Cet article a pour sujet les graves conséquences sur l'Église du comportement violent des hommes coupables de maltraitance et de violence conjugale, en particulier sur la conviction biblique selon laquelle les ministères ordonnés sont réservés aux hommes.

2 pages. Traduit par Claire Giroux

Chers hommes abuseurs

Chers hommes abuseurs dans l’Église,

J’ai souvent envie de vous réprimander, mais dans ce qui suit, je tiens pour ainsi dire à vous faire un genre de compliment. Vous réussissez à changer les cœurs et les esprits sur une question clé à laquelle l’Église de Jésus-Christ est confrontée aujourd’hui. Là où théologiens et pasteurs ont essayé et échoué, vous faites vraiment la différence. Moi et d’autres n’avons souvent pas la moindre chance face à vos contributions à la réflexion sur cette question.

Je me demande si vous réalisez à quel point vous réussissez à faire évoluer les mentalités au sein de l’Église sur la question des femmes en fonction dans les ministères ordonnés de l’Église. J’ai essayé de démontrer que la Parole de Dieu ne change pas. J’ai soutenu que l’enseignement de Paul sur cette question n’est pas lié à la culture, mais qu’il est au contraire enraciné dans la création. D’autres ont essayé de soutenir le contraire. Les deux camps avancent des arguments exégétiques tirés de la Bible. Mais regardez-vous! Vous n’avez même pas besoin de la Bible. Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous en prendre à votre femme et à vos enfants. Il vous suffit de maltraiter physiquement, psychologiquement, financièrement ou sexuellement certains de vos proches, et vous plaidez ainsi bien mieux que quiconque en faveur des femmes en fonction dans les ministères ordonnés de l’Église. Messieurs, vous scellez l’affaire!

Après tout, votre femme ne se sent probablement pas à l’aise de parler à un ancien ou à un pasteur de ce que vous lui faites subir. Si votre Église est comme beaucoup d’autres, elle se rangera probablement de votre côté. Ses dirigeants penseront que votre femme réagit de manière excessive. Ils vous écouteront lorsque vous l’accuserez d’être atteinte d’une maladie mentale quelconque. L’Église continuera à insister sur le fait qu’elle doit se soumettre à vous en tant que chef de famille. Si votre femme contacte la police ou un avocat, c’est elle qui fera l’objet de mesures disciplinaires et non vous, et vous continuerez à faire ce que vous faites sous le « parapluie de protection » des dirigeants de l’Église.

Ce faisant, vous plaidez en faveur de l’accès des femmes à des ministères ordonnés dans l’Église. Ce que la Bible en dit n’a plus d’importance. Ce qui compte, c’est que vous amenez les femmes à conclure que seules les femmes peuvent vraiment aider d’autres femmes. Je pense que vous amenez aussi certains hommes à cette conclusion. Tout votre violent tumulte au sein de votre foyer démontre que l’on ne peut pas faire confiance aux hommes en position d’autorité pour aider les femmes victimes d’abus ou de violence de la part d’autres hommes qui ont pouvoir sur elles. La seule façon d’avancer, selon ce scénario, est d’ordonner des femmes dans l’Église. Vos arguments violents nous convainquent que nous avons besoin de femmes pour servir en tant que pasteurs, anciens et diacres. Seules des femmes en position de direction peuvent changer la culture patriarcale toxique de nos Églises.

En fait, ce n’est pas du tout ce que je crois. Je continue à croire ce que dit la Bible au sujet des hommes occupant des postes de direction dans l’Église. Cependant, vous rendez les choses difficiles pour moi et pour d’autres qui, d’une part, voulons maintenir ce que dit la Bible et, d’autre part, condamnent la violence domestique ainsi que les abus, et qui cherchons des moyens d’y remédier en tant qu’hommes et femmes dans l’Église. Avec vos abus puissamment convaincants et les « singes volants1 » obligeants qui vous protègent, nos arguments tirés de la Bible tombent de plus en plus dans l’oreille d’un sourd.

Voici le problème : ce n’est pas avec cette lettre que je vais vous convaincre de changer votre conduite. Vous vous fichez complètement du fait que vous conduisiez l’Église vers l’apostasie, car toute votre vie va dans le même sens. J’aimerais pouvoir être optimiste quant à votre potentiel de changement, mais les statistiques ne sont pas très encourageantes. Je dirai deux choses : 1) Vous ne trouverez pas un ami en moi, à moins que vous ne soyez sincèrement disposés à vous repentir et à commencer à vivre de manière chrétienne; 2) Lorsque je m’élève contre la violence conjugale et les abus, je le fais parce que je me soucie des personnes vulnérables, mais aussi parce que je connais les conséquences que cela a pour la spiritualité et la fidélité de l’Église. Vous, par contre, vous êtes des destructeurs de l’Église et des trouble-fête en Israël.

Alors, félicitations pour votre « succès ». Le féminisme a tué des milliers de personnes, mais votre comportement violent et abusif en tue dix mille. L’égalitarisme a influencé les esprits, mais votre comportement violent et abusif a convaincu les cœurs. La nouvelle herméneutique a nécessité des myriades et des myriades de mots, mais vous, vous n’avez eu besoin que de vos poings.

Que Dieu ait pitié de vous et de tous ceux qui souffrent entre vos mains.

Note

1. NDT : L’expression « singe volants » traduit l’anglais « flying monkies », inspiré du roman du Magicien d’Oz dans lequel des singes volants sont sous le charme de la méchante sorcière de l’Est. Cette expression désigne les personnes de l’entourage du manipulateur pervers narcissique qui ont été manipulées et endormies par lui sans le savoir et qui n’ont pas détecté sa dangerosité, mais qui, directement ou indirectement, agissent pour rendre la vie difficile à la victime manipulée, souvent à la demande ou sous l’influence du manipulateur pervers.