Connaissance de l'islam - Un Dieu unique, plusieurs sectes
Connaissance de l'islam - Un Dieu unique, plusieurs sectes
- Les sunnites
- Les chiites
- Les kharidjites
- Les ismaéliens
- Les qarmates
- Les fâtimides
- Les nosaïris
- Les confréries musulmanes
« Deux grandes sensibilités se partagent le monde de l’islam : le sunnisme, ou gens de la “Sunna”, c’est-à-dire de la tradition (90 % des musulmans), et le chiisme, ou gens de la “Chi’â”, ou parti d’Ali (10 % surtout en Iran, en Irak et au Liban) », écrivent Paul Balta et Anne-Marie Delcambe.
Nous les suivrons de près dans l’exposé du présent chapitre. Historiquement, ces deux mouvements sont nés de querelles de succession provoquées par la mort du troisième calife, Othman, et l’élection du quatrième, Ali, cousin et gendre du prophète. En outre, des questions de culture, iranienne et non sémite dans le cas du chiisme, font que sur certains points d’exégèse coranique, la lecture chiite du Coran diffère de la lecture sunnite… Il n’y a pas dans l’islam de magistère de type catholique romain habilité à donner une interprétation universellement contraignante et acceptée de la religion, ni même un organisme fédératif comme c’est le cas pour nombre de dénominations protestantes. Il y a dans l’islam autant de théologies que d’ulémas (docteurs de la loi). Il n’y a pas non plus de clergé au sens précis du terme. En effet, aucun moment de la vie religieuse du musulman ne nécessite la présence d’un médiateur entre Dieu et le croyant.
L’Encyclopaedia Universalis, de son côté, note :
« On peut distinguer dans l’islam deux tendances nettement différentes : celle de l’exotérisme, qui s’attache à la réalité religieuse telle qu’elle est déterminée par son cadre historique et son contenu linguistique, et celle de l’ésotérisme, pour qui la même réalité ne compte que comme absolu, dans son étendue illimitée, c’est-à-dire dans ses valeurs éternelles et sa substance intemporelle, considérées au-delà du contexte historique et linguistique. »
Dans les exotérismes, on classera les « mutazilites », neutres ou indépendants, et les « asharites » qui sont, dans l’islam, les meilleurs représentants de la tendance exotérique, avec des thèses et des conceptions qui restent propres à chacun de ces mouvements.
Le premier désigne un groupe de penseurs musulmans qui se forma dès le second siècle après l’hégire. La première thèse du groupe, le « tawhîd », ou doctrine de l’unité divine, est le dogme fondamental de l’islam. Il ne l’a pas inventée, mais il s’est distingué par l’explication qu’il en a donnée et l’application qu’il en a faite à d’autres domaines de la théologie. Elle est exposée dans le livre classique « Makalat alislamiyyin » : Dieu est unique, nul n’est semblable à lui. Il n’est ni corps, ni individu, ni substance, ni accident. Il est au-delà du temps. Il ne peut habiter dans un lieu ni dans un être. Il n’est ni conditionné ni déterminé, il n’engendre pas et il n’est pas engendré. Il est au-delà de la perception des sens. La deuxième thèse est celle de la justice divine. La troisième est celle des promesses, celle des récompenses aux fidèles. La quatrième thèse considère le péché comme une situation intermédiaire entre la foi et l’infidélité. Le pécheur est dans une situation intermédiaire qui n’est ni celle du croyant ni celle de l’incroyance. La dernière thèse, qui se rapporte à l’impératif moral, concerne la vie de la communauté et les comportements sociaux qu’elle envisage à partir des principes de justice et de liberté.
Les « asharites », fondés au milieu du 4e siècle après l’hégire, ont dominé l’islam sunnite durant des siècles. Dans certaines régions, ils furent même identifiés avec le sunnisme. Ici, l’idée de la création du monde conduit logiquement à la manière dont il convient de concevoir la relation entre Dieu et l’univers.
