La demeure de Dieu sur terre
La demeure de Dieu sur terre
Pour introduire cet article, voici une question bien simple : Dieu habite-t-il au ciel ou sur terre? Je m’explique. Si Dieu habite au ciel (c’est-à-dire, bien sûr, pas entre deux étoiles ou sur une galaxie particulière, mais au-delà de l’univers physique), comment peut-il être présent sur terre, au milieu des hommes qui sont une entité microscopique absolument infime dans l’univers qu’il a créé? Si, au contraire, il habite avec les hommes sur terre, comment peut-il être au ciel, au-delà de la réalité créée?
Cet article sur « la demeure de Dieu sur terre » a pour but de répondre à cette question. Comme d’habitude, je le ferai en m’appuyant sur le témoignage de la Bible. Car, et c’est un début de réponse, si Dieu, qui est élevé au-dessus de toutes choses, s’était désintéressé du sort de ses créatures infimes et microscopiques, il n’aurait pas pris la peine de parler aux hommes et de se révéler à eux au cours de leur histoire. Or, il l’a fait, en s’accommodant à notre niveau et en parlant de manière accessible à notre compréhension humaine, c’est-à-dire en s’abaissant bien au-dessous de sa majesté divine afin que nous, les humains, connaissions notre Créateur et apprenions à l’aimer et à lui obéir en toutes choses. Quant à moi, jamais je n’oserais toucher à une question aussi mystérieuse si je n’avais l’entière certitude que Dieu a en effet parlé aux hommes et que le message de la Bible reste valable pour tous les hommes et pour toutes les époques.
Dans l’Ancien Testament, au chapitre 33 du livre de l’Exode, se trouve mentionnée la tente de la rencontre, que le chef du peuple d’Israël, Moïse, avait installée en dehors du camp des Israélites. Ils vivaient dans le désert après leur sortie d’Égypte, et l’Éternel Dieu, qui les en avait délivrés, les accompagnait dans leur marche.
« Moïse prit la tente et la dressa pour lui hors du camp, à quelque distance; il l’appela tente de la rencontre; et quiconque voulait consulter l’Éternel sortait vers la tente de la rencontre, qui était hors du camp. Lorsque Moïse sortait vers la tente, tout le peuple se levait et chacun se tenait à l’entrée de sa tente et suivait des yeux Moïse jusqu’à ce qu’il soit entré dans la tente. Lorsque Moïse entrait dans la tente, la colonne de nuée descendait et s’arrêtait à l’entrée de la tente, et l’Éternel parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la colonne de nuée s’arrêter à l’entrée de la tente, alors tout le peuple se levait et se prosternait chacun à l’entrée de sa tente. L’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. Puis Moïse retournait au camp; mais son jeune assistant, Josué, fils de Noun, ne bougeait pas de l’intérieur de la tente » (Ex 33.7-11).
Comme vous le voyez, Dieu est présent au milieu du peuple qu’il s’est choisi et qu’il accompagne au cours de ses pérégrinations. Il se laisse consulter par son serviteur Moïse, même si la tente préparée à cet effet est située en dehors du camp.
Plus tard dans l’histoire d’Israël, probablement autour de l’an 960 avant Jésus-Christ, le roi Salomon bâtit dans sa capitale Jérusalem un Temple pour l’Éternel Dieu. Il l’érigea sur Sion, la colline située sur le côté est de la ville, donc cette fois au milieu de la communauté. Écoutez comment en parle le Psaume 132, toujours dans l’Ancien Testament :
« Oui, l’Éternel a choisi Sion, il l’a désirée pour son habitation, c’est mon lieu de repos à toujours; j’y habiterai, car je l’ai désirée; je comblerai de bénédictions ses ressources, je rassasierai de pain ses pauvres; je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses fidèles pousseront des cris de joie » (Ps 132.13-16).
Donc l’Éternel habite plus près de son peuple que ce n’était le cas dans le désert.
