Cet article a pour sujet la réincarnation qui fait partie de l'hindouisme et du bouddhisme, qui croit dans la transmigration de l'âme dans d'autres corps et qui diverge d'avec la foi chrétienne et la résurrection des morts.

Source: Discerner les esprits. 4 pages.

À propos de la réincarnation

Un fait universellement reconnu est que la réincarnation est à la mode; une pluie de publications s’est abattue sur le marché. Nombre de personnes ont de la peine, sinon à en saisir les grandes lignes, tout au moins à établir une distinction claire entre la théorie de la réincarnation et la foi chrétienne en la résurrection des morts. L’exposé que nous lui consacrons pourra contribuer — en tout cas, espérons-le — à clarifier quelque peu les divergences chrétiennes avec cette théorie et aider nos lecteurs à se former une opinion personnelle.

Retenons la définition qu’en donne dans sa petite brochure Jules-Marcel Nicole :

« On appelle réincarnation la théorie selon laquelle un être humain passerait, au cours de sa carrière, par plusieurs existences terrestres successives.1 »

Réincarnation, transmigration des âmes, métempsycose en grec, est l’une des croyances les plus anciennes de l’humanité et on en trouve des traces dans plusieurs civilisations primitives ainsi que dans de nombreux systèmes religieux païens.

Nous lisons dans le Dictionnaire des Symboles, à l’article « Transmigration » :

« Quelques traditions nordiques évoquent la transmigration de personnages divins, qui passent d’un état à un autre dans un dessein bien défini. C’est le cas de l’Irlandais Tuan MacCairill qui est successivement cerf, sanglier, faucon, saumon; à chaque fois pour une durée de trois cents ans… Pêché par un serviteur et consommé par la reine d’Irlande, il renaît finalement sous la forme de Tuan; il avait survécu du Déluge à l’arrivée de saint Patrick, et transmet tout le savoir qu’il a accumulé pendant ce temps… »

Voilà qui est édifiant.

Dans un exposé comme celui-ci, nous devrons nous limiter forcément à schématiser cette croyance, mais disons tout de suite que l’idée de la réincarnation n’est pas seulement une théorie; elle comporte des implications pratiques et existentielles. Les nombreuses personnes qui y adhèrent ne le font pas uniquement pour satisfaire leur curiosité naturelle; elles y cherchent une explication et une solution consolante à leurs problèmes, à leurs interrogations, à leurs angoisses, à leur sentiment de frustration, à leurs échecs.

La croyance fait notamment partie des grandes religions orientales, telles que le bouddhisme et l’hindouisme. Ce dernier se vante d’avoir 19 000 castes de réincarnations et quelque 33 millions de divinités, mâles et femelles.

De même que dans d’autres systèmes religieux, la réincarnation est le processus par lequel, à la mort du corps, l’âme passerait dans le corps d’animaux inférieurs ou dans celui d’autres humains, et ce dans un cycle de rotations incessantes jusqu’à ce que la purification du péché soit complète. Lorsque le sujet aurait atteint l’étape finale, d’après le bouddhisme, l’âme passerait dans le nirvana, l’étape suprême, ou bien, selon la croyance hindoue, elle parviendrait au lieu de séjour de Brahma.

Dans ces lieux règne la paix éternelle que l’on atteint grâce à l’absorption de l’âme et de tous les vestiges de la personnalité individuelle dans l’âme universelle.

L’apparition en Occident, durant les dernières décennies, de sectes dont les croyances et pratiques dérivent de sources orientales, fait que la foi en la réincarnation a pris un visage nouveau, et selon toutes les apparences elle jouit d’une immense popularité.

Le succès chez les Occidentaux s’explique par le fait que, si celui-ci a horreur de l’idée de se réincarner dans le corps d’un animal, serpent, araignée, ou chimpanzé, il admet plus volontiers l’idée de pouvoir se réincarner dans le corps d’un autre être humain.

Les innombrables renaissances de l’être aideront l’âme à mener une vie agréable à Dieu et à le rejoindre pour toujours. L’essentiel de cette philosophie, enseignée notamment dans une école américaine, dans l’État du Missouri, affirme que Dieu n’est pas un être personnel. Aussi nous estimons que cette croyance est une autre forme de panthéisme. Tous les vivants font partie de l’essence divine. Grâce à ce new-look, déclare cette école, la réincarnation remporte un grand succès. Résumons-en les grandes lignes.

1. Il existe des personnes, des lieux et des expériences qui nous semblent familiers; nous avons l’impression d’avoir déjà été en contact avec eux; d’une manière ou d’une autre, nous avons l’impression de les connaître. La familiarité avec des personnes, des lieux et des objets ne saurait être consciente, liée à des événements dont on aurait fait l’expérience concrète. C’est là l’un de principaux piliers sur lesquels s’appuie la doctrine. De telles occurrences prouveraient que, durant une certaine période, on a vécu dans des circonstances dont on croit avoir gardé la réminiscence.

Néanmoins, de l’avis des grands savants, psychologues, psychiatres, hypnotiseurs professionnels, il est aisé d’associer des mémoires inconscientes, des histoires oubliées et des faits qui relèvent d’une certaine foi religieuse. De telles impressions sont dues à un pur subjectivisme et dépourvues de valeur comme preuve empirique.

