Les conditions pour prier
Les conditions pour prier
Après avoir exposé que la prière chrétienne n’est possible que grâce à l’assistance de l’Esprit Saint de Dieu, je voudrais exposer les conditions d’une prière chrétienne.
Dieu, disions-nous, est le destinataire de nos prières. Il est celui qui s’est révélé pleinement, suffisamment et définitivement en Jésus-Christ. En le priant, nous le reconnaissons comme le Dieu Créateur de l’univers tout entier et comme le Sauveur de nos existences. Le Saint-Esprit oriente nos pensées et nos désirs vers lui afin que notre prière soit en Esprit et en vérité. Ce n’est qu’à cette seule condition que nous pourrons prier Dieu correctement.
Prier Dieu suppose donc savoir tout d’abord qui il est. Mais il nous est impossible de connaître son identité par nous-mêmes, car il est le Dieu invisible, l’Éternel, l’incompréhensible. Même nos élans les plus ardents ne pourraient l’atteindre, car l’homme appelé « psychique », l’homme qui n’est pas dans la sphère de l’Esprit, ne peut connaître que l’erreur, la futilité et le mensonge. Le Dieu qu’il prie n’est qu’une pauvre idole sortie de son imagination. Le Dieu de Jésus-Christ, lui, s’est fait connaître dans sa Parole. Il vit en communion réelle avec nous grâce à son Esprit. Il nous annonce la gloire de son nom, il manifeste sa puissance et nous prouve son amour. Il nous faut, par conséquent, le laisser parler tout d’abord avant de lui adresser notre parole. Ainsi, nous le connaîtrons comme le Dieu de notre salut, celui qui veut pardonner nos offenses. Mais si nous négligeons ce que la Bible dit au sujet de la prière, nous pratiquerons celle-ci rarement et, le plus souvent, de manière fantaisiste. Il n’est pas étonnant que tant de fidèles prient mal ou ne prient plus et que d’autres déclarent encore qu’il leur est impossible de prier.
Mais qu’ont-ils fait pour apprendre à prier? Si nous avions une connaissance authentique de la prière vraie, nous ne prierions plus sans réfléchir et en déballant tout ce qui se passe dans notre cervelle. Nous prierions avec notre cœur et avec notre intelligence, nous laissant former par la pédagogie de la Bible. Nous chercherions à exprimer non pas nos propres désirs, mais notre soif de sa personne et de la communion de son Esprit. Nous prierions pour l’avènement de son règne, la proclamation de sa gloire, la victoire de sa cause. Nous prierions celui qui règne selon sa bonne volonté au ciel comme sur la terre, et dont les décisions sont éternelles.
Dieu connaît les conditions de notre existence, la situation du monde, les circonstances que nous traversons, les épreuves qui s’abattent sur nos pauvres têtes, la peine que nous éprouvons lorsque nous sommes sans recours ni secours humain… Avec sa suprême sagesse, il contrôle tous les événements. Notre prière ne peut, comme telle, l’informer de notre opinion, car elle n’est pas un service de renseignements, un genre de réunion d’information spirituelle… Par la prière, nous chercherons avant tout à marcher devant sa face en toute humilité.
Un grand nombre de prières donnent l’impression que le seul but de cette pratique spirituelle est celui d’obtenir de Dieu tout ce que la personne orante désire. Et obtenir même n’importe quoi, comme si Dieu était notre obligé… ou même une sorte de garçon de courses céleste préposé à notre service, toujours prêt à accourir à nos appels et demandes. Sachons pourtant que les prières capricieuses ne changeront pas les desseins divins. Au contraire, parfois même elles obscurciront à nos yeux certaines réalités. Dieu permet que subsistent des situations apparemment désespérées, aussi bien pour son propre Évangile que pour ses enfants. Il cherche parfois à nous éduquer de cette manière. Il veut nous apprendre à mettre toute notre confiance en sa grâce. C’est en nous appuyant sur ses promesses sûres et fermes que nous pouvons l’honorer, et non en nous livrant à des activités frénétiques.
Celui qui ne s’adresse pas à lui comme Père ne le prend pas au sérieux et ne prend pas au sérieux le salut achevé par son Fils unique, Jésus-Christ, car Dieu n’est notre Père qu’en lui et uniquement grâce à lui. Il n’est pas le Père de n’importe qui se faisant une vague idée de la religion ou mélangeant toutes les religions. Une prière respectueuse n’oubliera pas que Dieu est saint, qu’il se trouve au ciel et que les pécheurs que nous sommes ne peuvent l’approcher sans l’intervention de Jésus-Christ, le Médiateur unique. Il est à la fois notre seul Prêtre et l’unique victime sacrificielle suffisante pour expier nos transgressions. Dans une telle prière, nous chercherons à demander à Dieu ce qui est selon sa volonté. Si nous prions dans cette attitude, nous pouvons être sûrs que la prière sera exaucée.
