Introduction aux deux épîtres à Timothée
Introduction aux deux épîtres à Timothée
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Auteur et authenticité des épîtres pastorales
a. Difficultés historiques
b. La référence à des hérésies
c. L’organisation ecclésiastique
d. La personne de Paul
e. Le langage et le style
f. Les preuves externes de l’authenticité - Date de composition
- L’organisation ecclésiastique
- Destinataire de 1 Timothée
- Circonstances de composition
- Particularités de 2 Timothée
- Évaluation générale des épîtres pastorales
- Analyse du contenu de 1 Timothée
- Questions sur 1 Timothée
- Analyse du contenu de 2 Timothée
- Questions sur 2 Timothée
1. Auteur et authenticité des épîtres pastorales⤒🔗
Les deux épîtres de Paul à Timothée et celle à Tite constituent un groupe à part dans le corps des écrits pauliniens et, depuis le 19e siècle, elles portent le titre général de « pastorales ». Ce titre s’explique par leur contenu qui, dans une large mesure, a trait à l’organisation des Églises et aux charges qui incombent à leurs ministres, anciens ou épiscopes. Il est généralement admis, même par ceux qui en contestent l’authenticité paulinienne, qu’elles ont un auteur commun.
Cette authenticité est l’un des problèmes dont la solution n’a pas trouvé d’unanimité parmi les spécialistes du Nouveau Testament. Les objections contre celle-ci ne sont pas toutes de même nature ni de même valeur. On peut les classer de la manière suivante :
- On objecte des difficultés d’ordre historique.
- On mentionne la présence d’objections et de combats contre les hérésies.
- On allègue une organisation ecclésiastique développée incompatible avec l’époque apostolique.
- On signale une description de la personne de Paul peu conforme à l’histoire connue de l’apôtre.
- Enfin, le langage et le style sont, dit-on, différents de celui qu’on connaît chez l’apôtre des gentils.
Examinons de près les objections soulevées.
a. Difficultés historiques←↰⤒🔗
Les critiques de l’authenticité paulinienne objectent qu’il serait difficile de trouver une place et un lieu pour la rédaction de ces trois lettres dans le cadre connu de la carrière missionnaire de Paul. Ce cadre nous est fourni par le récit des Actes ainsi que par certaines références, éparses, dans d’autres lettres de Paul. Les voyages auxquels il fait ici allusion sembleraient incompatibles avec ses déplacements tels que Luc les rapporte dans le livre des Actes. Selon 1 Timothée 3, le jeune collaborateur de Paul aurait été laissé à Éphèse tandis que Paul, lui, poursuivait son itinéraire vers la Macédoine; mais Actes 19.22 et 20.1 laissent entendre que Timothée était envoyé en Macédoine depuis Éphèse, précédant l’arrivée de son aîné. Dans 1 Timothée 3.14, l’apôtre montre son intention de retourner auprès de Timothée qui se trouve à Éphèse; mais dans Actes 20.4, Timothée se trouve auprès de lui en Grèce, et dans Actes 20.14,17, Paul ne se rend pas à Éphèse, il envoie seulement un message aux anciens de l’Église leur demandant de venir à sa rencontre à Milet, le port de la grande métropole. De même, la référence faite à Trophime dans 2 Timothée 4.20 ne peut concerner le voyage rapporté dans Actes 20.17 à 21.8, car Trophime accompagne l’apôtre à Jérusalem (Ac 21.29). De nouveau, les références dans Tite 1.5; 3.12, où Paul dit avoir laissé Tite en Crète et lui demande de le rencontrer à Nicopolis, ne peuvent s’harmoniser avec l’unique occasion où, selon Actes 27.8, c’est-à-dire pendant son voyage vers Rome en état de détention, l’apôtre se rendit en Crète.
Néanmoins, ces difficultés peuvent être contournées si on admet qu’après sa première captivité (Ac 28.30 et Ph 1.13) Paul fut libéré en l’an 62 ou 63 et de nouveau arrêté en 66 ou 67. Dans sa première lettre aux Corinthiens, Clément de Rome (vers 97) parle de Paul « qui alla jusqu’aux extrémités de l’Occident »! Cette expression se trouvant dans une lettre rédigée à Rome, elle ne peut désigner que l’Espagne. Or, on sait que l’apôtre avait exprimé le désir de se rendre dans ce pays (Rm 15.24). Dans le canon ou fragment de Muratori, un document datant de la fin du 2e siècle, il est indiqué que l’apôtre réalisa effectivement son projet. Cette tradition est reprise plus tard par Eusèbe au 4e siècle et par Chrysostome au 5e. Si l’authenticité des pastorales ne peut être fondée sur un autre terrain, ces preuves externes rendent, à elles seules, un témoignage peu contestable aux activités de Paul durant la période passée sous silence dans le livre des Actes.
b. La référence à des hérésies←↰⤒🔗
Nombre de critiques voient dans ces lettres, et plus particulièrement dans la première à Timothée, des références à des hérésies qui étaient largement répandues au cours du 2e siècle seulement (notamment les sectes gnostiques). Ces hérésies s’occupaient du problème du mal; elles amalgamaient des idées juives et des idées païennes avec la foi chrétienne. Elles représentaient la vie et le ministère terrestres du Christ comme n’étant qu’apparence (« dokein » en grec, docète, docétisme). Elles exaltaient la vertu de la connaissance (« gnosis » en grec) considérée comme un privilège réservé à une élite restreinte et supérieure à la foi (« pistis » en grec) laquelle serait commune à tous.
Mais les références aux hérésies que l’on trouve dans les pastorales sont extrêmement vagues et imprécises. On aurait de la peine à y trouver la moindre allusion au docétisme, par exemple dans 1 Jean 4.1-3 censé avoir été rédigée depuis Éphèse avant l’an 100; et 1 et 2 Timothée (1 Tm 4.1-4 et 6.20) ne dénotent pas la présence de ces pernicieuses erreurs doctrinales du 2e siècle. Ces références ne contredisent nullement l’authenticité des lettres pas plus que ne le fait Colossiens 2.8, 18, 23.
