Introduction au livre de Sophonie
Introduction au livre de Sophonie
- Auteur
- Date
- Circonstances
- Style
- Plan
-
Message
a. Le jour du Seigneur
b. Les humbles
c. Le Christ et Sophonie
1. Auteur⤒🔗
Le premier verset nous donne le nom des ancêtres de Sophonie jusqu’à la quatrième génération, ce qui est inhabituel dans les livres prophétiques; ceci nous permet de ne pas confondre ce Sophonie avec les autres mentionnés dans l’Ancien Testament. En hébreu, son nom signifie « Dieu cache » ou « protège ». Le prophète fait peut-être allusion à cette signification de son nom. Voici les autres personnages dans l’Ancien Testament qui portent le même nom : Sophonie, le prêtre appelé parfois Uriel (1 Ch 6.36); Sophonie, père de plusieurs contemporains de Zacharie (Za 6.10,14); Sophonie, le prêtre, contemporain de Jérémie (Jr 21.1; 37.3).
Parmi les ancêtres de Sophonie est mentionné Ézéchias, que l’on pense être certainement le roi de ce nom. Si ce dernier n’est pas ici désigné comme roi, c’est parce qu’immédiatement après Josias est nommé expressément roi de Juda; Sophonie était donc de sang royal. Il naquit probablement pendant le règne de l’impie roi Manassé et prophétisa pendant celui de Josias, son parent. Qui sait s’il ne fut pas le moyen de la conversion du jeune souverain à l’âge de 16 ans? Sa parenté avec le roi ne lui rendit certes pas sa tâche plus facile. Avec fidélité et courage, il dénonça les péchés sociaux et religieux du peuple : Injustices sociales, tyrannie des chefs (So 3.1-5); corruption morale (So 3.7); luxe (So 1.8); indifférence religieuse (So 1.6,12; 3.2); renouveau d’idolâtrie (So 1.4-5); infidélité des sacrificateurs et des prophètes (So 3.4).
Sophonie a appartenu, comme le montre l’esprit de son message, aux milieux prophétiques qui plus tard, sous Josias, exigeaient que fût définitivement extirpé le mal qui empoisonnait depuis si longtemps toute l’existence du peuple de Dieu. Il a dû être l’un des précurseurs de la réforme radicale entreprise par Josias.
Le cadre géographique du prophète est délimité par Jérusalem, le palais, le temple, la vieille ville et la nouvelle ville; par des villes philistines et le littoral dont il connaît les conditions politiques; par des peuples voisins (Gaza, Askalon, Asdod, Ekron, les Kérétiens, les Philistins, Moab, les Ammonites, les Éthiopiens, Ninive).
Le fait probable de sa descendance royale lui permit sans doute un accès facile à la cour royale.
2. Date←⤒🔗
Le premier verset nous informe qu’il a prophétisé à l’époque de Josias, qui régna en Juda de 640 (ou 641) à 609 (ou 610). Les données du texte confirment cette indication : Ninive n’est pas encore détruite lors de la rédaction de cette prophétie (So 2.13); elle le fut peu d’années après en 612.
Le texte parlant de « restes de Baal » (So 1.4-5), il semble que Sophonie ait exercé son ministère au milieu du règne de Josias, après le début de la réforme entreprise par le roi pieux, mais avant le grand réveil qui éclata vers la fin de son règne (So 3.4). C’est donc avec beaucoup de vraisemblance que nous pouvons placer Sophonie entre 630 et 624 avant J.-C.
Il est alors le contemporain de Jérémie et de la prophétesse Hulda. Il connut probablement aussi Habacuc et Nahum.
