Introduction aux deux épîtres aux Thessaloniciens
Introduction aux deux épîtres aux Thessaloniciens
- Auteur et authenticité
- Destinataires
- Circonstances de composition
- Date et lieu de composition
- Importance des deux lettres
- Analyse du contenu de 1 Thessaloniciens
- Analyse du contenu de 2 Thessaloniciens
- Questions
1. Auteur et authenticité⤒🔗
D’après les deux premiers versets de chacune de ces deux lettres, elles sont dues à la plume de saint Paul (voir également 2 Th 3.17). L’apôtre associe à son nom ceux de ses deux collaborateurs Timothée et Sylvain. D’autres passages renforcent la conviction selon laquelle Paul est bien l’auteur de ces deux épîtres portant son nom. Les critiques soulevées contre l’authenticité paulinienne sont tardives et peu convaincantes; elles datent du début du 19e siècle.
Ces deux lettres sont connues et citées depuis la plus haute antiquité chrétienne. Ignace d’Antioche, Polycarpe, Irénée, Justin Martyr et Tertullien s’y réfèrent. Elles se trouvent dans le canon de Marcion (140 de notre ère) ainsi que dans la liste des livres canoniques du fragment dit de Muratori (fin du 2e siècle).
Les preuves internes sont également très nombreuses. Des passages tels que 1 Thessaloniciens 1.5-9; 2.2-12; 4.15; 5.27 et 2 Thessaloniciens 3.8-9, le style et le langage, les notes personnelles, les intercessions et les requêtes pour la prière des Thessaloniciens sont authentiquement pauliniens. Une exception pouvant soulever des questions serait le célèbre passage de 2 Thessaloniciens 2.1-12 concernant l’homme d’iniquité. Certains estiment que cette référence serait plus proche des écrits johanniques, et surtout de l’Apocalypse, que de ceux de Paul. Cependant, si on tient compte de la grande place que l’apocalyptique tenait auprès des juifs et aussi auprès des Thessaloniciens, ainsi que de l’intérêt pour la grande prophétie relative au retour du Christ, il n’y a aucune difficulté à admettre que l’apôtre Paul y ait fait clairement allusion.
2. Destinataires←⤒🔗
Les membres de l’Église de Thessalonique sont les destinataires des deux lettres. La ville de Thessalonique, située à quelque 150 km à l’ouest de Philippes, était un large et important port commercial. Elle avait été fondée par Cassendre de Macédoine en 315 avant notre ère, qui l’avait nommée d’après son épouse, une sœur d’Alexandre le Grand. En l’an 42 avant J.-C., Octave, le futur Auguste, la déclara ville libre, les habitants de Thessalonique l’ayant soutenu dans sa lutte pour la conquête du pouvoir. De ce fait, elle fut dotée de sa propre administration juridique. La population était composée de Romains et de juifs. Le mont Olympe, à quelques kilomètres au sud-est de la ville, était considéré dans l’antiquité comme le foyer des douze divinités païennes.
Paul, accompagné de Silas et de Timothée, arrive ici (Ac 17.1-5) après sa pénible péripétie à Philippes, et à la suite de sa prédication, une Église chrétienne y est fondée. La majorité des membres de l’Église est composée de païens convertis (1 Th 1.9 et 2.14). Les seuls noms des membres connus sont ceux de Jason (Ac 17.15-19), d’Aristarque et de Secondus (Ac 20.4).
Selon sa coutume, Paul s’était approché tout d’abord des juifs de la ville pour les persuader que les prophéties de l’Ancien Testament annonçaient la passion et la mort du Messie, et que Jésus était précisément ce Messie promis et attendu. Il ne réussit pas à convaincre ses compatriotes, en tout état de cause pas un grand nombre, mais il fit des convertis parmi les païens (1 Th 1.6-7). Ce succès provoqua la jalousie des juifs qui déclenchèrent une persécution, ce qui obligea Paul à quitter la ville.