Cependant, dans tout l’Ancien Testament il est dit très clairement que sa demeure est au ciel, et que même le ciel ne peut le contenir. Salomon lui-même, le bâtisseur du Temple, l’exprime dans la prière qu’il prononce au moment de la dédicace du Temple :
« Mais quoi? Dieu habiterait-il véritablement sur la terre? Voici que les cieux des cieux ne peuvent te contenir; combien moins cette maison que je t’ai bâtie! Toutefois, Éternel, mon Dieu, sois attentif à la prière de ton serviteur et à sa supplication pour écouter le cri et la prière que ton serviteur t’adresse aujourd’hui. Que tes yeux soient nuit et jour ouverts sur cette maison, sur le lieu dont tu as dit : Là sera mon nom! » (1 R 8.27-29).
Dieu, donc, s’accommode à son peuple. Dans son Temple, ses prêtres offrent les sacrifices qu’il a prescrits. Des musiciens y louent son nom par leurs chants et avec les instruments de musique. La communion avec lui peut y être recherchée et trouvée par les justes.
Pourtant, au fil du temps, les prophètes témoignent du jugement qui va tomber sur les chefs du peuple corrompus, ainsi que sur les prêtres et ceux qui servent dans le Temple, eux aussi corrompus. Dieu va exercer un jugement sur son peuple et se détourner complètement de sa demeure. Le prophète Michée l’annonce comme suit au troisième chapitre de sa prophétie, écrite plus de 200 ans après la construction du Temple, quelque part entre l’an 740 et l’an 730 avant Jésus-Christ :
« Écoutez donc ceci, chefs de la maison de Jacob et princes de la maison d’Israël, vous qui rendez abominable le droit et qui pervertissez toute droiture, vous qui bâtissez Sion avec le sang versé, et Jérusalem avec la méchanceté. Ses chefs rendent leurs jugements contre des pots-de-vin, et ses prêtres se font payer pour dispenser l’enseignement, et ses prophètes prédisent l’avenir pour de l’argent. Et ils s’appuient sur l’Éternel en disant : L’Éternel n’est-il pas au milieu de nous? Par conséquent, aucun malheur ne pourra nous atteindre. Aussi, par votre faute, Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem deviendra un tas de ruines; la montagne du Temple sera une colline couverte de broussailles » (Mi 3.9-12).
Et c’est effectivement ce qui est arrivé, en l’an 587 avant Jésus-Christ lorsque tout Jérusalem, le Temple y compris, a été détruit par l’armée du roi babylonien Neboukadnetsar. Soixante-dix ans plus tard, entre 520 et 516 avant Jésus-Christ, le Temple sera reconstruit par la communauté des Juifs revenus d’exil, sous la direction de leur chef Zorobabel. Les livres d’Esdras, d’Aggée et de Zacharie dans l’Ancien Testament témoignent de cette reconstruction. Quelque 350 ans plus tard, en l’an 167 avant Jésus-Christ, ce second Temple fut profané par le roi grec Antiochus Épiphane : celui-ci fit ériger un autel en l’honneur du dieu païen Zeus Olympus à l’endroit même où se trouvait l’autel où l’on offrait les sacrifices prescrits par l’Éternel. On trouve mention de ce fait au livre du prophète Daniel :
« Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles aboliront le sacrifice perpétuel et dresseront l’abomination du dévastateur. Il séduira par des flatteries les traîtres de l’alliance. Mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu agira avec fermeté » (Dn 11.31).
