L’horizon à long terme de Dieu
L’horizon à long terme de Dieu
Quel est le but ultime de tout notre travail dans l’Église?
Paul a écrit sa deuxième lettre aux Corinthiens dans le but immédiat de rétablir la relation entre cette Église et lui-même. Cependant, son but ultime se situait bien au-delà du temps présent : il voulait amener ces croyants à la perfection finale lors du retour du Christ.
Dès 1 Corinthiens, Paul a exprimé cet objectif pastoral en déclarant à propos de Jésus : « Il vous affermira jusqu’à la fin, pour que vous soyez irréprochables au jour de notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Co 1.8). Sa vision éternelle est également manifeste dans 2 Corinthiens 1.13-14, où il affirme :
« J’espère que vous le reconnaîtrez jusqu’à la fin, comme vous avez déjà reconnu en partie que nous sommes votre sujet de gloire, et vous le nôtre, au jour de notre Seigneur Jésus. »
Il parle de ce jour à venir, où tous les hommes seront testés pour éprouver leur fidélité au Christ et à sa Parole.
Malgré les problèmes qui ont affligé leur relation, Paul est convaincu que la véracité de leur foi sera prouvée ce jour-là, lorsqu’il se glorifiera en eux, tout comme ils se glorifient en leur pasteur dévoué. C’est dans ce but que Paul continue à travailler auprès des Corinthiens. C’est aussi sa prière pour eux : « Ce que nous souhaitons dans nos prières, c’est votre perfectionnement » (2 Co 13.9).
Le mot grec pour « perfectionnement » peut être traduit par « mettre en état », « restaurer » ou même « parfaire ». Paul souhaite ardemment qu’ils atteignent une réelle maturité dans la foi afin d’être pleinement prêts pour la seconde venue du Christ. De même, il écrit dans 2 Corinthiens 11.2 : « Car je suis jaloux à votre sujet d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter au Christ comme une vierge pure. » Avec toute l’affection d’un père protégeant farouchement l’intégrité de sa fille, Paul veut voir l’Église de Corinthe éternellement unie au Christ par les liens les plus intimes.
Ce n’est pas seulement pour les Corinthiens qu’il a pour objectif pastoral la perfection finale. Par exemple, il écrit aux Philippiens : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous une œuvre bonne en poursuivra l’achèvement jusqu’au jour de Jésus-Christ » (Ph 1.6).
Pour Paul, c’est ce qui rend toutes ses souffrances ministérielles supportables et même estimables : il contemple la réalité d’une belle éternité au-delà des circonstances actuelles. En 2 Corinthiens 4.17, il déclare que ses difficultés actuelles sont insignifiantes comparées à la gloire à venir : « Car un moment de légère affliction produit pour nous au-delà de toute mesure un poids éternel de gloire. »
Cette espérance lui donne une confiance certaine, fondée sur la splendeur intrinsèque de l’Évangile du Christ et du royaume à venir.
La profonde affection que Paul éprouve pour les Corinthiens l’amène également à désirer ardemment leur salut final. Au chapitre 4, Paul écrit : « sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous fera paraître avec vous en sa présence » (2 Co 4.14). Il se réjouit de voir un jour les Corinthiens ressuscités en présence de Dieu et du Christ. Enfin, ce jour-là, la relation de Paul avec cette Église ne souffrira plus des effets de la chute, quand ils jouiront tous d’une félicité indicible.
Le but ultime de Paul pour les Corinthiens peut continuer à donner aux pasteurs d’aujourd’hui non seulement bon espoir, mais aussi un but ferme et solide.
Tout d’abord, les ministres de l’Évangile peuvent caresser l’espoir que, bien que les Églises aient toujours besoin d’être améliorées de ce côté-ci de l’éternité, elles seront un jour rendues parfaites.
En tant qu’œuvre du Dieu trinitaire lui-même, l’Église est un projet qui sera certainement achevé à la perfection. Malgré les effets omniprésents du péché, le dessein salvateur de Dieu en Christ est inébranlablement ferme.
Les pasteurs peuvent s’accrocher à l’espoir que le Christ est constamment occupé à perfectionner son peuple, qu’il prépare les croyants à leur arrivée dans un lieu où ne subsistera plus aucun péché ni aucune misère. Ce sera un lieu de parfaite communion entre Dieu et son peuple, un lieu de parfaite unité entre tous les croyants.
En second lieu, les pasteurs peuvent imiter l’objectif de Paul en préparant les croyants au retour du Christ. Cette attente a donné un caractère d’urgence à son travail dans l’Église de Corinthe, alors qu’il était pasteur et qu’il prêchait. Les chrétiens attendent toujours le jugement dernier — en fait, il est plus proche aujourd’hui qu’à l’époque de Paul —, ce qui a pour conséquence que le ministère pastoral doit continuer à regarder fermement vers le jour du Christ.
La prédication, l’enseignement et l’aide pastorale doivent conserver un caractère d’urgence lorsque les pasteurs appellent leurs Églises à se réconcilier avec Dieu par le Christ. Il est bon qu’un pasteur s’interroge périodiquement : Est-ce que je prêche chaque dimanche en insistant sur l’urgence de la situation? Est-ce que je prépare les gens, par mon enseignement et mes visites, à rencontrer leur Créateur, à comparaître devant le Sauveur et le Juge?
Cette vision éternelle signifie que les pasteurs ne doivent pas rechercher des résultats instantanés ou s’attendre à des conclusions parfaites ici-bas. La vie peut être terriblement désordonnée et brisée, et tout ne sera pas entièrement nettoyé et redressé avant le retour du Christ. Non pas que les pasteurs doivent abandonner toute notion de progrès ou de croissance spirituelle, mais ils doivent se souvenir de l’horizon à long terme de Dieu. Plus que tout, un pasteur veut que son Église participe par la foi au don gracieux de la vie éternelle que nous avons en Jésus-Christ.
Cela peut prendre beaucoup de temps pour y arriver, et cela peut demander une immense quantité de travail, mais la récompense promise par Dieu en Jésus-Christ est certaine : « Toutes les promesses de Dieu sont ce oui en lui. C’est donc aussi par lui que nous disons à Dieu l’amen pour sa gloire » (2 Co 1.20).
Par le Christ, nous travaillons dans l’Église en étant animés d’une espérance certaine et d’un ferme objectif.