Introduction aux livres de 1 et 2 Chroniques
Introduction aux livres de 1 et 2 Chroniques
1. Généralités⤒🔗
« Dans le vaste déroulement de l’histoire d’Israël présentée par les livres de l’Ancien Testament, plusieurs ouvrages d’ensemble donnent un panorama historique dont il est facile de découvrir les caractères particuliers et les méthodes historiographiques. La tradition du Pentateuque se rapporte à la période des origines, depuis la création jusqu’au séjour et à la veille de l’entrée en Canaan… Il en existe pourtant une autre [tradition] dans le recueil biblique. C’est l’œuvre du Chroniqueur, que nous appelons de ce nom puisqu’il est entièrement anonyme, et que la tradition, dans notre langue, a donné à la partie la plus importante de son ouvrage le nom de Chroniques » (Frank Michaeli).
Comme les livres précédents de Samuel et des Rois, à l’origine les deux livres des Chroniques n’en formaient qu’un seul. Leur division date de la version des LXX, et de là a passé dans la Vulgate et les traductions modernes. Signalons qu’ils étaient primitivement réunis aux livres de Néhémie et d’Esdras.
Ainsi qu’on peut le remarquer, ces livres ne racontent pas l’histoire du royaume d’Israël, mais seulement celle du royaume de Juda et s’intéressent essentiellement à ce qui concerne le temple, le culte, les prêtres, les lévites et les chantres. Ils laissent donc délibérément de côté ce qui ne se rapporte pas à la vie cultuelle du peuple de Dieu. Ainsi, ils nous donnent le point de vue d’un écrivain d’après l’Exil, pour qui le temple et le culte étaient le centre de l’histoire et de la vie du peuple de Dieu. C’est à ce titre surtout qu’ils possèdent pour nous une valeur religieuse particulière dans l’ensemble des livres bibliques.
Le titre hébreu est « Dibré hayamim », qui signifie « Affaires des jours », ce qui laisse entendre non une histoire composée au fur et à mesure des événements, mais un écrit rédigé plus tard, sur la foi de documents antérieurs. La version grecque le traduit par « Paraleipomèna », ou « les choses omises », car les Chroniques contiennent bien des renseignements différents de ceux rapportés dans les livres des Rois. On y constate de nombreuses adjonctions et omissions :
Omissions :
- Règne de Saül
- David, berger, courtisan et fugitif
- Chute morale de David et ses conséquences
- Famine de trois ans
- Cantique de délivrance
- Derniers jours de David
- Détails de construction du palais de Salomon
- Idolâtrie de Salomon
- Histoire du royaume du Nord
Adjonctions :
- Généalogies
- Détails du transfert de l’arche
- Organisation du culte
- Préparatifs pour la construction du temple
- Remarques expliquant la cause spirituelle des événements
L’histoire des rois reste confuse, à cause des répétitions qu’elle présente dans les livres de Samuel, des Rois, des Chroniques et des prophètes, si l’on ne se souvient pas des points suivants :
Le contenu de 1 et 2 Samuel correspond à celui de 1 Chroniques (livre qui nous donne en plus les généalogies). Le contenu de 1 et 2 Rois correspond à celui de 2 Chroniques (livre qui contient en moins l’histoire des rois d’Israël).
Nous possédons trois aspects de la monarchie dans l’Ancien Testament : politique (1 et 2 Samuel; 1 et 2 Rois), religieux (1 et 2 Chroniques et quelques Psaumes), prophétique (plusieurs livres prophétiques).
Un simple coup d’œil sur le contenu montre déjà que, dans l’optique de l’histoire qui caractérise les Chroniques, David et Salomon sont au premier plan. Il y a d’autres particularités, notamment le fait que seule l’histoire de Juda y est relatée. Les rois du Nord n’entrent pas en ligne de compte, parce qu’ils n’ont eu aucune part au véritable culte célébré à Jérusalem. Au centre de cette interprétation des événements se trouve la famille de David. La narration s’intéresse avant tout au temple et au culte. En fait, nous retrouvons ici l’esprit de la tradition sacerdotale que nous rencontrons dans le Pentateuque et qui place la charge du sacrificateur au sommet de la hiérarchie des tribus.