Thessalonique fut ainsi la deuxième ville européenne à entendre et à recevoir l’Évangile. Lors de violentes émeutes, les juifs traînèrent l’hôte de l’apôtre devant le tribunal l’accusant de haute trahison, car les missionnaires étrangers annonçaient un autre Seigneur que César, l’empereur régnant. Par mesure de prudence, les trois missionnaires durent quitter la ville.
C’est au milieu de beaucoup de tribulations, mais aussi avec beaucoup de joie que les Thessaloniciens acceptèrent l’Évangile.
3. Circonstances de composition←⤒🔗
Lorsque quelques semaines plus tard Paul arriva à Athènes, il entendit parler des persécutions dont ses convertis étaient la cible, et il voulut les consoler. Dans cette intention, il leur expédia Timothée. Celui-ci s’y rendit et, après avoir accompli sa mission temporaire, il vint rejoindre l’apôtre à Corinthe. Il l’informa de la situation réelle de l’Église et des vices païens qu’on continuait à y pratiquer, ainsi que des calomnies dont on accablait l’apôtre et surtout des malentendus au sujet du deuxième avènement du Christ.
Après ce rapport, Paul décida d’adresser une lettre dans l’intention d’encourager les Thessaloniciens à demeurer fermes et loyaux dans la persécution, tout en les exhortant à mener une vie sainte, les invitant aussi à prendre la défense de sa personne et de son apostolat face à des calomnies mesquines et injustes et, enfin, pour les éclairer et les arracher à leurs perplexités et confusions concernant leur théologie du retour du Christ.
Quant à la seconde lettre, il cherche de nouveau à corriger les faux bruits qui couraient au sujet de l’avènement du Christ, à exhorter à la fidélité et à inviter les paresseux et ceux vivant dans le désordre à marcher en accord avec leur vocation chrétienne.
Il semble que le terme « soudain » de la première lettre relatif au retour du Christ fut entendu au sens de « immédiatement » (1 Th 5.3). Des lettres de faussaires avaient laissé entendre que le retour du Christ serait imminent. Cette fausse idée avait alors donné lieu à une certaine paresse et à un grave désordre social, voire à une anxiété générale. La première lettre laisse entendre que des Thessaloniciens avaient peur de ne pas être vivants lors de l’avènement du Seigneur. Maintenant, cette peur est relative à l’idée que celui-ci puisse avoir lieu dans les jours qui viennent… Une nouvelle persécution de la part des juifs contribuait aussi à cet état d’alarme.
4. Date et lieu de composition←⤒🔗
C’est depuis Corinthe où il œuvre que Paul adresse ces deux lettres. En toute certitude, on peut considérer l’an 52 comme la date de composition. Elles sont certainement parmi les premières, sinon les toutes premières de l’apôtre. Silas et Timothée se trouvent auprès de Paul et il est légitime de penser que l’une a suivi l’autre de près.
5. Importance des deux lettres←⤒🔗
Ces lettres, quoique brèves, présentent un intérêt particulier au lecteur de la Bible. Elles donnent une idée assez précise de la manière dont Paul présentait l’Évangile aux convertis du paganisme, une vive image de la vie chrétienne de la première heure de l’Église ainsi que l’attitude à adopter face aux faux enseignements et à la conduite immorale. Elles révèlent également les sentiments profonds de l’auteur. On peut les considérer comme des documents incomparables. Bien que les deux lettres n’atteignent pas les hauteurs de celle aux Éphésiens et ne montrent pas la logique rigoureuse dont Paul est capable, comme dans la lettre aux Romains, le message provenant du grand apôtre des gentils nous est toujours précieux.