L’ésotérisme, lui, est représenté dans l’islam religieux par les « soufis », qui sont des mystiques et des spirituels, et par les chiites. Ces deux mouvements expriment par excellence dans le monde musulman la tendance gnostique, un effort total pour comprendre la réalité religieuse dans tous ses aspects.
1. Les sunnites⤒🔗
Descendants spirituels de ceux qui acceptèrent l’arbitrage, les sunnites reconnaîtront le pouvoir de Moâwiyya, fondateur de la dynastie omeyyade qui régnera à Damas et en Andalousie. Selon eux, on doit obéissance à tout calife institué, dès lors qu’il ne commande rien contre les coraniques. Kharidjites et chiites ont été toujours minoritaires et ne représentent aujourd’hui qu’environ 12 % du monde musulman, alors que les sunnites constituent l’écrasante majorité. C’est en vertu du nombre plus que d’un principe théologique que ces derniers ont fait du sunnisme l’orthodoxie de l’islam. Ils s’appelleront « gens de la communauté et de la tradition », d’où le nom de sunnites qui leur est donné (« ahl-al-Jamâ’a, wal Sunna »).
Par opposition à l’idéal chiite ou kharidjite, utopiste, passionné et assez mystique, l’idéal sunnite se veut réaliste, raisonnable et inséré dans l’histoire. Leur exégèse du Coran se borne souvent au sens littéral et, contrairement aux chiites et aux soufis (mystiques), ils se gardent d’en rechercher le sens caché (« bâtin »). Cette prudence ne signifie cependant pas pusillanimité.
2. Les chiites←⤒🔗
Les chiites, légitimistes de l’islam, ont, dès le début, soutenu que les successeurs du prophète devaient être obligatoirement choisis parmi les membres de sa famille.
Malheureusement pour eux, leur désir ne fut réalisé que relativement tard : Ali ne sera calife qu’après l’assassinat d’Othman, et son califat, loin de faire l’unanimité, sera court et violemment contesté. Aïsha, la première, manifeste son opposition et rallie à sa bannière d’anciens compagnons d’Ali. Ce dernier est alors obligé de quitter Médine où il ne trouve aucun appui. Il gagne Koufa, au sud de l’Irak, dont les habitants embrassent sa cause. Il livre là, contre les partisans d’Aïsha, la bataille dite « du chameau » dont il sort vainqueur. C’est la première guerre civile entre musulmans. Un an plus tard, Ali doit affronter un autre adversaire. Ce dernier n’hésite pas à le provoquer. C’est à Suffin que leurs troupes s’affrontent. De nombreux partisans d’Ali refusent l’arbitrage proposé par Moâwiyya, parmi eux les fidèles inconditionnels qui se posent vraiment en « parti » (« chi’â »), estimant qu’il est le seul successeur légitime depuis la mort du prophète. C’est à partir de ce moment qu’ils seront appelés « chiites ».
La notion d’imamat prend en effet avec le chiisme une importance et une extension spéciales. L’imam chiite ne doit pas être confondu avec l’imam sunnite qui, à la mosquée, dirige la prière en se plaçant devant les fidèles (le mot « amamâ » en arabe veut dire devant). Il est imam grâce à une émanation mystérieuse qui, depuis Adam, passe d’un imam à l’autre. C’est cette émanation divine qui le rend impeccable et infaillible. L’infaillibilité fait qu’il ne saurait se tromper et l’impeccabilité le garantit contre toute faute. Il est dépositaire du « sens caché » des versets coraniques, sens caché qui, d’après la tradition chiite, aurait été à l’origine confié par le prophète à Ali; son rôle est d’interpréter le texte sacré.
Le chiisme se scinde en effet en plusieurs branches : duodécimains ou imamites, ismaéliens ou septimaniens, zaydites, jafarites, etc., selon le nombre des imams connus. Les chiites duodécimains ou imamites reconnaissent douze imams. Les chiites septimaniens ou ismaéliens reconnaissent seulement sept imams. Les zaydites sont les chiites les plus modérés. Ils arrêtent à cinq le nombre des imams légitimes et, contrairement aux autres mouvements, reconnaissent comme imam Zayd ben Ali, petit-fils de Hussein.