Il n’est pas étonnant de rencontrer dès le début de l’Église apostolique composée d’éléments divers (juifs et païens, d’éducation et de religions variées) des hérésies en germe, non encore développées : par exemple l’hérésie légaliste juive qui nuisait à la proclamation du salut par la seule grâce au moyen de la foi (1 Tm 1.7; Tt 1.14 et 3.9) et qui avait sévi au milieu des chrétiens galates à une époque antérieure; ou encore les spéculations philosophiques tirées des sources païennes (1 Tm 4.7, 6.20), ce qui était déjà le cas chez les Colossiens. Les hérésies dont il est question dans les pastorales semblent d’origine plutôt juive. Il s’agissait de spéculations au sujet de la loi, des généalogies et « de fables juives », tandis que les pratiques ascétiques auraient pu avoir une origine païenne. Il est fort probable que les exagérations du cérémonialisme juif (voir Rm 14.3; 1 Co 8; Col 2.16 à comparer aussi avec 1 Tm 4.4 et Ac 10.11-15) furent à l’origine de ces hérésies.
c. L’organisation ecclésiastique←↰⤒🔗
On prétend que l’organisation ecclésiastique à laquelle il est fait allusion fonderait l’hypothèse d’une date tardive. Tite doit ordonner des anciens dans toutes les Églises. Lui, comme Timothée, reçoit des instructions en ce qui concerne les qualités de l’ancien (ou de l’épiscope). En outre, Timothée est instruit quant aux charges des diacres.
Quant à nous, nous pensons que cette organisation n’est pas plus développée qu’elle ne l’était au début de l’Église. Les diacres sont désignés dans l’Église de Jérusalem à une date très proche de la fondation de celle-ci, bien qu’à ce moment-là ils ne soient pas encore désignés par le terme « technique ». Dans Actes 6.4, nous rencontrons seulement le verbe correspondant (« diakonéô », servir) et non le substantif (« diakonos », serviteur, diacre). Des anciens sont déjà désignés par l’apôtre dans chaque Église de Galatie lors de son premier voyage missionnaire (Ac 14.23), tandis qu’à Éphèse, à la fin de son troisième voyage missionnaire, ils constituent de toute évidence un corps bien établi à qui on confie le devoir de surveiller et d’enseigner le troupeau (Ac 20.28). Le terme d’évêque comme tel ne suggère nullement une date post-apostolique. Car dans nos épîtres, il est largement utilisé en même temps que son synonyme « presbyteros » ainsi qu’il l’est dans d’autres écrits du Nouveau Testament (Ac 20.17,28; Ph 1.1). Même si, comme on le soutient avec emphase, « l’évêque » désignait ici un ministère principal de l’Église, il serait hasardeux de tenir la lettre pour non paulinienne. De l’avis général, l’épiscopat en tant que ministère ecclésiastique remonte bien à l’âge apostolique. Il n’est donc pas invraisemblable que, dans un écrit apostolique aussi tardif, datant des années 65 à 67, on rencontre le terme d’évêque dans ce sens-là.
d. La personne de Paul←↰⤒🔗
Une autre objection contre l’authenticité paulinienne des pastorales prétend qu’en écrivant à des amis et collaborateurs aussi intimes que Tite et Timothée, l’apôtre n’aurait pas dû insister aussi fortement sur sa vocation apostolique. Ce trait prouverait que l’auteur est quelqu’un qui se servit du nom de l’apôtre après la mort de ce dernier, car dans aucun autre écrit adressé à des proches Paul n’insiste autant sur l’origine et le poids de son apostolat (Ph 1.1 et Phm 1.1).
À notre avis, les « pastorales » ne sont pas des lettres privées. Elles sont rédigées pour être lues en public, dans des communautés. L’auteur a l’esprit et le regard fixés sur des Églises dont ses amis sont les pasteurs. Et le fait que l’hérésie ou les hérésies devaient être combattues explique suffisamment pourquoi Paul prend soin d’affirmer la dignité de sa vocation et de son ministère apostoliques.
e. Le langage et le style←↰⤒🔗
La différence de langue et de style entre les trois pastorales et d’autres écrits de l’apôtre, dont on n’a jamais mis en doute l’authenticité paulinienne, présente aux yeux des critiques un autre terrain d’objection. Nous n’analyserons pas les détails. En effet, il y a une quantité considérable de mots absents d’autres écrits. Plus de 170 mots ne se trouvent pas ailleurs dans le Nouveau Testament. Un certain nombre d’entre eux sont, bien entendu, utilisés par la nécessité d’aborder de nouveaux sujets. Certains en ont conclu qu’un auteur anonyme eut recours à des fragments de lettres de Paul et les incorpora dans les « pastorales » rédigées par lui-même.
Nous ne pensons pas que cet argument sur le vocabulaire ait du poids contre l’authenticité. De telles différences pourraient parfaitement s’expliquer par le laps de temps entre les autres lettres de Paul et ces trois dernières ou encore du fait que l’apôtre, à présent avancé en âge et ayant beaucoup voyagé, a acquis de nouvelles expériences et fait de nouveaux convertis. Il n’est pas étonnant que son vocabulaire se soit enrichi d’apports nouveaux jusque-là inconnus. N’était-il pas d’ailleurs l’inventeur d’un langage théologique absolument original et remarquable? Il devait découvrir l’expression correcte et adéquate pour exprimer des conceptions qui n’étaient pas encore familières lorsqu’il écrivait. Chaque année, il devait ajouter à son vocabulaire des termes nouveaux, et la moisson de nouvelles expressions devenait plus abondante surtout là où des vérités déjà familières entraient en collision avec des hérésies nouvelles.
