Le baptême des enfants et l’unité des Écritures
Le baptême des enfants et l’unité des Écritures
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Question clé n° 1 : Y a-t-il une seule Bible ou deux?
a. Pas nouveau, mais renouvelé
b. Un seul peuple - Question clé n° 2 : En l’absence d’un commandement explicite, pourquoi supposer que les enfants seraient désormais exclus?
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Question clé n° 3 : Comment Dieu traitait-il les enfants dans l’Ancienne Alliance?
a. La famille de Noé
b. Israël -
Question clé n° 4 : Comment Dieu traite-t-il les enfants dans le Nouveau Testament?
a. … pour vous et pour vos enfants…
b. Des baptêmes de nourrissons dans le Nouveau Testament? - Conclusion
Parmi nos lecteurs, il est courant que les parents fassent baptiser leurs enfants. Cependant, autour de nous, il y a d’innombrables chrétiens qui ne pensent pas que la Bible enseigne le baptême des enfants. Lorsque nos membres, jeunes et moins jeunes, rencontrent ces autres chrétiens et finissent par parler de baptême, des questions surgissent pour savoir si le Seigneur veut vraiment que les nouveau-nés de l’Église soient baptisés.
On pourrait faire remarquer qu’il n’y a aucun texte dans le Nouveau Testament qui commande le baptême des enfants. En fait, le Nouveau Testament ne contient même pas d’exemples de baptêmes d’enfants!
Nos questions deviennent donc plus pressantes : le baptême des enfants est-il simplement une particularité confessionnelle qui devrait être abandonnée au nom de la fidélité biblique et de l’unité avec les autres chrétiens? Et si non, quels sont les fondements du baptême des enfants?
1. Question clé n° 1 : Y a-t-il une seule Bible ou deux?⤒🔗
Il est vrai que le Nouveau Testament ne contient aucun texte commandant explicitement le baptême des enfants. Le fait qu’il n’y ait pas de cas de baptême d’enfants est discutable, mais laissons cela de côté pour le moment. La question clé qui doit être posée maintenant est la suivante : pourquoi nous attendrions-nous à ce que le Nouveau Testament contienne un tel commandement?
Drôle de commentaire, dites-vous? Eh bien, la question fondamentale de toute la discussion sur le baptême des enfants est de savoir si le Nouveau Testament est la « vraie » Bible, un livre à lire seul, ou si le Nouveau Testament doit être lu à la lumière de l’Ancien Testament, les deux testaments constituant ensemble la « vraie » Bible. En d’autres termes, y a-t-il continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ou discontinuité?
De nombreux chrétiens opposent fréquemment le Nouveau Testament à l’Ancien. On dit que le Dieu de l’Ancien Testament est sévère et exigeant, alors que le Dieu du Nouveau Testament est aimant et miséricordieux. Le Dieu de l’Ancien Testament insiste sur la loi, tandis que le Dieu du Nouveau Testament donne son Fils pour nos péchés. Dans l’Ancien Testament, il avait établi une alliance par le sang, conclue même avec des enfants, mais dans le Nouveau Testament, ses promesses sont destinées à ceux qui croient en lui, ce que ne font pas les petits enfants.
Un autre résultat du contraste entre l’Ancien et le Nouveau Testament est qu’aujourd’hui, en Amérique du Nord, on prêche nettement plus de sermons à partir de textes du Nouveau Testament que de l’Ancien Testament… même si l’Ancien Testament compte trois fois plus de pages que le Nouveau Testament. Bien que l’Ancien Testament reste dans les Bibles qui circulent dans notre société, c’est le Nouveau Testament qui finit par être écorné et annoté. Et comme le Nouveau Testament ne parle pas explicitement du baptême des enfants, cette pratique de longue date de l’Église tombe dans le discrédit.
Est-il vrai, cependant, que le message de l’Ancien Testament est en quelque sorte différent de celui du Nouveau Testament?
