2 Chroniques 20 - Le sens de l'histoire
2 Chroniques 20 - Le sens de l'histoire
- Quelle est la signification de l’histoire?
- La clé de l’histoire : le Dieu de l’alliance garde son peuple
- Qui Dieu garde-t-il?
- Comment Dieu répond-il?
- Mais qu’en est-il des croyants qui ont prié et qui ont été anéantis?
- Quelle est précisément cette destination vers laquelle Dieu nous mène?
1. Quelle est la signification de l’histoire?⤒🔗
Je vous propose une réflexion sur une question lancinante qui a arrêté bien des esprits et fait couler beaucoup d’encre : la question de la signification de l’histoire des hommes. C’est une question qui se trouve aussi posée de manière centrale dans les deux livres des Chroniques, dans l’Ancien Testament. Je vous citerai, un peu plus loin, un texte tiré du second livre des Chroniques, au chapitre 20. Mais laissez-moi d’abord préciser ma question : Quelle est la signification de l’histoire? Quel est le sens des centaines de millions de vies qui nous ont précédés sur terre, pour disparaître tout aussitôt? Y a-t-il une direction dans le cours chaotique des événements qui depuis les débuts de l’humanité emporte individus, nations et même civilisations comme un torrent incontrôlé emporte boue et limon? Ne nous semble-t-il pas aussi que notre histoire présente se déroule de manière tout aussi chaotique, sans qu’un patron stable nous soit montré afin que nous ayons au moins quelque chose à quoi nous raccrocher?
L’histoire n’est-elle donc que le grand théâtre de la vie organique, la scène sur laquelle chacun de nous vient faire sa courte apparition? Et à peine vous voici sur la scène, que vous vous en voyez rejeté, car la nature qui vous a prêté un peu de chair vous la réclame à nouveau afin de dessiner d’autres formes. Et c’est ainsi que chaque génération doit faire place à la suivante, car il n’y a pas assez de place pour tout le monde sur la scène, et pas suffisamment de chair pour tout le monde non plus. Votre sort est donc de redevenir poussière afin que la mécanique aveugle de la nature puisse amener de la nouvelle matière organique sur la scène, en un cycle sans fin… L’histoire n’est-elle donc que le nom qu’on donne à ce mouvement absurde?
Oui, jeunes gens qui lisez ces lignes et qui pensez si facilement que vous ne mourrez jamais, vous devriez aller visiter un hospice de vieillards pour saisir ce processus. Le comprenez-vous? Peut-être pas encore. Mais encore un instant, et c’est à votre tour de vous en aller. Et si l’envie de voyager vous prend, pour mieux comprendre le sens de l’histoire, allez donc à Paris, la capitale française, et descendez un peu dans ces passages souterrains profonds et humides ouverts aux visiteurs, qu’on appelle les catacombes et dans lesquels sont rangés les uns sur les autres, sur deux ou trois kilomètres, les crânes d’un million et demi de Parisiens du passé… Là, dans la pénombre silencieuse repose l’histoire d’une grande ville à travers quelques siècles. Des crânes qui semblent vous sourire de manière grimaçante, comme s’ils vous disaient : « Tu es aussi l’un des nôtres, comme tout un chacun ton tour vient bientôt, toi aussi tu feras partie de l’histoire… »
Ou bien nous faut-il rechercher ailleurs la signification de l’histoire : si vous êtes au pouvoir dans un pays, alors il vous faut payer votre armée décemment et vous assurer que la discipline règne au sein de vos troupes, autrement un autre arrive, prend le pouvoir, et vous devez fuir. Mais ne lisons-nous pas dans les livres d’histoire que même les plus puissants empires connaissent une fin? Il y a deux mille trois cents ans, un jeune Macédonien de vingt ans construisait un empire colossal grâce à une série de victoires militaires, un empire qui s’étendit de la Grèce à l’Inde : son nom était Alexandre le Grand. Mais treize ans à peine après le début de cette campagne phénoménale, il mourait, et son empire était immédiatement divisé. Après lui, bien d’autres s’efforcèrent d’ériger des empires puissants et durables, mais sans succès permanent non plus. Le thème central de l’histoire est-il donc celui des tentatives répétées des hommes pour construire des empires qui ne durent jamais?