Des examens approfondis ont abouti à la conclusion que près de 200 termes employés dans ses lettres ne sont pas postérieurs à l’époque de Paul. Plusieurs se trouvent déjà dans la version grecque de l’Ancien Testament, la Sseptante, d’autres dans les écrits classiques, et ils sont introuvables ailleurs. Il est également nécessaire de rappeler que même les critiques de l’authenticité estiment qu’une grande partie de la pensée théologique et ecclésiastique formulée ici n’est pas étrangère au reste de la théologie paulinienne. Ces mêmes critiques qui se prononçaient pour une date ultérieure, comparent les « pastorales » à des écrits des Pères apostoliques (Clément de Rome, Ignace d’Antioche, Polycarpe de Smyme), et les considèrent comme supérieurs aux écrits de ces derniers. L’auteur, dit-on, quel qu’il fût, devait être parfaitement familier avec la théologie de Paul.
Nous conclurons donc ce paragraphe en affirmant qu’en dépit de certains problèmes d’ordre historique et interne à ces trois lettres, ces dernières ne peuvent être que de la plume de Paul. Elles portent toutes les marques de sa personnalité. Nous reconnaissons donc leur authenticité paulinienne.
f. Les preuves externes de l’authenticité←↰⤒🔗
Elles sont à la fois anciennes et positives. Sans doute servirent-elles aux lettres d’Ignace d’Antioche et de Polycarpe au début du 2e siècle. Irénée cite 1 Timothée, qu’il tient pour une lettre authentique de Paul. Il est certain que l’auteur de la lettre adressée à Vienne et à Lyon les a aussi connues. Tertullien et Clément d’Alexandrie, contemporains orientaux d’Irénée, parlent de Paul comme de l’auteur des « pastorales ». Clément de Rome qui écrivit vers la fin du premier siècle et au début du second, a nombre de passages parallèles aux pastorales, ce qui prouve la familiarité de celui-ci avec leur contenu.
Marcion, l’hérétique gnostique du second siècle, les expurgea de son pseudo-canon bien qu’il fut un grand admirateur de Paul, et ne conserva de l’Évangile de Luc que les passages expurgés de toute référence au judaïsme et seulement les dix autres lettres de l’apôtre. On se rappellera que cette épuration marcionite était motivée par la théorie universaliste de l’hérésiarque et par son antisémitisme viscéral. Il était tout à fait logique qu’il les rejetât s’il voulait défendre sa thèse, car les pastorales les auraient réfutées aussi bien en leur racine que dans leurs prolongements. On ne peut donc se fonder sur cette omission du canon marcionite pour mettre en doute l’authenticité paulinienne de nos trois épîtres. Dans ce domaine encore, il nous semble que nous sommes richement servis de preuves externes en ce qui concerne leur authenticité.
2. Date de composition←⤒🔗
Une fois l’authenticité paulinienne des « pastorales » admise, nous tirons la conclusion qu’elles furent écrites durant l’intervalle s’étendant entre les deux captivités romaines de l’apôtre. Celui-ci était arrivé à Rome (Ac 28.16) sans doute au début de 59. Il y fut détenu pendant deux années, tout en jouissant d’une certaine liberté, ce qui nous amène vers la fin de 61 ou au début de 62. Le livre des Actes nous le laisse là, sans donner de suite au récit. L’appel adressé à l’empereur fut sans doute reçu et Paul recouvra sa liberté. Il est fort probable qu’il visita l’Espagne après cet élargissement, ainsi qu’il en avait formé le projet. Après quoi il rendit visite à d’autres champs missionnaires où il avait œuvré dans le passé, notamment en Macédoine et peut-être à Éphèse (1 Tm 1.3).
Timothée avait séjourné à Éphèse durant une certaine période. L’apôtre le prie d’y prolonger son séjour. Afin de l’instruire dans son ministère pastoral face à une situation et à des circonstances difficiles, il dut lui adresser sa première lettre depuis la Macédoine (peut-être en 65 ou 66). Pendant ce temps, ou peu après, il envoie sa lettre à Tite. Nous apprenons par celle-ci que Tite se trouvait à Crète, où il avait été laissé par Paul (Tt 1.5), et qu’il lui avait rendu visite sur sa route vers la Macédoine. À présent, Paul lui demande de le rejoindre durant l’hiver à Nicopolis. De là, l’apôtre se rendra de nouveau à Rome; nous ignorons si ce nouveau voyage vers la capitale fut entrepris délibérément ou bien à la suite d’une nouvelle arrestation. Nous savons, en tout cas, qu’il fut emprisonné de nouveau. C’est de sa prison qu’il adressera sa seconde lettre à Timothée. Dans celle-ci, il prie son jeune lieutenant de venir le rejoindre à Rome (2 Tm 4.9). Nous ignorons où se trouvait en ce moment Timothée. Il est fort probable qu’il avait déjà quitté Éphèse, autrement il aurait appris que Trophime avait été laissé à Milet, près d’Éphèse, de même il aurait appris la visite de Tychique (2 Tm 4.12, 20).
L’apôtre, lui, sait que sa fin est proche (2 Tm 4.6). Il avait déjà, une première fois, comparu devant les juges impériaux et il s’attendait à une condamnation certaine. La seconde lettre à Timothée a pu donc être rédigée peu avant la mort de Paul, sans doute vers 67 ou 68 de notre ère.
3. L’organisation ecclésiastique←⤒🔗
L’état de l’organisation ecclésiastique tel qu’il ressort de ces trois lettres est celui auquel on pouvait s’attendre vers la fin de la carrière de Paul. Nous signalions plus haut que, partout où il passait, Paul plantait des Églises en y désignant des anciens. Peut-être certains d’entre eux avaient-ils une charge spéciale, celle de l’épiscope? Le terme comme tel n’est pas différent de celui de « presbyteros » ou ancien. Lorsqu’il devenait impossible de tout superviser personnellement, Paul désignait l’un de ses plus proches collaborateurs pour le seconder dans la direction des Églises nouvellement fondées. Tel était par exemple la situation à Éphèse (1 Tm 1.3) et en Crète (Tt 1.5).
