Introduction à l'Évangile selon Marc
Introduction à l'Évangile selon Marc
- Auteur
- Authenticité
- Destinataires
- Date et lieu de composition
- Particularités
- Structure et analyse
- Message
- Questions
1. Auteur⤒🔗
L’auteur du second Évangile canonique, Jean-Marc (Jean, nom juif; Marc, nom romain) semble être un chrétien de Jérusalem. Son nom n’est pas mentionné dans les quatre Évangiles, mais il revient plusieurs fois dans le livre des Actes des apôtres et dans quelques passages des épîtres de Paul et de Pierre. Il est possible de reconstituer en grande partie sa biographie en se basant aussi bien sur les données bibliques que sur la tradition orale. La première fois que nous le rencontrons, c’est aux environs des années 41 et 44, lorsque Hérode Agrippa règne sur la Judée. Il est le fils d’une certaine Marie dont la maison à Jérusalem était devenue le centre de ralliement des premiers chrétiens. Il est possible que la mère et le fils aient été amenés à la foi par la prédication de Pierre (Ac 12; 1 Pi 5.13). La plupart des spécialistes du Nouveau Testament pensent qu’il pourrait bien s’agir de notre Jean-Marc dans l’incident du jeune homme fuyant nu, que nous trouvons dans notre Évangile (Mc 14.51-52).
Partant de cet épisode, on pourrait établir avec une certaine probabilité la chronologie suivante :
Aux environs de l’an 30, Marc assiste à la scène de Gethsémani. En 45, il accompagne Paul et Barnabas dans leur premier voyage missionnaire. Il a alors environ 30 ans (Ac 13).
Il doit avoir une dizaine d’années de moins que les deux missionnaires, et sans doute était-il âgé de 15 ou 20 ans au moment de la crucifixion. La réunion de prière pour la délivrance de Pierre a lieu chez lui, sa maison servant de quartier général aux chrétiens de Jérusalem. Après sa libération miraculeuse, Pierre s’y rendra. Peut-être la chambre haute où Jésus célébra la dernière cène se trouvait-elle aussi chez Marc. C’est aussi là sans doute que les disciples étaient réunis au moment de l’effusion de l’Esprit le matin de Pentecôte. On voit que Marc fait partie du cercle de ceux qui entourent les chefs de file chrétiens de la toute première heure. Sa famille est aisée, puisque sa mère possède des serviteurs et des servantes. Barnabas est son cousin, qui possédait également des biens et une grande propriété d’après le témoignage d’Actes 4.37. Sans doute l’un et l’autre sont-ils originaires de Chypre, d’où Barnabas était venu.
Il est fort vraisemblable que le jeune Marc fut élevé dans un milieu à la fois cultivé et pieux. C’est Barnabas qui l’introduira au ministère après sa visite à Jérusalem, accompagné de Paul (Ac 11.30).
Lors du premier voyage missionnaire, le jeune Marc servira d’assistant aux deux aînés. Il séjourna avec eux à Chypre, mais quand les aînés quittèrent l’île pour se rendre en Asie Mineure, Marc ne les accompagna pas, mais rentra à Jérusalem. On ne connaît pas la raison de cet abandon. On a pensé qu’il ne se serait pas intéressé à la mission parmi les païens. Mais si c’était le cas, pourquoi avoir rédigé un écrit qui se destinait précisément à ces païens, et notamment à des lecteurs romains?
Après avoir causé un sérieux désaccord entre Paul et Barnabas, Marc disparaît du récit du Nouveau Testament et n’apparaît pas avant dix ans. En l’an 52, après le Concile de Jérusalem, il revint à Antioche avec Barnabas. Paul ayant refusé de le prendre avec lui lors du deuxième voyage missionnaire (Ac 15.36-39), Marc ira fonder l’Église d’Égypte (selon le témoignage d’Eusèbe et de Jérôme), ce qui semble confirmé par le texte de Romains 15.18-23.
Paul aurait-il oublié l’Égypte et l’importance de la colonie juive qui s’y était établie?
Entre 54 et 61, Marc est l’assistant de Pierre. Il suit l’apôtre à Antioche (Ga 2.11). Il visite avec lui les Églises d’Asie Mineure (1 Pi 5.13). Entre 62 et 63, il collabore avec Paul à Rome (Col 4.10; Phm 1.24). On voit que la vieille querelle s’était dissipée et que le grand apôtre des gentils recommande son jeune collègue à des Églises de cette ville.
Dans 2 Timothée, Paul considère qu’il est utile pour le ministère. En 63, il retourne en Asie Mineure (Col 4.10). En 64, il se trouve à Rome où il compose son Évangile, et d’après les pères ecclésiastiques, il rentre en Égypte où il suit et supervise l’œuvre commencée. Après un séjour en Égypte d’une durée indéterminée, il serait mort lors d’une émeute à Alexandrie. Si Marc n’a pas joué personnellement un grand rôle, il a servi de lien entre les trois sphères missionnaires : l’Asie (Pierre), l’Europe (Paul), l’Afrique (Barnabas).