Cependant, leur valeur propre est, à certains égards, unique. D’abord, elles nous offrent un portrait fascinant de Paul comme missionnaire, comme ami consolateur et comme prophète. Si dans la lettre aux Philippiens et dans les deux lettres aux Corinthiens l’apôtre y révèle nolens volens son caractère, de même, à cet endroit, il laisse apparaître ouvertement son cœur. Nous apercevons sa foi au-dessus de tout soupçon, sa consécration sans faille au Christ, son altruisme, son intense vie de prière, son caractère reconnaissant, son indignation envers les ennemis de l’Évangile, sa sensibilité à l’égard des fausses accusations et calomnies dont il est l’objet, sa requête pour la prière d’intercession de la part de ses lecteurs, son attente d’une compréhension de la part de ses amis, sa politesse, son affection chrétienne…
En outre, nous avons ici un aperçu suffisamment clair des solides méthodes missionnaires qu’il met à l’épreuve. Il cherche à fonder des Églises dans les grands centres de l’Empire. Chassé de Philippes, il entreprend une nouvelle action à Thessalonique, mais il ne se contente pas de prêcher l’Évangile seulement dans les synagogues et il ne se laisse pas davantage décourager par l’opposition des ennemis. Au contraire, il rassemble autour de lui une équipe de collaborateurs et il se rend d’une maison à l’autre pour s’occuper de ses convertis avec courage et avec une touchante tendresse.
Le caractère de ses convertis et de l’Église où ils s’assemblent nous est également révélé dans ces pages. Nous pouvons nous faire une certaine idée d’une Église chrétienne primitive à ses débuts. Nous sommes les témoins de son zèle évangélisateur, de sa fidélité lors de la persécution et de sa croissance rapide dans la foi. Elle n’est pas exempte de fautes et de faiblesses, ni même à l’abri de péchés grossiers. À certains égards, la doctrine semble infectée et quelque peu déformée. Les conducteurs spirituels ne sont pas toujours obéis. Nous ignorons en quoi consistait leur office. Ils sont censés exhorter ceux qui vivent dans le désordre et stimuler ceux qui perdent courage. Ces conducteurs devaient sans doute présider les assemblées cultuelles et conduire les séances d’instruction et de prière. L’Église était remarquable pour son courage et son amour fraternel.
Mais la valeur très particulière de ces deux lettres consiste dans le fait qu’elles sont les documents les plus anciens de l’Église apostolique. Elles contiennent non seulement un message missionnaire, mais encore l’Évangile original. Ces lettres furent écrites vingt ans à peine après la résurrection du Christ. Dès lors, peut-on prétendre qu’il y a eu divergence entre l’enseignement de Jésus et celui de Paul? En les rédigeant, Paul était engagé dans le ministère de la prédication depuis quatorze ans déjà. Les autres apôtres étaient familiers avec sa prédication. Cet Évangile éclate puissamment dans les deux lettres, et par conséquent leur contenu est connu des principaux apôtres.
En les examinant, on est surpris de rencontrer un large éventail de vérités. Les lettres ne sont pas « dogmatiques » ou doctrinales comme d’autres, elles sont principalement de nature éthique. Cependant, elles présupposent un enseignement doctrinal. Elles traitent du travail quotidien, de la pureté de la conduite, d’une vie sainte et honnête, d’amour et d’espérance. Tout ceci est étroitement associé avec la foi. Jamais l’apôtre ne dissocie la morale de la religion, le catéchisme de la vie concrète. Le devoir pratique se fonde sur la doctrine, les exhortations sont toutes en étroite association avec les grandes vérités chrétiennes. Les déclarations doctrinales deviennent impressionnantes parce qu’elles n’apparaissent qu’incidemment. La vérité y est présupposée. Leur acceptation est déjà acquise. Ces doctrines contiennent la personnalité et la paternité de Dieu. Il est l’auteur de l’Évangile. Il a appelé les croyants à la vie nouvelle et ces derniers devront marcher selon la vocation qu’ils ont reçue. Son Royaume et sa gloire constituent le sommet de toute espérance humaine. Le Christ, quant à lui, est uni au Père dans sa qualité essentielle. On peut lui adresser la prière; la vie nouvelle jaillit de sa personne. Sa mort et sa résurrection, ainsi que l’ensemble de son œuvre, constituent le fondement de la foi. Son retour en gloire reste l’objet ultime de l’espérance chrétienne.