Timothée et Tite étaient des délégués de l’apôtre, bien que leur ministère fut temporaire. À leur tour, ils devaient désigner des presbytres, quoique la fonction de ces derniers ne soit pas spécifiée dans le détail. Ce qui importait à l’apôtre c’était leur compétence et leur caractère personnel. En outre, il devait y avoir aussi des diacres dont la tâche était presque identique à celle exercée par les diacres de Jérusalem. Ils devaient prendre soin des affaires matérielles de l’Église, sans que pour autant le champ de leurs activités se cantonnât dans ce domaine restreint.
4. Destinataire de 1 Timothée←⤒🔗
Ce fut lors de son premier voyage missionnaire que Paul fit la rencontre et la connaissance du jeune Timothée. Il était originaire de la région de Derbes et de Lystre, en Asie Mineure. Cette deuxième ville était un centre important situé sur la route romaine reliant Antioche de Pisidie à Derbes, au sud de l’Asie Mineure. C’était une colonie romaine. Il n’est guère possible de déterminer l’origine précise de la population qui l’habitait.
Le père de Timothée était grec. Celui-ci dut par conséquent bénéficier d’une culture hellénique. Cependant, c’est son ascendance juive du côté maternel qui fut plutôt décisive pour sa conversion à l’Évangile. Loïs sa mère et Eunice sa grand-mère l’élevèrent dans la tradition des Écritures de l’Ancien Testament. Paul rendit visite à sa ville natale, lorsque Timothée n’était encore qu’un adolescent, et celui-ci vit l’apôtre devenir soudain l’objet d’une vénération toute spéciale de la part de la population païenne. Sans doute l’écouta-t-il avec un grand intérêt. Il le vit accomplir un miracle (la guérison d’un impotent) et écouta son appel à la conversion, mais il le vit également lapidé, presque tué par une foule déchaînée. Pourtant, il le verra aussi se relever et rentrer dans la ville. Le lendemain, Paul poursuivra son voyage, mais parmi les fidèles convertis qu’il venait de laisser à Lystre, il y avait l’adolescent Timothée, celui qui allait devenir l’un de ses plus proches et plus précieux collaborateurs.
Lors de son second voyage missionnaire, Paul rendit une nouvelle visite à Lystre et prit Timothée avec lui comme compagnon de voyage. Ce choix était dicté, d’une part, par la grande estime que le grand missionnaire portait envers ce jeune homme, estime ailleurs partagée par l’Église de Lystre et d’Iconium. D’autre part, il s’intéressait particulièrement au don prophétique (de prédicateur) qu’il discernait chez lui. Dans l’intention d’éviter des malentendus et des calomnies de la part des juifs et autres judaïsants, Paul fit circoncire Timothée; ensuite, il l’ordonna ancien par le conseil de l’Église, et l’apôtre prit part à la cérémonie. À partir de ce moment et jusqu’à l’heure de la mort de l’apôtre, Timothée sera le compagnon fidèle et le collaborateur bien-aimé de son grand ami, l’apôtre des gentils. Ensemble, ils traverseront l’Asie et l’Europe pour y annoncer l’Évangile. Ensemble, ils visiteront Philippes, Thessalonique et Bérée. Pour une courte période de temps, Timothée sera laissé en arrière, mais il rejoindra Paul à Athènes, d’où il portera un message signé par celui-ci aux membres de l’Église de Thessalonique. De nouveau, il s’associera à son aîné à Corinthe. C’est encore ensemble qu’ils se rendront à Jérusalem et à Antioche.
Lors du troisième voyage missionnaire, Paul, accompagné de Timothée, passera plus de deux ans à Éphèse. Durant cette période, Timothée sera chargé d’une délicate mission à Corinthe. Après cela, il visitera la Grèce avec Paul et il l’accompagnera à Jérusalem, où l’apôtre sera arrêté. Durant les deux années de la détention de Paul à Rome, Timothée restera auprès de lui. Après la libération de celui-ci, il se rendra en Asie pour s’occuper de l’Église d’Éphèse. Peu après, il recevra la première lettre, dans laquelle l’apôtre l’instruit quant à sa tâche pastorale. La deuxième lettre lui parviendra peu après, l’informant que Paul est de nouveau emprisonné et qu’il attend son exécution imminente. Cette lettre l’informe de son désir de le voir de nouveau près de lui afin de bénéficier de la consolation que son jeune ami et collaborateur pouvait lui apporter durant ces dernières phases de son combat spirituel.
Le ministère accompli par Timothée à Éphèse avait été ardu. La ville était l’une des plus importantes métropoles de l’antiquité1. De là partaient les grands axes routiers de transport et de commerce. Ici se côtoyaient des représentants célèbres de la pensée grecque; on y célébrait aussi toutes sortes de cultes d’origine païenne. Éphèse était en particulier le siège du culte de la grande Diane, dont le sanctuaire attirait régulièrement des multitudes de pèlerins venant de tous les coins du monde grec et oriental, qui y apportaient d’innombrables richesses matérielles. Outre l’influence païenne, les chrétiens d’Éphèse subissaient aussi la pression des courants judaïsants présents parmi eux.
