Apocalypse 16 - Les signes des temps (3) - Les coupes de la colère de Dieu
Apocalypse 16 - Les signes des temps (3) - Les coupes de la colère de Dieu
Apocalypse 16
Le dernier livre de la Bible, le livre de l’Apocalypse, pourrait être décrit comme un résumé visionnaire et symbolique de toute la révélation de Dieu dans l’Écriture sainte. Si nous l’abordons de cette manière, nous ne tomberons pas dans toutes sortes de pièges qui attendent ceux qui ne s’y intéressent que de manière sensationnelle — et ils sont nombreux! Ici, c’est le cours entier de l’histoire de l’humanité qui se déroule devant les yeux des croyants, cours dirigé par la providence du Dieu tout-puissant, et présenté de manière synthétique à l’aide d’images et de symboles qui se réfèrent à des événements ou des personnes. Résumé symbolique et visuel, qui a pour but de présenter au lecteur le combat spirituel constamment en cours dans la création de Dieu, sous la surface des événements quotidiens.
Un des motifs principaux qui décrivent l’histoire humaine se trouve énoncé dans la promesse donnée à Ève, la mère de tous les vivants, au troisième chapitre du premier livre de la Bible, la Genèse : il s’agit du combat entre la femme et le serpent, l’ennemi de l’humanité, combat qui se termine par l’écrasement de la tête du serpent sous le pied de la femme (Gn 3.15). De la descendance de la femme naîtra en effet celui qui écrasera Satan. Le livre de l’Apocalypse s’occupe justement de ce motif et évoque le développement de ce combat à travers toute l’Écriture, y compris la manière dont le serpent mord le talon de la femme, provoquant peine et souffrance.
On pourrait presque dire que l’ensemble de la révélation de Dieu dans la Bible se trouve concentré dans le livre de l’Apocalypse, le tout à la lumière de la situation particulière de celui qui l’a rédigé, et aussi de ses lecteurs immédiats. Il s’agissait des toutes premières communautés chrétiennes d’Asie Mineure, au début de l’ère chrétienne. Cette concentration, ce résumé, se voient bien dans les nombreuses citations de l’Ancien Testament, qui proviennent des livres de la Genèse, de l’Exode, du Lévitique, du Deutéronome, des livres historiques, des Psaumes, des livres prophétiques — Ézéchiel, Daniel, Joël et Zacharie en particulier. Plus centrale encore dans le livre de l’Apocalypse se trouve la personne de Jésus-Christ, sa crucifixion et sa résurrection. Au chapitre cinq, des milliers de milliers, des millions de millions d’anges chantent le cantique suivant : « Il est digne, l’Agneau qui fut égorgé, de recevoir la puissance, la richesse et la sagesse, la force et l’honneur et la gloire et la louange » (Ap 5.12).
Le livre de l’Apocalypse doit donc toujours être lu et compris dans le contexte canonique plus large de l’Écriture sainte. Sinon, on risque de n’y voir qu’un étrange appendice au Nouveau Testament, qui diffère de manière incompréhensible dans son style et son but du reste de ce Nouveau Testament. Mais si nous lisons l’Apocalypse comme un puissant résumé de toute la révélation divine, alors nous ne pouvons qu’être émerveillés par le fait que ce livre a justement trouvé sa place à la toute fin du Nouveau Testament, alors que, dans certains cercles chrétiens du début de l’Église, on doutait qu’il ait sa place dans le canon de l’Écriture.
Mais qui d’autre que le Saint-Esprit aurait pu décider que ce livre soit inclus dans l’Écriture? Le but du Saint-Esprit avec l’Apocalypse est donc d’affermir le peuple de Dieu, hier, aujourd’hui et demain, dans l’assurance que Jésus-Christ a bien détruit la puissance de Satan, qu’il a écrasé la tête du serpent de la Genèse. C’est aussi de l’ancrer dans l’espérance que le roi des rois reviendra bientôt. Ainsi, il amènera une fin à l’histoire de rébellion contre Dieu qui caractérise la dispensation actuelle depuis le troisième chapitre de la Genèse. Résumons-nous : l’Apocalypse annonce par excellence l’Évangile, ni plus, ni moins!
Ce résumé, cette concentration de l’ensemble de la révélation biblique, du canon, pourrait-on dire, apparaît clairement au chapitre seize de l’Apocalypse. Je vous présenterai au fur et à mesure les passages de la Bible qui sont évoqués dans ce chapitre. Mais citons tout d’abord un extrait du chapitre quinze, les trois premiers versets, puis l’intégralité du chapitre seize. L’auteur poursuit sa narration des visions qu’il a reçues :
« Puis je vis dans le ciel un autre signe grandiose, qui me remplit d’étonnement : sept anges portant sept fléaux, les sept derniers par lesquels se manifeste la colère de Dieu. Je vis aussi comme une mer cristalline mêlée de feu. Ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom se tenaient sur la mer de cristal. S’accompagnant de harpes divines, ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau » (Ap 15.1-3).
