Qu'est-ce qu'un disciple?
Qu'est-ce qu'un disciple?
Un disciple du Christ est un homme ou une femme qui désire apprendre. Il connaît déjà la vérité, mais il veut l’approfondir davantage. Il n’a pas encore saisi toute la profondeur, la largeur, la richesse et la magnificence de la vérité que Dieu a révélée en Christ et qui nous apporte le salut éternel. Le disciple connaît déjà l’essentiel de la foi chrétienne, et plus spécialement ce qui s’apprend par le moyen de l’Écriture sainte, par la prédication de l’Évangile, en discutant avec d’autres disciples, en lisant de bons ouvrages et guides de théologie chrétienne. Il est parfaitement familiarisé avec l’ABC de la foi, ce qui selon le Nouveau Testament s’appelle « le lait de l’Évangile ».
Malheureusement, nombre de disciples ne voudraient pas aller au-delà de cet abécédaire! L’auteur de la lettre aux Hébreux, cherchant à communiquer à ses lecteurs certaines grandes vérités de l’Ancien Testament, se plaignait que ceux-ci étaient restés des enfants quant à la connaissance. « Alors que vous devriez, avec le temps, être des maîtres, […] vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non de nourriture solide » (Hé 5.12). Même aujourd’hui, il existe des chrétiens qui se vantent de leur ignorance! Je m’inquiète beaucoup en constatant qu’il y a autour de moi des fidèles, certes sincères, mais qui refusent d’approfondir leur connaissance du salut et de la Bible. Certains me disent sous forme de boutade : « Mais on ne veut pas devenir des girafes! » Je leur répondrai aussi par une boutade. « Faut-il devenir alors des vers de terre? » Il ne faudrait pas confondre la simplicité de l’Évangile avec le simplisme infantile des chrétiens paresseux.
Je constate pourtant que ces mêmes chrétiens sont très aptes à comprendre et fort désireux d’apprendre tout ce qui vient du monde; ils peuvent approfondir leur connaissance dans le métier qu’ils exercent; ils savent une quantité de choses que l’actualité scientifique et culturelle leur rapporte chaque jour; pourquoi alors deux poids deux mesures lorsqu’il s’agit d’approfondir les grandes doctrines bibliques?
« Désirez le lait pur de l’Évangile, mais progressez aussi », demande saint Pierre aux chrétiens auxquels il adresse sa lettre (1 Pi 2.2).
En décrivant la panoplie du chrétien, saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens, place en tout premier rang l’arme de la vérité. Il précise ensuite que cette arme offensive est l’épée même de l’Esprit, à savoir la Parole de Dieu (Ép 6.14,17).
Certes, il nous faut faire la différence entre une connaissance théorique et une connaissance pratique. Et pourtant, la connaissance théorique ne devra pas être méprisée. Sans elle, nous ne pourrions pas acquérir une quelconque connaissance pratique.
Dieu traite avec nous comme avec des créatures douées d’intelligence, capables de comprendre et de comprendre en tout premier lieu ce qu’il nous dit dans ses commandements et dans sa grâce. Sans la connaissance, il ne peut exister d’amour chrétien. Car aimer son prochain n’est pas une attitude naturelle au cœur humain; il faut l’Esprit de Dieu et ce que la Parole dit à ce sujet. Si Dieu appelle les uns à devenir docteurs-enseignants de sa sainte Parole, il a appelé les autres à devenir des disciples, à écouter et à apprendre. Il arrive que les chrétiens se plaignent de la mauvaise prédication. Ils peuvent avoir tout à fait raison, mais il faudrait aussi se plaindre parfois de la mauvaise écoute de la prédication! Il semble qu’il y ait de nos jours une grave absence d’appétit, une véritable anorexie, pour déguster la nourriture spirituelle qui nous est dispensée.
Le disciple est aussi celui qui saura mener droitement sa vie. Dans Matthieu 28.20, nous apprenons l’ordre que le Seigneur ressuscité donne aux disciples : « enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit », en vue de le mettre en pratique. Après sa conversion, le chrétien devra apprendre à mener correctement sa vie. N’avez-vous jamais noté que la Bible est un livre plein d’enseignement? Les alliances et les commandements, le Deutéronome, le Lévitique, le Décalogue comme le Sermon sur la Montagne, et même les paraboles du Seigneur ne sont que des enseignements. Car aucun chrétien, à moins d’être instruit, ne sait de lui-même comment il doit conduire sa vie. Par conséquent, il devra sans cesse recevoir un enseignement.
