La croissance du christianisme dans le monde
La croissance du christianisme dans le monde
Le christianisme est-il une religion en voie de disparition, comme certains l’affirment, ou bien connaît-il une croissance réelle de par le monde? C’est le thème de la réflexion de cet article. Nous allons considérer quelques statistiques en ce début du 21e siècle, et tâcher d’en tirer un certain nombre d’enseignements. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de déterminer l’actualité du christianisme, et plus spécifiquement de la Parole de Dieu, en termes de statistiques (ce que certains ont parfois tendance à faire). Il s’agit plutôt de discerner quelques signes qui à leur manière parlent aujourd’hui de l’action du Dieu tout-puissant dans le monde qui lui appartient et pour lequel il a un plan. Cette action se manifeste bien souvent de manière mystérieuse, elle n’est pas toujours perçue par les chrétiens eux-mêmes. La réduire à une série de chiffres est totalement inconcevable d’un point de vue croyant. Mais cela n’exclut pas non plus qu’on puisse apprendre quelque chose au sujet de l’action de Dieu au travers de données fiables rassemblées par des chercheurs compétents.
Pour commencer, tournons-nous, comme nous en avons l’habitude, vers la Bible, la Parole inspirée de Dieu. Il y a quelque 3800 ans, Dieu faisait une promesse à un homme à qui il avait choisi de se révéler : Abraham. Cet habitant de Mésopotamie, qui vivait dans la grande ville d’Ur, reçoit une bénédiction très spéciale de la part de l’Éternel Dieu. Entre autres, cette bénédiction comprend les mots suivants : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gn 12.3). Cela signifiait qu’au-delà de la lignée physique d’Abraham, une lignée spirituelle descendrait de lui, s’étendant à tous les peuples de la terre.
Cette promesse reçoit une signification particulière lorsque le Messie promis aux descendants physiques d’Abraham, Jésus-Christ, parle à ses disciples de la fin des temps et de son avènement final. Il leur dit : « Il faut premièrement que la bonne nouvelle soit prêchée à toutes les nations » (Mc 13.10). Cela signifie-t-il que chaque personne vivant sur terre doive être convertie à Jésus-Christ avant que celui-ci ne revienne dans sa gloire pour instaurer de manière visible et définitive son royaume éternel? Ce n’est pas ce qui est impliqué ici. Mais cette déclaration de Christ implique bien que tous les groupes ethniques, culturels et linguistiques vivant sur terre doivent avoir été évangélisés, c’est-à-dire exposés à la prédication de l’Évangile, et qu’il existe au sein de chacun d’eux des Églises fidèles à leur Seigneur et Sauveur.
En Europe occidentale, continent très déchristianisé, il est à la mode de dire que le christianisme a fait son temps, qu’il s’agit d’un vestige religieux et culturel du passé qui doit être remplacé par un ensemble de valeurs adaptées à notre situation moderne. On pointe du doigt la sécularisation de la société, la désaffection des Églises, le manque d’intérêt pour ce qu’on appelle « la pratique » chrétienne. Les églises sont vides, les vocations de prêtres ou de pasteurs se font rares, et puis, le discours des Églises est-il vraiment différent du discours idéologique dominant? Qu’apporte-t-il de vraiment original dans les débats de société?
Il est fort possible que la conformité au discours dominant des paroles prononcées par maints responsables ecclésiastiques soit en grande partie responsable de la désaffection des populations européennes vis-à-vis des Églises chrétiennes. Notons en premier lieu que désaffection vis-à-vis des Églises ne signifie pas du tout manque d’intérêt pour la pratique religieuse. L’explosion des sectes, des groupes théosophiques et autres communautés mystiques prouve bien que la soif d’expression religieuse reste entière, en Europe comme ailleurs. Mais, par delà cette remarque, notons que les Européens ont une fâcheuse tendance à considérer leurs idées et leurs pratiques comme étant au centre du monde, comme reflétant ce qui se passe sur le reste de la planète. Le rôle particulier joué dans le monde par les pays européens au cours des siècles derniers fait trop facilement croire aux habitants de ce continent qu’ils continuent de donner le ton à tout ce qui se passe sur terre. En conséquence, si le christianisme décroît chez eux, cette tendance ne peut que se répéter ailleurs, pensent-ils faussement. Ainsi, le christianisme serait en voie de disparition partout ailleurs.
C’est là qu’il convient de rafraîchir les mémoires paresseuses ou endormies avec quelques chiffres bien éloquents : en 1995, la population d’Europe occidentale représentait quelque 10 % seulement de la population mondiale, et cette proportion, en raison du faible taux de natalité des pays européens, décroît au fur et à mesure. Plus de 60 % de la population mondiale vit en Asie. Ce qui se passe sur d’autres continents sur le plan humain affecte beaucoup plus d’individus. Or, même s’il existe des différences d’appréciation sur la croissance du christianisme, même parmi les organismes qui font de la recherche à ce sujet, il y a unanimité autour du fait que jamais le christianisme n’a grandi en nombre plus qu’à notre époque.