Trois ans plus tard, les Juifs reprendront le contrôle du Temple et celui-ci, après avoir été purifié, sera de nouveau dédicacé. Cent ans plus tard, en 63 avant Jésus-Christ, une nouvelle profanation aura lieu lorsque le général romain Pompée s’emparera de Jérusalem et fera du petit royaume de Juda, qui avait connu un siècle d’indépendance, une partie de l’Empire romain. Trente ans plus tard, en 37 avant Jésus-Christ, Hérode le Grand causera des dégâts dans les murs du Temple lors de son propre assaut contre Jérusalem pour s’installer au pouvoir, sous l’égide des Romains. Dix-sept ans plus tard en l’an 20 ou 19 avant Jésus-Christ, ce roi entreprendra un travail colossal de reconstruction du Temple, afin de plaire aux Juifs et de gagner leur faveur. Ce nouveau Temple, auquel on travaillera encore 46 ans plus tard, sera cependant démoli en l’an 70 après Jésus-Christ, à la suite d’une révolte des Juifs contre les autorités romaines. C’est le jeune Titus, fils de l’empereur romain Vespasien, qui dirigera les opérations militaires. Depuis, le Temple de Jérusalem n’a jamais été reconstruit, et sur son emplacement se trouve aujourd’hui une grande mosquée musulmane, même si des vestiges de ses murs sont encore présents. Les Juifs de Jérusalem et du monde entier viennent régulièrement y prier.
Qu’est-il donc arrivé à la demeure de Dieu sur terre? A-t-elle disparu à tout jamais? Faut-il conclure de cette destruction que Dieu n’habitait pas avec les hommes, qu’il n’avait de toute manière jamais habité avec eux, que tout cela n’était que la fantaisie religieuse d’êtres humains perpétuellement en quête du divin? Ou bien faut-il penser, comme le font certains, à reconquérir cet emplacement pour y construire à nouveau un Temple où Dieu sera adoré comme au temps de l’Ancien Testament? Dieu n’a certainement pas déserté le monde et les humains, mais en Jésus-Christ il est venu manifester sa présence de manière insurpassable.
Entre-temps, s’était cependant produit l’événement le plus décisif de l’histoire de l’humanité. Un événement qui allait donner un caractère indestructible au Temple de Dieu sur terre. La lettre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, commence par ces mots :
« À bien des reprises et de bien des manières, Dieu a parlé autrefois à nos ancêtres par les prophètes. Et maintenant, dans ces jours qui sont les derniers, c’est par son Fils qu’il nous a parlé » (Hé 1.1-2).
Un événement décisif, car le Fils de Dieu a révélé le Temple de Dieu final et parfait : l’Évangile l’appelle Emmanuel, c’est-à-dire « Dieu avec nous », en la personne de laquelle a eu lieu le sacrifice final et parfait mettant fin à tous les sacrifices qui se déroulaient dans le Temple de Jérusalem.
Dans l’Évangile selon Jean, Jésus lui-même disait aux Juifs :
« Démolissez ce temple et je le rebâtirai en trois jours. » Alors les Juifs lui répondirent : « Comment? Il a fallu 46 ans pour reconstruire le Temple, et toi tu serais capable de le reconstruire en trois jours! Mais en parlant du temple, Jésus faisait allusion à son propre corps. Plus tard, lorsque Jésus fut ressuscité, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite » (Jn 2.19-21).
Le corps de Jésus-Christ, « Dieu avec nous », la demeure de Dieu sur terre, a bien été détruit lorsqu’il est mort crucifié sur la croix de Golgotha. Il y a cependant une différence fondamentale entre cette destruction et celle des temples de pierre : ce que des hommes ont fait intentionnellement au Temple vivant de Dieu sur terre pour le profaner, Dieu l’a transformé en un sacrifice parfait et final pour la réconciliation des hommes avec lui. Cette crucifixion a été à la fois l’accomplissement d’un jugement de Dieu sur la rébellion des hommes contre lui et l’instrument d’une réconciliation parfaite.
L’apôtre Paul le dit très explicitement dans sa lettre aux chrétiens de Colosses :
« Car c’est en lui que Dieu a désiré que toute plénitude ait sa demeure. Et c’est par lui qu’il a voulu réconcilier avec lui-même l’univers tout entier : ce qui est sur terre et ce qui est au ciel, en instaurant la paix par le sang que son Fils a versé sur la croix » (Col 1.19-20).