Le Saint-Esprit est présenté comme l’agent qui dispensera la puissance du message chrétien proclamé ainsi que l’assurance, la joie, et les dons du ministère. Le thème qui trouve le plus de faveur est assurément celui de l’avènement du Christ. Il décrit aussi également une autre apparition, celle de l’homme d’iniquité, mais l’apôtre ne cesse de voir aussi l’avenir du chrétien dans une espérance lumineuse; car si l’homme d’iniquité va apparaître, il sera suivi par le retour glorieux du Fils de Dieu, notre Seigneur et Sauveur. Paul ne nous permet pas de fixer des dates, mais nous offre la possibilité de puiser des certitudes eschatologiques pour mener le combat quotidien de la foi.
Les deux lettres de Paul aux Thessaloniciens attestent donc que le message proclamé par Paul n’était pas une nouveauté par rapport à un Évangile dit « primitif ». Les références qu’il fait à sa prédication et le rappel des vérités proclamées prouvent qu’il développe un système bien défini. Le terme de « tradition » corrobore notre impression. Ce terme ne signifie pas que Paul transmettait des rumeurs d’une authenticité douteuse, mais qu’il se fonde sur un corps d’enseignement lequel, même oral, fut très soigneusement formulé et préservé. Cette tradition devait également inclure des préceptes éthiques. C’était une règle de conduite que les frères devaient observer (2 Th 3.6). Notez que Luc, de son côté, emploie le verbe « transmettre » pour décrire le récit des faits de la vie et du ministère de Jésus (Lc 1.2).
Cette tradition n’était pas simplement authentique. Elle était aussi revêtue d’autorité. Dans la lettre aux Galates, Paul déclare que cet Évangile était exclusif dans sa vérité et que rien ne devait lui être substitué (voir aussi 2 Th 3.14). Si l’apôtre avait insisté sur son autorité comme étant purement personnelle, il aurait à peine échappé au reproche d’égoïsme, voire de dictature religieuse. Mais s’il avait reçu le message de la part de Dieu, de sorte que sa déclaration devenait la parole même de Dieu, transmise par son intermédiaire par l’efficacité du Saint-Esprit (1 Th 2.1), alors il avait le droit de se déclarer revêtu d’autorité.
En ce qui concerne la première lettre, les problèmes soulevés y sont différents de ceux qu’aborde la lettre aux Galates. En général, ces problèmes reflètent la situation des convertis païens et non des croyants d’origine juive. Les questions de fornication et de paresse ne se rencontraient pas dans les communautés d’origine juive, mais les chrétiens venant du paganisme, eux, n’avaient pas une tradition morale bien établie. Les rapports sexuels étaient réglés par la recherche du plaisir ou par des motifs de convenance. Bien que des moralistes païens eussent proposé des limites à la débauche et essayé de freiner la licence sexuelle, jamais ils n’avaient parlé avec autorité comme les prophètes de l’Ancien Testament. La solidarité sociale dont jouissait le juif du fait de sa famille et de sa loyauté envers Israël ne caractérisait pas le converti venant du paganisme, lequel devait rompre tout lien avec son milieu social et religieux.
Afin de créer un sentiment de fraternité et de responsabilité mutuelle, les Thessaloniciens étaient exhortés à travailler sérieusement et à se comporter avec discrétion « envers ceux qui sont du dehors ». L’enseignement au sujet du retour du Christ n’était pas davantage nouveau, car Paul leur rappelait qu’il leur avait dit ces choses pendant qu’il se trouvait auprès d’eux (2 Th 2.5). Il put connaître certains des discours du Christ sur ce sujet d’après 1 Thessaloniciens 4.15. Il a recours à l’image du voleur qui vient dans la nuit, image que Jésus aussi avait employée (Mt 24.43; Lc 12.39-40; 1 Th 5.4).