Non. Considérons les passages suivants :
Jésus dit aux Juifs : « Vous sondez les Écritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi » (Jn 5.39). Dans ce passage, l’expression « les Écritures » ne peut faire référence qu’à l’Ancien Testament, puisque le Nouveau Testament n’était pas encore écrit à l’époque du séjour terrestre de Jésus. Le sujet des Écritures de l’Ancien Testament, dit Jésus, n’est autre que Jésus-Christ lui-même. L’enseignement de Jésus n’était pas différent de celui de l’Ancien Testament, mais c’était l’enseignement de l’Ancien Testament rendu clair.
Après sa résurrection des morts, Jésus a rejoint les deux disciples sur la route d’Emmaüs. En réponse à leur déception concernant la crucifixion de Jésus et à leur confusion au sujet du tombeau vide, il leur dit :
« Hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes! Le Christ ne devait-il pas souffrir de la sorte et entrer dans sa gloire? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Lc 24.25-27).
L’explication de Jésus fondée sur Moïse et sur tous les prophètes est évidemment une référence aux Écritures de l’Ancien Testament. Selon lui, le message de l’Ancien Testament n’est autre que « le Christ qui devait souffrir de la sorte », et les disciples auraient dû le savoir. Il a poursuivi en expliquant à ces disciples comment l’Ancien Testament parlait de Jésus-Christ. Il n’est pas exagéré de souligner que l’explication de l’Ancien Testament par Jésus à ces deux disciples s’est répercutée sur tous les apôtres et a ainsi coloré la manière dont les disciples ont ensuite utilisé l’Ancien Testament dans les sermons mentionnés dans le livre des Actes et dans les lettres qu’ils ont écrites aux Églises.
C’est ainsi que Pierre, dans son sermon à la Pentecôte, cite le Psaume 16, où David dit :
« Et même ma chair reposera avec espérance; car tu n’abandonneras pas mon âme dans le séjour des morts, et tu ne laisseras pas ton Saint voir la corruption » (Ac 2.26-27).
Puis Pierre ajoute cette explication :
« Il [David] a prévu par ses paroles la résurrection du Christ qui, en effet, n’a pas été abandonné dans le séjour des morts et dont la chair n’a pas vu la corruption » (Ac 2.31).
Pierre a compris : le sujet de l’Ancien Testament est le même que celui du Nouveau Testament; tous deux parlent de Jésus-Christ (voir aussi Ac 8.32-35).
L’auteur de la lettre aux Hébreux dit à ses lecteurs :
« Voilà pourquoi il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin qu’une mort ayant eu lieu pour le rachat des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui sont appelés reçoivent la promesse de l’héritage éternel » (Hé 9.15).
Certains mots de l’auteur dans cette citation sont intrigants. Les « transgressions commises sous la première alliance » sont les péchés de la dispensation de l’Ancien Testament, péchés commis alors que le système sacrificiel de la loi mosaïque était en vigueur. Mais comment ces péchés pouvaient-ils être pardonnés? L’auteur affirme que c’est la mort du Christ qui libère les croyants de l’Ancien Testament de leurs péchés! Comment en est-il ainsi? Parce que les sacrifices de la loi mosaïque préfiguraient le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix. Le sang des boucs et des veaux n’effaçait pas en soi les péchés d’Israël, mais ce sang incitait le pécheur de l’Ancien Testament à se concentrer sur le sacrifice à venir de l’Agneau de Dieu au Calvaire.
