Introduction à l'Apocalypse
Introduction à l'Apocalypse
- Auteur et authenticité
- Destinataires
- Date de composition
- Le symbolisme du livre
- Le texte et la traduction
- Les diverses écoles d’interprétation
- Le thème du livre
- Analyse du livre
- Questions
1. Auteur et authenticité⤒🔗
L’auteur du dernier livre du Nouveau Testament se nomme Jean (Ap 1.4,9; 22.8) De quel Jean s’agit-il? Certains critiques modernes refusent d’admettre qu’il puisse s’agir de l’apôtre, disciple de Jésus. Ils fondent leur argument sur le fait que l’auteur, ou bien « les auteurs », de l’Évangile et des lettres ne se nomment pas. La critique fait également remarquer la différence, à ses yeux frappante, entre le style et le ton général de l’Apocalypse et le reste de la littérature johannique. Il suffit pourtant de lire l’Évangile et ensuite l’Apocalypse pour se persuader du contraire. Certes, dans l’Évangile, les idées viennent avec douceur, tandis que, dans l’Apocalypse, elles apparaissent de manière si abrupte qu’on ne peut savoir d’avance ce que l’auteur veut dire. L’Évangile souligne l’amour de Dieu, tandis que l’Apocalypse met en évidence sa sévérité et son jugement. L’Évangile décrit la condition intérieure de la vie de l’Esprit, l’Apocalypse s’occupe des événements extérieurs. Le premier est écrit en un grec parfait, d’une grande beauté; le dernier, dans une langue rugueuse, pleine d’hébraïsmes, c’est-à-dire un grec peu policé.
On a également prétendu qu’il existe une différence notable entre la doctrine développée dans l’Évangile et celle exposée ici. Le premier témoignerait d’un esprit large et universaliste; il prêche le « quiconque croit » ainsi que le salut par grâce. Le second ferait preuve, prétendent encore les critiques, d’un esprit plutôt étroit. Juif dans sa conception du salut, il soulignerait la nécessité des bonnes œuvres.
On fait remarquer finalement qu’au début du 3e siècle, Dionysios d’Alexandrie attribua ce livre à un autre Jean; cette idée fut reprise par l’historien de l’Église de cette époque, Eusèbe de Césarée. Ces arguments ont convaincu certains critiques que le dernier livre du Nouveau Testament fut rédigé par un autre Jean que le disciple de Jésus. Selon eux, Jean fut bien l’auteur du quatrième Évangile; d’autres acceptent l’authenticité johannique de l’Apocalypse, mais prétendent qu’une autre personne, peut-être aussi nommée Jean, rédigea l’Évangile. Il existe aussi des critiques radicaux qui nient que l’Évangile et l’Apocalypse furent rédigés par des personnes prénommées Jean. Examinons de plus près ces arguments.
Il est plus que certain que l’auteur de l’Apocalypse qui se nomme Jean était bien connu dans le milieu auquel il s’adressait, et non seulement dans ce milieu restreint, mais encore dans toutes les Églises de l’Asie Mineure. En s’appelant lui-même simplement Jean, on devait nécessairement supposer qu’il s’agissait de l’apôtre. Et s’il ne mentionne pas ce titre, la raison en est qu’il adresse son texte en sa qualité de « voyant » et non pas de témoin oculaire des événements s’étant déroulés jadis (voir Jn 15.27; Ac 1.21-22; 1 Co 9.1; 1 Jn 1.1-4).
Nous reconnaissons la différence frappante de grammaire et de style entre les deux écrits, ce qui ne signifie pas que Jean n’en soit pas l’auteur. Mais quelle explication donner alors à ces différences? Il est fort probable que l’Évangile fut rédigé en un grec parfait avec l’aide d’un ou plusieurs secrétaires, tandis que le dernier livre fut écrit directement par l’auteur, isolé sur l’île de Patmos.
D’autres éléments entrent en ligne de compte. Il ne faut donc pas exagérer outre mesure ces différences de style et de grammaire, car entre les deux livres nous trouvons un nombre remarquable de similarités. Elles se trouvent jusque dans les constructions grammaticales et des expressions caractéristiques (par exemple dans Jn 7.37 et Ap 22.17; Jn 10.18 et Ap 2.28; Jn 20.12 et Ap 3.4; Jn 1.1 et Ap 19.13; Jn 1.29 et Ap 5.6).