Ou bien y aurait-il à travers les siècles un motif sous-jacent qui est en train de croître, de s’imposer inévitablement sur le devant de la scène, et qui donnera finalement à l’histoire son sens? Le motif de la démocratie et des droits de l’homme, qui, avec le progrès, se met lentement mais sûrement à dominer la vie des hommes et des nations : ce serait alors la preuve que l’humanité est devenue mûre, qu’elle a atteint sa majorité. Cependant, si nous considérons lucidement ne serait-ce que ces dix dernières années, et le nombre de conflits régionaux, voire de guerres civiles qui ont sévi et sévissent encore de par le monde, nous serons peut-être moins béatement optimistes. Tout près de chez vous, peut-être, massacres et tueries se sont déroulés devant vos yeux; peut-être même y avez-vous échappé de près ou y avez-vous perdu un ou plusieurs êtres chers…
2. La clé de l’histoire : le Dieu de l’alliance garde son peuple←⤒🔗
Mais il y a bien longtemps déjà, Dieu a révélé à ses enfants quel est le véritable sens de l’histoire. Et aujourd’hui encore, dans le texte suivant nous est offerte la clé d’une telle énigme. Une clé qui ne peut être comprise et utilisée que par des hommes spirituels, car comme Paul le dit dans sa première lettre aux Corinthiens :
« Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, en expliquant les réalités spirituelles à des hommes spirituels. Mais l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Co 2.13-14).
Cependant, une telle clé ne peut provoquer tout son impact sur nos pensées et nos vies que si nous avons utilisé d’abord toutes les mauvaises clés et sommes restés sans réponse devant l’énigme de l’histoire, jusqu’à ce que Dieu lui-même se révèle à nous, pauvres aveugles. Dieu déploie son plan au cours de l’histoire des hommes, et non pas d’une manière abstraite ou irréelle, comme nous le pensons si souvent. Quelle est donc cette clé, que seuls des hommes spirituels peuvent s’approprier?
L’histoire est le temps durant lequel le Dieu de l’alliance garde son peuple et le fait parvenir à sa destination d’une manière extraordinaire, au milieu des plus grands dangers. Voilà où se trouve, pour un chrétien, le vrai sens de l’histoire, et nulle part ailleurs. Et si vous n’acceptez pas cette réponse de tout votre cœur, par la foi, alors il ne vous reste plus qu’à aller vous pencher pour le restant de vos jours sur les charniers du vingtième siècle, muets d’horreur. Allons-nous rester sans voix, devenir totalement cyniques? Allons-nous tenter de construire autour de nous un mur d’indifférence, afin que certaines questions pénibles ne nous dérangent pas trop? Ou irons-nous à genoux supplier le Dieu de l’alliance de nous accorder une réponse? Lisons ensemble, si vous le voulez bien, le chapitre 20 du second livre des Chroniques, et revenons lors de notre prochaine émission sur l’enseignement que ce passage de la Bible nous apporte :
« Après cela, les fils de Moab et les fils d’Ammon, et avec eux d’autres Ammonites arrivèrent pour combattre Josaphat. On vint en informer Josaphat, en disant : Une multitude nombreuse s’avance contre toi depuis l’autre côté de la mer, depuis la Syrie, et ils sont à Hatsatsôn-Tamar, c’est-à-dire Eyn-Guédi. Josaphat éprouva de la crainte et décida de consulter l’Éternel. Il proclama un jeûne pour tout Juda. Juda se rassembla pour chercher l’Éternel, et l’on vint de toutes les villes de Juda pour chercher l’Éternel. Josaphat se tint debout au milieu de l’assemblée de Juda et de Jérusalem, dans la maison de l’Éternel, devant le nouveau parvis. Il dit : Éternel, Dieu de nos pères, n’es-tu pas Dieu dans les cieux, et n’est-ce pas toi qui domines sur tous les royaumes des nations? N’y a-t-il pas dans ta main la force et la puissance? Nul ne peut t’affronter! N’est-ce pas toi, notre Dieu, qui as dépossédé les habitants de ce pays devant ton peuple d’Israël, et qui l’as donné pour toujours à la descendance d’Abraham qui t’aimait? Ils l’ont habité, ils t’y ont bâti un sanctuaire pour ton nom, en disant : S’il arrive sur nous un malheur, l’épée, le jugement, la peste ou la famine, nous