D’après le témoignage de 1 Pierre 5.13, Pierre le tient pour son « fils », ce qui indique une étroite dépendance par rapport à cet apôtre et qui explique aussi que son Évangile a des résonnances pétrines très certaines.
2. Authenticité1 ←⤒🔗
C’est Eusèbe, dans son Histoire ecclésiastique, qui nous donne les plus anciens renseignements sur l’auteur du second Évangile. Il se réfère à l’écrivain du christianisme primitif, Papias de Hierapolis, un contemporain du martyr Polycarpe qui mourut en 156. Papias, dans son œuvre malheureusement perdue intitulée Commentaires sur les discours du Seigneur, cite comme autorité le « presbytre » Jean d’Éphèse, qui vécut jusqu’à l’époque de Trajan (98-117) et qu’il paraît avoir connu personnellement. Il lui prête ces paroles sur l’évangéliste :
« Marc, interprète de Pierre, a mis par écrit exactement tous ses souvenirs des paroles et des actions du Seigneur. Mais il n’a pas suivi l’ordre des faits. En effet, il n’a ni entendu ni suivi le Seigneur, mais, plus tard, comme je l’ai dit, il a accompagné Pierre, lequel enseignait selon les besoins et sans vouloir donner une relation écrite suivie des paroles du Seigneur. »
Les faits sont donc clairement résumés. Pierre annonce l’Évangile, c’est-à-dire le message du Crucifié et du Ressuscité. Il complète sa prédication en l’illustrant occasionnellement d’exemples et d’événements empruntés à l’enseignement et à la vie de Jésus. On ne sentait pas encore le besoin d’une biographie cohérente. Marc, en accompagnant Pierre, a souvent entendu ses récits et les a utilisés ensuite pour son Évangile. Le texte de Papias montre que la chrétienté primitive avait déjà reconnu clairement le style particulier du second évangéliste. Elle avait également compris qu’il n’avait pas été lui-même un témoin oculaire et que son écrit ne présente qu’une imparfaite liaison chronologique.
Le Marc que mentionne Papias est sans doute Jean-Marc, que le Nouveau Testament présente avec un relief tout particulier. D’autres auteurs plus récents ont donné des précisions et clarifié certains points sans toutefois ajouter quelque chose d’important à ce témoignage. La préface anti-marcionite de Marc qui date d’environ 170 ajoute que l’auteur composa son Évangile dans les régions d’Italie, après la mort de Pierre. C’est fort possible. Nous y trouvons par exemple des explications sur des pratiques juives qui auraient été inutiles en Palestine (Mc 7.3), et les mots et tournures latines qui parsèment le grec de Marc peuvent être une confirmation de cette hypothèse.
Outre ces preuves externes, il faut compter la référence de Justin Martyr à Pierre (Dialogue 106), qui est probablement une référence à Marc, car les paroles qu’il cite ne se trouvent que chez Marc; de même, Irénée est d’accord avec le prologue anti-marcionite datant l’Évangile après la mort de Pierre. De plus, s’ajoutent des preuves internes. Par exemple, la troisième personne du pluriel de Marc (rendant probablement le « nous » de Pierre) est remplacée par le « il » dans les autres Évangiles dont les auteurs ne pensaient qu’au Seigneur.
Quand les auteurs anciens disent que Marc était l’interprète de Pierre, il n’est pas nécessaire d’ôter à ce terme son sens premier de traducteur. Car le grec de Marc laisse apparaître dans plusieurs passages des signes d’un araméen sous-jacent. Des traditions très anciennes ont identifié Marc l’évangéliste avec le Jean-Marc d’Actes 12.12, et plus tard, dans le Nouveau Testament, rien ne contredit cette tradition. La tradition de la relation de l’Évangile avec Pierre est rapportée par d’autres auteurs, la tendance étant de la souligner. Clément d’Alexandrie par exemple représente l’Évangile comme ayant été écrit durant la vie de Pierre, quoiqu’ailleurs il dit que Pierre n’a pas expressément commandé ni empêché cette rédaction (Eusèbe, Histoire ecclésiastique 6.1). Ailleurs, il affirme que l’apôtre ratifia l’écrit pour la lecture des Églises. Le témoignage de la tradition primitive relative à l’authenticité de Marc est général et celui concernant le rapport entre Pierre et Marc est tout aussi clair. Le support pour dater la rédaction après la mort de Pierre est primitif et donc digne de foi.
Ainsi, la tradition est unanime dans l’Église primitive pour attribuer l’Évangile à Jean-Marc, l’associé de Pierre. Les objections à cette authenticité ne semblent pas convaincantes. Parmi celles-ci, mentionnons celle qui soutient que le nom de Marc étant assez répandu chez les Romains, il se pourrait que l’Évangile ait été rédigé par un disciple romain qui s’était associé à Pierre. Selon une autre, il y aurait dans l’Évangile certaines inexactitudes quant à certaines données géographiques de la Palestine.