Le point est le suivant : le message fondamental de l’Ancien Testament est identique au message fondamental du Nouveau Testament. Le Dieu saint entretient une relation avec les pécheurs, tant dans la dispensation de l’Ancien Testament que dans celle du Nouveau Testament. Cette relation n’est possible, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, qu’en raison du sang de Jésus-Christ. L’Ancien Testament attendait le Christ qui allait venir (et par son sacrifice à venir, les pécheurs croyants étaient réconciliés avec Dieu), tandis que le Nouveau Testament se tourne vers le Christ qui est venu (et par son sacrifice achevé, les pécheurs croyants sont réconciliés avec Dieu). Il existe une continuité essentielle entre ces deux Testaments concernant la relation de Dieu avec les pécheurs. Abraham, Moïse, David et le reste des saints de l’Ancien Testament étaient des chrétiens, tout comme Paul, Augustin, Calvin et le reste des saints du Nouveau Testament étaient et sont des chrétiens.
a. Pas nouveau, mais renouvelé←↰⤒🔗
Vous allez peut-être rétorquer que ce n’est pas pour rien que le Nouveau Testament est appelé « nouveau ». Jérémie n’a-t-il pas prophétisé une « nouvelle alliance »? En effet, il l’a fait. « Voici que les jours viennent, — oracle de l’Éternel —, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle… » (Jr 31.31).
En conséquence, il est question à plusieurs reprises dans le « Nouveau » Testament d’une « nouvelle alliance » (1 Co 11.25; Hé 9.15). Toutefois, le mot « nouveau » ne doit pas être opposé à « ancien » dans le sens où nous l’utilisons pour dire que notre « nouvelle » voiture est une voiture totalement nouvelle par rapport à notre « ancienne ».
Le même mot qui est traduit dans Jérémie 31 par « nouveau » apparaît dans le Psaume 104.30 pour décrire le printemps : « Tu envoies ton souffle : ils sont créés, et tu renouvelles la face du sol. »
Le même mot apparaît également dans 2 Chroniques 24.4 pour décrire le projet de Joas « de rénover la maison de l’Éternel ».
En raison de la dureté de cœur d’Israël dans son service à Dieu, le Seigneur a promis, par l’intermédiaire de Jérémie, de conclure une « nouvelle alliance ». Toutefois, il ne s’agit pas d’une alliance essentiellement différente de celle que Dieu a conclue avec leurs pères lorsqu’il les a fait sortir d’Égypte, mais d’une alliance qui va plus en profondeur dans le cœur de son peuple. Car cette fois, « je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai sur leur cœur; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Jr 31.33). Notez ces derniers mots : cette alliance est décrite avec les mêmes mots que ceux que Dieu a utilisés pour parler de sa relation avec Abraham et avec Moïse longtemps auparavant (Gn 17.7; Ex 20.2). C’est la même alliance — « Je serai leur Dieu » —, mais elle est « nouvelle » en ce sens qu’elle est renouvelée, rafraîchie, approfondie.
b. Un seul peuple←↰⤒🔗
Je vais insister encore un instant sur cette unité entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, car c’est un point essentiel.
Écrivant aux chrétiens de Rome, Paul affirme qu’Abraham est « le père de tous ceux qui croient » (Rm 4.11) et le contexte montre clairement que le mot « tous » désigne aussi bien le Juif (de l’Ancien Testament) que le Gentil (de la dispensation du Nouveau Testament). Paul ajoute :
« Donc c’est par la foi, pour qu’il s’agisse d’une grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la descendance, non seulement à celle qui a la loi, mais aussi à celle qui a la foi d’Abraham notre père à tous » (Rm 4.16).
Nous devons comprendre ce qu’il veut dire ici. Les chrétiens de Rome n’avaient pas de sang juif en eux et n’étaient donc pas des enfants d’Abraham par naissance. Pourtant, Paul souligne que cette figure fondatrice de l’Ancien Testament était « notre père à tous », Juifs et Romains confondus. En d’autres termes, les croyants de l’Ancien Testament et les croyants du Nouveau Testament ont un seul père, Abraham.
Comment devons-nous comprendre cela? L’apôtre veut que nous pensions à un arbre. Puisque tant de Juifs ont rejeté Jésus-Christ comme l’accomplissement de la prophétie de l’Ancien Testament, Dieu (dit Paul) a coupé ces branches infructueuses de l’arbre d’Abraham. Mais comme Dieu voulait que son arbre porte du fruit, il a, par miséricorde, greffé de nouvelles branches, les Gentils, sur ce même arbre. Ces Gentils sont donc autant des enfants d’Abraham que leurs frères croyants de l’Ancien Testament (voir Rm 11.17-24).