Si les chiites ont été dans l’histoire persécutés par le pouvoir officiel sunnite, ils n’ont eux-mêmes pas pour autant toléré ces opposants à l’orthodoxie que sont les mystiques (soufis).
3. Les kharidjites←⤒🔗
Les kharidjites sont les opposants fanatiques à l’ascension d’Ali au califat. Le kharidjisme n’est plus guère aujourd’hui qu’une survivance, mais il garde son intérêt pour la compréhension de l’histoire musulmane, car il est le premier des schismes de l’islam. Ils sont les « sortants », « al-khawârij », du verbe « kharaja » qui signifie sortir, parce que, à l’issue d’un violent combat entre Ali et Moâwiyya, ils ont refusé l’arbitrage proposé et ils sont « sortis ».
Qui sont-ils donc ces kharidjites, ces « puritains de l’islam »? Ils se manifestent par leur intransigeance et leur fanatisme. Les kharidjites n’admettent qu’un califat et condamnent le principe de l’hérédité. Ils se trouvent donc en contradiction complète avec les chiites. Ils considèrent, en effet, que le califat peut échoir à tout musulman juste, intègre et pieux, quand bien même il serait esclave abyssin, car il y a égalité absolue des croyants devant Dieu. Ce non-conformisme social s’accompagne d’un rigorisme moral poussé à l’extrême. Pratiquement, ils condamnent le luxe, quel qu’il soit, et proscrivent musique, jeu, tabac et bien entendu boissons alcoolisées. Si donc les kharidjites sont très tolérants pour les musulmans non arabes, en revanche ils sont intransigeants pour les musulmans infidèles qui, à leurs yeux, méritent la mort et la damnation éternelle.
4. Les ismaéliens←⤒🔗
Les ismaéliens, ou septimaniens, sont des chiites extrémistes. Ils limitent à sept les imams légitimes, alors que les chiites, dans leur majorité, en reconnaissent douze. L’activité des ismaéliens fut d’abord uniquement religieuse. Mais elle prit vite un caractère politique, le but étant de détruire le califat et le sunnisme. Ce caractère politique est nettement marqué dans les deux branches de l’ismaélisme les plus connues que sont les qarmates et les fâtimides.
Pour l’ismaélisme, l’histoire est cyclique et comprend sept ères dont chacune est inaugurée par un prophète. L’invitation à la doctrine comprend sept degrés. Elle est fondée sur l’interprétation allégorique du Coran. L’enfer est provisoire, car toute âme revient sur terre par métempsycose (réincarnation) et y reste jusqu’à ce qu’elle ait acquis la science sous la direction de l’imam. Cette branche extrémiste se caractérise par des revendications sociales et politiques. Mais ce n’est qu’un côté apparent. Il y a aussi l’aspect intérieur et ésotérique.
Les ismaéliens extrémistes du Caire annoncèrent (en 1017) que le calife fâtimide Hakim était l’incarnation même de Dieu. Darazi, familier du calife, fut l’un des plus ardents propagandistes d’une doctrine initiatique prenant Hakim comme centre. Les Druzes dérivent leur nom de Darazi et ils sont nombreux en Syrie et au Liban notamment.
5. Les qarmates←⤒🔗
Les qarmates forment une secte qui vit le jour à partir de 877 de notre ère. Elle est à l’origine d’un compagnonnage comportant des grades d’initiation semblables à ceux que l’on trouve dans la franc-maçonnerie occidentale. Gagnant l’Arabie, la secte se transforma en communisme primaire, mais ses excès provoquèrent l’intervention du pouvoir.