Les Chroniques proclament la foi en la rétribution divine. Les Chroniques affirment l’intervention directe et miraculeuse de Dieu dans les conflits qui mettent son peuple aux prises avec les ennemis. Les Chroniques limitent l’activité de l’assemblée d’Israël. Les Chroniques désignent le temple et le culte qui y est célébré comme le souverain bien de l’assemblée de Dieu.
2. Période←⤒🔗
Mais les Chroniques couvrent en réalité une période de l’histoire beaucoup plus vaste, puisqu’elle va de la création de l’humanité jusqu’au quatrième siècle avant Jésus-Christ, c’est-à-dire jusqu’à l’époque de l’Exil et à celle du retour à Jérusalem et de la restauration du judaïsme par Esdras et Néhémie, en passant par l’édit de Cyrus en 536 avant J.-C. L’auteur remonte, au-delà d’Abraham, jusqu’au premier homme, Adam. Il détaille surtout la généalogie de David (1 Ch 3) puisque tout l’ouvrage va montrer la vocation spéciale confiée à la maison de David, avec quelque détail l’histoire de la monarchie, de Saül, de David, de Salomon, puis celle des rois de Juda, du schisme à l’Exil, et encore avec des omissions. Les généalogies de 1 Chroniques 1 à 9 rappellent toute l’histoire précédant l’établissement du premier roi.
Ainsi c’est la plus large des synthèses historiques que nous trouvions dans l’Ancien Testament. Ce sont en tout cas les derniers écrits historiques de l’Ancien Testament et, après les livres d’Esdras et de Néhémie, aucun autre livre ne nous renseigne sur les derniers siècles qui ont précédé l’ère chrétienne.
3. Auteur←⤒🔗
Le nom de l’auteur ne nous a pas été conservé. Serait-ce Esdras, comme le supposaient les rabbins et comme pourrait le faire supposer l’unité du style, de conception historique et d’objets principaux de la narration entre les deux livres de Chroniques et celui d’Esdras? Quoi qu’il en soit, l’auteur devait probablement être lévite ou sacrificateur, car il écrit l’histoire au point de vue sacerdotal. Son but était de donner une base historique aux réformes d’Esdras et d’encourager le peuple à rebâtir le temple.
Il appartient en tout cas à la période post-exilique, car il connaissait les descendants de Zorobabel et il parle d’une monnaie persane du temps de David, monnaie qui ne fut connue en terre sainte qu’au temps de la souveraineté des rois de Perse.
4. Composition←⤒🔗
Nombreuses sont les sources auxquelles l’auteur a puisé : le Pentateuque et Josué; des registres généalogiques aujourd’hui perdus; le livre des rois de Juda et d’Israël; les actes des rois d’Israël (il s’agit probablement d’un seul et même livre retraçant l’histoire des deux royaumes); le livre de Samuel le voyant, de Nathan le prophète et de Gad le prophète; la prophétie d’Achija de Silo et les révélations de Jeddo, le prophète; les livres de Schemaeja, le prophète, et Iddo, le prophète; les mémoires de Jéhu; les écrits historiques d’Ésaïe; le livre d’Osée.
Cette série de sources se divise en deux parties : des sources historiques (registres généalogiques, livre des rois de Juda et d’Israël et peut-être commentaire sur ce livre) et des sources prophétiques.