Il y a donc un seul arbre de la foi qui s’étend sur les deux Testaments, un seul arbre enraciné en Abraham, soutenu par la foi en Jésus-Christ et portant le fruit du Saint-Esprit. C’est pourquoi Paul peut dire ailleurs qu’« il y a un seul corps et un seul Esprit, […] un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous » (Ép 4.4-6). La foi de l’Ancien Testament n’est pas différente de la foi du Nouveau Testament, pas plus que le Dieu de l’Ancien Testament n’est différent du Dieu du Nouveau Testament. Il existe une unité profonde et essentielle (et donc une continuité) entre l’Ancien Testament et le Nouveau.
2. Question clé n° 2 : En l’absence d’un commandement explicite, pourquoi supposer que les enfants seraient désormais exclus?←⤒🔗
Mais en quoi cela concerne-t-il le baptême des enfants?
De la manière suivante : Étant donné la continuité entre l’Ancien et le Nouveau Testament, on doit s’attendre à ce que le modèle selon lequel Dieu établit des relations avec les pécheurs dans le Nouveau Testament soit le même que le modèle qu’il avait utilisé dans l’Ancien Testament… à moins que Dieu ne nous informe explicitement d’un changement.
En ce qui concerne le signe de l’alliance (la circoncision dans l’Ancien Testament), il nous a en fait clairement indiqué un changement pour la dispensation du Nouveau Testament. Il n’y a toutefois aucune instruction explicite dans le Nouveau Testament indiquant que son inclusion des enfants dans l’alliance dans l’Ancien Testament est remplacée par un modèle différent dans le Nouveau Testament.
C’est pourquoi j’ai demandé au début si nous avions besoin d’un commandement explicite de baptiser les enfants avant de pouvoir adopter cette pratique. Exiger un tel commandement suppose que le Nouveau Testament n’est pas construit sur le fondement de l’Ancien Testament. Cela suppose que, dans la dispensation du Nouveau Testament, l’alliance de Dieu avec les pécheurs telle qu’elle fonctionnait dans l’Ancien Testament a été abolie et qu’une manière entièrement nouvelle d’entrer en relation avec les pécheurs a été mise en place pour la dispensation du Nouveau Testament.
Pourtant, cette prémisse se révèle fausse; en ce qui concerne la manière dont Dieu établit des relations avec les pécheurs, il y a entre l’Ancien et le Nouveau Testament non pas une discontinuité, mais une continuité essentielle.
3. Question clé n° 3 : Comment Dieu traitait-il les enfants dans l’Ancienne Alliance?←⤒🔗
Examinons maintenant la place des enfants dans l’Ancien Testament et ce que cela nous enseigne sur les enfants dans le Nouveau.
a. La famille de Noé←↰⤒🔗
La société occidentale d’aujourd’hui considère les personnes avant tout comme des individus, et seulement accessoirement comme des membres d’une famille. Le modèle de l’Ancien Testament est différent. À l’époque de Noé, Dieu avait décidé de détruire toute l’humanité, avec cependant une exception : « Mais Noé obtint la faveur de l’Éternel » (Gn 6.8).
Pourtant, une fois l’arche achevée, le Seigneur a ordonné non seulement à Noé, le seul individu juste, « d’entrer dans l’arche », mais aussi à « toute sa famille » de se joindre à lui (Gn 7.1). L’expression « toute ta famille » inclut la femme de Noé, ses trois fils et leurs femmes (Gn 7.13). Notez bien : à cause de la justice d’un seul homme, Dieu a eu pitié de toute sa famille.
Ce modèle prend tout son sens dans l’alliance de Dieu avec Abraham. Dieu lui dit :
« J’établirai mon alliance avec toi et ta descendance après toi, dans toutes leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de tes descendants après toi » (Gn 17.7).