Avec Gunther Dehn, concluons à cet endroit :
« Qu’il nous suffise de constater que ni le style ni le contenu de cet écrit ne nous empêchent en aucune manière de l’attribuer à Marc. En fait, toutes les parties du récit évangélique auxquelles il est certain que Pierre a été mêlé donnent une impression particulière d’authenticité. Qu’on pense par exemple au récit de la première journée à Capernaüm, ou à la relation des réponses sur la messianité de Jésus à Césarée, ou au reniement de Pierre. »
3. Destinataires←⤒🔗
Nous avons plusieurs raisons de penser que l’Évangile a été rédigé en ayant en vue des lecteurs d’origine païenne. Marc n’a pas le même intérêt que Matthieu pour associer ou pour faire ressortir le fort lien qui unit Jésus au peuple juif et, par delà les juifs, à l’Ancien Testament. Jésus n’y apparaît pas comme l’accomplissement de l’Ancien Testament. Même si Marc cite l’Ancien Testament ou y fait allusion, ce n’est pas dans l’intention de prouver la messianité de Jésus.
Dans nombre de passages qui sont les mêmes que chez Marc, Matthieu ajoute tout matériel susceptible de montrer le caractère juif de la révélation et celui, messianique, de la personne et de l’œuvre de Jésus. Ceci est absent chez Marc. Par exemple, au sujet des tribulations eschatologiques, Marc écrit : « Priez pour que cela ne se passe pas en hiver. » (Mc 13.18). Matthieu, quant à lui, écrit : « un jour de sabbat » (Mt 24.20). Tous deux rapportent l’entretien de Jésus avec la femme syro-phénicienne; mais Matthieu cite la parole de Jésus : « J’ai été envoyé seulement envers les brebis perdues des juifs » (Mt 15.24), alors que Marc ne contient pas cela (Mc 7.24-30).
Dans Marc 6.7-11, les douze sont envoyés uniquement pour enseigner et pour guérir. Dans un passage correspondant de Matthieu (Mt 10.5-6), Jésus instruit les disciples de ne pas aller vers les païens ou les Samaritains, mais uniquement vers les brebis perdues d’Israël. Ainsi, la non-inclusion d’éléments juifs chez Marc est une indication qu’en rédigeant son Évangile il avait en vue des lecteurs non-juifs.
Cependant, le cadre de Marc est entièrement palestinien. Le contexte juif apparaît partout, de sorte qu’un lecteur non-juif n’aurait pu comprendre le sens des événements ou discours rapportés sans les explications de Marc (Mc 7.3-4; 14.12; 15.42).
Mais cela n’obscurcit nullement l’intention universelle de l’Évangile. Il serait difficile d’imaginer une meilleure introduction universelle pour un Évangile que celui des premiers mots du texte : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. »
Mais cette phrase est aussitôt suivie par une citation de l’Ancien Testament. C’est cette combinaison de ce qui est universel et de ce qui est juif qui fait que Marc est l’Évangile idéal pour une communauté composée principalement de païens, mais incluant quand même des éléments juifs; l’Église de Rome était précisément une telle communauté. Matthieu, lui, a souligné davantage le caractère juif de l’Évangile. C’est l’une des grandes différences entre les deux écrits.
On peut ajouter à cela que le style narratif précis et concis montre qu’il convient particulièrement à des lecteurs romains.
4. Date et lieu de composition←⤒🔗
Marc ne donne aucune indication quant à la date de la rédaction de son Évangile. Tout ce que nous pouvons dire à ce sujet est qu’il fut possiblement composé avant ceux de Matthieu et de Luc. Toutefois, il existe des évidences externes permettant de situer approximativement la date de sa composition.
Irénée, écrivant autour de l’an 200, dit que Marc rédigea son Évangile après la mort de Pierre. Par contre, Clément d’Alexandrie, qui écrivait quelque 25 ans avant Irénée de Lyon, dit que l’Évangile fut rédigé durant la vie de Pierre. Il est clair que la rédaction est associée à Pierre, que ce soit avant ou après la mort de l’apôtre.
Selon une tradition généralement admise, Pierre aurait été exécuté sous Néron en 64. Lorsque nous en tenons compte et que nous tenons également compte de Matthieu et de Luc en rapport avec Marc, la date de composition de l’Évangile ne devrait pas être ultérieure à 65.
Gunther Dehn la situe en l’an 60 avant que n’éclate la guerre juive. Comme il le rappelle en tout cas, à ce moment la destruction du temple ne paraît pas avoir été un fait accompli (Mc 13.14). Une tradition déjà ancienne tient Rome comme le lieu de la composition de notre Évangile. La raison en est de nouveau l’étroite association de l’auteur avec Pierre et son ministère. 1 Pierre 5.13 montre que Pierre s’y trouvait. Clément d’Alexandrie et Irénée aussi pensent que l’Évangile fut rédigé à Rome ou en Italie. En outre, il faut se souvenir que cet Évangile n’était pas aussi répandu que les deux autres synoptiques. Son acceptation canonique fut peut-être due au soutien que l’Église de Rome lui apporta. Sans pouvoir le démontrer, il nous est permis de penser qu’il fut rédigé à Rome.
