Introduction à l'épître aux Hébreux
Introduction à l'épître aux Hébreux
- Auteur
- Destinataires
- Date de composition
- Particularités
- Message de la lettre
- Analyse du contenu
- Questions
- La persévérance dans la foi
1. Auteur⤒🔗
Selon Origène (3e siècle), seul Dieu connaît l’auteur de cet écrit canonique du Nouveau Testament. Selon F. Delitzsch, cette lettre est comme Melchisédek; elle « n’a ni père ni mère »!
Il est peu de personnalités du siècle apostolique auxquelles on ait cherché à attribuer la composition de l’épître aux Hébreux. Énumérons les hypothèses suivantes :
- La lettre est de Paul.
- La lettre n’est pas de Paul.
- La lettre est écrite par Luc, Barnabas, Clément de Rome, Priscille, Apollos.
- La pensée est de Paul, mais la rédaction est d’un autre.
Elle est entrée dans le canon du Nouveau Testament parce qu’on la rattachait à l’apôtre Paul. Diverses remarques contenues au chapitre 13, en particulier la mention de Timothée, rappellent l’apôtre des gentils. Vers 95 de notre ère, Clément la déclare canonique sans toutefois préciser qui en était l’auteur. Vers la fin du 2e siècle, Tertullien, théologien en Afrique du Nord écrit : « Il existe une lettre adressée par Barnabas aux Hébreux », puis il déclare qu’il s’agit de la nôtre, en citant Hébreux 6.4-8.
Clément d’Alexandrie affirme vers la fin du 2e siècle que Paul écrivit cette lettre en hébreu et que Luc la traduisit soigneusement en grec. Origène, plus prudent, déclare : « Je suis persuadé que les pensées sont de Paul, mais le langage et la composition proviennent d’un autre. »
Sous l’influence de Jérôme et d’Augustin, l’Église d’Occident se rallia à l’hypothèse de la rédaction paulinienne. Aujourd’hui, encore des théologiens romains — ceux qui sont encore liés par les décisions du Concile de Trente — admettent l’authenticité paulinienne.
Des raisons péremptoires s’opposent toutefois à cette attribution. Le vocabulaire et le style sont très différents de ceux des épîtres pauliniennes. La salutation ne ressemble pas à celle de Paul. L’auteur semble avoir reçu son Évangile d’un tiers (Hé 2.3), tandis que Paul nie vigoureusement que ce soit le cas pour lui, et il réclame une autorité et une révélation directement reçues (Ga 1.11-17). L’expression paulinienne « le Seigneur Jésus-Christ », qui revient près de 225 fois dans les écrits pauliniens, ne se retrouve pas ici, ou bien rarement. L’accentuation est différente. Tandis que Paul habituellement considère l’Ancien Testament comme un système de lois, l’auteur de cette lettre le tient pour un système d’ombres des réalités à venir et de symboles.
La conception centrale de l’épître aux Hébreux, l’office de Grand-Prêtre de Jésus-Christ, est présentée de manière différente de celle dont saint Paul présente l’œuvre du Christ. Et une foule de remarques de détail viennent établir de manière décisive l’impossibilité de voir en saint Paul l’auteur de notre épître.
L’auteur nous apparaît, d’après son écrit, comme un homme possédant une très forte personnalité spirituelle, et en même temps une certaine indépendance de pensée. Il avait à sa disposition un vocabulaire très étendu et il s’exprime dans un style très pur, qui est sans doute le plus littéraire du Nouveau Testament; ces qualités dénotent un esprit cultivé. Il est familiarisé avec la théologie du judaïsme hellénique, et son épître présente de nombreuses ressemblances de forme et de fond avec les ouvrages du philosophe juif helléniste Philon d’Alexandrie. En outre, il était certainement un homme qui s’occupait volontiers des problèmes théologiques posés par le culte israélite.