La différence avec les temples de pierre consiste aussi en ce que cette fois-ci, c’est Dieu lui-même, et non des hommes, qui a relevé son Temple vivant sur terre, en faisant ressusciter son fils Jésus-Christ des morts, en le relevant et le faisant sortir vainqueur de la mort et du tombeau. Depuis, la place du Temple incorruptible de Dieu n’est plus sur une colline située à l’est de Jérusalem, soumise à toutes sortes d’attaques et de profanations. Jésus-Christ, le chef, est assis à la droite de Dieu le Père, et à travers son Esprit il habite dans son corps ici sur terre : « Il est lui-même la tête du corps de l’Église » (Col 1.18).
À une autre communauté chrétienne, celle des Éphésiens, il a écrit aussi :
« Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ, lui-même étant la pierre de l’angle. En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu en Esprit » (Ép 2.20-21).
Quel privilège pour les croyants de savoir qu’ensemble ils forment un Temple saint pour le Seigneur, un Temple dont la pierre centrale est Jésus-Christ lui-même, qui règne sur toutes choses depuis sa demeure céleste, à la droite du Père!
Au chapitre 4 de sa lettre aux Éphésiens, écrite depuis la prison où il se trouve enchaîné, Paul décrit maintenant le caractère du Temple de Dieu sur terre, son Église qui est un corps indissociablement uni à sa Tête céleste.
« Moi qui suis prisonnier à cause du Seigneur, je vous demande donc instamment de vous conduire d’une manière digne de l’appel qui vous a été adressé : soyez toujours humbles, aimables et patients, supportez-vous les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres. Il y a un seul corps et un seul Esprit; de même, Dieu vous a appelés à une seule espérance lorsqu’il vous a fait venir à lui. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous. Cependant, chacun de nous a reçu la grâce de Dieu selon la part que le Christ lui donne dans son œuvre. […]
C’est lui qui a fait don de certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, et d’autres encore comme pasteurs et enseignants. Il a fait don de ces hommes pour que ceux qui appartiennent à Dieu soient rendus aptes à accomplir leur service en vue de la construction du corps du Christ. Ainsi nous parviendrons tous ensemble à l’unité de la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient du Christ. De cette manière, nous ne serons plus des petits enfants ballottés comme des barques par les vagues et emportés çà et là par le vent de toutes sortes d’enseignements, à la merci d’hommes habiles à entraîner les autres dans l’erreur. Au contraire, en vivant selon la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête : le Christ. C’est de lui que le corps tout entier tire sa croissance pour s’affermir dans l’amour, sa cohésion et sa forte unité lui venant de toutes les articulations dont il est pourvu, pour assurer l’activité attribuée à chacune de ses parties » (Ép 4.1-16).
Si vous avez été bien attentifs à ce passage de la lettre de Paul aux Éphésiens, vous aurez remarqué que le Temple de Dieu sur terre est d’abord caractérisé par l’unité : « Il y a un seul corps. » Là où Satan, l’adversaire de Jésus-Christ, cherche systématiquement à diviser, Dieu a instauré l’unité spirituelle, c’est-à-dire l’unité dans son Esprit. Ceux que Dieu a appelés à lui, il les a amenés dans son Église pour former une unité; les croyants sont appelés à la maintenir. Cela dit, exprimer cette unité, la vivre au quotidien n’est pas une chose évidente. Plusieurs personnes avec chacune un bagage différent, une histoire différente, des tempéraments et des idées différentes ne forment pas facilement une telle unité. Des disputes ou des conflits peuvent facilement surgir entre elles, car tous sont pécheurs, personne non plus ne dispose d’une sagesse parfaite. Il peut facilement arriver que certains essaient d’imposer leurs vues aux autres. C’est pourquoi il faut bien comprendre que l’unité dont il est question ici ne provient pas des hommes en tant que tels, mais de Dieu qui les a appelés.
« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous » (Ép 4.5-6). La confession de foi commune des croyants est la toute première expression visible de cette unité. Les membres de l’Église confessent une foi qui ne diffère pas selon les uns ou les autres : « Il y a une seule foi », écrit Paul. Le baptême est une autre expression de cette unité. Le baptême n’est pas administré aux uns et aux autres avec une signification différente chaque fois. Les promesses divines qui sont comprises dans le baptême valent de la même manière pour tous : « Il n’y a qu’un seul baptême », écrit encore Paul. Soulignons-le une fois de plus, c’est Dieu qui instaure l’unité de son Temple sur terre, et ce que cette Église confesse publiquement, devant le monde, ce ne sont pas ses propres œuvres, mais ce que Dieu a fait et a donné, dans l’unité de ce don.
Cela dit, le peuple de la Nouvelle Alliance, l’Église de Jésus-Christ, est appelé à vivre et à donner une expression visible à cette unité. Et la manière principale, écrit Paul aux Éphésiens, c’est de vivre en paix et en harmonie les uns avec les autres, par delà les différences qui pourraient provoquer des divisions ou des conflits :
« Soyez toujours humbles, aimables et patients, supportez-vous les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres » (Ép 4.1-3).
Cela exige de chacun de demeurer humble et empreint de sagesse; cela demande souvent de renoncer à certains intérêts personnels, à certains désirs ou idées et cela à cause de la croissance du corps dans son entier et son unité. Avant toute chose, cela exige de chacun des croyants de garder les yeux fixés sur la perfection de Jésus-Christ, car, écrit Paul au même chapitre : « En lui, tout l’édifice bien coordonné s’élève pour être un Temple saint dans le Seigneur » (Ép 4.16). Lorsque cette perspective est perdue de vue, lorsque toutes sortes de priorités et de considérations personnelles ou pragmatiques prennent le dessus, alors l’unité avec le Christ, qui conditionne l’unité des membres de son corps entre eux, se perd graduellement.
L’unité constitue la marque première du Temple de Dieu sur terre. Mais cette unité est rendue possible par la diversité de dons que Jésus-Christ a faits à son Église. Unité et diversité ne sont pas contradictoires, comme c’est le cas également chez le Dieu Trinitaire. En fait, l’expression de l’unité spirituelle dans l’Église est seulement possible lorsque les dons différents que Jésus-Christ lui-même a distribués sont combinés pour l’édification de la demeure spirituelle où habite Dieu. Paul conclut ce passage de sa lettre aux Éphésiens de la manière suivante :
« C’est de lui que le corps tout entier tire sa croissance pour s’affermir dans l’amour, sa cohésion et sa forte unité lui venant de toutes les articulations dont il est pourvu, pour assurer l’activité attribuée à chacune de ses parties » (Ép 4.16).
Car tous n’ont pas reçu tous les dons à la fois : « Chacun de nous a reçu la grâce de Dieu selon la part que le Christ lui donne dans son œuvre », a écrit Paul un peu auparavant (Ép 4.7).
Mais de quels dons parle-t-il exactement? Ici, l’apôtre Paul parle très spécifiquement de certains services au sein de l’Église destinés à équiper tous les membres du corps avec la Parole du Seigneur.
« C’est lui qui a fait don de certains comme apôtres, d’autres comme prophètes, d’autres comme évangélistes, et d’autres encore comme pasteurs et enseignants. Il a fait don de ces hommes pour que ceux qui appartiennent à Dieu soient rendus aptes à accomplir leur service en vue de la construction du corps du Christ » (Ép 4.11-12).
Apôtres et prophètes : c’est par eux que Dieu a parlé et a consigné sa révélation aux hommes de toutes époques, de toutes situations, de toutes catégories. Évangélistes : ce sont eux qui répandent la Bonne Nouvelle de l’Évangile, qui le proclament en tous lieux. C’est par exemple ce ministère-là qu’exerce « Foi et Vie Réformées » au moyen d’émissions radiophoniques. Pasteurs et enseignants : leur vocation est de faire en sorte que les membres de l’Église soient régulièrement nourris par la Parole de Dieu et que tout au sein de l’Église se déroule conformément à cette Parole parfaite.