5. Particularités←⤒🔗
L’étude des origines de Marc est bien plus simple que celle de Matthieu, les données de la tradition et les indices internes du livre étant d’accord avec les points essentiels. La conclusion à laquelle aboutissent les recherches scientifiques peut prendre la forme d’une affirmation et ne pas rester dans le domaine de l’hypothèse. Contre l’hypothèse selon laquelle Marc aurait puisé ses renseignements dans l’Évangile selon Matthieu, remarquons la différence frappante de style et le plan des deux Évangiles. Matthieu nous fait connaître l’œuvre de Jésus, Marc davantage l’ouvrier. Le premier nous introduit dans l’histoire nationale juive, le second dans celle de Jésus. Matthieu ouvre des perspectives de l’œuvre divine, Marc trace des portraits nets. Matthieu possède un grand talent et conçoit habilement son écrit, Marc offre une narration simple. Nous avons déjà signalé les sources qui peuvent être celles de Marc : les discours de Pierre et peut-être quelques-uns de Jean, ainsi que la tradition orale apostolique et les souvenirs personnels de l’auteur.
Toutes les parties du récit évangélique auxquelles il est certain que Pierre a été mêlé donnent une impression particulière d’authenticité, que l’on pense par exemple au récit de la première journée à Capernaüm, à la relation des réponses sur la messianité de Jésus, à Jésus à Césarée, ou encore au reniement de Pierre. De même, le fort accent mis sur le sens salvateur de la mort de Jésus et sur la foi comme moyen de saisir le salut montre que l’auteur est bien au courant de la pensée de Paul. Marc n’a pas imprimé à son Évangile le sceau de sa personnalité. Au contraire, il s’est modestement effacé devant son sujet. Seul compte pour lui la matière qu’il traite, il est hors de doute cependant que, dans l’ordonnance des péricopes, il a suivi un plan mûrement réfléchi et qui lui est propre.
Peut-être devons-nous à ses dons d’écrivain les nombreuses descriptions, colorées et vivantes, que nous trouvons dans son Évangile. Mais peut-être aussi n’a-t-il fait que transcrire ce que l’esprit si vif du premier apôtre avait conçu. C’est un « anonyme » qui a écrit cet Évangile, mais cet anonymat, cette humble objectivité qui pense à tout, sauf à mettre volontairement en valeur sa propre personne, est ce qui, dans une large mesure, assure à Marc notre sympathie et notre gratitude.
Nous y trouvons peu de récits originaux. Les quelques faits qui ne se trouvent pas dans les autres Évangiles sont : la guérison d’un sourd-muet (7.32-37), la guérison graduelle d’un aveugle (8.22-26), le jeune homme qui s’enfuit (14.51).
Il y a une préférence accordée aux guérisons, mais peu de discours. Tandis que l’on compte 16 miracles, il n’y a que quatre paraboles; la semence à croissance organique ne se trouve pas chez Marc, et un seul des grands discours de Matthieu est rapporté ici dans sa presque totalité (Mc 13). Quelle en est l’explication? Marc, avons-nous dit, s’adresse à des chrétiens d’origine romaine. Or, les Romains ne sont ni des théologiens ni des mystiques. C’est un peuple éminemment pratique. C’était donc la description de l’activité de Jésus qui leur convenait. De plus, Pierre, de qui Marc tient ses récits, était un homme d’action. Marc montre Jésus en quelque sorte dans son atelier, en plein travail, déployant par là une attitude infatigable au service des hommes avec toutes les ressources de puissance et de sagesse qu’il ne cesse de puiser dans la communion du Père.
Le récit est une succession de tableaux vifs, pleins de fraîcheur et de vie. Il omet les récits de la naissance de Jésus. Il nous présente d’emblée le Serviteur de l’Éternel à l’œuvre, sans s’attacher au récit de son origine et des trente années de sa vie privée à Nazareth. Il emploie fréquemment le mot « aussitôt ». Sur les 80 passages du Nouveau Testament où se trouve ce terme, 40 apparaissent dans notre Évangile. Nous contemplons dans son récit un Jésus marchant comme à pas précipités de victoire en victoire, inaugurant rapidement (en moins de trois ans) la conquête du monde. Marc ne s’adresse pas à des juifs, mais à des païens. Il traduit des mots araméens tels que Boanerges, Talitha Goumi, Corban, Ephratha, Bartimée, Abba, Golgotha, Éloi… Il explique des coutumes juives et d’autres choses inconnues par les non-juifs : les ablutions, le jour des pains sans levain, la topographie de la montagne. Les lecteurs semblent être des Latins ou des Romains, car il traduit les deux « lepton » en monnaie romaine (12.42).
Il mentionne les fils de Simon de Cyrène, Alexandre et Rufus (15.21). On peut en déduire que ces deux hommes devaient être connus de l’auteur et de ses lecteurs, ce que semble prouver encore la salutation de Paul dans Romains 16.13. La famille du frère Rufus paraît avoir habité Jérusalem au temps où Paul y vivait lui-même, avant qu’elle ait fait partie de l’Église de Rome.