La première partie de la discussion concernant le « transport » ou « l’ascension » des vivants et la résurrection des morts (1 Th 4.13-18) s’explique par le souci que se faisaient les Thessaloniciens au sujet des croyants déjà décédés. On croyait au retour du Christ, mais qu’adviendrait-il aux croyants trépassés? La seconde partie du débat (1 Th 5.1-11) est motivée par le désir de savoir à quel moment aurait lieu ce retour. La réponse que donne Paul oriente les fidèles vers une conscience spirituelle plutôt que vers un calcul spéculatif de dates. S’ils restent vigilants et actifs alors qu’ils attendent l’avènement du Seigneur, ils auront persévéré comme il faut dans la foi.
Pratiquement toutes les doctrines majeures de la foi se trouvent présentes ici. Bien qu’elles ne soient pas écrites comme des traités doctrinaux, ni pour exposer et développer toute la théologie de Paul, elles contiennent néanmoins un corps d’enseignement solidement bâti. Paul, ainsi que ceux qui avaient reçu ces deux lettres, croyaient en un seul Dieu, le Père qui a aimé les hommes et les a choisis en vue de leur salut. Il a envoyé la délivrance de la colère à venir et l’a fait connaître par la Parole de l’Évangile. Cet Évangile concerne Jésus-Christ le Seigneur, qui fut mis à mort par les juifs, ressuscita le troisième jour et se trouve actuellement au ciel auprès de Dieu, d’où il reviendra. Il lui est attribué la divinité parce qu’il est appelé Seigneur, Fils de Dieu et Seigneur Jésus-Christ. En recevant la Parole de Dieu, les croyants se détournent des idoles pour se tourner vers le Dieu vrai, pour le servir et pour attendre le retour du Christ. Dans leur vie personnelle, ils doivent travailler, prier, être joyeux. Ainsi, théoriquement et pratiquement, les lettres aux Thessaloniciens renferment tous les points essentiels de la vérité révélée.
6. Analyse du contenu de 1 Thessaloniciens←⤒🔗
1. Introduction (1.1)
Outre le nom des destinataires, les chrétiens de Thessalonique, et le nom de Paul, on lira ici les noms des deux associés de l’apôtre. Tous les trois ont été en rapport avec l’Église. Paul en fut le fondateur, Silas l’assista dans l’organisation, Timothée lui rendit visite et lui apporta la présente lettre. Il est possible qu’il servît à Paul de secrétaire lors de la rédaction de celle-ci.
2. Sections historiques (1.3 à 3.13)
Paul rend grâces au Seigneur pour la condition de cette Église. Ses membres donnent des signes de foi, d’espérance, et d’amour fraternel. La raison fondamentale de leur recherche de vie spirituelle se trouve en l’élection de Dieu et la puissance de l’Évangile qui change les cœurs. Nul ne peut résister à la puissance de l’Esprit de Dieu. L’excellence des résultats en est qu’ils sont devenus les imitateurs du Christ; ils sont ses témoins.
L’apôtre rappelle ensuite son séjour parmi eux. Il se défend en leur rappelant la manière dont il leur annonça l’Évangile. Il y avait travaillé avec désintéressement, cherchant à plaire à Dieu; il avait travaillé honnêtement, sans se servir de son ministère pour gagner une réputation pour lui-même. Il avait travaillé de ses propres mains, pourvoyant ainsi à ses propres besoins, afin de n’être en charge à personne. Il leur avait témoigné d’une grande affection. Il avait vécu sans reproche parmi eux (1 Th 2.1-12). Il se souvient aussi avec gratitude de la manière dont les Thessaloniciens avaient reçu l’Évangile, c’est-à-dire en tant que la Parole de Dieu et non comme un discours humain. Ils étaient résolus à maintenir chez eux la Parole divine et disposés à souffrir comme leurs condisciples ailleurs, en Judée notamment (1 Th 2.12-16).
Paul montre toujours à leur égard un très vif intérêt (2.17 à 3.13).