Que Timothée ait été chargé d’une telle mission pastorale est un témoignage éloquent de l’estime dans laquelle Paul le tenait. Pourtant, il est de nature plutôt réservée, ce qui peut s’expliquer par son jeune âge ou par une santé délicate. Ce serait une grave erreur que de le tenir pour un timide manquant de fermeté dans ses convictions. On peut plutôt penser que l’affection profonde qui lie le grand apôtre à son jeune converti et ami s’explique non seulement par la personnalité attachante de celui-ci, mais aussi par la fermeté de son caractère. Néanmoins, le ministère auquel il était appelé plaçait devant lui un champ plein de problèmes très complexes. Tout en lui faisant confiance en le désignant comme pasteur, Paul ne néglige pas de lui adresser de précieux conseils et exhortations. Nous ignorons si Timothée put donner suite à l’invitation de Paul et se rendre à Rome. Selon la tradition, il aurait passé le reste de sa vie et de sa carrière missionnaire à Éphèse, peut-être comme le subordonné de Jean. Selon l’Apocalypse de Jean, l’Église d’Éphèse donne encore des preuves d’une ferme résistance contre les « pseudo-apôtres ». Néanmoins, elle semble avoir abandonné son premier zèle.
5. Circonstances de composition←⤒🔗
La première lettre à Timothée peut être considérée comme une instruction ou une charge accordée à un pasteur. Timothée doit savoir comment lutter et quelle attitude tenir face aux hérésies qui sévissent parmi les fidèles, et aussi comment désigner des anciens dans les Églises. Les « ennemis » sont une secte à laquelle font allusion d’autres lettres de Paul. Lorsqu’il écrivit sa lettre aux Galates, les adversaires étaient les judaïsants, qui cherchaient à amalgamer judaïsme et coutumes juives avec la pure foi évangélique. Dans la lettre aux Colossiens, la secte à combattre était celle des gnostiques qui rejettent la divinité éternelle du Christ, voire l’historicité de son existence. À la date des pastorales, l’élément juif est toujours présent et actif, mais l’élément dominant est celui de l’hérésie colossienne, plus développée, qui rompt avec le Christ et s’attache à une fausse connaissance (« gnosis »). Après la chute de Jérusalem en l’an 70, l’élément juif s’affaiblira sans pour autant disparaître totalement; il se confondra avec des éléments gnostiques. Paul demande à son ami et collaborateur de faire preuve de fermeté face à l’erreur pernicieuse qui menace l’intégrité de la foi au Christ Sauveur et Seigneur, à la fois Dieu et homme. Cette hérésie menaça aussi, ce qui n’est pas moins grave, le fondement biblique de la morale chrétienne.
Paul instruit également son ami en ce qui concerne l’organisation de l’Église dont il a la charge.
6. Particularités de 2 Timothée←⤒🔗
La seconde lettre à Timothée est la plus personnelle parmi les pastorales. Aucune autre lettre du Nouveau Testament n’a peut-être un caractère aussi tendre et affectueux que celle-ci. Chacun des paragraphes vibre d’une intense émotion, chacune des phrases fait entendre les battements de cœur de son auteur. Paul, l’indomptable missionnaire, le héros exceptionnel de l’Évangile, le fondateur d’Églises sur sol européen et asiatique, se trouve de nouveau à Rome, prisonnier dans une geôle impériale. Il y souffre, abandonné, méprisé, condamné. Bientôt, il connaîtra le sort ultime qu’attendaient à l’époque beaucoup de soldats du Christ lorsqu’ils demeuraient fidèles à leur Seigneur. Lors de sa première captivité, il avait pu louer une maison individuelle et avoir des entretiens libres avec ses amis et ses collaborateurs, voire donner des directives quant à la marche des Églises et de l’ensemble de son œuvre missionnaire. À présent, il se trouve enchaîné au fond d’un cachot, isolé, souffrant du froid, n’ayant auprès de lui qu’un seul ami fidèle, « le médecin bien-aimé » Luc, à qui il dicte probablement la lettre que voici.
Cependant, en un autre sens, il n’est pas seul. Aux yeux de sa foi, sa cellule de condamné est « peuplée » d’une multitude de saints. Mais il se confie à son divin Maître Jésus-Christ. Il a combattu le bon combat, il a achevé la course, il a gardé la foi… Désormais, il lui est réservé, comme à tous les autres fidèles qui subissent le même sort, la couronne que le Seigneur, Juge suprême, lui donnera en ce jour-là. Le Seigneur le délivrera de toute œuvre inique et le sauvera pour son Royaume éternel.
Paul prie pourtant son ami de venir le rejoindre ici. Dans la lourde atmosphère de son cachot, il recherche, ce qui est tout à fait naturel, la présence réconfortante de Timothée, son fils spirituel qui l’avait servi avec tant de loyauté.
Autant pour l’apôtre que pour Timothée, ce sont des temps de découragement et d’une extrême détresse. Les épreuves sont épuisantes et l’angoisse profonde. Timothée n’aura pas seulement à faire face à l’intérieur de l’Église, aux enseignements falsifiant la saine doctrine, mais de l’extérieur aussi, des ennemis s’acharneront à la persécuter, allant jusqu’à menacer son existence même. L’empereur sanguinaire Néron avait incendié Rome et avait accusé les chrétiens de ce forfait. Il avait réussi à dresser la foule contre ceux-ci. Durant cette période d’extrême insécurité, combien Timothée aurait été heureux d’avoir à ses côtés son aîné! Hélas!, il apprendra que lui aussi est la victime de l’inhumanité du gouvernement impérial et que, bientôt, il subira le martyre.
Nous pouvons imaginer, cependant, qu’en lisant cette lettre rédigée à son intention, il reçut l’encouragement dont il avait besoin. Il tendit ses oreilles aussi bien aux exhortations qu’aux promesses. Nous-mêmes, en lisant ces lignes, nous sommes saisis à la pensée que l’apôtre n’est pas tout d’abord préoccupé de sa personne et du sort qui l’attend, même pas de la fidélité de Timothée. Ses pensées se tournent vers l’Église, vers sa situation tellement précaire, vers son présent et son avenir… C’est pour elle que Paul est prêt à offrir sa personne. Il se soucie du maintien de la saine doctrine et de la loyauté dans la conduite, et il engage Timothée à choisir des hommes capables de diriger l’Église.