Luther attribuait la lettre à Apollos. Le seul fondement de cette conjecture se trouve dans Actes 18.24-28, où Apollos nous est présenté comme un chrétien juif natif d’Alexandrie, éloquent et très versé dans les Écritures. Mais nous ne savons plus rien de lui (voir 1 Co 3.6 : « Apollos a arrosé »). Aucune tradition ancienne ne lui attribue la rédaction de notre épître; et, s’il est possible qu’il l’ait écrite, il partage cette possibilité avec bien d’autres chrétiens hellénistes du premier siècle.
La possibilité que Barnabas, bien connu par le livre des Actes, en soit l’auteur paraît plus probable. Ce compagnon de Paul, qui garda à l’égard de celui-ci une attitude assez indépendante, pourrait bien avoir composé la parole d’exhortation que constitue notre épître, lui qui reçut précisément le nom de « fils de l’exhortation » (Ac 4.36). Tout ce que nous savons de Barnabas s’accorde bien avec l’idée que nous nous faisons de l’auteur de l’épître aux Hébreux.
Nous conclurons ce premier paragraphe en ajoutant que l’anonymat ne nuit nullement au contenu de cet écrit. Son autorité pour notre foi ne diminue en rien. Disons avec Thomas à Kempis : « Ne demande pas qui l’a dit, mais ce qu’il a dit, et tiens-toi à cela. Si les hommes passent, la vérité de Dieu demeure pour toujours. »
2. Destinataires←⤒🔗
Il n’est pas évident non plus de savoir qui étaient les destinataires de l’écrit. Les plus anciens manuscrits présentent notre épître sous le titre : « Aux Hébreux ». Ce titre, qui ne fait pas partie du texte original, a été ajouté à la lettre à une date très ancienne, sans doute au moment où l’épître a figuré dans les collections de lettres apostoliques. Il indique, d’après le contenu même de la lettre, que celle-ci était destinée à des chrétiens d’origine juive. Ce titre, sous sa forme très vague, pourrait laisser croire que notre épître est une sorte d’encyclique adressée à tous les chrétiens d’origine juive qui faisaient partie de l’Église primitive. Mais la manière dont l’auteur s’adresse à ses lecteurs montre qu’il avait en vue une communauté locale bien déterminée. Il fait des allusions très précises à leur passé et en particulier aux persécutions qu’ils ont subies; il connaît leurs besoins particuliers, il est personnellement connu d’eux et il a l’intention de les visiter.
Cette communauté était en grand danger d’abandonner sa foi en Jésus-Christ, seul Révélateur du Père et seul Sauveur des hommes. Les lecteurs sont fatigués, leurs bras s’affaissent et leurs genoux tremblent. Bien des choses, dans la foi chrétienne, risquent d’être pour eux une occasion de chute : la figure souffrante et abaissée de Jésus-Christ lors de son apparition sur la terre; les souffrances qu’eux-mêmes ont eu à supporter à cause de leur foi; enfin, le délai pour la manifestation finale de leur salut. Mais surtout la religion juive et son culte, qui exercent un fort attrait sur eux, et c’est principalement sur ce point que portera l’effort de l’auteur.
La plupart des commentateurs anciens cherchent ces destinataires en Palestine, voire à Jérusalem. Nous pensons pourtant, avec la majorité des historiens modernes, qu’ils doivent être situés à Rome. C’est à Rome que se trouvent les premières traces de notre épître. Nous savons que l’Église de Rome, riche et généreuse, avait secouru les Églises pauvres. La persécution de Néron, telle qu’elle est décrite par l’historien Tacite, correspond avec la persécution que souffrirent les destinataires. Nous savons aussi qu’à Rome se trouvait une forte colonie juive qui comptait précisément, parmi d’autres synagogues, une synagogue dite des Hébreux. Enfin, la salutation finale (de la part de « ceux d’Italie », Hé 13.24) s’expliquerait de manière satisfaisante.
Il faudrait donc penser que notre épître fut adressée à un groupe de judéo-chrétiens de l’Église romaine où nous savons, précisément, qu’il y avait plusieurs congrégations distinctes. C’est là l’hypothèse la plus probable, mais ce n’est qu’une hypothèse.