Je ne veux pas affirmer que nous parviendrons au salut simplement en apprenant un certain nombre d’articles de la foi. Car même le Décalogue commençait par annoncer d’abord la libération du peuple, et ensuite seulement il donnait l’ordre de vivre en accord avec cette liberté. De même, saint Paul enseigne aux chrétiens de Rome à s’offrir en sacrifice vivant à Dieu, mais après avoir expliqué en long et en large le fondement de la vie nouvelle dans la foi guidée par l’Esprit Saint. Il faut la doctrine avant la pratique, la théologie avant la piété.
Notons combien les commandements de Dieu sont de nature interne et concernent notre vie spirituelle profonde. Avant même le geste extérieur, ils concernent nos pensées les plus intimes. Avant de commettre l’adultère, ils nous préviennent de la convoitise des yeux! Le chrétien qui vivait dans le monde avant sa conversion y vivra aussi après. Le problème est que désormais tout a changé pour lui. Désormais, il obéit à un autre ordre. Il a une conception différente du monde, de la vie, de toutes choses. Si autrefois il conduisait, comme tout le monde, à droite, à présent il devra conduire… à gauche, ce qui veut dire qu’il aura contre lui tous les autres conducteurs! Il devra aller à contre-courant…
Le chrétien est celui qui sait qu’il est… chrétien. Cela sonne comme un truisme, mais c’est un fait que nombre de chrétiens manquent de l’assurance d’être chrétiens! Certes, même dans la Bible nous voyons ceux qui par moments perdaient une telle assurance. Mais c’étaient là des exceptions. Dans sa première lettre, saint Jean écrivait : « Je vous écris ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (1 Jn 5.13). L’Ancien comme le Nouveau Testament indiquent clairement que le fidèle possède l’assurance de son salut. « Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Ga 2.20).
Nombre de chrétiens ont un singulier besoin d’acquérir l’assurance de leur salut. On peut, certes, se dire membre d’une Église et ne pas être chrétien. Si on ne donne aucun signe de la grâce de Dieu, il faut conclure que l’Évangile n’a rien changé dans une telle vie. À l’inverse, il existe des chrétiens qui ne donnent pas des signes éclatants de vie dans la foi et qui sont néanmoins d’authentiques chrétiens. Il faut les amener à posséder l’assurance de leur salut.
Il faut envisager ici deux problèmes particuliers : l’un consiste à éclairer les esprits quant à la nature exacte de la conversion. Pour certains, la conversion est conçue exclusivement en termes dramatiques et devant avoir lieu dans des circonstances exceptionnelles. Cela pourrait être le cas pour celui qui vient directement du monde et qui était un pécheur notoire et scandaleux. Toutefois, ceux qui ont été élevés dans l’Église peuvent parvenir à leur conversion de manière moins spectaculaire, tout à fait ordinaire et progressive. On peut se convertir progressivement et sans ostentation. Ce sont surtout de tels chrétiens qui ont besoin de parvenir à l’assurance de leur salut. Tout le monde ne peut pas se convertir comme Saul de Tarse! L’essentiel, ce n’est pas la manière dont nous avons été conduits vers le Christ, mais la réalité de sa présence auprès de nous et notre appartenance à lui.
L’autre problème est celui qui prétend que, si on obtient l’assurance de son salut, on peut mener une vie indolente et même pratiquer le péché. L’incertitude stimulerait à vivre avec zèle et effort! Je ne le crois pas. Une assurance chrétienne bien entretenue est le meilleur stimulant pour la foi et la sanctification. « L’assurance est plus que la vie; elle est la santé, la force, la puissance, la vigueur, l’activité, l’énergie, la virilité, la beauté. »
Enfin, le disciple sait comment témoigner du Christ. Il a le désir d’apprendre à témoigner de son Sauveur. Raison de plus pour continuer à apprendre et à progresser dans la connaissance. On ne peut rendre témoignage que dans la mesure où l’on sait de quoi et de qui l’on parle et, surtout, que l’on ne parle pas dans le vide! Il ne suffit pas de croire en la divinité du Christ, il faut encore être capable de l’expliquer et de connaître les arguments en sa faveur. Pour cela, il faut mettre tout d’abord la doctrine en pratique et discuter de ces arguments en cercles restreints, dans des groupes d’étude entre fidèles. Si on n’est pas à même de défendre la foi dans le cercle des intimes, comment pourrait-on en témoigner dans le vaste monde? Je crois que le témoignage dit silencieux ne devrait pas exister, car c’est tout le contraire d’un vrai témoignage. Mais que nos paroles soient toujours éclairées par une vie et un comportement transformés par la puissance de la résurrection.