7. Évaluation générale des épîtres pastorales←⤒🔗
Les trois lettres pastorales, en tant que groupe particulier dans le corps paulinien, nous permettent de comprendre la vie de l’Église dans cette période de transition entre la fin de la période des pionniers et l’émergence d’une Église mieux organisée et institutionnalisée. Ceci ressort également de la lettre d’Ignace d’Antioche. Deux ou trois tendances générales s’en dégagent.
D’abord apparaît le développement de l’hérésie. L’opposition à la vérité et les divergences doctrinales apparaissent dans toutes les lettres de Paul. La lettre aux Galates s’en prenait au légalisme, la première aux Corinthiens défendait la résurrection corporelle du Christ contre l’incrédulité de certains, celle aux Colossiens mentionnait les infiltrations d’un culte philosophique. Ce sont pourtant des erreurs sporadiques et locales, à l’exception du mouvement judaïsant. Dans les « pastorales », ces mêmes erreurs apparaissent intensifiées et elles constituent une menace plus grave encore, à laquelle les jeunes pasteurs devront faire face. Cette menace accentue la nécessité de formuler des credo. Ceci est plus clair dans les pastorales qu’ailleurs. Les formules doctrinales spécifiques que l’on trouve dans Tite sont une injonction à se conduire comme un modèle, selon les « saines paroles » entendues de Paul. De telles expressions (1 Tm 1.5; 2.3-5; 3.16; 4.10; 2 Tm 1.10; 2.8; 3.16) sont courantes et montrent que l’Église s’intéresse à des formules doctrinales. « Fidèle est la Parole » de même que « saine doctrine » apparaissent fréquemment. Bien que la conscience de l’Église en tant qu’institution ait commencé à émerger depuis longtemps, elle n’était pas encore devenue un organisme ecclésiastique bien établi. La vitalité spirituelle et la conduite morale, ainsi que la piété personnelle, sont aussi importantes que le rituel; le motif missionnaire et la vigilance contre l’hérésie restent vifs en dépit de la persécution.
Nous ferons remarquer combien l’apôtre insiste sur une doctrine et un enseignement corrects, ce qui est normal en un temps où l’hérésie avait été toujours combattue. Paul insiste sur la volonté divine de voir tous les hommes sauvés, la manifestation du Christ en tant que Sauveur, l’offrande de sa personne comme rançon, sa mort et sa résurrection, notre union spirituelle avec lui, le salut non par les œuvres, mais par la seule grâce, etc.
Comme partout chez Paul, la doctrine est invariablement associée à la bonne conduite. S’il faut s’en tenir à la saine doctrine, la raison en est qu’elle produit de bons fruits (l’expression « fidèle est la Parole » apparaît cinq fois). Ce qui prouve que de telles expressions étaient suffisamment répandues chez les chrétiens et qu’elles faisaient partie des formules et des manuels catéchétiques.
8. Analyse du contenu de 1 Timothée←⤒🔗
1. Salutations (1.1-2)
Paul affirme détenir la fonction apostolique en vertu de l’ordre de Dieu et du Christ. Il ajoute qu’il considère cela comme un privilège de la grâce divine. Timothée est appelé « enfant » dans la foi. Cela pourrait signifier que sa foi était encore jeune ou, ce qui est plus probable, qu’il était converti par les soins de Paul lequel, avec raison, le considérait comme son enfant spirituel.
2. La manière dont Timothée devra s’occuper de l’hérésie (1.3-20)
Timothée est envoyé à Éphèse, entre autres pour combattre l’hérésie. Ceux qui troublent la foi doivent cesser leur action néfaste. La saine doctrine aboutit à un amour pur, à la bonne conscience, à une foi sincère; tandis que la fausse doctrine engendre le doute, des arguments vains, l’iniquité. Il existe une relation intime entre la foi et la morale. Sachant que les mythes n’auraient jamais pu sauver qui que ce soit, Paul atteste la vérité de Dieu et loue le Seigneur. Ceux qui polluent et corrompent la foi devront être réduits au silence.
3. La manière dont Timothée devra régler la vie de l’Église (2.1 à 3.16)
a. Par rapport à la prière d’intercession (2.1-7)
Nos prières doivent être complètes. Elles devront inclure « tous les hommes ». Elles ne connaissent point de barrières. Il faut prier pour tous les hommes (d’autres lieux et d’autres nations que ceux auxquels on appartient) afin que soient nombreux ceux qui parviennent à la connaissance du Christ Sauveur, le seul et suffisant Médiateur entre Dieu et l’homme. Le gouvernement civil fait l’objet d’une attention particulière. Les princes et les magistrats devront être soutenus par nos prières. Même si l’autorité civile se montre arbitraire et abusive, il n’en demeure pas moins qu’en principe elle a été établie par Dieu. Au moment où l’apôtre rédige cette lettre, le gouvernement impérial est celui de l’inique Néron. Pourtant, il peut écrire : « Priez pour les rois et pour tous ceux qui occupent une position supérieure » (1 Tm 2.1-2).
b. Par rapport au service ecclésiastique (2.8-15)
La direction doit en être remise entre les mains d’hommes capables. La prière en public, l’enseignement et la prédication seront exclusivement assurés par des hommes (au masculin). Les femmes devront occuper la seconde place et demeurer des participantes « passives » lors des cultes publics. La raison de leur statut ecclésiastique est double : Adam fut créé le premier, Ève après, c’est elle qui succomba la première à la tentation. Il est conseillé aux femmes de chercher la beauté intérieure au lieu des ornements extérieurs. La piété de l’âme et l’exercice des bonnes œuvres sont la véritable beauté féminine, celle qui consiste en la vertu intérieure et en les qualités de l’âme.
c. Par rapport aux ministres de l’Église (3.1-16)
Les ministres de l’Église, « évêque » ou « presbytre » et diacre, qui littéralement signifie « serviteur », étaient déjà connus à cette époque. Paul encourage les hommes à chercher ces offices-là et il énumère les qualités essentielles en vue d’un tel exercice.