Il désire leur rendre visite parce qu’il les considère comme source et motif de joie, comme sa couronne, c’est-à-dire qu’il pourra les présenter à Christ lors de son avènement comme les fruits de l’Évangile. Son désir de leur rendre visite n’a pu se réaliser, mais il leur envoie Timothée pour les consoler et pour s’informer de leur situation. Lorsque celui-ci rapporta de leurs nouvelles, qui étaient bonnes, l’apôtre s’en réjouit grandement (1 Th 3.1-10). Dans sa bénédiction (1 Th 3.11), il demande à Dieu d’ouvrir la voie qui lui permettra de leur rendre visite afin que l’amour s’accroisse et qu’ils soient présentés sans tache ni reproche au jour du jugement.
3. Section pratique (4.1 à 5.22)
Les membres de l’Église sont exhortés à vivre une vie de sanctification et à croître dans la grâce divine. Ceci engage à la pureté d’une morale élevée. Bons conseils donc adressés à des chrétiens vivant dans une ville dont l’immoralité, engendrée par le mouvement des navires dans son port, devait être notoire. Un amour toujours plus fort devait régner entre frères, mais également un travail honnête. Il semble que certains de ces fidèles avaient cessé de travailler parce qu’ils s’attendaient au retour imminent du Seigneur (1 Th 4.1-16). Ce qui conduit Paul à faire certaines remarques relatives au retour du Seigneur. On craignait à Thessalonique que les fidèles déjà décédés ne puissent partager la joie de son retour. Or, il ne faudrait pas penser que les frères qui nous ont devancés dans la mort soient dans une situation désavantageuse. Car tous les événements eschatologiques auront lieu simultanément : avènement du Christ, résurrection des morts, ascension des chrétiens en vie et félicité éternelle.
Le retour du Christ aura lieu de manière soudaine et inattendue. Il viendra « tel un voleur dans la nuit »; parce que l’incroyant est endormi, comme enivré, il se comporte comme celui dont les sens sont engourdis par le péché. Mais pour le chrétien, s’il veille et s’il se comporte sobrement, s’il est attentif aux signes des temps et se prépare à rencontrer son Seigneur (1 Th 4.16 à 5.11) ce retour ne sera pas une surprise inattendue.
Les exhortations pratiques dans 1 Thessaloniciens 4.1-16 sont adressées à des membres particuliers, tandis que le conseil de 5.12-22 s’adresse à la communauté dans son ensemble (comme dans Rm 12). Celle-ci est invitée à honorer ses conducteurs, à vivre dans la paix, à s’adonner à la prière, à faire preuve de gratitude, à avertir ceux qui mènent une vie de désordre, à consoler les faibles, à suivre l’Esprit et à choisir le bien en passant outre le mal.
4. Conclusion (5.23-28)
Cette conclusion débute par une requête adressée à Dieu pour la sanctification totale des Thessaloniciens afin qu’ils préservent l’esprit et le corps en vue du retour du Christ. Le christianisme n’est pas une religion partielle; il ne cherche rien de moins que le salut total de l’homme total, aussi bien corps qu’âme (à noter qu’à cet endroit esprit et âme sont des termes interchangeables). Paul demande aussi la prière de ces amis, il croit en la puissance de l’intercession, en la prière en faveur des proches, et leur commande de lire sa lettre à tous les frères. La salutation et la bénédiction concluent la première lettre de Paul aux Thessaloniciens.
7. Analyse du contenu de 2 Thessaloniciens←⤒🔗
1. Introduction (1.1-12)
Après leur avoir adressé ses salutations, Paul donne la raison de sa gratitude au sujet des Thessaloniciens. Il est reconnaissant à cause de la fermeté de leur foi, leur grand amour et leur patiente endurance dans la persécution (2 Th 1.3-4). Il leur annonce le repos à venir qui commencera avec le jour du jugement. Ce sera un jour de terreur pour les iniques, mais un jour de gloire pour les saints. Les incrédules qui ne veulent pas connaître Dieu et rejettent l’Évangile seront perdus. Tous ceux qui pratiquent l’injustice seront condamnés et ils reconnaîtront que le châtiment qu’ils subissent est juste. Paul conclut cette section avec une prière pour que les Thessaloniciens soient considérés dignes de leur vocation et afin que Dieu les remplisse de foi et de puissance afin que le Christ puisse être glorifié parmi les saints, et que les saints le soient en lui.