3. Date de composition←⤒🔗
La même incertitude règne quant au lieu de composition et sa date. Ce put être l’Italie, car l’auteur attend la libération de Timothée. La date doit se situer avant la destruction de Jérusalem, parce que le système sacrificiel dans le Temple est encore en vigueur. Par conséquent, on peut penser qu’elle fut écrite avant l’an 70. Certains spécialistes ont suggéré une date ultérieure, après 80, ce qui supposerait des destinataires appartenant à la deuxième génération de chrétiens. Nous exclurons une date tardive puisque le texte original suppose le fonctionnement du culte juif. En outre, le contenu de la lettre laisse entendre clairement que les juifs à qui elle s’adresse sont encore fortement attirés par ce culte.
Pour la jeune Église du Christ, la synagogue était une sérieuse menace, puisqu’elle réclamait pour elle-même l’autorité de la tradition juive. La persécution devenait à son tour une autre menace sérieuse. Les destinataires risquaient d’abandonner la foi. Mais que font-ils alors de la gloire du Christ? Les juifs héritiers d’un glorieux passé possédaient la loi, le Temple et les sacrifices. Ils avaient Abraham, Moïse, Samuel, David, des sacrificateurs, des prophètes et des rois. Les juifs convertis à la foi chrétienne étaient considérés comme renégats, d’où les multiples et graves avertissements de l’auteur :
- Ne vous laissez pas éloigner des choses divines.
- Ne négligez pas le salut en Christ.
- N’endurcissez pas vos cœurs, ne soyez pas incrédules.
- Ne restez pas stagnants.
- Ne méprisez pas le salut; ne commettez pas volontairement de péché.
- Ne refusez pas celui qui parle depuis les cieux; ne lui restez pas indifférents.
- Encouragez-vous mutuellement; et surtout encouragez ceux qui souffrent à cause de leur foi.
- Contrôlez l’apostasie en démontrant la supériorité de la foi en Christ.
4. Particularités←⤒🔗
Nous signalions plus haut que le style de cette lettre n’évoque pas celui de Paul. Cela saute aux yeux dès les premières lignes. Elles sont majestueuses, équilibrées et d’une riche sonorité. Les savants hellénistes des premiers siècles n’ont pas manqué de le relever. Selon T. Manley, ce style est le plus classique excepté celui des écrits de Luc.
Puisque les chrétiens sont persécutés et semblent prêts à revenir en arrière, vers le ritualisme du Temple, l’auteur leur parle avec une double intention : les encourager à la fidélité et à saisir la supériorité de la foi en Christ.
Comme dans la lettre première de Jean, il n’y a pas de salutation au début; mais la lettre possède une conclusion : La doctrine et les exhortations en ce qui concerne la vie pratique ne sont jamais séparées comme c’est le cas dans certaines lettres de Paul. Cette lettre proclame la finalité de Jésus-Christ. Il est la révélation ultime de Dieu, il l’est en tant que le Médiateur entre Dieu et les hommes. Aucune « religion » ne peut désormais dépasser la foi placée en lui.
5. Message de la lettre←⤒🔗
L’auteur indique lui-même le but qu’il veut atteindre et la nature de son écrit en présentant celui-ci comme une parole d’exhortation. Tout au long de sa lettre, au cours de laquelle les développements dogmatiques alternent avec les recommandations pratiques, l’auteur n’a voulu qu’une chose : exhorter ses lecteurs. L’épître aux Hébreux ne cherche pas à séduire l’intelligence par un exposé ingénieux et théorique, elle vise à atteindre les lecteurs dans leur existence même, en leur adressant une parole qui transforme leur vie. Son aspect extérieur ne doit pas nous faire illusion; elle se présente à nous sous l’allure d’un traité théologique savamment élaboré; les matériaux dont elle se sert et la manière dont elle les assemble nous paraissent parfois un peu étrangers tant à notre pensée qu’à notre vie. Mais comme tous les livres de la Bible, elle est une Parole de Dieu adressée à notre vie concrète.