Les anciens doivent jouir d’une bonne réputation, être tempérants, hospitaliers, contents de leur état, pacifiques et patients dans leur disposition, mûrs dans la foi, monogames, et aptes à enseigner et à gouverner.
Les diacres doivent être tempérants, fidèles, sérieux, reconnaissants pour les biens qu’ils possèdent, éprouvés et fermes dans la profession de la foi, monogames et aptes à gouverner.
Les femmes seront également sérieuses, prudentes dans leur langage, tempérantes et fidèles dans l’accomplissement de leurs devoirs.
Ces règles sont établies, selon Paul, en vue de la bonne conduite des hommes dans l’Église de Dieu, qui est « la colonne et l’appui de la vérité » (1 Tm 3.15).
4. La manière dont Timothée devra s’acquitter de son ministère (4.1 à 6.19)
a. En tant que pasteur exemplaire (4.1-16)
Paul prédit que l’apostasie viendra dans les derniers temps, c’est-à-dire entre le premier et le second avènement du Christ. Elle précédera la grande apostasie qui sera l’œuvre de l’Antichrist. Certains abandonneront la foi en s’attachant à des doctrines inspirées du démon, engendrées par Satan. Ils interdiront le mariage et forceront de s’abstenir de certains aliments, qui sont pourtant des dons de Dieu qu’il faut recevoir avec reconnaissance. En rappelant ces vérités au troupeau, Timothée fera œuvre de bon ministre de Jésus-Christ.
Paul exhorte Timothée à s’adonner à certains exercices physiques afin de maintenir son corps en bonne forme. Cependant, il devra se rappeler que l’exercice spirituel — la culture de l’âme — est bien plus profitable à cause des bénéfices qu’elle procure non seulement pour la vie présente, mais encore pour celle à venir. Il doit également développer ses talents et sa capacité de comprendre l’Évangile afin d’enseigner correctement, car cela est aussi le don de Dieu; en agissant ainsi, il sauvera sa propre personne et ceux qui sont placés sous sa surveillance spirituelle. Il est exhorté à mener une vie irréprochable et exemplaire.
b. Dans la manière de traiter des cas individuels et des groupes de gens (5.1 à 6.18)
Les anciens devront être exhortés dans un esprit d’amour et d’affection, tels des pères et des frères (1 Tm 5.1) et ceux qui gouvernent doivent être à même d’enseigner; ils devront être honorés et soutenus matériellement (1 Tm 5.17-18). Des accusations contre eux ne devraient pas être reçues sans plusieurs témoins et les péchés dont ils se seraient rendus coupables doivent être réprimandés publiquement afin que d’autres soient avertis. L’impartialité et la considération, comme le soin pour des choses saintes, doivent marquer chacun des gestes de Timothée (1 Tm 5.21-23).
Les veuves qui méritent de recevoir de l’assistance de la part de l’Église sont celles qui ont au moins 60 ans, jouissent d’une bonne réputation pour leur fidélité dans la vie conjugale, font des œuvres bonnes et n’ont pas d’enfants pouvant s’occuper d’elles. De telles veuves devront être honorées et assistées matériellement. Les veuves plus jeunes devraient se remarier et élever une famille. À cet endroit, Paul montre combien il honore la maternité.
En appliquant des principes chrétiens à la vie sociale et économique, Paul conseille aux esclaves d’honorer leurs maîtres et de regarder leur service comme un devoir accompli au nom de Dieu. Même si les esclaves partagent avec leurs maîtres une foi commune, étant ainsi des frères en Christ, ils ne sont pas exemptés des devoirs terrestres envers eux.
Celui qui désire posséder ou acquérir des richesses et regarde avec convoitise les riches de ce monde doit se rappeler que l’amour de l’argent est la racine de tout mal, mais que la piété avec un contentement d’esprit est une grande vertu. Les grâces divines doivent être recherchées plutôt que la richesse matérielle. Ceux qui possèdent des biens doivent être invités à ne pas se fier à leurs richesses, mais à donner généreusement aux nécessiteux.
5. Conclusion (6.20-21)
Les dernières lignes témoignent d’une affectueuse émotion, à peine contenue. Paul prie Timothée de demeurer ferme dans l’Évangile et de conserver jalousement le dépôt de la vraie foi qui lui a été confié par la grâce de Dieu
9. Questions sur 1 Timothée←⤒🔗
- Qui est Timothée? De quelle Église est-il le pasteur?
- Quelle raison motive la présente lettre?
- Quels sont les signes d’estime que Paul témoigne envers lui?
- Que devrait ignorer Timothée? (1.4; 4.7; 6.2). Pourquoi?
- Quel est le service que la loi rend au chrétien? (1.9-10).
- De quelle manière Paul envisage-t-il son propre ministère?
- Pour quelle raison faut-il intercéder en faveur des autorités civiles?
- Mentionner les qualités des anciens et des diacres. (3.1-13).
- Citer les « ornements » de la femme chrétienne. (2.9-10).
- Expliquer le mystère de la piété. (3.16).
- Établir une liste des apostasies des derniers temps.
- Peut-on affirmer que Paul envisage un salut universel de tous les hommes? (3.4; 4.10).
- Qui sont Hyménée et Alexandre?
- Peut-on bibliquement justifier le célibat des prêtres?
- D’après 6.15-16, décrire la gloire du Seigneur.
10. Analyse du contenu de 2 Timothée←⤒🔗
1. Introduction (1.1-5)
Dans sa salutation, Paul se dit un apôtre selon la volonté de Dieu; par conséquent, celui qui a reçu la promesse de vie. L’accomplissement de la volonté de Dieu signifie pour nous la vie même de Dieu en nous. Il est reconnaissant pour l’éducation religieuse que Timothée avait reçue durant son enfance, pour la piété de sa mère et de sa grand-mère et pour sa foi personnelle. C’est parce que lui-même a joué un rôle providentiel pour l’amener à la foi qu’il l’appelle son fils spirituel.