« J’entendis une voix forte venant du Temple dire aux sept anges : Allez et versez sur la terre les sept coupes de la colère divine! Le premier s’en alla et versa sa coupe sur la terre. Un ulcère malin et douloureux frappa les hommes qui portaient la marque de la bête et adoraient son image. Le deuxième ange versa sa coupe dans la mer : celle-ci devint comme le sang d’un mort, et tous les êtres vivants de la mer périrent! Le troisième ange versa sa coupe sur les fleuves et les sources : les eaux se changèrent en sang. Alors j’entendis l’ange qui a autorité sur les eaux dire : “Tu es juste, toi qui es et qui étais, toi le Saint, d’avoir ainsi fait justice. Parce qu’ils ont versé le sang de ceux qui t’appartiennent et de tes prophètes, tu leur as aussi donné à boire du sang. Ils reçoivent ce qu’ils méritent.” Et j’entendis l’autel qui disait : “Oui, Seigneur, Dieu tout-puissant, tes arrêts sont conformes à la vérité et à la justice!”
Le quatrième ange versa sa coupe sur le soleil. Il lui fut donné de brûler les hommes par son feu. Les hommes furent atteints de terribles brûlures, et ils insultèrent Dieu qui a autorité sur ces fléaux, mais ils refusèrent de changer et de lui rendre hommage. Le cinquième ange versa sa coupe sur le trône de la bête. Alors de profondes ténèbres couvrirent tout son royaume, et les hommes se mordaient la langue de douleur. Sous le coup de leurs souffrances et de leurs ulcères, ils insultèrent le Dieu du ciel, et ils ne renoncèrent pas à leurs mauvaises actions.
Alors le sixième ange versa sa coupe dans le grand fleuve, l’Euphrate. Ses eaux tarirent, pour que soit préparée la voie aux rois venant de l’Orient. Je vis alors sortir de la gueule du dragon, de celle de la bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs ressemblant à des grenouilles. Ce sont des esprits démoniaques qui accomplissent des signes miraculeux; ils s’en vont trouver les rois du monde entier pour les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. Voici : je viens comme un voleur! Heureux celui qui se tient éveillé et qui garde ses vêtements, afin de ne pas aller nu, en laissant apparaître sa honte aux yeux de tous!
Les esprits démoniaques rassemblèrent les rois dans le lieu appelé en hébreu Harmaguédon. Le septième ange enfin versa sa coupe dans les airs. Une voix forte, venant du trône, sortit du Temple. “C’en est fait”, dit-elle. Alors il y eut des éclairs, des voix et des coups de tonnerre, et un violent tremblement de terre; on n’en avait jamais vu d’aussi terrible depuis que l’homme est sur la terre. La grande ville se disloqua en trois parties et les villes de tous les pays s’écroulèrent. Alors Dieu se souvint de la grande Babylone pour lui donner à boire la coupe pleine du vin de son ardente colère. Toutes les îles s’enfuirent et les montagnes disparurent. Des grêlons énormes, pesant près d’un quintal, s’abattirent du ciel sur les hommes; et ceux-ci insultèrent Dieu à cause du fléau de la grêle, car il était absolument terrible » (Ap 16.1-21).
Le texte que nous venons de lire nous présente le juste jugement de Dieu sur une humanité corrompue. C’est un thème qu’on retrouve régulièrement dans le livre de l’Apocalypse : il est d’abord illustré par les sept sceaux, puis par les sept trompettes. Cependant, alors qu’avec les sept trompettes, la plaie qui les accompagne ne frappe qu’un tiers de l’humanité, ici c’est la totalité de la terre, de la mer, des rivières, qui est atteinte. La colère de Dieu envers une humanité corrompue atteint maintenant son aboutissement.
Ce jugement doit être compris relativement à l’Alliance divine, c’est-à-dire à la lumière de l’exigence divine d’obéissance vis-à-vis de ses prescriptions. L’étendue des plaies est si vaste qu’on pourrait remettre en question leur caractère juste. Pourtant, un ange proclame clairement, après que la troisième coupe ait été versée :
« Tu es juste, toi qui es et qui étais, toi le Saint, d’avoir ainsi fait justice. Parce qu’ils ont versé le sang de ceux qui t’appartiennent et de tes prophètes, tu leur as aussi donné à boire du sang. Ils reçoivent ce qu’ils méritent » (Ap 16.5-6).
Ce à quoi répond un autre ange, depuis l’autel : « Oui, Seigneur, Dieu tout-puissant, tes arrêts sont conformes à la vérité et à la justice! » (Ap 16.7).
Nous examinerons plus en détail dans un article suivant ce caractère du jugement divin fondé sur son Alliance et ses prescriptions. Cela nous permettra de faire un retour sur l’Ancien Testament et sur un certain nombre de passages que ce chapitre évoque, directement ou indirectement.