5. Plan←⤒🔗
1 Chroniques
1. Registres généalogiques 1 à 9
a. Adam à Abraham
b. Abraham à Jacob
c. Postérité des fils de Jacob
2. Premiers rois 10 à 29
a. Mort de Saül
b. Règne de David
c. Couronnement de David
d. L’arche
e. Projet de construction du temple et promesses
f. Règne de David
g. Le temple
h. Chefs militaires et fonctionnaires civils
i. Fin de la vie de David
2 Chroniques
1. Règne de Salomon 1 à 9
a. Première vision
b. Construction et dédicace du temple
c. Seconde vision
d. Grandeur de Salomon
2. Rois de Juda 10 à 36
a. Schisme
b. Déclin spirituel
c. Réforme sous Josaphat
d. Déclin spirituel
e. Réforme sous Joas
f. Déclin spirituel
g. Réforme sous Ézéchias
h. Déclin spirituel
i. Réforme sous Josias
j. Déclin spirituel
k. Captivité
l. Édit de Cyrus
6. Message←⤒🔗
Dans quel but l’auteur a-t-il rédigé ces livres? Jérôme y voyait la chronique de toute l’histoire divine. Des modernes y trouvent une œuvre qui accentue ou souligne tel thème : chronique ecclésiastique du temple et de son culte; l’histoire telle qu’elle aurait dû se dérouler selon le Pentateuque; la première apologie du judaïsme contre les Samaritains et les païens; la manière dont le judaïsme clérical post-exilique se représentait le passé de la nation et de sa religion; une histoire sacerdotale et lévitique destinée à compléter les récits des livres de Samuel et des Rois; ou encore une histoire établissant le contraste entre les royaumes du Nord et du Sud; un écrit relatant l’histoire de la théocratie, ou bien montrant la réalisation de celle-ci en Israël; enfin une nouvelle tentative de présenter et de légitimer le fait que la communauté post-exilique était le peuple de Dieu.
Pour comprendre le message, il faut retenir le fait que les Chroniques, composées après l’Exil, présupposent l’existence de traditions plus anciennes qui devaient avoir appris que Dieu n’intervient pas toujours directement dans l’histoire de son peuple, et qu’il n’exerce pas toujours une forme visible de rétribution. Job et le Psaume 73 ne devaient pas leur être inconnus. De plus, ces traditions anciennes montrent que l’assemblée d’Israël ne pouvait pas borner son activité au chant et à la prière, mais qu’elle avait parfois à prendre des décisions extrêmement concrètes et pratiques. Les Chroniques prennent donc d’emblée le contre-pied du message transmis par ces différents courants de pensée dont l’importance saute aux yeux.
Semblable attitude, on le voit, présente certains dangers : La foi en la rétribution divine risque de conduire à une construction historique en pleine contradiction avec la vérité de Dieu. (La foi en l’intervention directe de Dieu risque de conduire à la fuite devant la décision exigée par Dieu. Le fait de limiter l’activité de l’assemblée d’Israël au chant et à la prière risque de diminuer la portée des commandements.)
L’interprétation de l’histoire apparentée au Deutéronome, de même qu’à celle d’Ésaïe, comporte également la foi en la rétribution divine. Les narrations relatives à la sortie d’Égypte et à l’époque des juges ne craignent pas de proclamer, elles aussi, la foi en l’intervention directe de Dieu dans l’histoire. L’histoire d’Abraham et de l’Exode souligne déjà l’importance du chant et de la prière. Enfin, la vénération du temple et du culte existe déjà dans l’ancien droit de l’alliance.
« De ce que nous venons de dire, il résulte que, dans le cadre d’une histoire complète du peuple de Dieu, l’auteur des Chroniques a voulu raconter ce qui concernait l’organisation et les destinées du culte lévitique tel qu’il existait de son temps, pour autant que ces renseignements ne se trouvaient pas dans le Pentateuque. Le livre des Chroniques est, à ce point de vue, la continuation du code sacerdotal. De là les renseignements relatifs à la division des prêtres en vingt-quatre classes, l’attention toute particulière donnée à l’organisation des lévites. […] Mais à côté de ce but historique, l’auteur poursuit aussi un but parénétique. Il aime à mettre les événements en rapport étroit avec la conduite bonne ou mauvaise des différents souverains; de là ces nombreux discours prophétiques qu’il joint à la narration et les jugements qu’il porte lui-même sur tel ou tel roi. Le point de vue sur lequel il se place dans ses jugements est en rapport avec l’importance qu’il attache au culte. La loi qu’il veut voir observée est celle qui a pour objet principal le service de l’Éternel dans le sanctuaire de Jérusalem, avec le personnel légitime et selon les rites consacrés » (Bible Annotée, Introduction aux livres des Chroniques).