Entre l’événement de Pentecôte, au début de l’ère chrétienne, et le début du 20e siècle, il s’est écoulé environ 18 siècles : c’est tout le temps pris par le christianisme pour constituer 2,5 % de la population mondiale. Mais ce taux a été multiplié par deux dans les 70 années qui ont suivi, atteignant ainsi 5 %. Cela alors que la population mondiale augmentait de façon dramatique, notez-le bien. Et ce taux de 5 % a plus que doublé durant les 30 dernières années, puisqu’on estime à 11,2 % le taux de population chrétienne dans le monde aujourd’hui. Pour la première fois dans l’histoire des hommes, il y a sur terre un chrétien pour neuf non-chrétiens. 65 % des chrétiens sont du reste des hommes et des femmes de couleur, d’origine non européenne.
Prenons quelques exemples plus précis de la croissance du christianisme en Asie : il y a quelque 50 ans, il n’y avait qu’un million de chrétiens en Chine. Durant le demi-siècle qui a suivi, et qui a été marqué par d’intenses persécutions de la part de l’État communiste chinois, ce chiffre s’est élevé à 80 millions. Au Népal, pays situé entre la Chine et l’Inde, il n’y avait dans les années 1980 qu’une toute petite minorité de chrétiens, du reste persécutés dans cette forteresse de l’hindouisme. Aujourd’hui, le Népal compte des centaines de milliers de chrétiens, représentés dans plus de cent différents groupes de population.
On estime à 176 000 le nombre de conversions quotidiennes au christianisme, de par le monde. D’après certaines estimations, environ un million de communautés chrétiennes ou Églises auraient vu le jour durant la dernière décennie, et trois millions verraient le jour durant la décennie à venir. Rien qu’en Asie et en Afrique, il naît environ un millier d’Églises chrétiennes par semaine (quelque trois cents sur le continent africain). On estime que le taux annuel de croissance du christianisme dans le monde se situe quelque part entre 4,7 % et 5,3 %, soit deux fois le taux de croissance de l’Islam, qui est d’environ 2,7 % par an.
Mais ces chiffres encourageants, qui témoignent avant toute chose de l’action du Saint-Esprit dans le monde, ont aussi une autre face : toutes ces jeunes communautés manquent cruellement de pasteurs qualifiés, et même souvent de bibles. Un seul exemple : l’Église Évangélique Chrétienne en Zambie comprend 675 communautés, mais seulement 30 pasteurs dûment formés. Une autre Église en Ouganda comprend quelque 1000 communautés, ou paroisses, pour 8 pasteurs seulement. La croissance du christianisme en nombre ne va pas nécessairement de pair avec les moyens adéquats pour former des pasteurs, des évangélistes et les membres de ces jeunes Églises.
Quel enseignement dispense-t-on aux fidèles? Quelle influence bénéfique sur la société le christianisme peut-il exercer si la Parole de Dieu n’est pas prêchée fidèlement, et si chaque membre n’est pas incité à prendre son poste au sein du Royaume de Dieu, et à y travailler avec constance, zèle et humilité? Le christianisme est-il destiné à être un fleuve large de 10 kilomètres, mais profond de 20 centimètres seulement?
Peut-être connaissez-vous la parabole du semeur prononcée par Jésus-Christ, et que nous trouvons au chapitre 13 de l’Évangile selon Matthieu. Elle nous raconte comment le semeur a semé sur différents types de terrains. Dans un des cas, « les graines tombèrent dans les endroits pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre; ils levèrent aussitôt parce qu’ils ne trouvèrent pas une terre profonde; mais quand le soleil se leva, ils furent brûlés et séchèrent faute de racines. » Une terre non arrosée, où la semence de la Parole divine est tombée, mais que rien ne soutient, aura peu de chances de laisser croître de bonnes plantes. L’approfondissement de la connaissance de la Parole de Dieu est essentiel pour une croissance spirituelle saine et constante. Les trésors contenus dans cette Parole divine ne seront appropriés par chaque croyant que si l’Esprit de Dieu vient les inscrire profondément dans son cœur et son esprit. Il faut d’abord prier pour recevoir ce don, comme la lettre de Jacques, dans le Nouveau Testament, nous l’enseigne :
« Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous libéralement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, que le vent agite et soulève. Qu’un tel homme ne pense pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur; c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies » (Jc 1.5-8).
Foi et Vie Réformées tâche, de manière modeste, de contribuer à l’approfondissement de la connaissance de la Parole de Dieu par ses auditeurs. En vous présentant des méditations sur des sujets divers, nous souhaitons avant toute chose que vous parveniez à la connaissance de celui qui est la Parole incarnée de Dieu, Jésus-Christ, son Fils éternel devenu homme, afin qu’en lui vous trouviez la paix et le repos et possédiez l’assurance de la vie éternelle sans aucunement douter des promesses de Dieu.