Les dons de l'Esprit - La liste des charismes
Les dons de l'Esprit - La liste des charismes
- Romains 1.11
- Romains 5.15-16
- Romains 6.23
- Romains 11.29
- Romains 12.6-8
- 1 Corinthiens 1.7
- 1 Corinthiens 7.7
- 1 Corinthiens 12 à 14
- 2 Corinthiens 1.11
- Éphésiens 4.11-12
- Les lettres pastorales
Grammaticalement parlant, charisme ou « charisma » dans le grec original apparaît au neutre : « charisma pneumatikon ». Il désigne les dons comme tels et leur exercice. Dans certains cas, il apparaît au masculin lorsque le don est subordonné à la personne qui le reçoit. Mais tous ont leur source en Dieu. En grec, « pneumatikon » désigne normalement ce qui est spirituel en contraste avec ce qui est naturel. Il est gratuit, librement accordé.
Le terme ne se trouve pas dans le grec classique; c’est surtout sous la plume de saint Paul que nous le rencontrons. L’apôtre s’en sert soit de manière générale, par exemple lorsqu’il parle du don de la rédemption, soit de manière spéciale, lorsqu’il fait état du don de l’Esprit. Dans l’un comme dans l’autre cas, il est spécifique à l’Église; on ne le rencontre pas en dehors de celle-ci.
Outre le terme « charismes », plusieurs autres termes désignent les dons de l’Esprit, tels « mérisma » et « domata pneumatika ». Les principales occurrences chez Paul sont les suivantes. En voici le contexte ainsi que l’occasion qui lui permet de les utiliser.
1. Romains 1.11⤒🔗
En exprimant son intention de rendre visite aux chrétiens de la capitale de l’empire, Paul leur fait part de son désir de leur communiquer une grâce, un don spirituel (« charisma pneumatikon »). L’article indéfini « ti » semble laisser entendre que l’apôtre envisage de leur impartir le don le plus approprié, celui dont ils auront besoin. Plus intéressant est de noter la combinaison du substantif et de l’adjectif « charisma pneumatikon » qui apparaît ici pour l’unique fois. Nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’une simple tautologie. Dans le contexte des versets 11 et 12, l’objectif du don spirituel est double : d’une part, fortifier la foi des membres de l’Église de Rome, d’autre part, leur permettre de s’encourager mutuellement. Il y a attente de réciprocité, car lui aussi bénéficiera de l’expérience de ces nouveaux chrétiens.
2. Romains 5.15-16←⤒🔗
Le double usage du « charisma » sert ici à établir le contraste entre le Christ et Adam. Dans cet objectif, l’apôtre a recours à trois autres substantifs, « charis », « dôréa » et « dôrèma ». On a noté que les deux derniers ne sont pas utilisés dans le même sens que le premier. On en déduit que « charis », la grâce, précède « dôrèma », le don spirituel. D’autres ont noté que la grâce qui précède le don rend ce dernier abondant dans ses effets. Mais on peut également penser qu’en tant que synonymes, ces termes expriment la même idée, par exemple dans Éphésiens 4.7, où Paul se sert de « charis » pour exprimer « charisma ». À notre avis, le terme paulinien « charisma » contient tout ce qui est déjà du domaine de la « charis », de la grâce, de l’œuvre rédemptrice de Dieu réalisée et concrétisée en Jésus-Christ.
3. Romains 6.23←⤒🔗
Paul emploie le terme « charisma » de nouveau comme une antithèse, cette fois-ci l’opposant au salaire du péché qui se présente sous la forme de mort, et le don de Dieu apparaissant sous la forme de vie éternelle. Selon E. Käsemann, cité par Satzmann, les autres charismes existent à cause de l’existence de ce charisme, auquel ils sont tous reliés, et ils n’existent que parce que le don de la vie éternelle a été manifesté de manière eschatologique dans le règne du Christ déjà inauguré.
Pour Paul, avoir un charisme signifie prendre part à la vie, à la grâce et à l’Esprit du Christ ressuscité. En réalité, obtenir la vie véritable coïncide avec la réception même de l’Esprit. Ni l’un ni l’autre ne peuvent se séparer de la grâce de Dieu. En se servant de ce mot, ici encore Paul pense également à tous les dons présents et futurs, à cause de la « charis » de Dieu. En d’autres mots, pour employer encore ses propres termes, « nous avons tout pleinement en Christ » (Col 2.10). Celui qui a été justifié par grâce, au moyen de sa foi en Christ, est un chrétien charismatique, dans le plein et vrai sens du terme.
4. Romains 11.29←⤒🔗
On ne s’étonnera pas que, suivant cette logique, Paul pense à Israël comme à un peuple charismatique lorsqu’il dit que « ces dons gratuits et l’appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11.29). Il est certain que le pluriel « charismata » se réfère à certaines manifestations de la grâce dans la vie d’Israël. Sans doute pensait-il à ce qu’il écrivait plus haut, dans Romains 9.4, « leur adoption, leur gloire, les alliances, le don de la loi, le culte du temple, les promesses ». Dans Romains 11.29, il est légitime de penser qu’aussi bien « charisma » que « klèsis », la vocation divine, sont des explications et explicitations de l’élection d’Israël. Nous n’entrerons pas ici dans un débat avec les dispensationalistes relatif à la permanence de ces dons dans la vie d’Israël et à la restauration de ce peuple en tant qu’entité nationale. Il nous suffit de préciser que saint Paul a recours à l’exemple d’Israël pour signaler la grandeur de la grâce de Dieu. Là où Israël ne méritait aucunement la faveur divine, la grâce de Dieu a surabondé.