Nous trouvons une place prépondérante accordée à l’instruction des douze. Loin de glorifier ces derniers, comme c’est le cas dans les légendes qui circulent sur eux, il les montre tels qu’ils sont, avec leurs défauts, leurs erreurs, leur incompréhension spirituelle (4.10-13; 5.31; 8.16; 9.32). Pierre y tient un rôle important (1.29-39; 3.16; 9.5-6; 11.21; 13.3; 14.29,37,68,72; 16.7). Les paroles honorifiques de Jésus à Pierre après sa confession à Césarée sont omises ici, de même que le récit de l’apôtre marchant sur les eaux. N’est-ce pas le signe de l’humilité de l’apôtre?
Nous trouvons encore chez Marc beaucoup de traits pittoresques : des renseignements précis sur le temps et sur l’heure, des descriptions des différentes attitudes de Jésus, des allusions fréquentes « aux retraites » de celui-ci, description de l’impression produite sur les témoins par des scènes du ministère de Jésus; détails sur la foule et description de la haine croissante des adversaires. Citons quelques déclarations particulières de Jésus : le sabbat est fait pour l’homme (2.27); du cœur sort la folie (7.22), tout homme sera « salé de feu » (9.49), il fait tout à merveille (7.37).
Il n’est pas toujours aisé de définir et d’exposer le but de Marc. En effet, le deuxième Évangile ne semble pas avoir été rédigé en vue d’atteindre un certain résultat, mais bien plutôt sous l’impulsion d’une forte émotion créée par le récit de la vie de Jésus. Ne cherchons pas dans ce récit une intention apologétique, polémique ou didactique, mais simplement l’expression spontanée d’un enthousiasme plein d’admiration pour la personne du Sauveur. L’étonnement émerveillé et joyeux de l’auteur dans la présence du Christ agissant n’est pas l’écho de celui des foules qu’il se plaît à décrire. Rappelons-nous cependant le besoin de connaître l’origine de la Bonne Nouvelle pour s’assurer de la vérité, mais il est difficile de dire si Marc, en écrivant son histoire de Jésus et en décrivant l’impression immédiate créée par ses paroles et ses actes sur ses contemporains, a répondu consciemment ou non à ce besoin.
Dans l’Évangile de Marc, on trouve des éléments fondamentaux qui se retrouvent dans les Évangiles selon Matthieu et Luc. Ce qui explique tant de similarités entre les trois livres. Rappelons encore ici les caractéristiques les plus spécifiques de Marc :
a. Le titre←↰⤒🔗
Il est le seul à posséder dans le texte même un titre général : « Commencement de l’Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu. » C’est-à-dire qu’il propose de montrer de quelle manière « l’evangéllion », la bonne nouvelle de Jésus-Christ, est apparu. Ce faisant, c’est la bonne nouvelle même qu’il décrit. Il se pourrait que ce fût ce terme de Marc que l’Église appliquât aux quatre livres annonçant cette Bonne Nouvelle.
b. L’introduction limitée←↰⤒🔗
Marc a eu besoin de treize versets seulement pour introduire son écrit et le ministère de Jésus. Huit d’entre eux concernent des remarques consacrées au Baptiste, trois au baptême de Jésus et deux à la tentation dans le désert. Après cela, l’évangéliste rapporte le ministère de Jésus à proprement parler. L’Évangile de Marc ne contient donc pas de récit de la nativité ni la vie de Jésus avant son baptême. Sans doute n’a-t-il pas jugé absolument indispensable de faire connaître ces éléments aux lecteurs de son Évangile.
c. L’absence de l’emploi du terme « Seigneur »←↰⤒🔗
L’absence presque totale du terme « Seigneur » comme titre est caractéristique chez Marc. Le terme en grec est Kurios, c’est-à-dire maître ou patron. Matthieu et Luc l’emploient fréquemment. Ils se réfèrent à Jésus comme au Seigneur. Les disciples s’adressent à lui par ce terme (Lc 10.17). Et par eux, Jésus se réfère à lui-même comme le Seigneur (Mt 7.21).
Marc, quant à lui, ne l’emploie presque jamais. La différence entre Marc, Matthieu et Luc est marquante. Ces deux derniers écrivent sur le Christ d’un point de vue propre à l’après-résurrection. Avant la résurrection, les disciples avaient une connaissance très imparfaite du Christ, de son caractère et de sa mission. Après la résurrection, ils virent en lui le Fils de Dieu, le Prince de gloire, le Sauveur des hommes. L’Église, après la résurrection, appelle Jésus par son nom favori de Seigneur. Les deux auteurs synoptiques ramènent ce titre avant le temps de la résurrection, mais Marc presque jamais. Il souligne donc le ministère du Christ avant sa résurrection. Son terme favori est Maître, au sens d’Enseignant ou Docteur.
d. Le caractère humain←↰⤒🔗
Ceci nous amène à voir chez Marc un autre intérêt porté à la personne du Christ. À propos de la tempête sur la mer de Galilée, tandis que Jésus dormait dans la barque, Marc écrit au sujet des disciples : « Ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons? » (Mc 4.38). Luc, apparemment soucieux de ne pas laisser l’impression d’une indifférence de Jésus pendant la tempête, rapporte cette parole : « Maître, maître, nous périssons! » (Lc 8.24), montrant la crainte des disciples. De même Matthieu 8.25.