nous tiendrons devant cette maison et devant toi, car ton nom est dans cette maison. Nous t’appellerons au secours du sein de notre détresse; tu écouteras et tu sauveras! Maintenant voici que les Ammonites et les Moabites, et ceux des monts de Séir, chez lesquels tu n’as pas permis à Israël d’entrer quand il venait du pays d’Égypte — car il s’est écarté d’eux et ne les a pas détruits —, les voici qui nous récompensent en venant nous chasser de ta possession que tu nous as donnée. Ô notre Dieu, n’exerceras-tu pas tes jugements sur eux? Car nous sommes sans force devant cette multitude nombreuse qui s’avance contre nous, et nous ne savons que faire, mais nos yeux sont sur toi. Tout Juda se tenait debout devant l’Éternel, avec même leurs petits enfants, leurs femmes et leurs fils. Alors l’esprit de l’Éternel saisit au milieu de l’assemblée Yahaziel, fils de Zacharie, fils de Benaya, fils de Yeïel, fils de Mattania, Lévite, d’entre les fils d’Asaph. Et Yahaziel dit : Soyez attentifs, tout Juda et habitants de Jérusalem, et toi, roi Josaphat! Ainsi vous parle l’Éternel : Soyez sans crainte et sans effroi devant cette multitude nombreuse, car ce n’est pas votre combat, mais celui de Dieu. Demain, descendez contre eux; ils vont arriver par la montée de Hatsits, et vous les trouverez au bout du vallon, en face du désert de Yerouel. Vous n’aurez pas à y combattre : présentez-vous, tenez-vous là, et vous verrez le salut de l’Éternel en votre faveur. Juda et Jérusalem, soyez sans crainte et sans effroi : demain, sortez à leur rencontre, et l’Éternel sera avec vous! Josaphat s’inclina, le visage contre terre, et tout Juda et les habitants de Jérusalem tombèrent devant l’Éternel pour se prosterner en sa présence. Les Lévites d’entre les fils des Qehatites et d’entre les fils des Qoréites se levèrent pour louer l’Éternel, le Dieu d’Israël, d’une voix forte et bien haut. Ils se levèrent de bon matin et sortirent vers le désert de Téqoa. Au moment où ils sortaient, Josaphat se tint debout et dit : Écoutez-moi, Juda et habitants de Jérusalem! Soyez fermes dans votre confiance en l’Éternel, votre Dieu, et vous serez affermis dans votre défense. Soyez fermes dans votre confiance en ses prophètes, et vous aurez du succès. Puis, il tint conseil avec le peuple et désigna des chantres pour l’Éternel, afin de faire entendre la louange avec des ornements sacrés, lorsqu’ils sortiraient devant l’armée. Ils disaient : “Célébrez l’Éternel, car sa bienveillance dure à toujours!” Au moment où l’on commençait les acclamations et les louanges, l’Éternel plaça des embuscades contre les Ammonites et les Moabites et ceux des monts de Séir qui étaient venus contre Juda, et ils furent battus. Les Ammonites et les Moabites se jetèrent sur les habitants des monts de Séir pour les vouer à l’interdit et les exterminer; et quand ils en eurent fini avec les habitants de Séir, ils s’employèrent à s’entre-tuer. Lorsque Juda fut arrivé au poste d’où l’on aperçoit le désert, ils se tournèrent du côté de la multitude, et voici que ce n’étaient que des cadavres tombés à terre : personne n’avait échappé. Josaphat et son peuple vinrent piller leurs dépouilles : ils y trouvèrent, en grand nombre, des biens, des cadavres et des objets précieux. Ils en enlevèrent tant qu’ils ne purent tout emporter. Ils mirent trois jours au pillage du butin, car il était considérable. Le quatrième jour, ils s’assemblèrent dans la vallée de Beraka, où ils bénirent l’Éternel; c’est pourquoi l’on a appelé cet endroit du nom de vallée de Beraka jusqu’à ce jour. Tous les hommes de Juda et de Jérusalem, ayant à leur tête Josaphat, partirent joyeux pour retourner à Jérusalem, car l’Éternel les avait remplis de joie aux dépens de leurs ennemis. Ils entrèrent à Jérusalem avec des luths, des harpes et des trompettes, jusqu’à la maison de l’Éternel. La terreur de l’Éternel s’empara de tous les royaumes des autres pays, lorsqu’ils apprirent que l’Éternel avait combattu contre les ennemis d’Israël. Le royaume de Josaphat fut tranquille, et son Dieu lui donna du repos de tous côtés » (2 Ch 20.1-30).