La Confession de foi réformée des Pays-Bas dite Belgica l’exprime de la façon suivante à l’article 30 :
« Nous croyons que cette vraie Église doit être gouvernée selon le mode spirituel d’organisation que notre Seigneur nous a enseigné dans sa Parole. Il doit y avoir des ministres ou pasteurs pour prêcher la Parole de Dieu et pour administrer les sacrements. Il doit aussi y avoir des anciens et des diacres qui, avec les pasteurs, forment le conseil de l’Église. Par ce moyen, ils préservent la vraie religion, ils veillent à ce que la vraie doctrine soit gardée, à ce que les hommes qui vivent dans le péché soient corrigés spirituellement et tenus en bride, et à ce que les pauvres et les affligés soient secourus et consolés selon leurs besoins. Par ce moyen, toutes choses seront bien faites et le bon ordre régnera dans l’Église lorsque de tels hommes fidèles seront élus, selon la règle que l’apôtre Paul donne à Timothée (1 Tm 3.1‑13; Tt 1.5‑9). »
Vous le voyez, l’édification de la demeure spirituelle de Dieu sur terre se fait tout premièrement par la proclamation, la prédication et l’enseignement de la Parole de Dieu, qui n’est autre que Jésus-Christ lui-même, lui qui est la pierre d’angle du Temple de Dieu et la tête du corps de l’Église.
On n’insistera jamais assez sur le fait que Jésus-Christ et lui seul est le but principal de la croissance de l’Église, de toutes ses actions et manifestations. Par l’exercice des dons et des services qu’il a donnés à son Église, celle-ci doit croître régulièrement et continuellement, jusqu’à ce que « nous parvenions tous ensemble à l’unité de la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient du Christ » (Ép 4.13). Combien de fois n’arrive-t-il pas, dans la vie des Églises, dans leurs actions et manifestations, que Jésus-Christ soit mis de côté et qu’il soit remplacé par toutes sortes de plans qui négligent de le considérer dans toute sa gloire? Comme s’il devait passer au second plan, comme s’il comptait moins que d’autres considérations, matérielles, personnelles ou politiques; comme si par eux-mêmes les hommes pouvaient devenir adultes et obtenir la plénitude spirituelle. Combien de fois n’arrive-t-il pas que les hommes veuillent contrôler et diriger les affaires de l’Église à l’aide de toutes sortes de méthodes très sophistiquées comme si l’Église leur appartenait, et non pas exclusivement à lui? Comme si son Esprit et sa Parole n’étaient pas suffisants pour nourrir et conduire l’Église, et qu’il fallait leur substituer des inventions humaines…
Mais écoutez à nouveau ce que dit Paul de la vraie croissance spirituelle, et l’avertissement qu’il adresse à ceux qui chercheraient à grandir d’une autre manière :
« Ainsi nous parviendrons tous ensemble à l’unité de la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’adultes, à un stade où se manifeste toute la plénitude qui nous vient du Christ. De cette manière, nous ne serons plus des petits enfants ballottés comme des barques par les vagues et emportés çà et là par le vent de toutes sortes d’enseignements, à la merci d’hommes habiles à entraîner les autres dans l’erreur. Au contraire, en vivant selon la vérité dans l’amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête : le Christ. C’est de lui que le corps tout entier tire sa croissance pour s’affermir dans l’amour, sa cohésion et sa forte unité lui venant de toutes les articulations dont il est pourvu, pour assurer l’activité attribuée à chacune de ses parties » (Ép 4.13-16).
Dans le commentaire qu’il a écrit sur ce passage, le réformateur français du 16e siècle Jean Calvin écrit ce qui suit, et nous terminerons cet article sur la demeure de Dieu sur terre en le citant :
« Saint Paul a voulu exposer quelle est la vraie foi et en quoi elle consiste : à savoir, quand le Fils de Dieu est connu. Car la foi doit regarder à lui seul, dépendre de lui, se reposer et être enclose en lui. Si elle passe outre, elle s’évanouira; elle ne sera plus foi, mais tromperie. Souvenons-nous donc que la vraie foi est tellement enclose en Christ, qu’elle ne sait rien d’autre que Christ et ne souhaite savoir rien d’autre. »