2. Tous les hommes ne naissent pas égaux quant à leur situation dans l’existence. Certains enfants naissent aveugles, d’autres sourds, d’autres viennent au monde morts-nés. Nombre de personnes sont fauchées à la fleur de l’âge. Si Dieu est juste, il ne peut tolérer que de tels malheurs surviennent à des innocents. S’il le permet, la raison en est qu’il doit vouloir les châtier pour des péchés commis dans une existence antérieure, et ce jusqu’à ce qu’ils se purifient de leurs fautes. La réincarnation serait le seul moyen dont Dieu disposerait pour les traiter en toute équité.

Cet argument cherche à prouver que les maux et inégalités dont souffrent les hommes seraient le résultat de péchés commis dans des existences précédentes. Nous ne nions pas qu’il existe de réelles et troublantes inégalités. Mais l’Écriture sainte ne laisse nulle part entendre que Dieu nous châtie pour des péchés commis lors d’une hypothétique existence antérieure! Selon elle, le péché dans le monde s’explique par la faute originelle d’Adam, et l’homme seul doit rendre compte à Dieu et non l’inverse. N’oublions pas davantage que le Dieu de la Bible, contrairement à celui du panthéisme, n’est pas une entité froide, aux attributs abstraits. Il a une personnalité, et derrière les décrets et les attributs divins existe une personne parfaite, aimante, juste et bonne.

3. La croyance affirme que, dans la carrière de tout être humain, il existe des pensées et des actes inachevés, et Dieu ne veut pas gaspiller des talents non utilisés. Bien au contraire, il offre une occasion de les mettre à profit lors de renaissances successives, durant lesquelles il amène à maturation ces pensées et ces actes. À vrai dire, on ne voit pas la nécessité de la réincarnation, puisque pour rendre un compte parfait de sa carrière, Dieu n’exige pas de l’homme d’achever celle-ci.

Sous une forme ou une autre, ces trois points résument l’essentiel de la théorie de la réincarnation. Une certaine école de réincarnation se réclame de la foi chrétienne, mais les données bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament ne cautionnent pas une telle affirmation.

Comparons à présent, bien que sommairement, quelques-uns des arguments chrétiens de base à la théorie de la réincarnation : Il s’agit de la personnalité de Dieu, de la mort expiatoire du Christ, de la résurrection physique des morts et du jugement divin.

1. Pour une raison qui nous échappe, les adeptes de la réincarnation rejettent l’idée biblique de la personnalité divine en tant qu’Esprit ou être divin, capable de nouer une relation, aussi bien avec des personnes humaines qu’à l’intérieur de la Trinité.

Cela démontre que la réincarnation, même lorsqu’elle se réclame du christianisme, adhère à une conception panthéiste de la divinité. Dieu y est conçu comme étant la source de toute existence, depuis l’atome minuscule jusqu’aux formes gigantesques de la matière, l’ensemble faisant partie de sa substance et pénétrant toutes les formes de l’existence.

La théorie selon laquelle Dieu est tout et tout est Dieu, ou bien une manifestation de son être, est réfutée par la révélation à laquelle de nombreux passages rendent un clair témoignage.

2. L’expiation par la mort du Christ des péchés remet également en question la thèse selon laquelle des individus soient eux-mêmes astreints à purger une peine. Les adeptes de la croyance prétendent que de continuelles renaissances seraient le moyen nécessaire de la purification de l’âme, aussi pratiquement ils s’opposent à la nécessité de la mort sacrificielle et rédemptrice du Christ.

3. La foi en la résurrection physique de Jésus-Christ constitue la pierre d’angle sur laquelle s’appuie la solide foi chrétienne (voir 1 Co 15.17). Selon le témoignage biblique, Christ est sorti vivant du tombeau, sous forme corporelle et non comme esprit. Il reprocha d’ailleurs à ses disciples leur incrédulité (Mc 16.14). Cependant, bien que ressuscité physiquement, il a revêtu un corps spirituel, transformé, sans qu’on en déduise qu’il ait apparu tel un esprit désincarné. Au contraire, corps immortel et incorruptible, il possédait toutes les caractéristiques spirituelles. Il a un corps comme celui que tous les croyants revêtiront lors de la résurrection des morts (Col 3.4, 1 Co 15.20-23,52-54). Il n’est pas nécessaire de rappeler que la foi en la résurrection physique des morts, aussi bien celle des croyants que celle des non-croyants, est l’un des piliers fondamentaux de la doctrine chrétienne.

Aux yeux des adeptes de la réincarnation, Christ serait ressuscité de manière spirituelle et non physique.

4. Enfin, le rejet par des adeptes de la réincarnation du jugement porté par Dieu sur le péché à la fin des temps seulement est intimement associé avec la nature ainsi que la condition spirituelle actuelle de l’homme.

Concluons enfin par la remarque suivante de Jules-Marcel Nicole :

« La théorie de la réincarnation est fort séduisante à bien des égards. D’abord, elle est répandue chez un grand nombre de peuples. De plus, elle semble réconfortante, car elle permet de penser que ceux dont la vie s’est soldée par un échec auront la chance de se racheter dans d’autres existences. Elle favorise parfois une attitude tolérante. […] Soyons pleins d’amour et de compréhension pour ceux qui sont dans l’erreur, mais n’oublions pas que la doctrine est une des inventions les plus pernicieuses et les plus anti-chrétiennes que l’imagination des hommes ait forgées. »

Note

1. J.-M. Nicole, Que penser de la réincarnation?