2. Rappels utiles (1.6 à 2.26)
a. Demeurer ferme dans l’Évangile (1.6-18)
Le christianisme devenait une forme extérieure de religion et l’ombre menaçante de la persécution planait sur l’Église. Il était nécessaire de montrer du courage moral et de maintenir intacte la saine doctrine. Timothée ne doit pas avoir honte de l’Évangile de Paul, car ceci reviendrait à avoir honte du Dieu Sauveur en personne. Il ne doit pas tarder à rendre visite à Paul, mais faire comme Onésiphore, lequel a témoigné d’une amitié indéfectible à l’égard du vieil apôtre. Durant son procès, d’autres l’ont abandonné. Paul nous rend attentifs à son propre exemple de courage; il a une confiance inébranlable en Christ, qui gardera sa foi. Son espoir fervent est que Timothée se révèle un soldat courageux et qu’il demeure ferme dans la foi.
b. Demeurer patient dans l’épreuve et la souffrance (2.1-13)
Après avoir exhorté Timothée à se fortifier dans la foi, à désigner des enseignants compétents, « de la véritable succession apostolique », Paul ajoute que la souffrance s’attache à l’avenir. Il a recours à trois images : Timothée devra se conduire comme un bon soldat, comme un bon athlète et comme un administrateur zélé. Il ne manquera pas d’obtenir la couronne à la fin du parcours pour régner avec le Christ. La souffrance peut impliquer ou entraîner l’emprisonnement, mais même ainsi, l’Esprit et la Parole ne sauraient être enchaînés.
c. Être fidèle comme un pasteur (2.14-26)
En présence des faux enseignements, en l’occurrence celui d’Hyménée et de Philète, qui cherchent à spiritualiser la résurrection, Timothée devra combattre l’hérésie dans toutes ses versions. La Parole doit être exposée dans son vrai sens. Le pasteur fidèle ne doit pas craindre l’échec ni aucune apostasie, s’il sait fidèlement s’acquitter de sa mission. La volonté de Dieu est scellée et elle sera conservée en dépit de tous et de tout. On admettra des différences parmi les membres de l’Église, comme dans une maison où il existe des ustensiles différents. Certains demeureront fermes et purs dans la doctrine, mais au prix de leur purification et de leur affinement à travers le feu.
3. Avertissements à Timothée (3.1 à 4.5)
a. Concernant les temps dangereux qui approchent (3.1-13)
On peut énumérer quelque dix-huit spécifications comme signes des mauvais temps. Un vice fondamental est l’égoïsme, visible dans l’amour envers l’argent et les plaisirs. Des vices suivront, tels la désobéissance, l’orgueil, le formalisme, la convoitise, des sectarismes religieux, etc. Paul a confiance en la fidélité de Timothée, celle dont il a donné des preuves dans le passé en cherchant à devenir l’imitateur de Paul, aussi bien quant à la doctrine que quant à la conduite.
b. Concernant les devoirs en des temps semblables (3.14-4.5)
Au lieu de se décourager et de paniquer devant le mal, le ministre devra faire barrage, en restant ferme et en prêchant sans cesse. Les Écritures sont inspirées de Dieu et sont utiles pour enseigner, pour corriger, pour réfuter l’erreur et pour entraîner dans la justice et la piété chrétiennes. La Parole était venue à Timothée par l’intermédiaire de sa mère et de sa grand-mère, de même que par les Écritures et le ministère de Paul.
4. Dernier témoignage de Paul (4.6-18)
a. Sérénité à l’approche de sa mort (4.6-9)
Il est prêt, voire anxieux de s’en aller parce que son œuvre a été achevée. Il a mené le bon combat et remporté la course; désormais, il lui reste la couronne promise, il désire ardemment être auprès du Seigneur.
b. Sa solitude et ses besoins humains (4.9-18)
Depuis que Démas l’a abandonné et que Crescens et Tite sont partis pour une mission, Luc a été le seul compagnon demeurant auprès de lui. Timothée est prié de venir et d’amener Marc avec lui. Il enverra Tychique pour le remplacer dans la poursuite de son œuvre. En vue de l’hiver qui s’approche, il demande le manteau qu’il avait laissé à Troas et aussi les parchemins : du matériel à lire ou des documents relatifs à son procès, sans doute de son premier procès. Lors du précédent procès, Alexandre fut un témoin à charge contre lui et Paul n’avait trouvé aucun secours humain. Cependant, il rend témoignage de ce que le Seigneur, qui n’abandonne jamais les siens, l’a soutenu et assuré de la récompense réservée au ciel.
5. Conclusion (4.19-22)
La lettre se termine par des salutations et par une prière bien à propos : « Le Seigneur soit avec ton esprit » (2 Tm 4.22). Ce sont les dernières paroles que nous recueillerons de la plume du grand apôtre.
11. Questions sur 2 Timothée←⤒🔗
- Qui sont les ancêtres de Timothée?
- Pourquoi avons-nous été appelés au salut? (1.9).
- En quoi le fidèle mène-t-il une vie de combattant et d’administrateur? (2.3-6).
- À quoi sert l’instruction chrétienne? (2.25-26).
- Quels sont les troubles subis par Paul à Antioche, Icone, Lystre (voir aussi le livre des Actes et ici en 3.11)?
- Qui sont Phygelles, Hermogène, Onésime, Philète, Démas, Jannes, Alexandre, Jambrès?
- Qu’apprenons-nous des chapitres 3 et 4 au sujet des « derniers temps »?
- Qu’est-ce que l’inspiration des Écritures? (3.16).
- Quelle est l’attitude de Paul face à sa mort imminente? (4.5-22).
Note
1. Voir notre article intitulé Introduction à l’épître aux Éphésiens.