L’attention de Dieu n’était pas dirigée vers l’individu, mais vers la famille représentée en la personne d’Abraham. En conséquence :
« Abraham prit son fils Ismaël, tous ceux qui étaient nés dans sa maison et tous ceux qu’il avait acquis au prix de son argent, tous les mâles parmi les gens de sa maison, il les circoncit le jour même, comme Dieu le lui avait dit » (Gn 17.23).
« Tous les mâles parmi les gens de sa maison » comprenaient « 318 de ses plus braves serviteurs nés dans sa maison » avec lesquels Abraham avait poursuivi les quatre rois qui avaient capturé son neveu Lot (Gn 14.14). Ces 318 hommes ont également été circoncis « comme Dieu le lui avait dit », nous dit le texte. L’idée est qu’avec son alliance avec Abraham, la bonté de Dieu s’est étendue à tous ceux qu’il a confiés aux soins d’Abraham. L’idée est que Dieu n’agit pas avec des individus isolés, mais avec des familles.
b. Israël←↰⤒🔗
Au mont Sinaï, le Seigneur Dieu a renouvelé son alliance avec Israël en ces termes : « Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20.2). Mais quelle était la composition du peuple rassemblé au pied de la montagne? Le contenu de la parole de Dieu n’était-il valable que pour les adultes? De toute évidence non, car dans cette même conversation, le Seigneur s’est également adressé spécifiquement aux enfants; il leur a dit, dans le cinquième commandement, « honore ton père et ta mère » (Ex 20.12). C’est la même idée : Dieu établit des relations avec son peuple à travers la famille!
Lorsque le Seigneur a répété une dernière fois son alliance avec Israël avant qu’ils ne traversent le Jourdain pour entrer dans la terre promise, il a prononcé ces mots révélateurs :
« Vous observerez donc les paroles de cette alliance et vous les mettrez en pratique, afin de réussir dans tout ce que vous ferez. Vous vous présentez aujourd’hui devant l’Éternel, votre Dieu, vous tous, vos chefs, vos tribus, vos anciens, vos officiers, tous les hommes d’Israël, vos enfants, vos femmes, et l’immigrant qui est au milieu de tes campements, depuis celui qui coupe ton bois, jusqu’à celui qui puise ton eau. Tu vas entrer dans l’alliance de l’Éternel, ton Dieu, avec le serment qu’il a fait, et que l’Éternel, ton Dieu, conclut aujourd’hui avec toi, afin de t’établir aujourd’hui pour son peuple et d’être lui-même ton Dieu, comme il te l’a dit, et comme il l’a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. Ce n’est pas avec vous seuls que je conclus cette alliance avec serment, mais c’est avec ceux qui sont ici parmi nous, présents aujourd’hui devant l’Éternel, notre Dieu, et avec ceux qui ne sont point ici parmi nous aujourd’hui » (Dt 29.8-14).
Remarquez que les enfants et les épouses, et même les étrangers dans le camp, sont inclus dans la foule de ceux avec qui le Seigneur a fait son alliance. De plus, cette alliance est faite non seulement avec ceux qui étaient présents, mais aussi « avec ceux qui ne sont point ici parmi nous aujourd’hui ». Cette dernière phrase n’est pas une référence aux mères ou aux enfants qui sont restés dans la tente, car ils étaient déjà inclus dans la référence précédente à « vos enfants et vos femmes ». Cette phrase fait plutôt référence aux enfants qui ne sont pas encore nés, ceux des générations à venir (voir Ac 2.39). Dieu considère son peuple non pas comme des individus isolés, mais comme des familles sur des générations à venir.
Il n’est donc pas surprenant d’entendre les prophètes parler des générations futures. Ésaïe cite le Seigneur en disant :
« Mon Esprit, qui repose sur toi, et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche, ne se retireront pas de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, ni de la bouche des enfants de tes enfants, dit l’Éternel, dès maintenant et à toujours » (És 59.21).