Quel est le contenu de l’exhortation? En un sens, il est le même que celui de tous les livres de la Bible : nous exhorter à croire que Jésus-Christ est celui qui apporte et réalise le salut. L’auteur de notre épître, comme chaque écrivain biblique, veut rendre témoignage à l’œuvre salutaire accomplie par Dieu en son Fils pour les hommes, et ce témoignage est rendu afin que nous croyions. Mais parce qu’il s’adresse à des lecteurs particuliers, qui lui sont connus avec leurs circonstances, leurs faiblesses et leurs tentations, son exhortation revêt un caractère particulier. Dieu parla par son Fils; telle est l’affirmation qui constitue la base de tout le message de notre épître. L’auteur veut montrer comment Dieu nous a parlé par son Fils et ce qu’il nous a dit. Or, parce qu’il s’adresse à des lecteurs d’origine juive, il se heurte immédiatement à un problème théologique considérable. Et ce problème — qui est le thème même de la lettre — est celui de la signification de l’Ancien Testament pour la foi chrétienne.
Un fait est certain, et il est tenu pour indiscutable tant par l’auteur que par ses lecteurs : Dieu a parlé aux pères, et l’Ancien Testament est le texte de cette Parole de Dieu. Quel rapport y a-t-il entre la Parole dite aux pères et la Parole dite par le Fils? La réponse qu’apporte l’épître aux Hébreux tient en peu de mots : Jésus-Christ est le contenu de la Parole dite aux pères. Si cette Parole est vidée de son contenu, alors elle n’a pas de sens; si l’Ancien Testament ne parle pas de Jésus-Christ, il n’est pas Parole de Dieu. Seule cette compréhension chrétienne de l’Ancien Testament permet, maintenant que Jésus-Christ a été manifesté en chair, de comprendre ce que Dieu a dit aux pères. Cette Parole est une parole voilée, si nous la lisons en dehors de la foi en Jésus-Christ. Mais quand le cœur se convertit à Jésus-Christ, le voile tombe et la Parole divine peut être entendue.
Ce problème de la signification de l’Ancien Testament pour la foi chrétienne est traité par l’épître avec beaucoup de détails et une grande profondeur de vues, mais il n’est pas traité dans toute son étendue. Il importait avant tout à notre auteur — parce qu’il voulait faire œuvre pratique et qu’il se souciait peu de composer un traité théologique complet — de rencontrer ses lecteurs sur le terrain où ils se débattaient eux-mêmes. Il entend traiter l’aspect du problème qui est vital pour eux et qui, faute d’une solution conforme à la vérité, deviendra pour eux l’occasion de perdre la foi et de tomber dans l’incrédulité ou dans le légalisme juif. Aussi, pensant aux circonstances personnelles des destinataires, aux combats particuliers et aux tentations concrètes auxquels ils doivent faire face, l’auteur traite surtout des rapports entre Jésus-Christ et les prescriptions cultuelles de l’Ancien Testament. Mais bien que le problème que nous avons évoqué soit éclairé sous un angle particulier, l’épître aux Hébreux peut, mieux qu’aucun autre livre du Nouveau Testament, nous aider à résoudre le problème dans toute son ampleur.
L’auteur, se trouvant ainsi conduit à parler de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ, principalement par rapport avec le système cultuel israélite, la pièce maîtresse de son argumentation consistera à montrer que le culte prescrit par Dieu au temps de Moïse était l’image prophétique du sacrifice de Jésus-Christ sur la croix.
L’expression « image prophétique » demande quelques explications. Par image, il faut entendre la figure, la représentation d’une chose. L’image n’est pas la réalité de la chose qu’elle représente. Mais l’image a une réalité propre, qui appartient non au monde des choses, mais au monde des représentations. La réalité de l’image n’est que le reflet de la réalité de la chose représentée et sa fidélité à celle-ci. Telle est la réalité du culte israélite; parce qu’il est la fidèle représentation du sacrifice de Jésus-Christ, il possède une réalité propre. Mais sa seule réalité, sa seule valeur, c’est d’être la représentation du sacrifice de Jésus-Christ. Lui accorder une autre valeur que celle-là et voir en lui non une image, mais une chose en soi, c’est entièrement vider de son sens le culte israélite, c’est le rabaisser au rang d’une pratique idolâtre. C’est précisément l’erreur juive, dont notre auteur cherche à préserver ses lecteurs.
