Introduction au livre de Zacharie
Introduction au livre de Zacharie
1. Auteur⤒🔗
Les deux sections suivantes (1 et 2) sont tirées de la Bible Annotée (Introduction à Zacharie).
Le nom de Zacharie (en hébreu Zécaria) est un des plus fréquents dans l’Ancien Testament qui mentionne plus de vingt personnages différents auxquels il est attribué. Il signifie « celui dont l’Éternel se souvient » ou simplement « l’Éternel se souvient ». L’auteur de notre livre est appelé « fils de Barachie, fils d’Iddo »; Esdras le nomme à côté d’Aggée comme ayant, avec lui, provoqué la reconstruction du temple, mais en le désignant sous le nom de « fils d’Iddo » (Esd 5.1 et 6.14). Il n’y a aucune contradiction entre cette indication d’Esdras et les données du livre de Zacharie; en effet, l’Ancien Testament passe souvent sur les termes intermédiaires d’une généalogie pour relever seulement les noms principaux, en les rattachant ainsi immédiatement les uns aux autres; par conséquent, le terme « fils » prend parfois le sens de descendant.
Le père de Zacharie est probablement mort jeune et sans avoir occupé aucune position importante. Iddo, au contraire, doit avoir joué un certain rôle au milieu des exilés rentrés dans leur patrie. Il est mentionné (Né 12.4), comme chef d’une des familles sacerdotales revenues de Babylone et comme ayant exercé le sacerdoce sous le souverain sacrificateur Josué. Il résulte des passages de Néhémie (Né 12.4,16) qu’Iddo a dû vivre longtemps encore après le retour de l’Exil, car, au moment de la reconstruction du temple, Josué était encore souverain sacrificateur. Zacharie devait donc être à peine dans la force de l’âge lorsqu’il commença son ministère prophétique en 520.
Ces quelques détails sont les seuls renseignements que contient l’Ancien Testament relatifs à Zacharie. On peut les résumer comme suit : Il naquit sans doute en Exil, dix ou vingt ans avant l’édit de Cyrus; son ministère prophétique embrassa les années 520 à 516; plus tard, il revêtit la charge sacerdotale que lui transmit son grand-père Iddo.
Nous ne nous arrêterons pas au récit que l’on fait de sa mort violente. Dans Matthieu 23.34-35, Jésus fait allusion au meurtre de Zacharie, fils de Jehojada, lapidé par ordre du roi Joas dans le parvis de la maison de l’Éternel (2 Ch 24.21), et non au meurtre présumé de notre prophète. Il serait étrange que deux prophètes du même nom eussent subi le même sort et au même endroit. Les mots « fils de Barachie » dans Matthieu sont une faute de copiste. Ils ne se trouvent pas dans le parallèle de Luc 11.51. Suivant Jérôme, l’évangile des Hébreux (apocryphe) portait « fils de Jehojada » au lieu de « fils de Barachie ».
2. Époque←⤒🔗
Les circonstances au milieu desquelles Zacharie a commencé son ministère prophétique sont connues; elles sont à peu près les mêmes que celles qui ont provoqué la prédication d’Aggée.
La construction du temple avait déjà recommencé depuis quelques semaines quand Zacharie prononça sa première prophétie (Za 1.1-6); c’était au 8e mois de la 2e année de Darius, donc plus de deux mois après la première prophétie d’Aggée, mais un mois avant les dernières prédictions contenues dans le livre de celui-ci.
La deuxième prophétie est datée du 24e jour et du 11e mois de la même année, ainsi deux mois après les derniers discours d’Aggée, et la 3e du 4e jour du 9e mois de la 4e année de Darius, c’est-à-dire deux ans après Aggée. Prononcées pendant que le peuple travaillait avec zèle à la construction du temple de l’Éternel, ces prophéties sont comme une pierre apportée par le prophète à l’édifice commun. Il encourage, console, exhorte, en montrant l’avenir brillant réservé au peuple élu et les bénédictions abondantes qui se rattacheront à la restauration du sanctuaire de l’Éternel.