Il s’agit du récit de la délivrance que l’Éternel accomplit en faveur du royaume de Juda et de son roi, Josaphat. Mais nous devons à présent nous poser quelques questions, par rapport à ce texte. La première d’entre elles est la suivante : Qui exactement Dieu garde-t-il, et comment son peuple lui demande-t-il une telle garde?
3. Qui Dieu garde-t-il?←⤒🔗
Josaphat savait que cette fois-ci lui et le peuple avaient très peu de chances d’échapper à une si grande menace. Cette fois, la coalition contre Juda était simplement trop forte. Et ce n’est pas que Josaphat ait été négligent. Au chapitre 17, nous lisons qu’il disposait d’une armée d’un million cent soixante mille hommes vaillants. De quoi faire face à une crise militaire sérieuse, n’est-ce pas? Et pourtant cette fois-ci cette armée n’aurait été d’aucun secours. Josaphat, chef militaire expérimenté, sait que stratégiquement parlant, la situation est sans espoir. Lui et tout Juda avec lui ont peur et se rassemblent dans le Temple pour implorer l’aide du Seigneur.
Et ici, nous avons l’image la plus parfaite du peuple de Dieu : rassemblés dans la maison de Dieu, totalement impuissants, dépendants, implorant, priant, en attente. Ici, nous avons certainement devant nos yeux la véritable Église de Dieu : aucune arrogance, aucune prétention, aucune assurance dans ses capacités propres, sa compétence, ses qualifications universitaires ou professionnelles. Ni autosatisfaction ni complaisance à l’égard de soi-même. Ni simple culte des lèvres non plus. Un peuple qui se situe quelque part entre Dieu et l’abîme, qui va au-devant d’un possible anéantissement. « Ô notre Dieu, n’exerceras-tu pas tes jugements sur eux? Car nous sommes sans force devant cette multitude nombreuse, et nous ne savons que faire, mais nos yeux sont sur toi » (2 Ch 20.12).
Dieu répond à un tel peuple. Car Josaphat n’était pas un adepte du culte des lèvres. Il avait précédemment fait revenir tout le peuple vers Yahveh et s’était assuré que la justice ait cours dans son royaume. Au chapitre précédent, nous lisons :
« Il établit des juges dans toutes les villes fortes de Juda, dans chaque ville. Il dit aux juges : Veillez à ce que vous ferez, car ce n’est pas pour les hommes que vous prononcerez des jugements; c’est pour l’Éternel qui sera près de vous en matière de droit. Maintenant que la crainte de l’Éternel soit sur vous; prenez garde quand vous agirez, car il n’y a chez l’Éternel notre Dieu, ni fraude, ni considération de personnes, ni acceptation de présents » (2 Ch 19.5).