Si nous examinons l’ensemble de nos livres, on ne peut qu’être frappé par la manière dont certains thèmes sont soulignés avec insistance.
L’un des premiers est sans doute celui de la royauté davidique. Le récit qui commence après les listes généalogiques des neuf premiers chapitres présente le contraste entre la mort de Saül, roi rejeté, et l’onction de David. Dans les chapitres 11 à 29, c’est-à-dire jusqu’à la fin du premier livre, David est au centre de l’histoire. Certes, pour l’auteur, l’histoire d’Israël ne commence pas avec David, mais c’est par la royauté de David qu’il fait débuter sa propre relation de l’histoire du peuple de Dieu. Ce roi est celui qui a tout orienté, pendant son règne, vers la construction du temple et l’organisation du culte. On a l’impression que c’est avec regret que le Chroniqueur n’a pu attribuer à David la construction du sanctuaire elle-même, mais tout est si bien réglé d’avance que Salomon ne sera plus que l’exécutant de ce que son père avait établi.
À côté du thème davidique, celui du temple est tout aussi essentiel dans l’œuvre du Chroniqueur. Le culte qui joue un si grand rôle dans cet ouvrage est naturellement un thème privilégié. Mais il faut noter la place particulière occupée par les Lévites dans la célébration du culte. L’importance accordée aux Lévites dans l’œuvre du Chroniqueur a fait penser que ce dernier avait une idée précise à exposer dans son œuvre littéraire au sujet de ces personnages. Il aurait voulu remettre au premier plan une fonction quelque peu méprisée et reléguée à des tâches matérielles secondaires et en faire, pour ainsi dire, l’équivalent du sacerdoce.
En ce qui concerne la notion du peuple de Dieu, l’auteur considère Juda comme le véritable Israël après le schisme, alors que les tribus du Nord se sont séparées pour se tourner vers les idoles. Mais il ne manque jamais de rappeler que les anciens israélites du Nord sont exhortés à revenir dans le sein du vrai peuple de Dieu pour y retrouver leur place. Ceux qui n’ont pas ce souci du peuple de Dieu, ou qui veulent se rapprocher du peuple pour des motifs moins nobles, sont considérés comme des ennemis de Dieu qui n’ont rien à voir avec la communauté religieuse du judaïsme.
La notion de rétribution y est poussée à un degré presque absolu. Dans la vie du peuple comme dans la vie de chaque personne, surtout dans celle du roi, la justice de Dieu se manifeste implacablement. Toute faute entraîne sa punition, et toute épreuve est le fruit de la colère de Dieu à cause d’une infidélité. Par ailleurs, quiconque est fidèle, surtout pour les rois, quiconque a le souci du temple et de la pureté du culte, connaît la bénédiction de Dieu et le bonheur. C’est la stricte notion de la justice de Dieu qui explique une rigueur aussi grande dans l’application d’une rétribution divine terrestre et temporelle, car il n’est nulle part question, à cette étape de l’histoire du peuple de Dieu, d’une rétribution au-delà de la mort.
C’est aussi cette justice de Dieu qui fait comprendre la substitution de Satan à la colère de Dieu dans le récit du dénombrement ordonné par David (1 Ch 21.1).
L’obéissance à la loi de Dieu tient naturellement une grande place dans l’œuvre de notre auteur. Si Dieu intervient pour son peuple, celui-ci doit vivre dans la fidélité à la loi. Il est difficile de se rendre compte exactement de ce qu’est la notion de loi dans cet ouvrage. Parfois, il s’agit d’une loi qui porte essentiellement sur les prescriptions données par David pour l’organisation du culte et du sacerdoce. Ailleurs, il s’agit de la loi qui est contenue dans les livres de Moïse.
La question du messianisme et de l’eschatologie n’est pas posée avec la plus grande précision. Pourtant, dans ce temps médiocre où il vivait, privé de royauté, le Chroniqueur avait le regard tourné vers la venue du Messie à travers la lignée davidique. L’attente du salut en Israël s’est manifestée de plusieurs façons au cours de l’histoire d’Israël. Une période pré-eschatologique avant les prophètes, une période proto-eschatologique avec les prophètes, une période de l’eschatologie en voie de réalisation (Exil et après). Le royaume de David est l’image du royaume messianique futur.