6. Les fâtimides←⤒🔗
L’origine des fâtimides est célèbre. Tandis que Hamdân Qarmat prêchait en Mésopotamie, un autre missionnaire (« da’î ») Abu Abd Allah al’Chîi, arrivé au Maghreb en 895, annonçait l’apparition prochaine de l’imam caché. Le « mahdî » annoncé, Obaïd Allah, arrive en Afrique du Nord et rallie à sa cause quelques Berbères (la tribu des Koutama) et un petit groupe de citadins. Le « mahdî » se proclame alors calife, émir des croyants, descendant d’Ali et de Fâtima. Ainsi est instauré le chiisme ismaélien en Ifriqîya. Mais les masses y restent fermement hostiles; de toute façon, maîtres de l’Afrique du Nord, les fâtimides dirigent aussitôt leurs ambitions vers l’Orient dont ils étaient originaires. Soixante-dix ans plus tard, l’ismaélisme était implanté pour deux siècles en Égypte, du 10e au 12e siècle. Mais l’ismaélisme allait prendre en Syrie et au Liban un autre visage.
7. Les nosaïris←⤒🔗
Les nosaïris les plus connus actuellement sont les alaouites de Syrie. Ils croient à une trinité formée d’Ali, de Mahomet et de Salmân. Cette trinité évoque les triades païennes de l’antique Syrie, mais ce paganisme n’est pas le seul élément; on y trouve aussi un curieux mélange avec les fêtes chrétiennes.
Il faut citer encore, comme branche, les nizarites, plus connus sous le nom de secte des « assassins », avec leur principe d’obéissance aveugle, faisant absorber à leurs guerriers un breuvage contenant du chanvre indien (haschisch, d’où le nom de « hachichiyyin » qui leur a été donné, et d’où vient notre mot assassin). Le haschisch provoquait sur eux des hallucinations dont l’ismaélien persan profitait pour les pousser à assassiner les princes et les grands personnages qui combattaient sa puissance. Cette secte s’est maintenue malgré l’arrivée des croisés et des Turcs seldjoukides.
8. Les confréries musulmanes←⤒🔗
À l’islam officiel, sunnite ou chiite, s’oppose un autre islam considéré par tous les docteurs de la loi comme dangereux. Cet islam parallèle, c’est l’islam mystique, ou « soufi ». Cet islam des « assoiffés de Dieu », à la recherche d’une « règle de vie », c’est également celui des confréries (« tariqâ », pluriel « tourouq »).
Ce qui caractérise l’islam des confréries, c’est qu’il est un islam populaire et non pas un islam savant. Il est souvent aussi un islam des campagnes plus qu’un islam des villes. Son succès auprès de la population vient de ce que la tradition mystique plonge dans le vieux fonds des croyances locales. Les cheiks apparaissent à la population comme des faiseurs de miracles et des donneurs d’amulettes. Ils ont la « baraka », la puissance surnaturelle, et portent chance. C’est l’islam du culte des « saints », des tombeaux, des reliques, des miracles…
Mais les confréries représentent aussi une force spirituelle. Souvent, elles ont sauvé l’islam comme croyance et comme tradition culturelle, lorsqu’elles se trouvaient dans un pays où cette tradition était contestée.
Les confréries commencèrent à apparaître au 11e siècle. Très vite, elles se diversifièrent. Il y eut des confréries mystiques, mais aussi des confréries militaires de moines soldats pour la défense de l’islam. Il y eut même en Égypte des confréries féminines. Quelques grandes confréries se retrouvent dans l’ensemble du monde musulman même si certaines ont un caractère purement local. Si l’on examine leur répartition géographique dans le Proche-Orient, on peut les trouver dans quelques grands pays, en tête desquels vient l’Égypte. Il n’y a pas de pays, en effet, où elles soient aussi prédominantes.
Le mysticisme semble avoir trouvé une certaine place en terre d’islam depuis ses débuts. Mahomet lui-même, quoique n’étant pas de tempérament mystique, fut très souvent attiré par des périodes de solitude et de jeûne. Plusieurs facteurs encouragèrent une telle attitude, à l’instar des ermites chrétiens, nombreux en Arabie. Dès l’origine, ce dut être une vue assez commune de voir des ascètes errants entourés de leurs disciples, tous vêtus d’un vêtement de laine simple et dont les soufis tirent justement leur nom.