5. Romains 12.6-8←⤒🔗
L’une des principales listes des dons spirituels dues à la plume de l’apôtre se trouve dans Romains 12.6-8 et, à cet égard, elle présente un intérêt bien particulier. Il ne faut pas déduire, parce qu’il rédige sa lettre aux Romains depuis Corinthe, que dans cet écrit Paul projette ses préoccupations corinthiennes; car son argumentation corinthienne sera davantage vigoureuse, voire polémique par rapport à ce qu’il écrit dans notre passage. La situation à Rome est totalement différente. Il n’existe aucun indice permettant de conclure que l’Église de Rome souffrait des mêmes troubles que celle de la ville de l’Achaïe. De toute manière, il ne devait pas connaître la situation à Rome pour pouvoir en parler directement et en détail, comme dans le cas corinthien. Paul songe encore ici au facteur d’édification que sont les dons spirituels; son intention est plus pastorale et davantage parénétique que celle de son écrit corinthien.
6. 1 Corinthiens 1.7←⤒🔗
Il existe une étroite affinité entre 1 Corinthiens 1.7 et 1 Corinthiens 12.8-10. Les Corinthiens ne manquent d’aucun don. L’usage du terme « charismata » est technique, dans le sens qu’il englobe tous les dons spirituels dont les chrétiens ont été les bénéficiaires. Parmi ces dons, le « panti logô », « en toute parole », comprend tout discours inspiré et non seulement une glossolalie exceptionnelle. Ce n’est pas une minorité qui est dotée de dons, mais tous les croyants. Les « charismata » sont le résultat de l’Évangile prêché et établi à Corinthe. Ainsi qu’on le fait remarquer, le mal à Corinthe ne provient pas de l’absence de dons, mais de la disproportion, de l’exagération et des abus qu’on fait de certains d’entre eux.
Ils sont dans l’attente ardente de la manifestation du Christ, de son prochain retour, mais le don de charismes n’est nullement la réalisation ou l’accomplissement du futur attendu, il n’en est que l’avant-goût, voire seulement des arrhes. L’apôtre développera cette idée au chapitre 13, que nous avons déjà abordé.
7. 1 Corinthiens 7.7←⤒🔗
Le célibat est présenté comme un charisme, et ce dans le cadre de la discussion au sujet du mariage, sur lequel les Corinthiens avaient interrogé l’apôtre. Est-ce à dire que toute sorte de célibat est un don spirituel? Pas forcément. Il est plus vraisemblable de conclure qu’il s’agit plutôt de l’abstinence sexuelle, considérée comme un don. Jürgen Moltmann, cité par Satzmann, écrit que l’Esprit rend vivant de manière charismatique l’ensemble de la vie biologique, culturelle et religieuse d’une personne.
On peut également ajouter que le célibat ne sert pas, comme tel, l’édification de l’Église, mais pointe vers le futur, « l’eschaton ». L’intérêt pour l’œuvre du Seigneur ne se borne pas à un ministère exclusivement ecclésiastique, mais s’étend à toute la manifestation de la vie nouvelle, afin de plaire au Seigneur. Il ne faut pas en déduire forcément qu’une telle vie fonde ou encourage une conception monastique de l’existence chrétienne.
8. 1 Corinthiens 12 à 14←⤒🔗
Notre introduction a déjà résumé la situation corinthienne et a exposé brièvement l’occasion qui permit à Paul d’exprimer sa pensée au sujet des dons spirituels. Nous suivrons les points saillants de l’exposé de Satzmann dans ce passage capital, afin de mieux comprendre à la fois la théologie de Paul et la relativité de certains charismes : Paul aborde le sens des dons spirituels. Il leur applique ensuite le test christologique. Le caractère fondamental des dons est exposé dans les versets 4 à 6. 1 Corinthiens 12.8-10,28-30 donne une liste des charismes. 1 Corinthiens 12.12-27 développe le but opératif des dons. Dans 1 Corinthiens 13.1-3, nous lisons au sujet des langues des hommes et de celles des anges, des pouvoirs prophétiques, de l’intelligence des mystères de la connaissance, de la foi, du sacrifice de soi et des offrandes.
9. 2 Corinthiens 1.11←⤒🔗
Le contexte du passage rend évident que le terme n’est pas employé dans son acception technique comme dans l’épître aux Romains et la première aux Corinthiens. Il s’agit de la délivrance d’un danger mortel dont Paul a été le bénéficiaire (voir Ac 19.23-41).
10. Éphésiens 4.11-12←⤒🔗
La même approche qu’en Romains 12.6-8, plus pastorale que polémique, se trouve dans une autre liste de dons, dans Éphésiens 4.11-12. Cette liste contient sept dons : la prophétie, le service ou diaconie, l’enseignement, l’exhortation, la charité, la présidence (du culte), les œuvres de compassion. De cette énumération des dons, celui de prophétie est le seul qui revient constamment dans les autres listes. Au point de vue grammatical, seules la prophétie et la diaconie se trouvent sous la forme de substantif, alors que les autres apparaissent comme des participes présents.
11. Les lettres pastorales←⤒🔗
Deux passages retiendront ici notre attention : « Ne néglige pas le don qui est en toi… » (1 Tm 4.14). « Je t’exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains » (2 Tm 1.6). La première mention ou utilisation du terme laisse supposer que Paul fait davantage allusion à l’intériorisation du charisme et, comme tel, il le considère comme étant de nature permanente. Ici encore, le don est considéré comme étant d’origine divine. On fait remarquer cependant que si Romains et 1 Corinthiens soulignent davantage la source divine du charisme, les pastorales, elles, en relèvent l’aspect humain, leur application immédiate dans la vie du récipiendaire. Plus loin, nous examinerons le sens de chaque don pris individuellement.