3. Circonstances←⤒🔗
Quand Josias monte au trône, il n’a que 8 ans. Il se trouve devant un lourd héritage. Son père Amon et son grand-père Manassé avaient essayé de reconstruire le pays en collaboration étroite avec le vainqueur. Toute tentative de soulèvement militaire était exclue ainsi que la moindre velléité de résistance spirituelle. Sur le plan spirituel comme sur le plan politique, les successeurs d’Ézéchias entendaient mettre le royaume au pas de l’Assyrie. Extérieurement, cette tendance se manifestait par l’adoption des modes assyriennes. Mais il fallait également une mise au pas intérieure. Pour y parvenir, il était nécessaire d’anéantir l’antique croyance au Dieu de l’alliance qui constituait le plus sérieux obstacle à cette entreprise.
La lutte fut tout d’abord menée du dehors. Loin de persécuter les croyants ou d’interdire la foi orthodoxe, on se contenta, pour commencer, d’introduire certaines innovations dans la vie religieuse. Tout en se réclamant du Dieu de l’alliance, on fit place dans le temple aux images et aux rites païens. Après cela, il fut facile de porter des coups plus décisifs à la religion du Dieu d’Israël. Peu à peu, la cour se mit à favoriser ouvertement les pratiques idolâtres, et bientôt le dieu assyrien du soleil devint l’objet d’un culte officiel, tandis que les Baals retrouvaient leur influence et qu’un simulacre d’Ishtar, la déesse de l’amour, était placé dans le temple. On déduisait de l’extraordinaire pouvoir de l’Assyrie, au faîte de sa puissance à cette époque, que ses dieux étaient supérieurs à tous les autres dieux.
Ceci eut des répercussions politiques apparemment heureuses et accrut la prospérité matérielle. Mais comme il fallait s’y attendre, les autorités politiques finirent par révéler leurs intentions véritables : une violente persécution se déclencha contre la communauté des fidèles et une religion syncrétiste fut ouvertement pratiquée. Le palais royal était peuplé. Les ministres et les membres de la famille royale, peuplant le palais royal, gravissaient l’estrade du trône parés de vêtements à la mode étrangère.
Les Moabites et les Ammonites proféraient des injures contre Juda et vantaient en particulier les avantages de leur pays.
Ninive, la capitale de l’Empire assyrien est, à cette époque, le centre du monde. Moi, rien que moi… L’Assyrie semble disposer encore de toutes ses forces et Ninive n’est pas encore détruite. C’est la période des fortes influences étrangères, surtout assyriennes, et aussi du culte des astres.
Tout l’arrière-plan du livre de Sophonie est, en fait, une époque exceptionnellement dramatique qui posait au prophète la question du sens de l’histoire. C’est le temps de l’expansion assyrienne, avec les destructions et les cruautés qu’elle apportait toujours. Quelques décennies plus tard, la situation se renversera. Les Mèdes anéantiront Ninive, puis les Babyloniens déferleront. Jérusalem sera assiégée trois fois et finira par la ruine de 587. Pendant tout ce temps, mais particulièrement durant la période assyrienne qui marque le long règne de Manassé, Jérusalem ne pouvait rester à l’écart. Serrée dans le corridor palestinien, elle participa aux intrigues politiques et aux jeux de coalition auxquels se livraient les petits états situés entre la Mésopotamie et l’Égypte. Le roi Amon fut assassiné vraisemblablement par un groupe d’officiers décidés à rejeter le joug assyrien. Face à ce mouvement égyptophile, il y eut une contre-révolution immédiate du peuple du pays, grâce à laquelle Josias âgé de 8 ans monte sur le trône.
« D’après 2 Chroniques 34 et 35 (voir surtout 34.3,8 et 35.19; comparez 2 Rois 22.3 et 23.23), il y eut dans la vie et la carrière de Josias trois phases décisives dont chacune marqua un progrès sur la précédente : la huitième année de son règne, Josias se tourna vers Dieu; la douzième, il commença une œuvre de purification au sein de son royaume souillé par l’idolâtrie; la dix-huitième enfin, il fit procéder à la réparation du temple, ce qui eut pour effet la découverte d’un exemplaire du livre de la loi, le renouvellement de l’alliance avec l’Éternel, la célébration de la Pâque et l’achèvement de la réforme » (Bible Annotée, Introduction à Sophonie).
