous savons aussi participer pour rendre un témoignage à la lumière manifestée en Christ. Nous apprécions ce qu’il nous est donné d’apprécier, mais en restant toujours critiques; « critiques » c’est-à-dire que nous n’oublions jamais la perspective de Jésus-Christ, notre Sauveur et Seigneur qui nous a donné sa loi parfaite. Non, même quand nous apprécions quelque chose avec intensité, nous ne perdons pas la perspective de notre salut en Christ. Si nous commençons à tout approuver, tout aimer, et si nous perdons cette perspective, alors que le spectacle qui nous est donné à contempler est destructeur et profane le saint nom de Dieu, alors nous sommes activement en train de le renier. Nous commençons à vivre en dehors de son alliance.
6. La recherche de la sanctification←⤒🔗
En fin de compte, notre relation avec le monde, même le monde de l’incroyance, le monde pécheur qui ne se repent pas, cette relation devrait être marquée par la recherche d’une véritable culture, la seule culture qui compte aux yeux de Dieu : une culture de sanctification. Pour un chrétien, une véritable culture inspirée par Dieu n’est pas d’assister à des concerts, à des pièces de théâtre, des spectacles de danse, etc., même si toutes ces activités peuvent et devraient faire partie d’une culture chrétienne. Mais plutôt, la véritable culture chrétienne est une attitude générale devant Dieu, devant le monde, devant notre prochain, notre famille et nos proches, et même devant nous-mêmes; une attitude par laquelle nous recherchons et tendons vers tout ce qui soutient, renforce et raffine l’image de Dieu et sa perfection en nous-mêmes. Nous pouvons le faire en pratiquant diverses formes d’art pour la gloire de Dieu, mais plus encore, nous recherchons cette culture de sanctification dans chacun de nos actes quotidiens. C’est là notre vocation sur terre.
En conclusion, rappelons-nous que le Seigneur Jésus a comparé ses disciples avec le sel de la terre : « C’est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, avec quoi le salera-t-on? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes » (Mt 5.13). La vocation que nous avons reçue, à savoir de marcher de manière sainte devant Dieu, de nous séparer du monde pécheur dans la vie de l’Église, dans notre comportement quotidien, est un appel à rester le sel de la terre.
Dans le Nouveau Testament, les croyants sont aussi comparés à un parfum agréable. Paul écrit, toujours aux Corinthiens, au chapitre 2 de sa deuxième lettre : « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui par nous répand en tout lieu l’odeur de sa connaissance. Nous sommes en effet, pour Dieu, le parfum de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent : aux uns une odeur de mort, qui mène à la mort; aux autres une odeur de vie, qui mène à la vie » (2 Co 2.14-15). Posez-vous donc la question, vous qui êtes à l’écoute : ma vie de tous les jours est-elle cette odeur agréable offerte à Dieu? Une des béatitudes prononcées par le Seigneur Jésus durant le Sermon sur la Montagne est : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » (Mt 5.8). Un autre passage du Nouveau Testament nous avertit cependant : « Sans la sanctification, personne ne verra Dieu » (Hé 2.14).