Exode 16 - Notre pain de ce jour
Exode 16 - Notre pain de ce jour
Exode 16
Les histoires bibliques de l’Ancien Testament ont été écrites pour notre instruction; c’est l’une de celles-ci que vous pourrez lire dans Exode 16, que je propose à votre méditation.
Lorsque le peuple de Dieu fut conduit par sa main puissante en dehors du pays de l’abondance et de la sécurité matérielle, loin des dépôts de provisions, il dut comprendre pour la première fois que la liberté et la grâce de Dieu étaient des dons vraiment étonnants.
Israël ne s’était habitué à l’idée exaltante de se libérer du joug ennemi que grâce au courage de Moïse, à l’époque d’Aaron, et grâce surtout aux actes puissants et extraordinaires de Dieu. Par la suite, cette idée s’est transformée en un plan pratique et réaliste. Les Israélites ont pris des mesures pour subvenir à leur subsistance matérielle dans le désert. Ils ont établi une planification économique; ils se sont fait accompagner par leurs troupeaux de gros et de menu bétail; ils ont emporté l’or et l’argent du pays qu’ils fuyaient; ils se sont abondamment pourvus pour être à l’abri du besoin, tout au moins pour quelques semaines. Alors, ils se sont mis en route pour le désert.
Mais tous ces plans, ainsi que leurs provisions n’ont duré que quelques semaines. À peine six! (Le quinzième jour du deuxième mois après leur départ). Alors, soudain, ils ont découvert que tous leurs stocks de provisions avaient fondu comme du beurre au soleil! Ils étaient maintenant même dépourvus de la précaire stabilité de la vie en Égypte, et à vue humaine ils ne pouvaient espérer trouver aucune ressource. Ils se sont mis à regretter alors le pays abandonné et son aisance matérielle. Devant leurs yeux s’étend le désert, vaste, aride, effrayant. Ils y sont comme des nomades dressant leurs tentes devant l’imposant Sinaï, et dans leurs mains ils ne tiennent qu’une promesse, promesse immatérielle, insaisissable. Elle leur dit que Dieu est leur Dieu et qu’ils sont son peuple. Mais peut-on manger une promesse, même si elle s’appelle Alliance de grâce?
Ainsi, arrivé au bout de sa prudence et des mesures de précaution qu’il avait prises à son départ, Israël découvre qu’être le peuple de Dieu veut dire vivre au jour le jour. Non pas par des suppléments dans les bagages, mais de sa seule grâce. Être le peuple de Dieu signifie se nourrir uniquement de la promesse de Dieu. Ayant terminé leurs réserves de nourriture, ces pèlerins du désert ont dû s’arrêter, rester immobiles comme des statues et regarder perplexes, à travers une toute petite et étroite ouverture, vers un lointain et inquiétant avenir : l’avenir que Dieu leur promettait. Il n’est donc pas étonnant que ces hommes aient murmuré. C’était pour eux une expérience douloureuse et terrible. Nous les comprenons. Nous autres humains, nous voulons compter toujours sur quelque chose de palpable, de concret, de matériel…
Contre les provisions de six semaines, les Israélites n’ont maintenant que la certitude de manger pour une journée. La manne venait chaque jour, mais une seule fois par jour. Peut-être la pensée inquiétante que la famine pouvait s’abattre sur eux en poussa quelques-uns à ramasser de la manne pour deux jours, d’autres pour trois… Ils tentaient d’assurer par eux-mêmes leur survie, de dépendre de leur prévoyance. Mais la nourriture ainsi ramassée ne dure pas longtemps. Ceux qui ont ramassé pour l’avenir l’ont vite compris, car les vers ont découvert ce surplus, ce rab, et l’ont détruit.
La fraîcheur de ce pain du désert ne durait pas plus d’un jour, mais il tombait fidèlement chaque jour, et cela durant très, très longtemps. Ceux qui avaient ramassé pour l’avenir ont vite appris que l’avenir de Dieu ne dépend pas de leurs soucis ni de leurs mesures, et encore moins de leur bon sens. Si le pain pour le deuxième jour était détruit, ce deuxième jour voyait se renouveler dès le matin une nouvelle provision et ainsi de suite, chaque jour, selon la promesse.
Le pain que Dieu nous donne, le pain du désert, le pain de l’Alliance, le pain de Pâques, le pain de la communion, est toujours un signe d’un avenir illimité et éternel, de l’intérêt et de l’amour constant que Dieu nous porte. Dieu ne tient pas compte de nos soucis, mais il nous réserve quand même des surprises.
Il ne donne que pour la journée, mais il répète son offre jour après jour. Le pain de la communion ne dure qu’un instant, mais dans ce court instant est contenu tout notre avenir. Ceux qui voudraient le prolonger indéfiniment se rendent compte que le pain s’altère et qu’il serait aussi immangeable que la manne rassise et pleine de vers. On ne peut disposer de Dieu et contrôler ses dons. C’est lui qui les contrôle.
Lorsque notre situation se dégrade et nous cause des soucis, santé défaillante, dévaluation de la monnaie, une situation économique précaire, la crainte d’agitations sociales et politiques ou même le danger de guerre, nous sommes assurés que Dieu nous accordera l’essentiel si notre confiance est placée en lui. Ce qui compte c’est sa providence, qui nous nourrira jour après jour.
Lorsque nos forces nous sembleront insuffisantes, soyons assurés que Dieu les renouvellera chaque jour, afin que nous soyons capables d’accomplir les tâches qu’il nous confie. Il en est ainsi pour la marche dans la foi. Là aussi, les grâces de Dieu ne s’emmagasinent pas. Nous n’avons pas à nous fier uniquement à une expérience du passé; il faut la renouveler chaque jour. Le pardon de Dieu doit être renouvelé à chaque faute. La prière doit devenir une pratique quotidienne. La lecture de sa Parole une nourriture reçue chaque matin. Notre conversion à Dieu une conversion journalière dans le zèle et l’obéissance. Aujourd’hui et chaque jour, nous pouvons compter sur Dieu, en dépit des apparences. Nous aurons donc à prier chaque jour : « Que ton règne vienne. […] Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Mt 6.10-11). Le règne de Dieu est proche, et son pain renouvelé chaque jour.