Et cette image est prophétique non seulement parce qu’elle représente la réalité, mais parce qu’elle l’annonce et crée l’attente de cette réalité. Tout le culte israélite, en particulier le service annuel d’expiation qui en est comme la récapitulation, a pour but de tourner les regards du peuple vers le moment où Jésus apparaîtra et où, sur la croix, il accomplira réellement ce qui, jusqu’à lui, n’existait qu’en image. Chaque rite cultuel était un mot de la Parole de Dieu qui annonçait à Israël la venue du Sauveur. Tous les sacrifices du sanctuaire, au cours des siècles de l’histoire d’Israël, sont comme les bornes kilométriques que jalonnent la route et que nous voyons défiler annonçant que nous sommes toujours plus proches de la fin voyage.
En montrant que Jésus-Christ est le contenu de la Parole de Dieu adressée à leurs pères, et que lui seul donne un sens à l’Écriture de l’Ancienne Alliance, l’auteur de l’épître montre à ces Hébreux que l’Ancien Testament n’est, au fond, qu’une grande parabole du Christ. En leur expliquant cette parabole, il les aide donc à mieux connaître Jésus-Christ, à saisir sa supériorité infinie sur tous ceux qui l’ont précédé et à lui demeurer plus fidèlement attachés. Ainsi, toute sa lettre est bien pour eux une parole d’exhortation.
Pour nous aussi, chrétiens d’aujourd’hui, cette épître est une parole d’exhortation. En nous montrant, à nous aussi, que l’Ancien Testament est une immense parabole de Jésus-Christ et en nous expliquant la parabole, elle nous aide à mieux connaître ce « Jésus-Christ que les deux Testaments regardent, l’Ancien comme son attente, le Nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre » (Blaise Pascal) et à lui rester fidèles.
L’œuvre de Jésus-Christ ne peut, en effet, nous être connue que si nous la considérons par rapport à l’Ancien Testament. C’est ce qu’exige le nom même de Jésus-Christ. Toutes les fois que nous disons « Jésus-Christ », nous confessons que Jésus de Nazareth est le Christ, c’est-à-dire l’Oint de Dieu, le Messie promis à Israël. Or, il ne suffit pas que nous sachions qu’il est le Christ; il faut encore que nous sachions ce que cela signifie. Pour cela, une seule possibilité nous est offerte : comprendre ce que Dieu a dit de lui dans l’Ancien Testament.
Avec tous les auteurs du Nouveau Testament, l’auteur de l’épître répète ce que Philippe disait à Nathanaël : « Nous avons trouvé celui dont Moïse a parlé dans la loi et dont les prophètes aussi ont parlé; c’est Jésus de Nazareth, le fils de Joseph » (Jn 1.45). Mais — et c’est là son message particulier — l’épître établit la concordance entre la Parole dite autrefois aux pères et la Parole dite aujourd’hui par le Fils en montrant que celui-ci est le Grand-Prêtre d’une Nouvelle Alliance et que, grâce à son sacrifice expiatoire, nous pouvons maintenant nous approcher avec une pleine assurance du trône de la grâce.