De la même manière, ne nous attendons pas à ce que le style soit absolument identique à celui de l’Évangile. Celui-ci est une histoire, les épîtres sont des écrits personnels, tandis que l’Apocalypse est un dévoilement… apocalyptique, une interprétation symbolique d’événements. Il ne faut pas oublier que, pendant qu’il rédige ce livre, l’auteur se trouve à Patmos, dans des circonstances totalement différentes de celles d’un homme libre. Il dit « être en Esprit ». La nature transcendante du sujet, l’état profondément émotionnel de l’auteur pendant ses visions, ses fréquentes allusions à l’Ancien Testament, soit hébreu, soit grec, expliquent ces différences de style, tout en constatant par ailleurs de remarquables et frappantes similarités.
Nous ne nous étendrons pas longuement sur les « différences doctrinales » qui existeraient entre les deux écrits. Le simple fait que l’Apocalypse ne s’oppose pas à l’Évangile est déjà un grand point acquis. En fait, l’Évangile appelle Jésus l’Agneau de Dieu (« amnos », Jn 1.29) et l’Apocalypse le nomme « arnion » (Agneau) 29 fois! Les épîtres de Jean et l’Évangile emploient le titre de « Logos » (la Parole), ainsi que le fait l’Apocalypse (19.13). L’Évangile tout comme l’Apocalypse présentent le Christ comme l’être préexistant, éternel (Jn 1.1; Ap 22.13). L’Évangile attribue le salut à la grâce souveraine de Dieu et au sang de Jésus-Christ (Jn 1.29; 3.3; 5.24; 10.10-11); l’Apocalypse en fait autant de manière insistante (Ap 7.14; 12.11; 21.6; 22.17). De la même manière, nous retrouverons dans l’Apocalypse la doctrine du « quiconque croit » (Jn 3.36; Ap 7.9; 22.17). Objectivement, nous n’apercevons aucune différence doctrinale fondamentale entre les deux écrits.
Enfin, concernant l’opinion de Dionysios, il devrait être clair que cette conception se fonde sur une mauvaise lecture d’une affirmation de Papias, probablement influencé par l’opposition au millénarisme (chiliasme) qui cherchait à se justifier en s’appuyant sur l’Apocalypse.
L’Église primitive est unanime pour attribuer ce livre à l’apôtre Jean : Justin Martyr (140), Irénée (180), le Canon de Muratori (200), Clément d’Alexandrie (200), Tertullien (200), Origène (233) et Hippolyte de Rome (240). Si nous ajoutons à ceci l’exil de Jean à Patmos (Ap 1.9) ou bien le fait qu’il a séjourné à Éphèse durant les dernières années de sa vie et d’où sont adressées les sept lettres (Ap 2.1), nous arriverons facilement à la conclusion que le dernier livre de la Bible est bien dû à la plume de Jean, le disciple et apôtre de Jésus.
2. Destinataires←⤒🔗
D’après Apocalypse 1.1 et 22.6, les destinataires de cet écrit sont les « serviteurs de Dieu ». Ceux-ci se trouvent dans les sept Églises mentionnées dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, à savoir à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Sardes, à Thyatire, à Philadelphie et à Laodicée (consulter une bonne carte géographique de l’Asie Mineure pour situer ces localités).
Le livre fut rédigé à Patmos, petite circonférence rocheuse de trente kilomètres carrés dans la mer Égée, faisant partie du Dodécanèse. Il s’adresse à des chrétiens contemporains. Il est la réponse de Dieu accordée aux prières et aux larmes des chrétiens sévèrement opprimés dans toute l’Asie Mineure.
Les paragraphes suivants examineront sous d’autres angles la question des destinataires.
3. Date de composition←⤒🔗
Quelle est la date de composition? S’agit-il de l’an 69 ou même d’une date antérieure, ou, ainsi que le font certains, faut-il inverser les chiffres pour retenir l’an 96? Il n’existe pas d’argument solide pour la date antérieure. Certains fantaisistes penchent pour cette date-là… parce qu’à cette période Jean « ne connaissait pas encore assez bien le grec… », ce qui expliquerait l’imperfection de son style! Ils se fondent également sur une interprétation assez douteuse d’Apocalypse 11.1 et du temple dont il y est question, qui est pourtant une vision toute symbolique.
