La guérison Approche biblico-théologique
La guérison Approche biblico-théologique
Il y a actuellement un grand intérêt pour la question des guérisons et d’autres dons spectaculaires.
Comment les conclusions de notre étude dans ce numéro influent-elles sur cette question et sur la place de ces dons dans la vie de l’Église? La guérison et les dons apparentés se distinguent des dons verbaux comme la prophétie et les langues. Ils soulèvent d’autres questions que celles de la révélation et de la source de la Parole de Dieu pour l’Église. La conclusion à tirer est que ces dons énumérés en 1 Corinthiens 12.9,29 et présents dans les Actes, surtout lorsqu'ils sont exercés régulièrement par un individu, font partie de la structure de l'Église au moment de sa fondation. Ils sont au nombre des « signes des apôtres » au sens large, qui ont disparu de la vie de l’Église.
Les ministères contemporains de guérison, exercés par ceux qui prétendent avoir ce don sont loin d’avoir l’ampleur et la puissance souveraine des miracles de Jésus et des apôtres (Mt 4.23; Lc 8.43; Jn 11.43; Ac 5.15; 19.11). Il n’y a que les âmes les plus charitables et sans discernement qui puissent admettre que les guérisons actuelles sont les « œuvres plus grandes » que Jésus a promis à ses disciples d’accomplir, parce qu’il s’en allait auprès du Père (Jn 14.12). Cette promesse se réfère certainement à l’évangélisation des nations du monde, à accomplir après l’ascension et la venue du SaintEsprit (voir Jn 4.34-38).
Ceci dit, il ne faut surtout pas négliger la volonté et la puissance souveraines de Dieu pour guérir les malades aujourd’hui, particulièrement en réponse à la prière (Jr 5.14-15). Il n’y a rien dans les Écritures qui nous permette de nier la réalité des guérisons. Ces interventions de Dieu continuent à travers l’histoire de l’Église jusqu’à présent. Il n’y a pas de raison valable pour que les chrétiens aujourd’hui doutent de la possibilité de la guérison, même dans le cas de maladies médicalement sans espoir. Ici encore, notre Dieu « par la puissance qui agit en vous peut faire infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Ép 3.20).
Ayant souligné ce point, il convient de préciser que si Dieu guérit, en effet, des maladies jugées incurables par la médecine moderne, cela ne signifie pas pour autant que c’est sa volonté de guérir toutes les maladies, ou même un grand pourcentage des malades. Autrement, la foi prendrait une importance anormale. C’est elle qui, finalement, constituerait le facteur décisif du succès ou de l’échec de la lutte contre la maladie. Cette conception ne tient compte ni du rôle de la maladie dans la vie du croyant ni du vrai caractère de la foi.
L’expérience de Paul lui-même, racontée en 2 Corinthiens 12.7-9, est révélatrice à cet égard. Bien que la nature exacte de « l’écharde dans la chair » demeure mystérieuse, il s’agit sûrement d’une maladie ou d’une infirmité physique. C’était sans doute une affection persistante et douloureuse. Cette dernière particularité est suggérée par l’image d’une « écharde » et par la description de ses effets avec le mot « souffleter ». Cette affection est évoquée plus loin comme accomplie par « un ange de Satan », Satan étant à l’origine de la maladie et de la souffrance (Lc 13.16), même si celles-ci sont envoyées (« données ») par Dieu.
Paul affirme qu’il a supplié le Seigneur « trois fois » de le débarrasser de cette épreuve. Beaucoup d’exégètes anciens (dont Calvin) ont compris cette expression « trois fois » comme une figure de style, signifiant que Paul a prié bien des fois ou longuement à ce sujet. Même s’il faut le comprendre littéralement, cette expression ne signifie pas « seulement trois fois », comme si l’apôtre priait par intermittence ou sans ferveur. On pense inévitablement à la prière d’agonie que Jésus a prononcée à trois reprises à Gethsémané (Mt 26.44).
L’expression « trois fois » indique que la prière de Paul a été intense et répétée. Paul a cherché le Seigneur de tout son cœur, afin d’être délivré de son affection. Pourtant, le Seigneur ne l’a pas exaucé. Ce refus n’est pas à attribuer à un manque de foi ou à un autre défaut chez Paul. L’ensemble du texte ne permet pas une telle conclusion. Au contraire, le refus du Seigneur d’accorder cette guérison a eu des raisons positives : c’est afin que la grâce suffisante du Christ puisse se manifester et que sa puissance s’accomplisse dans la faiblesse de l’apôtre; et aussi pour que Paul soit gardé de tout orgueil ou sentiment d’autosuffisance (voir Ga 4.13 où Paul indique que c’est à cause d’une maladie qu’il a prêché l’Évangile aux Galates pour la première fois).
Cette expérience est certainement liée aux révélations uniques qu’il a reçues en tant qu’apôtre (v. 7). Néanmoins, il n’y a aucune raison de douter que la fonction de son « écharde dans la chair » soit celle d’un paradigme des souffrances physiques dans la vie de tous les chrétiens.
Des slogans faciles comme « la guérison est pour aujourd’hui » et « Dieu désire que toutes les maladies soient guéries » tordent l’enseignement biblique et peuvent ébranler gravement la foi de ceux qui sont déjà éprouvés par la douleur ou la souffrance. La confusion créée par ces idées prive les croyants de l’une des grandes bénédictions de Dieu pour son peuple lorsqu’il est dans la détresse, y compris la souffrance physique, à savoir la bénédiction d’apprendre, au sein de l’épreuve, ce qu’a découvert Paul : « Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12.10).