6. Analyse du contenu←⤒🔗
-
Christ est supérieur en sa personne - 1.1 à 4.16
a. Supérieur aux prophètes - 1.1-3
b. Supérieur aux anges (avertissement) - 1.4-14; 2.17
c. Supérieur à cause de sa volonté d’abaissement - 2.5-18
d. Supérieur à Moïse - 3.1 à 4.16
Exhortations
1. Prendre les mesures qui s’imposent pour entrer dans le repos - 4.6-11
2. Ne pas sous-estimer la parole de Dieu - 4.12-13
3. S’approcher du trône de la grâce par l’intermédiaire du Souverain Sacrificateur compatissant, capable d’intercéder- 4.14-16
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Christ est supérieur dans son sacerdoce - 5.1 à 10.18
a. Il répond aux exigences et qualifications du Souverain Sacrificateur - 5.1-10
Reproches d’indifférence - 5.11 à 6.8
Encouragement à la persévérance - 6.9-20
b. Jésus est Souverain Sacrificateur d’après l’ordre de Melchisédek - 7.1-28
c. Dans cette œuvre, Christ accomplit l’Ancien Testament - 8.1 à 10.18
1. Les deux ministères sont comparés - 8.3-6
2. Les deux Testaments sont comparés - 8.7-13
3. Les deux Tabernacles sont comparés - 9.1-12
4. Les deux types de sang sont comparés - 9.12-28
5. Les deux sacrifices sont comparés - 10.1-10
6. Comparaison finale concernant l’expiation des péchés - 10.11-18
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Exhortations pratiques - 10.19 à 13.17
a. Demeurer fidèles - 10.19-39
1. En vous approchant de Dieu - 10.19-25
2. En évitant l’apostasie - 10.26-31
3. En vous souvenant du passé - 10.32-34
4. En attendant le retour de Christ - 10.35-39
b. Imiter les héros de la foi - 11.1-40
c. Endurer le châtiment - 12.1-24
1. En regardant à Jésus - 12.1-3
2. En acceptant le châtiment comme une discipline spirituelle nécessaire - 14 à 17
d. Un trio final d’exhortations - 12.25 à 13.17
e. Soyons reconnaissants - 12.25-29
f. Persévérons dans la pratique des vertus - 13.1-6
g. Sortons avec lui « hors du camp » - 13.7-17
- Conclusion - 13.18-25
7. Questions←⤒🔗
- Quelles sont les doctrines relatives au Christ dans 1.39?
- En quoi le Christ est-il supérieur aux anges?
- En quoi est-il supérieur à Moïse?
- Comment la Parole de Dieu est-elle décrite? (4.12).
- En quoi le Christ est-il supérieur au sacerdoce de l’Ancien Testament? (5 à 8).
- Comparer les hommes et les anges. (2.5-17).
- Expliquer comment Melchisédek est la figure du Christ. (7.1-14).
- Mentionner deux actes accomplis par la foi chez les héros de l’Ancien Testament. (11).
- Décrire l’état spirituel les lecteurs d’après 1.1; 2.1, 5.11; 6.10; 10.32-34; 12.4.
- Quel est le péché impardonnable? (6.4-6 et Mt 12.31-32).
- Quelles leçons tirerons-nous des châtiments divins?
- Examiner les prédictions dans 2.5-8; 4.9; 8.7-13; 10.24-37.
8. La persévérance dans la foi←⤒🔗
L’épître aux Hébreux a été adressée à une ou à plusieurs communautés qui semblent avoir perdu leur premier amour et qui, devant le péril de la persécution aussi bien que par l’importance exagérée accordée à la religion de l’Ancien Testament, abandonnent la foi en Jésus-Christ.
Cette lettre retentit comme l’appel du clairon et invite ses destinataires à rentrer dans les rangs et à persévérer, car, dit-elle, Jésus est supérieur aux personnages de l’Ancien Testament et son œuvre expiatoire est plus excellente que les sacrifices rituels de jadis. Elle rappelle aussi comment d’autres avant eux ont persévéré dans la même voie. Les Hébreux sont donc sur la voie de l’apostasie et ce qui les menace ce n’est pas uniquement une chute passagère.
Quelle est l’actualité de cette exhortation et comment la doctrine réformée comprend ce qu’on appelle « la persévérance des saints »?
À travers toute la Bible, nous trouvons l’affirmation que la persévérance est indissolublement liée à la certitude du salut, mais non dans le sens que la persévérance soit la collaboration de l’homme avec Dieu pour acquérir le salut, car nous sommes sauvés lorsque nous étions encore des pécheurs, à cause du sacrifice parfait de Jésus. Dieu seul a l’initiative de la rédemption et lui seul l’achève.