À côté de ces trois prophéties datées, le livre en contient deux autres non datées (Za 9 à 11 et 12 à 14), qui paraissent avoir été prononcées dans de tout autres circonstances. (Bible Annotée).
3. Plan←⤒🔗
1. Partie historique - 1.1 à 8.23
a. Visions - 1.1 à 6.15
1. Appel à la repentance - 1.1-6
2. Série de visions - 1.7 à 6.8
3. Acte symbolique - 6.9-15
b. Réponse à une délégation de Béthel - 7.1 à 8.23
1. Pas de jeûne stérile, mais obéissance et repentance - 7.1-14
2. Glorieuse perspective - 8.1-23
2. Visions d’avenir - 9.1 à 14.21
a. Premier oracle. le Messie couronné d’épines - 9.1 à 11.17
1. Jugement d’autres nations - 9.1-8
2. Venue du Messie en humilité; bénédictions - 9.9 à 11.17
b. Deuxième oracle. le Messie couronné de gloire - 12.1 à 14.21
1. Lutte avant l’établissement du royaume - 12.1-9
2. Purification et conversion - 12.10 à 13.6
3. Destinées du peuple depuis le rejet du Messie - 13.7-9
4. Triomphe définitif - 14.1-21
4. Contenu←⤒🔗
a. Zacharie 1 à 8←↰⤒🔗
Pour comprendre la signification des huit visions accordées à Zacharie, il faut relire Zacharie 6.10. Les captifs ayant appris que les Juifs de retour au pays avaient commencé la reconstruction du temple, ils organisèrent une collecte pour leur venir en aide et envoyèrent le montant par une délégation, formée de Heldaï, Tobija et Jedaja. Leur visite fit une profonde impression sur Zacharie. Les perspectives étaient peu encourageantes; les murailles étaient encore détruites, l’empire persan était encore en paix; et, par conséquent, l’heure de secouer son joug demeurait encore lointaine. Jusques à quand cette situation allait-elle durer? Telle est la question brûlante qui domine la série de visions par lesquelles Dieu répondit à son prophète. Voici, très brièvement, leur signification.
1. Les chevaux et l’ange de l’Éternel parmi les myrtes (Za 1.7-17). Dieu n’a pas abandonné son peuple, malgré les apparences; il le délivrera et le bénira encore.
2. Les quatre cornes et les quatre forgerons (Za 1.18-21). Les ennemis du peuple élu seront jugés.
3. L’homme au cordeau (Za 9.1-13). Jérusalem sera reconstruite. Dieu habitera au milieu d’elle et les nations y afflueront.
4. Le souverain sacrificateur Josué accusé par Satan (Za 3.1-10). Pour que cet avenir glorieux puisse se réaliser, il faut que le sacerdoce soit purifié et qu’apparaisse le « germe » (le Messie).
5. Le chandelier d’or et les deux oliviers (Za 4.1-14). La royauté doit aussi être renouvelée. Sa force, c’est le Saint-Esprit, qui seul permettra à la nation de remplir sa mission d’éclairer le monde.
6-7. Le rouleau volant et l’épha (Za 5.11). Si le peuple se livre de nouveau au péché, la malédiction reposera sur lui et il sera une fois de plus dispersé (le pays de Schinéar symbolise la terre de l’Exil).
8. Les quatre chars parcourent la terre (Za 6.1-8). Les jugements divins vont se déclencher, en commençant par Babylone.
Après ces huit visions, Dieu révèle à Zacharie, par un acte symbolique (Za 6.9-15), que toutes les perspectives prophétiques aboutissent à l’apparition du Messie, en qui seront réunies la sacrificature et la royauté.