Que lui demandons-nous d’ordinaire? Parfois, nous prions pour notre prospérité, pour l’abondance d’objets matériels, pour la santé ou le bonheur, la paix et la sécurité, pour nous-mêmes et pour les nôtres…
Mais lorsque nous nous plaçons sur le terrain biblique, nous comprenons que certaines de nos requêtes sont injustifiées, qu’elles ne sont pas de nature spirituelle, mais égoïste, charnelle. Parfois, nous ne prions que quand nous sommes dans la peine et dans la maladie, ou lorsque les événements de notre existence prennent une tournure plutôt mauvaise. Nous demandons alors à Dieu d’ôter le mal, d’apaiser la douleur, de nous épargner l’épreuve, de rétablir la santé, de refaire le bonheur gâché… Pourtant, lorsque nous lisons la Bible, nous apprenons une vérité bien surprenante. Dieu déclare, par exemple, que c’est lui qui fait venir certains maux et cataclysmes. Il rétablit la paix, mais peut également provoquer la guerre. Alors, même en connaissant cette vérité, nous devons apprendre à dire : « que ta volonté soit faite, et non la nôtre ». Nous apprendrons ainsi que toutes les épreuves qui nous assaillent servent à préparer la venue de son Royaume.
Il y a parfois une grande différence entre ce que nous demandons à Dieu et ce qu’il nous donne, parce que nous ne savons pas par nous-mêmes ce qu’il convient de demander. Cela dit, il ne faudrait pas prier pour capter la grâce d’en haut, comme si Dieu se désintéressait de notre sort. C’est pourquoi, à une certaine occasion, Jésus recommandait de ne pas multiplier dans la prière les vains mots et les paroles futiles (Mt 6.7). Cependant, il nous est permis de demander à Dieu tout ce qui est utile pour son règne et sa gloire et tout ce qui est conforme à sa volonté révélée en Jésus-Christ.
Dans le Notre Père, Jésus nous enseigne à prier, comme nous le verrons plus loin, tout d’abord pour la cause de Dieu et ensuite pour nos propres besoins. Cela ne veut pas dire que Dieu exauce uniquement nos demandes pour des besoins spirituels et qu’il se désintéresse de nos besoins physiques ou matériels; mais cela nous montre, une fois de plus, que nous devons établir le bon ordre dans nos requêtes. Remarquons, en passant, que nous ne pourrions servir Dieu bien longtemps si nous n’avions rien à manger et que nous manquions de la force physique nécessaire pour accomplir un ministère à son service et toutes les tâches qu’il nous confie. Même si Dieu ne donne pas automatiquement tout ce que nous jugeons nécessaire, car il n’y est pas obligé, nous pouvons avoir la certitude qu’il pourvoira à nos besoins temporels selon son amour et sa sagesse. Mais si nous souffrons d’une maladie, de la faim ou d’une certaine épreuve, sachons que cela aussi contribue à notre progrès spirituel et nous maintient dans l’obéissance.
On a distingué trois formes de prière : celle de la supplication, celle de l’adoration et, enfin, la prière d’action de grâces ou de reconnaissance. Il ne serait pas facile de distinguer de manière tranchante entre ces trois formes de prière. L’une peut en contenir une autre, ou les deux autres. Nous adorons Dieu parce que nous lui avons auparavant adressé une supplication, une requête, et notre adoration devient aussi et en même temps une action de grâces.
Voici alors mes recommandations : prions Dieu en lui présentant nos humbles requêtes; approchons-nous du Dieu de gloire et de majesté infinie, source débordante de tout bien, à qui il nous est impossible d’apporter une contribution quelconque, vers qui nous allons les mains vides avec la confession de nos offenses et la conscience aiguë de notre misère infinie. Prions-le en Christ, dont la croix et la résurrection l’ont établi comme unique Médiateur, le seul qui puisse obtenir en notre faveur les grâces du Père. À la croix et à la résurrection, notre faim et notre soif de Dieu sont montrées au grand jour. C’est là qu’éclate notre pauvreté et que nos offenses nous jugent et nous condamnent, mais c’est aussi à cet endroit-là que nous somme purifiés, graciés et réintégrés dans la maison du Père. Approchons-nous de Dieu avec la ferme et joyeuse certitude que Dieu nous répondra si nous remplissons toutes les conditions requises pour la prière biblique. Nous pourrons alors conclure toutes nos prières avec un « amen » de confiance. Il nous répondra si nous lui demandons selon sa volonté et il nous accordera le fruit béni qu’il promet en abondance : son propre Saint-Esprit.