C’est durant la seconde période qu’il convient de placer la composition du livre, car l’œuvre de purification n’est pas encore entreprise et le paganisme est vivace.
« Le service que Sophonie put rendre à Josias fut de concourir avec lui à former et à augmenter un peuple de gens humbles et craignant Dieu (So 2.3), un saint reste, qui échappât au jugement (So 3.12). La masse de la nation était perdue, en effet, et la réforme de Josias, quelque généreuse et énergique qu’elle fût, ne réussit malheureusement qu’à couvrir d’un vernis extérieur la corruption qui était dans le fond des cœurs. C’était pour Juda un vrai temps de répit; mais cette heure décisive de son histoire était comme le calme avant l’orage qui allait bientôt éclater » (Bible Annotée, Introduction à Sophonie).
4. Style←⤒🔗
« Le livre est un tout unique, qui a certainement été produit d’un jet à un moment donné [et non un recueil de différents messages ou discours]. Peut-être cette rédaction a-t-elle eu lieu à la fin de la carrière du prophète, comme résumé de toute sa prédication. Cet écrit est en même temps comme la quintessence, le sommaire de toute la prophétie hébraïque. Ce qui caractérise en effet Sophonie, c’est sa vue d’ensemble; d’un coup d’œil, il embrasse toutes les nations et tous les siècles » (Bible Annotée, Introduction à Sophonie).
Prophète, il ne manque pas d’intelligence, mais chez lui l’imagination fait place au sérieux et au calme, avec lesquels il examine la situation morale et religieuse de son temps. Son âme est remplie d’indignation en présence du mal, ce qui se traduit dans un style plein de vie et d’énergie. C’est avec une franchise courageuse qu’il condamne le péché là où il le rencontre.
5. Plan←⤒🔗
1. Introduction (cadre historique) - 1.1
2. Le Dieu de justice ou le jugement - 1.2 à 3.8
a. Annonce du jugement - 1.2-6
b. Description du jour de l’Éternel - 1.7-18
c. Appel à la repentance - 2.1-3
d. Nations étrangères - 2.4-15
e. Prophéties de jugement sur Jérusalem - 3.1-8
3. Le Dieu d’amour ou le fruit du jugement - 3.9-20
a. Les restes d’Israël purifié - 3.9-13
b. La joie du règne et de la présence du Messie - 3.14-17
c. Le rassemblement du peuple de Dieu - 3.18-20
6. Message←⤒🔗
Un ciel apocalyptique et une terre pour les pauvres du Seigneur, tels sont les deux horizons de Sophonie avec une réalité centrale : Dieu au milieu de son peuple, car Dieu seul orchestre l’histoire et sauve les humiliés.
a. Le jour du Seigneur←↰⤒🔗
Avec Joël, Sophonie est le livre des petits prophètes qui décrit avec le plus de détails le « jour de l’Éternel », expression que les voyants de l’Ancienne Alliance emploient pour désigner la période de jugements divins qui précédera le règne du Messie.
Que sera ce jour? Pour Dieu : le terme de sa patience, l’époque où éclatera le feu de sa jalousie pour châtier les méchants. Pour les nations : un jour d’angoisse, d’obscurité et de destruction où retentiront les cris de guerre.
Qui souffrira de ce jour? Les hommes, et cela sur toute la surface de la terre; Jérusalem et le peuple de Dieu. Les humbles seuls, ceux qui cherchent leur secours en Dieu, s’efforceront de pratiquer la justice et auront des chances d’être épargnés.
Quelle sera l’issue de ce jour? La conversion des nations; le châtiment des ennemis du peuple de Dieu; la conversion des restes d’Israël; la venue du messie, source de joie; le rassemblement d’Israël.
Le grand message de ce petit livre c’est que la patience du Dieu de sainteté touchera un jour à sa fin. En ce jour terrible, nul n’échappera au jugement, si ce n’est les humbles. Mais ce jour sera l’aube d’une ère nouvelle, sujet de joie sans mélange pour le peuple de Dieu.