Le « il ne pouvait pas » de Marc devient chez Matthieu « il ne fit pas » et « les œuvres puissantes » devient « par beaucoup d’œuvres puissantes ». Matthieu préserve le pouvoir de Jésus même en face de l’incrédulité. Marc rapporte qu’un certain homme s’approcha de Jésus en l’invoquant : « Maître bon. » À ceci, Jésus répondit : « Pourquoi m’appelles-tu bon? Personne n’est bon, si ce n’est Dieu seul. » (Mc 10.18). Matthieu quant à lui a : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon? Un seul est bon. » (Mt 19.17). En appliquant le mot « bon » à « œuvre » et à « quel » au lieu de « Maître » et de « me », Matthieu protège Jésus contre une pensée d’après laquelle il aurait pu ne pas être sans péché (ce qui n’était nullement l’intention de Marc). À noter à ce propos ce que Marc rapporte, et qui ne se trouve pas dans les deux autres Évangiles synoptiques : « Et le regardant, Jésus l’aima. »
e. La filiation divine←↰⤒🔗
Le fait que Marc a placé l’accent sur l’humanité de Jésus ne signifie pas qu’il néglige sa divinité. En réalité, il met les deux natures en parallèle, sans diminuer en quoi que ce soit l’une ou l’autre. L’Évangile commence par l’assertion de la divinité de Jésus-Christ. Le Père céleste atteste cette divinité à deux reprises, et même les démons le reconnaissent comme tel (1.24; 3.11; 5.7). En 12.7 et 37, elle est sous-entendue.
En 13.32 et 14.61-62, Jésus s’affirme explicitement. Il pardonne les péchés (2.5-12). À côté de ces passages, il faut encore voir les paroles et les actes de Jésus qui, tous, respirent l’autorité et le respect pour sa personne. Marc, aussi bien que les deux autres synoptiques, a le point de vue de l’après-résurrection en décrivant la vie de Jésus antérieure à la résurrection. Toutefois, l’évangéliste n’a pas voulu que ce point de vue obscurcisse l’intense humanité qui caractérisait le Seigneur durant sa vie terrestre.
Dans tous les Évangiles, la passion et la résurrection du Christ occupent une place centrale et forment l’apogée de ces écrits. Or, une grande partie de Marc 10.32 à 15.47 est consacrée à la passion et à la dernière semaine de Jésus. Elle peut ainsi avoir servi de modèle aux autres Évangiles.
f. L’Évangile de l’action←↰⤒🔗
Marc souligne l’action; il accorde moins d’attention à l’enseignement. Certes, l’enseignement y figure aussi, mais c’est davantage par l’action et l’exemple que par le discours. S’il parle, ses paroles sont davantage des remarques que des discours, et en général ne dépassant pas les 5 versets.
Parfois, il n’existe aucune explication d’un acte accompli par Jésus. Il y a plutôt un mouvement constant (voir par exemple dans 1.29-31).
g. L’enseignement←↰⤒🔗
Le discours n’est pas cependant absent de l’Évangile. Le chapitre 4 est entièrement consacré à un discours. Le chapitre 13 est un long discours eschatologique. Dans d’autres chapitres, il existe également des sections de 8, 11, 12 et 17 versets. Plus importantes encore sont les nombreuses références à des enseignements qui ne sont pas rapportés (1.14; 1.22; 2.13; 4.11). Le peuple l’entendit avec joie (12.37). Lors de la transfiguration, une voix céleste dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. » (9.7). Tout ceci montre que dans l’Évangile de Marc, l’enseignement et la prédication de Jésus occupent quand même une grande partie.
Voici une liste des paraboles, au sens large du terme, qui se trouvent dans l’Évangile selon Marc :
- Pêcheurs d’hommes (1.16-17)
- Malade et médecin (2.17)
- L’époux (2.19-20)
- Le vêtement et la pièce nouvelle (2.21)
- Le vin nouveau dans les vieilles outres (2.22)
- Le royaume divisé (3.24)
- La maison divisée (3.25)
- L’homme fort vaincu (3.27)
- Le semeur (4.2-8)
- La lampe (4.21-22)
- La croissance lente de la semence (4.26-29)
- Le grain de moutarde (4.30-32)
- La profanation intérieure (7.14-23)
- Les membres qui causent du scandale (9.43, 45, 47)
- Les mauvais administrateurs (12.1-9)
- La pierre rejetée (12.10-11)
- Le figuier (13.28-29)
- Le portier (13.34-37)
h. « Le Petit Évangile »←↰⤒🔗
Avec 16 chapitres seulement, Marc est l’Évangile le plus bref. Cependant, comprenons bien la raison de cette brièveté. Il ne rapporte rien sur la période précédant le ministère public de Jésus. Nous venons de voir qu’il ne contient que peu de matériel d’enseignement, cela explique sa brièveté.