Certes, Josaphat n’était pas négligent non plus en ce qui concerne une bonne administration ou un système judiciaire en ordre. Il avait pris au sérieux les ordonnances de l’Alliance de Yahveh. C’est pourquoi Dieu lui répondit dans la détresse. Quelle leçon pour nous aujourd’hui, lorsque nous considérons l’histoire présente de nos pays, faite de fraude, de favoritisme et de corruption! Et parce que Josaphat obéissait en paroles et en actes aux stipulations de l’alliance de Yahveh, il put s’appuyer dans sa prière sur les promesses de cette alliance : une prière humble qui commence par la confession de la souveraineté de Dieu sur tous les royaumes des nations. Sur la base de son gouvernement divin, Yahveh avait décidé une fois pour toutes que ce pays reviendrait aux enfants d’Abraham, et non aux Moabites ou aux Ammonites. Josaphat confesse que Dieu régit l’histoire des hommes. Or le Dieu de l’alliance répond à une telle prière. Ceci nous mène à notre seconde question : Comment Dieu répond-il précisément?
4. Comment Dieu répond-il?←⤒🔗
Il répond par la voix d’un prophète, Yahaziel, un Lévite de la lignée d’Asaph. Ce détail n’est pas arbitraire. Asaph était le père de Hémân et de Yédoutoun, que David avait mis à part pour un service particulier. C’étaient là des hommes qui prophétisaient en s’accompagnant de luths, de harpes et de cymbales, nous dit le chapitre 25 du premier livre des Chroniques. La musique jouait un rôle très important dans le Temple, non seulement pour les cérémonies cultuelles, mais également relativement à l’expression des prophéties. Le jeu musical créait le climat extérieur et intérieur au sein duquel Dieu, par son Saint-Esprit, révélait ses oracles à ses porte-parole, les prophètes, d’une manière mystérieuse et secrète. Et à la vérité, le cours des événements dans ce temps dramatique de crise se déroulera comme une grande liturgie, avec chant, harpes, luths et trompettes. Comme si chaque moment décisif devait prendre sa place au milieu de sons musicaux. Car c’est ainsi que Dieu entend répondre à son peuple : ces sons doivent en effet servir d’écho à sa toute-puissance et à sa gloire.
Et la réponse de Dieu n’est-elle pas étonnante? « Soyez attentifs, tout Juda et habitants de Jérusalem, et toi, roi Josaphat! Ainsi vous parle l’Éternel : Soyez sans crainte et sans effroi devant cette multitude nombreuse, car ce n’est pas votre combat, mais celui de Dieu » (2 Ch 20.15). Pourquoi Dieu fait-il son affaire de ce combat? Pourquoi n’ont-ils pas à combattre, mais seulement à prendre leurs positions et à regarder la victoire du Seigneur remportée pour eux? Parce que Dieu ici combat lui-même pour son honneur. Parce que peu de prières ayant fait état de son alliance se trouvèrent aussi près de la manière dont il veut être prié. Et parce que les paroles du prophète Zacharie, prononcées bien plus tard s’appliquent parfaitement à la situation ici : « Celui qui vous touche touche la prunelle de mon œil » (Za 2.12). Ô puisse le peuple de Dieu à chaque génération se savoir la prunelle de Dieu tout en restant fidèle en paroles et en actes à son alliance.
Quel réconfort cela ne sera-t-il pas pour chacun d’entre nous… Savez-vous, vous qui croyez en Jésus-Christ, le Fils incarné du Père céleste, que vous êtes la prunelle de Dieu? Vivez-vous, jeunes gens, comme la prunelle de Dieu? Ne tremblez-vous pas à cette pensée, gens plus âgés?
Mais avez-vous remarqué que le Seigneur enjoint à Juda, sa prunelle, de prendre position? Il ne leur enjoint pas de rester au lit le lendemain matin, et de faire la grasse matinée tandis qu’il sera à l’œuvre, bien au contraire. Les hommes vaillants sont armés et les Lévites qui les précèdent sont revêtus de leurs habits sacerdotaux. Comme des hommes spirituels, revêtus de la justice qui régnait dans le pays, armés de l’obéissance à l’alliance. Saintement habillés, car l’Éternel les invite à assister à une sainte représentation de sa toute-puissance. Et il leur accorde une faveur divine : celle de jouer et de chanter eux-mêmes la partition musicale de cette représentation (2 Ch 20.21)…
Mais tout aussi étonnante est la manière dont il remporte la victoire. Où est l’ange de l’Éternel? Nous en entendons bien parler au chapitre 32 de ce même livre des Chroniques, lorsque Sennachérib assiège Jérusalem. L’Éternel enverra alors un ange, qui fera périr tous les vaillants héros, les commandants et les chefs. Mais ici, rien de tel :
« Au moment où l’on commençait les acclamations et les louanges, l’Éternel plaça des embuscades contre les Ammonites et les Moabites et ceux des monts de Séir qui étaient venus contre Juda, et ils furent battus. Les Ammonites et les Moabites se jetèrent sur les habitants des monts de Séir pour les vouer à l’interdit et les exterminer; puis quand ils en eurent fini avec les habitants de Séir, ils s’employèrent à s’entre-tuer » (2 Ch 20.22-23).