Dieu n’est pas un étranger pour son peuple. Il lui est connu par sa Parole, c’est-à-dire par le droit de l’alliance transmis de père en fils et par les faits du passé. Mais ce peuple se conduit comme s’il ne connaissait pas Dieu. Aussi Dieu entre-t-il en procès avec lui. Dieu châtiera les crimes impitoyablement dénoncés d’Israël et des nations étrangères. « Le jour de l’Éternel » signifie aussi le châtiment des nations étrangères impies, hostiles à l’égard de la communauté des fidèles. Il fera éclater l’universalité de son règne comme sa fidélité à l’alliance et purifiera les lèvres de ceux qui invoquent son nom. Contre le double front de l’orgueil et de l’infidélité se dresse le Dieu de la colère. En face de lui, les seuls à pouvoir résister seront « les humbles du pays ».
C’est le thème qui a rendu célèbre la prophétie de Sophonie. C’est l’axe de gravitation de la pensée du prophète avec deux pôles : Israël d’un côté, les nations de l’autre, deux forces antagonistes dont la résultante sera le reste. Ce thème est commandé par la conjoncture historique des grandes perturbations politiques du temps. Le jour du Seigneur est le moment où celui-ci venge son peuple, décrète son sort, le sauve comme autrefois, au temps de l’Exode, et, pour cela, renouvelle ses prodiges terrifiants contre les nations.
Mais la conception de Sophonie dépasse le cadre strict de l’histoire; ce qu’il prédit, c’est un cataclysme cosmique. Sans trahir la moindre hésitation ni l’ombre d’une émotion, le prophète annonce ce jour de colère et de destruction. Si les humbles peuvent bien espérer, l’histoire finira cependant dans un festin de sang présidé par Dieu lui-même. Le jour du Seigneur sera le jour d’un bouleversement général. Avec une ampleur inégalée, Sophonie décrit un jugement qui, dans la terreur et la désolation, atteindra non seulement les hommes et les civilisations, mais tout ce qui a vie sur terre et constituera une sorte de désintégration de la création.
Toutefois, le jour du Seigneur n’apparaît pas tout d’abord chez Sophonie comme la fin du monde et de l’histoire, mais comme la métamorphose et la refonte du peuple de Dieu, la fin d’un âge de péché. Tout va déboucher dans les chants d’allégresse du reste.
b. Les humbles←↰⤒🔗
À côté des coups de tonnerre de sa voix de prophète, Sophonie a des accents de tendresse pour les petits qui mettent en pratique la volonté du Seigneur. Ceux-là échapperont au cataclysme de la colère divine. Ils sont le reste, le nouveau peuple de Dieu.
Dans ses propres discours, l’Éternel se présente comme le Maître tout-puissant de toute vie sur la terre. Il est capable de produire partout des bouleversements effrayants, mais il est capable de réaliser aussi son plan nouveau : transformer l’humanité tout entière. Il se présente ensuite comme celui qui appelle Sion ou Jérusalem « mon peuple », qui désire que ce peuple soit humble, aimant et véridique, et qui n’admet pas qu’il adore d’autres dieux. En reniant l’héritage spirituel et culturel, les hommes ne sauraient prétendre à une existence indépendante et que seule une transformation violente, totale, miraculeuse, pourra rendre apte à s’approcher de lui. Il leur rappelle aussi qu’il y a une différence entre les nations étrangères et le peuple de Dieu.
c. Le Christ et Sophonie←↰⤒🔗
Dans l’Évangile, Jésus s’est référé à deux reprises à Sophonie : Sophonie 1.3 en Matthieu 13.41 et Sophonie 1.15 en Matthieu 24.29. Les deux passages sont relatifs au jour de l’Éternel et associés avec le retour du Christ. Bien que le Messie ne soit pas expressément mentionné dans Sophonie, il est clair qu’il est celui qui accomplira les promesses de Dieu (So 3.9-20; voir spécialement So 3.15).