Dans les chapitres 7 et 8, écrits après la nuit de visions décrites dans les six premiers chapitres, Zacharie répond de la part de l’Éternel à une délégation venue de Béthel pour demander aux sacrificateurs et aux prophètes s’il était nécessaire de continuer à observer les jours de jeûne célébrés pendant l’Exil et le début du retour. Après un appel à la repentance du cœur et à l’obéissance, Zacharie annonce les bénédictions futures promises au peuple.
b. Zacharie 9 à 14←↰⤒🔗
L’avant-plan du panorama prophétique de ces chapitres 9 à 11 est la première venue du Messie dans l’humilité et son rejet. Le prophète commence par annoncer le jugement des peuples ennemis, délivrance qui préparera la venue du Messie, puis la venue du Messie elle-même et la victoire sur Javan (la Grèce). Le chapitre 10 montre la nécessité d’un réveil comme condition de la délivrance, et le chapitre 11 annonce le rejet du bon Berger et l’apparition du mauvais berger (l’Antichrist).
Les chapitres 12 à 14 forment l’arrière-plan du panorama; la deuxième venue du Messie en gloire et son acceptation par Israël; Jérusalem sera attaquée par toutes les nations, mais l’Éternel la délivrera. Un reste du peuple élu se convertira. Les Juifs accepteront « celui qu’ils ont percé » et seront purifiés. Une bataille suprême sera engagée; la victoire sera remportée par le Messie qui posera en ce jour ses pieds sur son domaine. Le Royaume de Dieu sera établi sur toute la terre, les peuples ennemis seront définitivement jugés, Jérusalem deviendra le centre de la vie spirituelle des nations. Le règne de l’Éternel sera saint.
5. Message←⤒🔗
Le message de Zacharie était destiné à créer l’espérance dans le cœur des exilés de retour. Le prophète annonce que les ennemis vont être jugés, que Jérusalem sera reconstruite et qu’un avenir glorieux lui est réservé. Il faut auparavant que le sacerdoce et la royauté soient purifiés. Ces deux offices seront réunis un jour dans la personne du « germe », le Messie qui, après avoir été rejeté une première fois, apparaîtra une deuxième fois avec gloire pour régner sur toute la terre. Il présente un double contenu.
D’une part, le prophète témoigne d’une évolution dans la manière de présenter les interventions de Dieu parmi les hommes. Avec les grands prophètes d’avant l’Exil, Dieu communique directement par sa parole ou encore par des visions où lui-même intervient. Il est à la fois le Dieu saint, transcendant, et celui qui tient lui-même en main la marche des événements. Chez Zacharie, Dieu semble plutôt éloigné de la scène des activités terrestres. S’il accorde des visions, lui-même n’y est plus contemplé; c’est un ange qui est chargé d’expliquer les intentions divines. Les projets de Dieu sont réalisés par des intermédiaires.
Cet éloignement de Dieu par rapport au monde traduit sans doute un souci de spiritualisation, mais correspond aussi à une expérience plus existentielle, celle d’une certaine absence de Dieu. Les épreuves de l’Exil et les grandes difficultés du moment (pauvreté, découragement) font poser la question : Dieu est-il encore présent à notre destinée? La foi répondra en multipliant les intermédiaires qui vont combler le vide apparent et réaliser un rapprochement entre le monde céleste et les hommes dans l’épreuve. Zacharie est dans la première partie de son livre l’homme de son temps, comme tout vrai prophète.
En second lieu, d’une manière plus globale, Zacharie est aussi au service de l’espérance. À une communauté que les difficultés matérielles et les déceptions entraîneraient au doute ou à la résignation passive, le prophète redonne une espérance qui engage à l’action. La reconstruction du temple et la remise en ordre d’un culte valable sont la manière concrète d’attendre le salut. L’instauration de l’ère messianique est à ce prix. Les nations elles-mêmes y seront associées. Ce salut est à la portée. Zorobabel est même considéré comme celui qui doit l’inaugurer. Déjà, le couronnement symbolique dont il en est le bénéficiaire est le signe.
Cependant, un second personnage lui est associé, collaborant avec lui dans l’égalité : le souverain sacrificateur. Ainsi surgit l’attente d’un gouvernement bicéphale partagé entre le prêtre et le prince. Après la disparition de Zorobabel, cette attente se modifiera et concentrera le rôle messianique sur la personne du prêtre.