i. La fin de Marc←↰⤒🔗
Les plus anciens manuscrits de Marc s’arrêtent au chapitre 16.8. Plusieurs pensent qu’il constitue la fin de l’Évangile. La raison de l’exclusion des versets 9 à 20 est qu’ils sont absents des deux codices les plus importants, le Sinaïticus et le Vaticanus. Mais il existe de forts arguments contre cette opinion. Dans ce récit de la résurrection, nous ne rencontrons pas vraiment le Christ ressuscité, mais nous entendons seulement un discours d’ange. Ceci semble étrange. Il n’y a pas davantage d’ordre missionnaire adressé aux disciples. Tout ceci donne l’impression que le ministère terrestre de Jésus se serait terminé par un échec, ce qui n’a pas de sens à la lumière du début du récit qui nous annonçait le commencement de la bonne nouvelle de Jésus-Christ (1.1).
D’autres manuscrits ont une conclusion plus brève après le verset 8 : « Mais ils ont rapporté brièvement à Pierre et à ceux qui étaient avec lui tout ce qu’il avait dit. Après cela, Jésus lui-même envoya par leur moyen d’est en ouest la proclamation sainte et impérissable du salut. »
Il ressort de cela que probablement, dans l’Église primitive, certains ne furent satisfaits ni par la longue conclusion ni par la conclusion au verset 8. Il est permis de penser que la partie originale de la conclusion fut perdue et qu’on chercha à y suppléer par les versets 9 à 20, ou encore que les manuscrits les plus anciens que nous possédons ne sont pas les plus fidèles.
j. Les miracles←↰⤒🔗
Parmi les 35 miracles contenus dans les quatre Évangiles, 18 se trouvent chez Marc :
- Guérison du démoniaque dans la synagogue (1.23-28)
- Guérison de la belle-mère de Pierre (1.29-31)
- Guérison d’un lépreux (1.40-45)
- Guérison d’un paralysé (2.3-12)
- Guérison de l’homme à la main sèche (3.1-5)
- Tempête apaisée (4.35-41)
- Guérison du démoniaque de Gadara (5.1-20)
- Résurrection de la fille de Jaïrus (5.22-43)
- Guérison de la femme à l’hémorragie (5.24-34)
- La multitude des cinq mille nourrie (6.36-44)
- Marche sur les eaux (6.45-52)
- Guérison de la fille syro-phénicienne (7.24-30)
- Guérison d’un sourd-muet (7.31-37)
- Quatre mille personnes nourries (8.1-9)
- Guérison d’un aveugle à Bethsaïda (8.22-26)
- L’enfant lunatique (9.14-29)
- L’aveugle Bartimée et un autre aveugle (10.46-52)
- Malédiction du figuier (11.20-24)
6. Structure et analyse←⤒🔗
L’Évangile selon Marc a été rédigé de manière tout à fait différente de celui de Matthieu. L’alternance régulière des événements et des discours en est absente. Au contraire, nous trouvons un rapport d’événements interrompus en deux points par des sections contenant des discours, les chapitres 4 et 13. Ce dernier chapitre peut être vu comme la ligne qui sépare le ministère public de Jésus en Judée (chapitres 10, 11 et 12) du récit de la passion et de la résurrection (14,15 et 16).
Mais le chapitre n’établit pas une semblable division. Le matériel qui le précède et qui le suit est substantiellement de caractère narratif. Voici toutefois une division géographique de l’Évangile de Marc :
- Judée; préparation au ministère (1.1-13)
- Galilée et environs (1.14 à 9.50)
a. Prédication, enseignement, guérisons
b. Accent sur l’imminence de la passion - Retour de Galilée en Judée (10.1-52)
- Judée et Jérusalem (11.1 à 13.37)
a. Controverse
b. Discours eschatologique - Jérusalem; sainte cène; résurrection (14.1 à 16.8 ou 16.9-20)
7. Message←⤒🔗
Pour bien comprendre ce que l’auteur a voulu dire, il ne faut pas aborder son livre avec des idées modernes préconçues. Nous sommes enclins à ne voir dans un Évangile qu’une histoire de la vie de Jésus, une simple biographie. Or, nous attendons d’une biographie qu’elle nous initie au développement spirituel de son héros. Aussi a-t-on reconnu dans tous les milieux qu’un Évangile ne saurait être lu comme une biographie. Il ne présente pas un portrait de l’Homme-Dieu, lequel resterait évidemment, comme tout homme, un mystère, en particulier dans sa vie religieuse, mais dont la formation, le développement, les crises décisives seraient accessibles à notre conscience et, d’une certaine manière, à notre propre expérience religieuse. En vérité, les recherches sur la vie de Jésus ne sont pas parvenues à pénétrer sa personnalité ni à la rendre intelligible à notre psychologie. Sa singularité appartient à sa personnalité, écrit un auteur, parlant de Jésus, et un autre : « Les Évangiles respirent la résurrection ». On a redit la même chose en termes modernes : « Les Évangiles appartiennent à la révélation des miracles de Dieu. » Le salut manifesté en Christ est annoncé. C’est le message même de la prédication apostolique. Dieu s’est approché des hommes en Christ. Il les a réconciliés avec lui par la mort et la résurrection de son Fils. Que telle ait été la première prédication chrétienne, nous le savons indubitablement par Paul : « Je vous ai transmis, avant tout, ce que j’ai reçu, à savoir que Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures. » (1 Co 15.3).