Ézéchiel partage la même perspective :
« Ils habiteront le pays que j’ai donné à mon serviteur Jacob et qu’ont habité vos pères; ils y habiteront, eux, leurs fils et les fils de leurs fils, à perpétuité, et mon serviteur David sera leur prince pour toujours » (Éz 37.25).
4. Question clé n° 4 : Comment Dieu traite-t-il les enfants dans le Nouveau Testament?←⤒🔗
La réponse de Jésus à ses disciples est alors prévisible. Lorsque ses disciples ont cherché à entraver les efforts des mères pour lui amener leurs enfants, Jésus a été « indigné » (littéralement, « livide ») et a dit à ses disciples : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour leurs pareils » (Mc 10.14). Qu’est-ce qui l’a rendu si indigné? Il était en colère contre ses disciples parce que le Seigneur Dieu avait envoyé son Fils dans le monde pour « sauver son peuple de ses péchés » (Mt 1.21), et « son peuple » comprend — selon le modèle de l’Ancien Testament — les enfants de l’alliance. Les petits que les mères amenaient à Jésus n’étaient pas des petits Romains ou des petits Moabites, mais des petits Israélites, tous enfants de l’alliance. C’est la raison pour laquelle Jésus « les embrassa et les bénit, en leur imposant les mains » (Mc 10.16). Si la relation d’alliance de son Père dans l’Ancien Testament incluait les enfants d’Israël, il ne pouvait en être autrement pour le Fils.
a. … pour vous et pour vos enfants…←↰⤒🔗
Les paroles de Pierre le jour de la Pentecôte sont conformes au modèle qui se dégage de l’Ancien Testament. Ce sont manifestement les adultes de Jérusalem qui ont exigé la crucifixion de Jésus de Nazareth, et ce sont aussi les adultes qui ont ensuite reconnu leur culpabilité et demandé aux disciples ce qu’ils devaient faire. La réponse de Pierre est instructive : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit » (Ac 2.38).
Remarquez cependant comment Pierre formule son incitation à la repentance : « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Ac 2.39). Qu’est-ce que les Juifs entendaient par le mot « promesse »? Imprégnés comme ils l’étaient de la pensée de l’Ancien Testament, la référence à « la promesse » qui était pour eux et leurs enfants était manifestement le contenu de l’alliance de Dieu avec Israël : « Je serai ton Dieu. »
Remarquez que Pierre ne limite pas la promesse de l’alliance à la génération qui se tient devant lui, ni à cette génération plus ses enfants à la maison, mais il inclut les générations encore à naître. La génération qui se tient devant lui doit se repentir parce que Dieu a établi son alliance avec elle, et elle doit aussi se repentir parce que Dieu a établi son alliance avec ses enfants après elle (y compris ceux qui ne sont pas encore nés). Ces enfants ont donc besoin de parents craignant Dieu pour leur enseigner la voie du Seigneur.
Ici encore, on ne voit rien de l’individualisme si répandu dans notre société occidentale moderne, mais plutôt une conscience profonde que Dieu est en relation avec son peuple à travers les générations.
b. Des baptêmes de nourrissons dans le Nouveau Testament?←↰⤒🔗
Si donc le Nouveau Testament montre que les enfants appartiennent à Dieu tout autant que dans l’Ancien Testament — et là ils étaient circoncis — et s’il y a une unité et une continuité essentielles entre l’Ancien et le Nouveau Testament, nous nous attendrions à trouver dans le Nouveau Testament des exemples d’enfants baptisés tout comme Ismaël et Isaac ont été circoncis. De telles preuves sont-elles disponibles? On nous dit qu’il n’y en a pas. Mais considérez ce qui suit :
À la fin de sa visite chez Corneille, Pierre a demandé : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous? » Comme il n’y avait aucune objection, « il ordonna de les baptiser au nom de Jésus-Christ » (Ac 10.47-48). Qui exactement faisait partie de tous ceux qui ont été baptisés? Ce groupe est décrit au verset 24 comme étant Corneille lui-même, « ses parents et amis intimes ». Cela inclut-il les enfants? Au minimum, cela n’exclut certainement pas les enfants.