La mystique se développa bientôt selon des lignes davantage spéculatives et philosophiques. En cela, l’islam a été grandement redevable à l’Église grecque orientale, mais également à des croyances perses et à une certaine influence hindoue… Le penseur musulman prétend réconcilier certains des enseignements du Coran avec la spéculation de la pensée grecque, en se réfugiant dans la mystique. Le soufi pense que l’âme humaine possède une étincelle divine, bien qu’elle soit emprisonnée dans le monde des sens. Le cœur humain est le miroir, bien obscur, de la déité. Il appartient au mystique de le nettoyer des sensations du monde matériel et de l’orienter vers le Dieu unique. C’est ainsi qu’il recevra l’illumination divine.
C’est lors d’une extase qu’il reçoit la révélation. Toute une science se développe alors pour savoir comment atteindre cette étape extatique. La piété de quelqu’un est évaluée non par la sainteté de son comportement, mais par le degré et la fréquence de ses expériences extatiques. Durant cet état, il réalise une totale unité avec Dieu. Cependant, durant des siècles, les mystiques furent regardés par le fidèle orthodoxe avec une grande méfiance.
Plus tard apparut l’ordre des derviches. Le principe soufi d’une soumission aveugle se prononça davantage, et bientôt le groupe fonda une fraternité permanente. Chacun des ordres des derviches retrace ses origines vers un saint du passé dont les pouvoirs miraculeux seraient transmis à leurs successeurs; ces ordres sont composés soit de derviches professionnels, soit d’adhérents non professionnels, qui visitent les monastères avec une régularité plus ou moins grande et prennent part au « dikr », ou forme de répétition du nom de Dieu adopté par un ordre donné, qui permet alors d’entamer l’étape de l’extase. L’appartenance à de telles fraternités était, jusqu’à il y a peu, très fréquente chez les musulmans, même ceux appartenant aux classes professionnelles.
En outre, la vaste majorité des gens dans ces pays croient implicitement non seulement aux pouvoirs miraculeux d’hommes saints (marabouts, chefs des ordres des soufis) dont la prière, le toucher, la respiration et même la salive exhaleraient une vertu, la « baraka », mais également en des saints trépassés dont les tombeaux sont visités et l’intercession implorée. Dans l’islam populaire, le monothéisme pur du credo a été dilué dans une pléthore de survivances animistes, dont certaines ont été tolérées déjà par le prophète, mais d’autres sont ouvertement opposées à ses enseignements, laissant les gens dans la servitude et l’angoisse, et faisant d’eux des proies sans défense face à de nombreuses et malhonnêtes exploitations financières. Pour gagner la protection, la guérison ou la fertilité, on implore régulièrement le secours de la hiérarchie des saints conduite par Qutb et ses divers lieutenants, lesquels tiendraient périodiquement un parlement mystique.
Si les confréries font peur, la raison en est que l’influence qu’elles exercent n’est pas seulement d’ordre spirituel. L’exemple le plus frappant est celui du rôle qu’elles ont joué en Afrique du Nord, principalement en Algérie au temps de la colonisation.
Toutes ces confréries ont en commun certaines pratiques rituelles : mortification, récitation de litanies, solidarité des membres, emprise du maître sur ses subordonnés qui parfois tourne à l’esclavagisme; ces pratiques peuvent être influencées par le milieu local.
La confrérie favorise un enracinement local de l’islam, mais son caractère fétichiste est rejeté par les docteurs de la loi et par l’élite. Muhammad Abduh, le grand réformateur musulman, accuse les mystiques d’avoir « efféminé » l’islam! En fait, la méfiance à l’égard des confréries semble bien tenir à la peur qu’éprouve l’orthodoxie sunnite ou chiite devant l’aspect plus humain que revêt la religion lorsqu’elle quitte le chemin de la loi pour emprunter la voie de l’amour.