Peut-être des tensions internes à la coalition, une méfiance réciproque, l’amenèrent-elles à se détruire elle-même. Peut-être le niveau de violence des sentiments au sein de ces trois groupes était-il tel qu’ils ne purent attendre de rencontrer leur ennemi commun avant de laisser s’épancher cette violence. On ne saura jamais exactement.
Mais quelle leçon spirituelle sur l’histoire de l’humanité! Les ennemis du peuple de Dieu exercent sur eux-mêmes la violence qu’ils ont planifiée et sont ainsi punis par Dieu. Et bien qu’il semble souvent que cette violence contre le peuple de Dieu réussisse dans ses desseins (il suffit de voir le nombre de persécutions contre les chrétiens aujourd’hui, comme au Soudan par exemple), en fin de compte l’Église de Jésus-Christ reste debout, tandis que ses ennemis disparaissent les uns après les autres.
C’est pour cela que nous pouvons méditer ensemble aujourd’hui : uniquement par la grâce au moyen de laquelle le Seigneur a préservé son Église au cours de l’histoire, tandis que les Hitler et les Staline du 20e siècle, lesquels auraient totalement anéanti le peuple de Dieu, s’ils l’avaient pu, ont disparu après avoir tâché de s’exterminer l’un l’autre. Et que dire du peuple arménien, la plus vieille nation chrétienne au monde, qui déjà au début du 4e siècle accepta l’Évangile à la suite de son roi. Il y eut au début du 20e siècle une tentative par le gouvernement turc de les éliminer totalement. Et ce gouvernement réussit à en faire périr plus d’un million, de plusieurs manières. Ce n’est pas le lieu ici d’en raconter les terribles détails. Mais aujourd’hui, l’on rencontre parmi cette nation un intérêt renouvelé pour la foi de ses pères.
5. Mais qu’en est-il des croyants qui ont prié et qui ont été anéantis?←⤒🔗
Le Seigneur n’est-il donc pas à l’œuvre? Certes, beaucoup d’entre vous poseront la question suivante : Mais qu’en est-il des croyants qui ont prié et supplié Dieu en temps de danger et de persécution, et qui ont été anéantis, sans qu’un miracle, comme celui dont il est question dans notre texte, se produise? Certes, cette question est sur les lèvres de beaucoup d’entre nous, et nous ne pouvons ni ne devons tenter de la supprimer. N’y avait-il pas des croyants parmi les femmes et enfants rwandais réfugiés dans l’ex-Zaïre? Ces gens, et tant d’autres au cours de l’histoire, n’étaient-ils donc pas la prunelle de Dieu? Comment Dieu leur a-t-il répondu?
La seule réponse que nous ayons doit aussi être posée sous forme de question : Le Fils de Dieu n’était-il pas beaucoup plus important pour le Père que son peuple, lequel demeure après tout toujours pécheur? Et pourtant Dieu n’a pas épargné son propre Fils, à cause de nous, les humains. Mais s’il ne l’épargna pas, ce fut justement pour remporter la plus grande victoire de tous les temps. La mort de Jésus-Christ sur la croix fait entièrement partie du combat de Dieu contre les forces du Malin. De même, la mort injuste de tout croyant au cours de l’histoire fait partie du combat de Dieu. « Ô notre Dieu, n’exerceras-tu pas tes jugements sur eux? » Il exercera ses jugements sur eux, comme il a frappé à mort Satan au jour de la résurrection. Mais avant la résurrection vient la croix.
