Qu’est-ce que c’est que cette histoire de tête de hache flottante dans 2 Rois 6?

Dans cette histoire, Dieu a aidé Élisée à récupérer un outil en fer dans les profondeurs du Jourdain. C’est impressionnant, mais une tête de hache a-t-elle vraiment tant d’importance? Dieu se soucie-t-il de ce qui se trouve dans nos remises à outils?

L’histoire commence avec « les fils des prophètes » qui demandent à Élisée une aide pratique. C’était un groupe de croyants fidèles à une époque d’apostasie en Israël, qui étaient consacrés à l’écoute des véritables messagers de l’Éternel. Ils disaient : « Voici : l’endroit où nous habitons en ta présence est trop réduit pour nous » (2 R 6.1). Les élèves d’Élisée vivaient en communauté, mais leur lieu de rencontre devenant exigu, il était temps d’entreprendre un projet d’agrandissement.

Ces aspirants bûcherons ont alors proposé : « Allons donc jusqu’au Jourdain; nous y prendrons chacun une poutre et nous nous y ferons un lieu d’habitation » (v. 2). Ils se mirent donc au travail. C’est alors que survint la situation critique : « Comme l’un d’eux abattait une poutre, le fer tomba dans l’eau. Il s’écria : Ah! mon seigneur, il était empruntée » (v. 5).

Pour nous, un outil perdu n’est pas une catastrophe. Il y a de nombreuses années, lorsque j’étais paysagiste, nous cassions régulièrement des pelles. Les manches en bois se cassaient quand on arrachait les pierres du sol ou qu’on coupait les racines des arbres. Une pelle cassée (ou un marteau perdu) était incommodant, mais facilement remplaçable.

En revanche, au huitième siècle avant J.-C., un outil en fer était précieux. La fabrication d’une hache nécessitait de nombreuses heures de travail intense : ramassage du bois pour un feu chaud, fonte et raffinage du minerai de fer, façonnage et affûtage de l’outil. Un tel outil coûtait très cher, et il était donc pénible de le perdre dans le fleuve. Un commentateur suggère que perdre une hache empruntée, c’était un peu comme démolir la voiture que quelqu’un vous a laissé conduire pour le week-end.

Remplacer cet outil n’allait pas être chose aisée. Pour gagner de quoi en acheter un autre, il allait falloir travailler dur : des mois de labeur pour remplacer ce qui a été perdu en un instant.

On peut comprendre le désarroi de l’homme, mais ce problème était-il sérieux au point de nécessiter l’intervention d’un prophète? Cela ne semblait être qu’un simple besoin d’un malheureux.

Il suffit de le comparer aux deux miracles qui se sont produits juste avant et après cet incident. Dans le chapitre précédent, Élisée a guéri Naaman, le commandant de l’armée syrienne, un miracle dont le message a fait la une des journaux : Les ennemis et les étrangers reçoivent la miséricorde de Dieu! Plus tard, dans 2 Rois 6, Dieu a dévoilé la présence de son armée céleste à Élisée et à son serviteur alors qu’ils se trouvaient dans une ville assiégée. Entre ces moments épiques s’est produit cet incident de la tête de hache engloutie. Dieu doit avoir des préoccupations bien plus importantes.

Peut-être avez-vous déjà pensé la même chose. Comparé à tous les problèmes qui affligent le monde, Dieu se préoccupe-t-il vraiment de nos petits soucis? Après tout, l’Éternel a des missionnaires à protéger, des tremblements de terre à contrôler, le cœur des présidents à diriger. Veut-il vraiment entendre parler de nos petites vies et de nos petits problèmes?

Dieu se soucie-t-il de nos inquiétudes face à la hausse de l’inflation ou des espoirs que nous nourrissons encore pour cette année scolaire? Le Dieu vivant dans les cieux se préoccupe-t-il de notre permis de conduire ou de notre rendez-vous chez le médecin la semaine prochaine? Nous leurrons-nous nous-mêmes à penser que le Dieu tout-puissant se soucie des têtes de hache englouties, des doigts cassés et des cœurs brisés parmi les membres de son peuple?

Oui, notre Dieu est fidèle dans les grandes et les petites choses. C’est une vérité merveilleuse de savoir que notre Père n’est pas trop occupé à gouverner ce monde au point de ne pas pouvoir se préoccuper de nos petites vies.

Rappelez-vous les paroles de Jésus :

« Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou? Cependant, il n’en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez plus que beaucoup de moineaux » (Mt 10.29- 31).

Nous savons que c’est vrai, mais nous agissons souvent comme si ce ne l’était pas. Nous laissons nos petits problèmes s’accumuler parce que nous ne les confions pas à l’Éternel dans la prière. Peut-être que, sans nous l’avouer, nous pensons que Dieu n’est pas intéressé.

Nous ruminons nos peurs, devenant anxieux parce que nous ne cherchons pas le point de vue de Dieu à leur sujet. Et pourtant, il s’intéresse à notre vie, même dans ses moindres détails.

L’homme confronté à sa petite situation critique a appelé Élisée à l’aide. Le prophète est immédiatement intervenu. Il a demandé où était tombée la tête de hache, il a coupé une branche et l’a jetée dans le fleuve au bon endroit, il a agi de manière décisive. Le miracle est décrit de la manière la plus simple qui soit : « Il fit surnager le fer » (2 R 6.6).

Dieu est intervenu pour modifier l’ordre normal des choses, car à moins d’être en polystyrène, une tête de hache a une densité supérieure à celle de l’eau et ne devrait pas flotter. Cependant, ce monde appartient à mon Père céleste, et il est libre de réécrire n’importe quelle prétendue loi de la nature. C’est ainsi que la tête de hache est remontée à la surface du fleuve.

Qu’est-ce que cela signifie? Aucune parole prophétique ne s’est accomplie par cet acte, aucun acte de jugement ni de miséricorde n’a été préfiguré. Pourtant, Dieu ne fait jamais de miracles seulement pour eux-mêmes. Comme dans le ministère terrestre de Jésus, chaque miracle porte un message annonçant la gloire de Dieu.

Le miracle de la tête de hache flottante montre que Dieu se préoccupe des petites choses de notre vie. En effet, pour nous, les petites choses peuvent devenir de grandes choses. Pour cet homme, un fer de hache perdu était une affaire importante. Pour vous et moi, une facture de réparation de voiture peut être importante, tout comme un mal de tête persistant ou un intimidateur à l’école.

Ces choses sont importantes pour nous, et parce qu’elles sont importantes pour nous, elles sont importantes pour Dieu.

Cela ne signifie pas que Dieu va soudainement effacer la dette que nous avons contractée ou faire disparaître notre migraine. Cela signifie toutefois que Dieu est avec nous dans nos difficultés. Il nous accordera ce dont nous avons vraiment besoin : « Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi tout avec lui par grâce? » (Rm 8.32).

Il arrive que Dieu réponde à nos besoins de manière surprenante. Cependant, Dieu ouvre aussi sa main pour pourvoir à nos besoins de manière ordinaire : un revenu régulier, des forces suffisantes pour la journée, le soutien d’un ami. Le fait est que Dieu répond à tous nos besoins. À cause de Jésus, Dieu ne refuse aucune bonne chose à ceux qui le cherchent.

Apportez-lui donc vos petits et vos grands soucis et apprenez à vous reposer à l’ombre de la fidélité et de l’amour de votre Père. Il ne vous laissera pas sombrer.