Le thème central est que Jésus est mort pour nous et qu’il a été ressuscité pour notre salut. La mort et la résurrection du Fils de Dieu restent les faits essentiels. Il est seulement placé dans un cadre élargi, par l’addition de traits empruntés à la vie de Jésus. Le mort et le ressuscité, dont la passion est longuement relatée par chaque Évangile, a également démontré sa filiation divine en agissant par ses paroles et par ses miracles au temps où il parcourait le pays.
Ainsi, comme on l’a dit avec raison, il ne s’agit pas dans l’Évangile d’une histoire de Jésus, mais d’histoires sur Jésus, le Fils de Dieu. Comment le Fils de Dieu pourrait-il passer par un développement? Dieu a envoyé son Fils dans le monde, et ce qu’on nous rapporte ce sont les résultats de cette conjonction entre le temps et l’éternité. De ce point de vue, il est facile de préciser le but de notre Évangile. Il est né de l’enseignement des apôtres et il a été écrit pour l’Église. Ce n’est pas un livre destiné au monde, un ouvrage apologétique qui voudrait présenter au monde la grandeur et la puissance de Jésus, la supériorité du christianisme sur toutes les autres formes de religion. Il ne veut pas convaincre les païens de croire en Jésus. Il répond avant tout au besoin, bien compréhensible, qu’avaient les Églises de conserver tout ce que la prédication des apôtres leur avait appris sur la vie et les actions du Seigneur. Il ne s’agissait donc nullement de satisfaire une curiosité psychologique ou historique, mais uniquement de fortifier la foi. On peut appliquer au deuxième Évangile ce que l’auteur du quatrième écrivait : « Mais ceci est écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » (Jn 20.21). Avec une insistance délibérée, la filialité divine est sans cesse soulignée et réaffirmée aux moments culminants de son histoire. Au baptême, il est dit qu’il est Fils de Dieu; c’est comme Fils que Pierre le confesse sur la montagne de la transfiguration; nouvelle attestation de la filialité également et solennellement affirmée devant le grand-prêtre, et enfin reconnue par le premier témoin du monde païen, le centurion romain devant la croix.
Abstraction faite des démons, seuls les disciples ont reconnu Jésus comme le Christ. De même, le secret messianique que Marc ne cesse de rappeler a comme but ultime d’indiquer que les choses de la foi ne doivent pas être livrées au regard et à l’oreille profanes.
Voici donc le message que Marc veut rapporter dans son livre. Jésus-Christ le Fils de Dieu apparaît parmi les hommes; dans le secret, il prêche et il fait des miracles, il discute avec ses adversaires, il aide, il guérit, finalement il meurt, selon le dessein de Dieu, et sa mort devient le salut de beaucoup. Enfin, il ressuscite. Cet événement divin est accessible à l’Église croyante à laquelle il est annoncé ici pour l’affermissement de sa foi.
L’Évangile de Marc est un Évangile de service. Jésus nous est présenté allant de lieu en lieu, faisant du bien et prêchant la bonne nouvelle du Royaume. Le motif inspirateur du service de Jésus était l’amour. Et quelles en étaient les lois? La compassion; bien qu’il ne tolérât pas les péchés, Jésus avait compassion des hommes. Pas un mot de condamnation, même pour le plus grand pécheur, n’échappe de ses lèvres. Seule l’hypocrisie lui a arraché des paroles de jugement et de condamnation. Jésus a porté sur lui les fardeaux des hommes. Mais pas de service sans sacrifice. La croix est le point culminant du service de Jésus. La vie de Jésus était parfaitement équilibrée malgré son activité débordante et à cause de ce travail incessant. Il savait se retirer pour être seul et pour prier. C’était là aussi le secret de son succès et de la fécondité de son ministère.
8. Questions←⤒🔗
- Quelles leçons Jésus donne-t-il sur l’observation du sabbat? Mc 2.23-28.
- Expliquer les raisons de la mort du Baptiste.
- Comment expliquer la transfiguration de Jésus?
- Mentionner quelques-unes des critiques adressées à Jésus et à ses disciples.
- Quelles sont les prédictions que Jésus a faites au sujet de sa mort?
- Quelle fut l’attitude de Jésus vis-à-vis des autorités civiles? Mc 12.17.
- De quelle manière les soldats se sont-ils moqués de Jésus?
- Que savez-vous sur le Baptiste?
- Mentionner les apparitions de Jésus après sa résurrection.
- Comparer les instructions de Jésus dans Marc 6.8-11, Matthieu 10.5-42 et Luc 10.2-15.
- Noter les références faites aux démons et à la possession démoniaque.
Note
1. Ce paragraphe suivra en grande partie les conclusions de Gunther Dehn dans son introduction au commentaire consacré à l’Évangile de Marc, Le Fils de Dieu, Labor et Fides.