Le grand réformateur de l’Église, Jean Calvin, écrivait une fois à un ami, après que de très mauvaises nouvelles concernant les protestants lui soient parvenues. Ils venaient de perdre une bataille décisive et cette défaite mettait en danger l’existence même de la Réforme. Il disait dans cette lettre : « Jusqu’ici, nous avons toujours combattu sous la bannière de Jésus-Christ ressuscité. Mais maintenant, il va nous falloir apprendre à combattre sous la bannière de sa croix. » En effet, la bannière de la croix mène certainement le peuple de Dieu à sa destination finale, hors de la tombe. C’est pourquoi nous aussi devons apprendre à suivre cette bannière si c’est celle que Dieu nous envoie pour notre combat présent.
Ceci nous mène à la dernière question qu’il nous faut poser, en regard du texte sur lequel nous méditons :
6. Quelle est précisément cette destination vers laquelle Dieu nous mène?←⤒🔗
Cette destination n’est rien de moins que la maison de Dieu. Dans notre texte, le Temple était le point de rassemblement et de départ de Juda; il reste sa destination finale :
« Tous les hommes de Juda et de Jérusalem, ayant à leur tête Josaphat, partirent joyeux pour retourner à Jérusalem, car l’Éternel les avait remplis de joie aux dépens de leurs ennemis. Ils entrèrent à Jérusalem avec des luths, des harpes et des trompettes, jusqu’à la maison de l’Éternel » (2 Ch 20.27-28).
Et finalement : « Le royaume de Josaphat fut tranquille, et son Dieu lui donna du repos de tous côtés » (2 Ch 20.30). Josaphat, dans sa prière, avait parlé de la terre où lui et son peuple habitaient, comme d’une possession qui leur avait été donnée pour toujours. Et Dieu confirma cette possession par et après sa victoire.
Mais après la venue de Christ, cette possession « pour toujours » prend une nouvelle dimension, de même que la maison de Dieu reçoit une nouvelle dimension. Notre destination finale est aussi celle d’un héritage promis : les nouveaux cieux et la nouvelle terre dont parle le livre de l’Apocalypse, et dont la venue constitue aussi la destination finale de l’histoire de l’humanité, laquelle n’est ni ne sera jamais les empires que les hommes tâchent de bâtir, et qui s’écroulent les uns après les autres.
C’est pourquoi il vous faudra développer une perspective toute nouvelle sur notre histoire présente, lorsque vous ouvrirez votre journal demain matin ou entendrez un bulletin d’informations à la radio. Le grand prédicateur britannique Charles Spurgeon disait une fois : « Je lis mon journal quotidien pour voir de quelle manière Dieu conduit l’histoire. » Dans tous les actes de votre vie il vous faut revêtir les habits de la justice, de l’humilité, de l’obéissance à l’alliance que Christ a scellée de son sang. Prenez votre place dans la société, revêtus d’habits consacrés, armés d’armes spirituelles, afin de témoigner du droit, de la vérité, de la souveraineté de Dieu sur toutes choses et de la réconciliation qu’il a opérée en Jésus-Christ. Comme des hommes et des femmes spirituels, accomplissez votre rôle prophétique dans la société en proclamant en paroles et en actes quel est le vrai sens de l’histoire. Montrez que vous savez quelle est votre destination finale et celle du monde. Faites de votre vie une grande liturgie où la musique vous conduise à combattre sous la bannière de Jésus-Christ. C’est elle qui vous conduira à l’héritage glorieux que Dieu a préparé pour son peuple. Car d’autres aussi combattent pour et avec vous. C’est ainsi que nous lisons, au chapitre 19 de l’Apocalypse :
« Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues de fin lin, blanc et pur. De sa bouche sort une épée tranchante pour frapper les nations. Il les fera paître avec un sceptre de fer, et il foulera la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu tout-puissant. Il a sur son manteau et sur sa cuisse un nom écrit : Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Ap 19.14-16).