En réponse à la prédication de l’apôtre, Lydie est venue à la foi. Le Saint-Esprit rapporte l’événement comme suit : « Elle écoutait, et le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu’elle s’attache à ce que disait Paul. Lorsqu’elle eut été baptisée avec sa famille, elle nous invita [chez elle] » (Ac 16.14-15). Remarquez la formulation : le Seigneur nous parle d’une seule croyante et de plusieurs baptêmes, tous dans sa maison. C’est le même modèle que celui que nous avons découvert avec Abraham. Des enfants ont-ils été baptisés avec Lydia? Le texte n’exclut certainement pas les enfants. Au contraire, nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que, si Lydie avait des enfants dans sa maison, eux aussi ont été baptisés.
Après le tremblement de terre qui a secoué la prison de Philippes, le geôlier ébranlé est tombé en tremblant devant Paul et Silas pour leur poser sa question désespérée : « Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé? » Leur réponse fut la suivante : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille » (Ac 16.30-31). Remarquez comment la foi d’un seul homme touche toute sa famille. En conséquence, « il fut baptisé, lui et tous les siens » (Ac 16.33). Dans notre traduction, le passage ajoute qu’il « se réjouit avec toute sa famille d’avoir cru en Dieu » (Ac 16.34). Le grec ne dit pas explicitement que toute sa famille a cru, mais fait porter la responsabilité sur le geôlier seul, et (comme dans le verset 31) la famille entière bénéficie de sa repentance. Des enfants ont-ils été baptisés avec le geôlier? Le passage ne permet qu’une seule conclusion : s’il avait des enfants, ils ont très certainement été baptisés eux aussi.
Nous reconnaissons dans tous ces passages le modèle de l’Ancien Testament selon lequel Dieu établit des relations non pas avec des individus, mais avec des familles, et son approche de la famille est déterminée par la spiritualité du chef de famille. En conséquence, nous ne pouvons certainement pas affirmer que le Nouveau Testament ne sait rien du baptême des enfants.
Cela devient d’autant plus clair lorsque nous reconnaissons que les termes rendus dans les passages ci-dessus par « maisonnée » ou « famille » apparaissent ailleurs dans l’Écriture avec une inclusion évidente des petits enfants.
Jacob se lamente sur le fait que si les Cananéens attaquent, « je serai détruit, avec ma famille » (Gn 34.30). Il ne suggère certainement pas que l’ennemi épargnera les petits dans ses tentes, qu’il s’agisse de ses propres (petits) enfants ou de la progéniture de ses serviteurs.
Moïse a rappelé à Israël que le Seigneur « a opéré des signes et des prodiges […] contre l’Égypte, contre le Pharaon et contre toute sa maison » (Dt 6.22), et nous comprenons bien que les enfants des Égyptiens ont été aussi déconcertés par les fléaux des grenouilles, des poux et des ténèbres que les plus âgés parmi la population.
Voir encore Gn 7.1; 12.17; 18.19; 36.6; 50.7-8; Ex 1.1; Jos 24.15 et bien d’autres encore. Le terme « maisonnée » dans l’Écriture inclut certainement les enfants.
Enfin, si l’on continue à dire que le Nouveau Testament ne mentionne explicitement que le baptême des adultes, le lecteur doit se rappeler que les apôtres étaient des missionnaires engagés dans un travail missionnaire. Aujourd’hui encore, le baptême des enfants sur un champ de mission est relativement moins fréquent pour la simple raison que le travail de mission s’adresse aux adultes. Et lorsque, sous la bénédiction de Dieu, les adultes viennent à la foi, la maisonnée est baptisée.
5. Conclusion←⤒🔗
La conclusion est donc évidente : bien qu’il n’y ait aucune mention explicite du baptême d’un enfant, le Nouveau Testament, en accord avec la révélation de Dieu dans l’Ancien Testament, connaît et exige le baptême des petits enfants.