2. Instructions concernant le retour du Christ (2.1-14)
Les fausses idées au sujet du retour du jour du Seigneur, jour de jugement, doivent être corrigées. Plusieurs pensent que ce jour était déjà arrivé (en interprétant « le jour » comme une période de temps). Paul rappelle que ce jour n’a pas encore paru. Car il sera précédé de deux événements redoutables : l’apostasie et l’apparition de l’homme d’iniquité que Jean appelle l’Antichrist, le fils de perdition. (Notons que dans Jn 17.21 Jésus a appelé Judas « fils de perdition ».)
L’Antichrist servira d’instrument d’exécution entre les mains de Satan. Il s’opposera au Christ et cherchera à le remplacer. Il se fera adorer comme Dieu. Il fera paraître des signes et des prodiges afin de parvenir à ses fins. Mais il sera renversé par le Christ, c’est-à-dire par sa Parole et le souffle de sa bouche lors de son apparition personnelle à la fin des temps.
En vue de ces événements à venir, les Thessaloniciens sont priés de se maintenir fermes dans la foi, en s’attachant à la doctrine de vérité que Paul leur a enseignée de vive voix, comme il l’a fait aussi dans sa première lettre.
3. Exhortations pratiques (2.15 à 3.15)
Paul demande aux Thessaloniciens de prier pour lui, afin que l’Évangile puisse être proclamé librement et qu’il soit délivré de ses ennemis (sans doute s’agit-il encore des juifs et autres judaïsants). Il exprime sa conviction qu’ils ne manqueront pas d’accéder à cette demande spirituelle. Il conseille aussi de se tenir à l’écart des personnes menant une vie de désordre (notons qu’il ne s’agit pas ici d’une excommunication, mais d’une séparation temporaire). Celle-ci cherche à faire honte à ceux qui causent du scandale et à les amener à se repentir (2 Th 3.14). L’offenseur ne doit pas être considéré comme un ennemi, mais traité comme un frère. L’élément de l’amour dans l’exercice de la discipline est fortement souligné. Il exhorte, enfin, à imiter son propre exemple de conduite et de travail (manuel). Il a pourvu à sa subsistance en travaillant de ses propres mains, au lieu d’être à la charge de l’Église. Les paresseux parmi les membres de l’Église devraient en faire autant. Cela ne signifie pas qu’il faille mettre un terme à tout acte de charité et d’assistance envers les nécessiteux, mais que le secours matériel doit être uniquement accordé aux véritables nécessiteux et que les bien portants doivent subvenir aux besoins de ceux qui sont privés de l’essentiel. « Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus » (2 Th 3.10).
4. Conclusion (3.16-18)
Dans la bénédiction par laquelle il conclut sa lettre, l’apôtre prie pour la grâce imméritée qu’est la paix et la présence du Christ dans le cœur de ses lecteurs chrétiens. Il signe sa lettre de son propre nom, sans doute pour se distinguer des faussaires et des fausses lettres qui circulaient (voir également Col 4.18 et 1 Co 16.21).
8. Questions←⤒🔗
- Pourquoi Paul pense-t-il que les Thessaloniciens étaient des élus?
- Donner les raisons de ses actions de grâces au début des deux lettres.
- De qui les Thessaloniciens sont-ils devenus les disciples-imitateurs?
- Pour quelle raison Timothée leur rend-il visite?
- Que se passera-t-il lors de l’avènement du Seigneur?
- En quel sens Paul a-t-il vécu sans causer d’offense?
- Décrivez d’après la deuxième lettre l’homme d’iniquité.
- Quels sont les désordres moraux dans l’Église?
- Analysez l’attitude du chrétien vis-à-vis de l’affliction (2 Th 1.5).
- Soulignez les points positifs qui caractérisent le chrétien.