Cependant, la persévérance est inhérente à la foi par laquelle nous sommes justifiés. Cette foi vivante se traduit par les bonnes œuvres d’obéissance et de reconnaissance, c’est-à-dire qu’elle est toute autre chose que la foi des démons et des faux croyants. Elle est la réponse indispensable à l’offre du salut, au don souverain de Dieu. La persévérance dans la foi prend son origine dans le conseil éternel de Dieu et s’appuie sur ses promesses (Hé 4 et 10). Elle repose sur l’œuvre accomplir par le Christ et sur son œuvre actuelle de Souverain Sacrificateur. De nombreux textes le confirment dont : « Il ne se repent pas de son appel » (Rm 11.29). Le croyant qui prend Dieu et ses promesses au sérieux sait que, si la persévérance est un don, il n’en a pas moins sa part de responsabilité. Il doit demeurer en Christ, sur ses gardes, persévérer jusqu’à la fin, ne pas attrister l’Esprit, affirmer sa vocation et son élection, demeurer ferme et inébranlable dans la foi. Sans cette obéissance, Dieu ne nous garde pas.
C’est la raison pour laquelle notre épître nous rappelle que Dieu est un feu dévorant. On ne peut pas se moquer de lui. Ceux qui ne prennent pas Dieu au sérieux et croient pouvoir faire bon marché de ses exigences se trompent lourdement. Dieu n’est pas un objet qu’on accepte ou qu’on rejette tour à tour, selon son bon plaisir. Il n’est pas une idole dont on se sert lorsqu’on en a besoin et que l’on oublie aussitôt après pour revenir vers elle à l’occasion.
On ne passe qu’une fois de la mort à la vie, de l’incroyance à la foi véritable. Hébreux 6.4 exclut la possibilité d’une deuxième conversion pour ceux qui, ayant connu et participé à la grâce, font marche arrière et, finalement, font naufrage quant à la foi. Nous avons toutes les raisons de croire que ce passage ne se réfère pas aux véritables enfants de Dieu, mais à une certaine catégorie d’hommes apparemment chrétiens qui ont participé aux dons divins et qui ont fait un bout de chemin. Malgré cela, ils refusent de s’engager totalement pour Dieu et préfèrent retourner en arrière parce que le prix de leur fidélité leur semble trop élevé. Certains pensent qu’ils peuvent se convertir juste avant leur mort. C’est tellement plus commode…
Pourtant, sans la persévérance qui caractérise les saints, il n’y a pas de salut. Il est vrai que l’endurcissement de ces hommes n’apparaît pas toujours au grand jour, l’Église ne peut pas juger ou établir des critères ou encore des lignes de démarcation précises qui définissent clairement à quel moment le péché impardonnable a été commis. Seul Dieu connaît et sonde les cœurs. Sa Parole est là pour nous avertir de ne pas franchir la ligne de démarcation d’où il serait impossible d’effectuer un retour en arrière, même si l’on pleure et l’on se lamente. Il faut donc se tenir sur ses gardes, car quiconque ne se tient pas sur ses gardes n’a pas le droit de penser à la certitude de son salut.
Toute certitude chrétienne est basée sur la communion constante avec Jésus. Si l’on a la certitude que Dieu opère et continue à opérer « le vouloir et le faire » qu’on travaille alors « avec crainte et tremblement » à son salut (Ph 2.12-13). Les fruits de l’Esprit que sont la repentance, la charité, le zèle, la prière sont considérés comme les signes de notre élection et de notre persévérance. Les véritables croyants n’échappent pas toujours ni à la tentation ni au péché. Mais leur chute n’est pas définitive. La Bible ne nous cache pas certaines chutes retentissantes des héros de la foi, mais elle nous révèle aussi leur repentance. La foi n’accepte jamais le péché comme une réalité sans importance ou comme un état permanent. Par la persévérance et par la foi, le vrai croyant retrouvera toujours la communion avec Dieu, qui ne dédaigne jamais « un cœur contrit et humilié ».
Il faut écouter dans l’humilité l’exhortation de l’épître : « Efforçons-nous d’entrer dans ce repos » (Hé 4.11) Sachons aussi jubiler avec le prophète à, cause de la consolation reçue :
« Quand les montagnes s’éloigneraient et que les collines chancelleraient, mon amour ne s’éloignera pas de toi, et mon Alliance de paix ne chancellera point, dit l’Éternel qui a compassion de toi » (És 54.10).