Christologie (12) - La christologie de Jean Calvin - L'importance de la résurrection et de l'ascension du Christ
Christologie (12) - La christologie de Jean Calvin - L'importance de la résurrection et de l'ascension du Christ
En abordant ce thème, nous ne nous éloignons pas complètement vers un aspect séparé de l’œuvre du Christ, car résurrection, son ascension et son exaltation font partie intégrante de notre rédemption. Bien que toute la rédemption soit contenue dans la croix, la résurrection du Christ ne nous éloigne pas d’elle, écrit Calvin dans son commentaire sur Galates 6.14. Au contraire, elle en représente l’achèvement. Il est vrai que dans la mort du Christ nous avons l’achèvement total du salut, car par son moyen nous sommes réconciliés avec Dieu; néanmoins, il est dit que nous sommes nés de nouveau pour une espérance vivante, non par sa mort, mais par sa résurrection (Institution II.16.13). Bien que la mort et la résurrection du Christ soient inséparables et toutes deux indispensables à notre rédemption, il existe un ordre et un bénéfice distinct en chacune d’elles (Rm 4.25). Par conséquent, écrit Calvin, nous divisons la substance entre la mort et la résurrection comme suit : par sa mort, le péché a été effacé et la mort anéantie; par sa résurrection, la justice a été restaurée et la vie est apparue, de sorte que, grâce à sa résurrection, sa mort a manifesté son pouvoir et son efficace pour nous.
Calvin ne s’arrête pas longuement sur l’importance de la résurrection, car elle n’était pas problématique. Cependant, Jacques Pannier attire l’attention sur la note victorieuse de la piété calviniste, à cause de la conception calvinienne de la résurrection. Deux bénéfices spécifiques en découlent : Sa résurrection est la vérité la plus certaine et la substance (hypostase) de notre résurrection. Elle est également l’assurance de l’actuelle vivification par laquelle nous sommes ramenés à la nouveauté de la vie.
Ce dernier motif domine la discussion calvinienne de la vie chrétienne. La résurrection n’est pas quelque chose dont Christ et ses disciples ont fait une expérience subjective; elle est aussi quelque chose qui a son importance pour notre vie quotidienne ici et maintenant. Car nous connaissons Christ de manière correcte lorsque nous faisons l’expérience du sens de sa mort et de sa résurrection (Ph 3.10).
La même chose peut se dire aussi de son ascension. Joseph Haroutounian écrivait qu’autant que nous le sachions, après saint Paul, nul dans l’histoire de l’Église fit tant de l’ascension du Christ et de sa session à la droite de Dieu que Calvin. Pour quelle raison? Calvin continue de placer l’accent sur l’idée qu’il se fait de l’unité du Christ, la Tête avec les fidèles, son corps. Ce dont il fait l’expérience, nous le faisons aussi. Par la foi, nous aussi nous sommes exaltés au ciel et bénéficions de la vie céleste et de l’héritage obtenu pour nous. « Car Christ pénétra le ciel en notre chair », afin que nous n’attendions pas le ciel avec un espoir stérile.
Un autre bénéfice de l’ascension du Christ est que nous reconnaissons que le Christ réside avec le Père. Ceci pourrait paraître sans importance, mais pour Calvin c’est quelque chose de crucial. Car notre Seigneur apparaît devant la face du Père comme notre Avocat et Intercesseur. Ici se trouve un autre motif-clé de la théologie de Calvin, à savoir la sacrificature royale du Christ, un thème largement ignoré dans les études consacrées à Calvin. Dans l’Institution, il explique brièvement qu’en nous réconciliant avec le Père, il a ouvert un accès auprès du trône et il remplit avec grâce et bonté ce trône que des pécheurs misérables ne pourraient approcher que remplis d’angoisse.
Un troisième bénéfice est la puissance et la force symbolisées par la victoire du Christ sur les forces du mal (commentaire sur Ép 4.8). Calvin écrit qu’il est par conséquent assis dans les hauts lieux, nous communiquant sa puissance afin de pouvoir nous ranimer en la vie spirituelle, nous sanctifier par son Esprit, orner son Église par des dons divers de sa grâce, la protéger de tout mal, restreindre les ennemis enragés de sa croix et de notre salut par la force de sa main, et finalement tenir tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Avec cette explication, il passe au membre suivant. Il s’est assis à la droite du Père. L’Institution et le Catéchisme offrent la même explication.
Ainsi, pour Calvin, la session du Christ à la droite du Père est la source de tous les bénéfices que les chrétiens reçoivent de Dieu le Père. On peut dire que si l’on ôte cette session du Christ, alors l’Évangile adressé à l’Église souffrante tombe en morceaux. Même son exaltation ne complète pas notre rédemption. Notre salut n’est pas complet jusqu’à ce que Christ revienne pour juger les vivants et les morts. Ceci pourrait effrayer les fidèles, mais non Calvin. Comment donc, puisque le Juge est aussi le Rédempteur, la pensée du retour du Christ ne doit pas nous remplir d’effroi ou causer consternation, mais au contraire être une merveilleuse consolation et source d’assurance.
Calvin a pu être intimidé par le livre de l’Apocalypse. Aussi ne lui a-t-il point consacré de commentaire. Mais une chose est certaine : Notre Seigneur revient en gloire, et cette conviction doit devenir une source d’anticipation et d’espérance, un motif majeur dans la proclamation de l’Évangile, même s’il semble que Dieu se trouve éloigné de son peuple. Alors que les années passent et sa venue semble interminablement en retard, nous ne devons ni douter ni nous décourager.