Tous ces aspects sont vrais et telle est l’intention de l’auteur. Il est cependant nécessaire de les lier ensemble, par un fil conducteur. Pour Michaeli ce fil est Jérusalem, ville sainte, une notion fondamentale. C’est elle qui est au centre des préoccupations de l’auteur (voir l’expression « le Dieu de Jérusalem »). Mais ce souci est un souci religieux, plus qu’une préoccupation humaine de sécurité matérielle. Le vrai culte ne pouvait être célébré qu’au temple et le temple ne pouvait être qu’au cœur de la ville sainte. L’intention première donc est de présenter son histoire. Ceci expliquera l’aspect apologétique et même parfois polémique. On peut également souligner l’aspect pratique de cette longue histoire. Le côté liturgique et homilétique de l’ouvrage se discerne clairement.
En résumé, les Chroniques placent le peuple de Dieu devant les deux voies qu’il sera amené à suivre au siècle du Nouveau Testament : la voie des pharisiens et la voie des disciples de Jésus. On voit que, pour devenir efficace, le message des Chroniques doit être interprété à la lumière du témoignage de l’Écriture tout entière.
Pour la vie que nous sommes appelés à vivre ici-bas, la foi dont témoignent les Chroniques signifierait une impasse. Cette foi n’a de valeur pour nous que dans la mesure où elle exprime une immense espérance. À ce propos, nous constatons que l’espérance du royaume de Dieu qui apparaît dans les Chroniques a un accent différent de celle qu’on trouve chez les prophètes. Le chroniqueur n’attend pas une rupture radicale avec la réalité présente, mais il contemple déjà maintenant, au-delà du désordre actuel, l’ordre nouveau que Dieu est en train d’instaurer.
D’où l’espoir que les croyants de l’époque mettent dans l’alliance de David; ils attendent la venue immédiate du royaume de Dieu contemplée dans l’espérance. C’est une prédication de la souveraineté exclusive de Dieu sur toutes choses. La foi qui l’inspire a pour but de fortifier la communauté fidèle, qui était à l’époque sous la dépendance de souverains étrangers.
Que peut être le message que nous dégagerons pour nous-mêmes? Ce message atteste une certitude qui ne se laisse pas dérouter par les misères présentes. La vérité de ce témoignage éclatera à la venue du Royaume, lorsque Dieu procédera à la rétribution définitive, au jour de sa moisson, et que l’Église verra son Seigneur face à face et le servira nuit et jour. La nouvelle Jérusalem, devenue le vrai temple de Dieu, sera alors le cadre de la vie des croyants, membres du corps de Christ.
On peut tenir compte également du fait que le premier livre des Chroniques condamne le rationalisme dans la vie d’un peuple. Le culte du vrai Dieu doit être le centre de la vie nationale. Celui qui rend son culte à Dieu, qu’il soit roi, homme d’État ou simple citoyen, est le seul vrai patriote. Les premiers chapitres de 1 Chroniques nous enseignent le grand principe de l’élection divine, révélée ou prouvée, par l’obéissance véritable et sincère. Le deuxième livre des Chroniques condamne le formalisme dans la vie nationale.
Si le premier livre nous montre la nécessité de reconnaître l’autorité du Dieu souverain dans les affaires nationales, le second livre nous révèle la folie d’une nation qui ne reconnaît la souveraineté de Dieu que dans l’observance de rites vides de sens réel et profond. Le rationalisme dit : Nous pouvons nous débrouiller sans Dieu. Le formalisme dit : Adoptons un mode de vie qui suggère Dieu, et vivons en réalité sans nous soucier de lui. Le formalisme meurt tôt ou tard. Il engendre l’irréligion et l’infidélité. Avoir l’apparence de la piété et renier ce qui en fait la force, s’endurcir petit à petit et mépriser les avertissements répétés de Dieu, c’est aller fatalement au-devant de la ruine. Et malheur à celui sur qui éclate la colère de Dieu devenue irrémédiable (2 Ch 36.16).