Cette espérance revêt plusieurs formes dans l’Ancien Testament. C’est celle que l’épître aux Hébreux proclamera accomplie en Jésus.
Zacharie pourrait être comparé à un Ésaïe de l’Israël après le retour d’Exil. Nul ne le surpasse en ampleur ni en netteté dans ses intuitions prophétiques. Il étale sous nos yeux les destinées du peuple restauré jusqu’à la venue du Messie et depuis sa venue, réunissant dans ce tableau de la fin des temps tous les traits disséminés dans les écrits des autres prophètes.
Sur le fond de ces intuitions générales apparaît de plus en plus, avec un relief incomparable, la personne du Messie.
Zacharie est là comme le voyant placé sur la plus haute cime de la chaîne la plus avancée du massif prophétique; son regard domine l’avenir du peuple de Dieu jusqu’à ses plus lointains horizons, comme une vaste plaine qui se déroulerait à ses pieds à perte de vue. Cette prophétie n’a pas encore passé tout entière dans l’histoire. Mais, en face de la portion déjà accomplie, comment ne pas s’écrier avec l’apôtre : « Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu! » (Rm 11.33).
La communauté de cette époque ingrate a surtout besoin d’être ramenée à l’alliance et de savoir que, même dans les périodes de persécution, Dieu ne se laisse pas enfermer dans le cadre de la piété de ses fidèles. Il revendique également les païens pour son Royaume. Quant aux mauvais bergers, ils seront anéantis. À leur place viendra le bon Berger, dont l’œuvre sera incomprise même des siens. Ils ne feront pas plus de cas de lui que d’un esclave. Ils l’estimeront à trente sicles d’argent, ce qui nous rappelle le prix de la trahison conclu par Judas. Mais ses adversaires sont déjà jugés, et la communauté peut attendre le Roi de la fin des temps qui viendra dans l’humilité. Dès maintenant également, elle doit savoir qu’elle ne sera pas sauvée par ses mérites, mais par le sang répandu pour elle.
Désormais, la communauté est en mesure de saisir le sens de son existence. Là où elle est vivante, là où elle ose affirmer sa foi et son espérance, elle doit s’attendre à voir se dresser contre elle la colère du monde. Mais il lui est donné de croire en même temps à un esprit nouveau. La connaissance de Dieu et de son alliance reste toujours le but du jugement. Aussi le prophète appelle-t-il la communauté à vivre dans l’attente de la grande épreuve qui vient et qui se résoudra dans l’universel triomphe du Seigneur de l’alliance. Le jour de la moisson de Dieu approche. « L’Éternel sera roi de toute la terre; en ce jour-là, l’Éternel sera le Dieu unique et son nom sera le nom unique » (Za 14.9).
Le prophète est donc le témoin de la royauté de Dieu. Il proclame cette royauté à des gens qui font précisément l’expérience du contraire. Il appelle la communauté à mettre sa foi en celui qui, après avoir connu la souffrance, manifestera un jour sa totale victoire. Ce messager, chronologiquement déjà si proche de l’époque du Nouveau Testament, est devenu un témoin de la croix pour l’Église de tous les temps.
C’est certainement sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu que les diverses visions et fragments du livre de Zacharie ont été réunis en un tout, attestant ainsi que l’édification de l’Église est inséparable de la foi au Rédempteur qui souffre, meurt et triomphe pour elle. Édifier l’Église signifie précisément demeurer ferme dans cette foi.
Concluons cet aperçu du message du prophète Zacharie, le onzième dans le recueil des petits prophètes dans l’Ancien Testament, en rappelant la célèbre parole qui a été reprise par l’Évangile, le jour de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem :
« Sois transportée d’allégresse, fille de Sion!
Lance des clameurs, fille de Jérusalem!
Voici ton roi, il vient à toi;
Il est juste et victorieux,
Il est humble et monté sur un âne,
Sur un ânon, le petit d’une ânesse » (Za 9.9).