La date ultérieure recueille davantage d’adhésions. Irénée écrivait :
« Car la vision apocalyptique n’a pas été vue il y a fort longtemps, mais presque à notre propre époque, vers la fin du règne de Domitien. » Et encore : « L’Église d’Éphèse, fondée par Paul et habitée par Jean jusqu’à l’époque de Trajan (98-117) est témoin véritable de la tradition des apôtres. »
L’Apocalypse reflète une époque où Éphèse avait perdu la ferveur de son premier amour (Ap 2.4); Sardes était presque morte (Ap 3.1), et Laodicée, détruite durant le règne de Néron et rebâtie par la suite, se vantait de sa prospérité matérielle (Ap 3.17). Jean était banni, forme courante de châtiment à l’époque de Domitien; l’Église avait déjà enduré des persécutions dans le passé (Ap 20.4), et l’Empire romain comme tel était devenu le grand antagoniste de l’Église (Ap 17.9). À la lumière de ces faits, nous aboutirons à la conclusion d’une date de composition tardive, vers la fin du règne de l’empereur Domitien.
Le livre fait état d’une persécution sans précédent, lancée contre toutes les Églises. La détresse atteindra très particulièrement celles d’Asie Mineure. Le bannissement de Jean est sans doute le fait d’un décret impérial qui cherche à supprimer le christianisme dans l’Empire. D’après le contenu du livre, nous comprenons que la date, ou l’époque, est celle de la déification officialisée de l’empereur. Ces conditions dominaient en Asie Mineure vers la fin du 1er siècle. Selon l’historien Eusèbe, Domitien exila les chrétiens, parmi lesquels sa propre nièce, Flavia Domitilla. Elle fut bannie avec nombre d’autres chrétiens dans une île du Pont-Euxin (mer Noire). L’auteur latin Pline écrivait à l’empereur Trajan (112) qu’en la province de Bithynie les chrétiens avaient renié leur ancienne foi environ vingt ans auparavant. Si les anges des Églises nommées sont des évêques, cela suppose une date tardive. Tous ces indices situent donc la rédaction du livre vers la fin du premier siècle de notre ère.
Dans une atmosphère tendue, les chrétiens sont forcés de répondre au péril même de leur vie. Vont-ils choisir le Christ ou le renier en optant pour César? Il est vraisemblable que Jean commença à rédiger son livre au début de son exil, qui dura sans doute plusieurs années.
4. Le symbolisme du livre←⤒🔗
Le livre de l’Apocalypse fait partie d’un genre littéraire biblique, de même qu’extrabiblique, qui s’appelle l’apocalyptique.
Pour comprendre la littérature apocalyptique, on devra tout d’abord en saisir les aspects principaux, ensuite connaître l’époque de sa rédaction. On ne peut comprendre aucun genre littéraire sans connaître aussi bien l’époque à laquelle appartient cette littérature, les circonstances qui l’entourent et la culture ambiante. La Bible, elle aussi, devra être lue en tenant compte des facteurs extérieurs et humains de sa composition. Tout en reconnaissant son caractère inspiré, nous devrons la situer dans son cours historique comme tout autre livre. Nous plaidons par conséquent en faveur du caractère propositionnel et historico-rédempteur de celle-ci. La Bible, même dans son Apocalypse, n’est pas un livre tombé tout droit du ciel!
Or, la littérature apocalyptique exige, plus que toute autre, une approche historique. Cela dit, il ne faut pas penser pour autant qu’il faudrait posséder un solide bagage d’érudition pour l’aborder et pour le comprendre. Qu’on se souvienne que, parmi les premiers lecteurs du livre, il n’y avait pas un grand nombre de « docteurs en théologie » pour en comprendre le message! (Il se pourrait même que, depuis que le nombre de ces titres a augmenté, l’intelligence du livre ait baissé…). Pour commencer à lire ce livre, il suffit de se rappeler le présupposé fondamental de toute lecture biblique. L’Apocalypse aussi est inspirée par le Saint-Esprit. Ce livre aussi exige de notre part une humble et reconnaissante soumission à son autorité. C’est en invoquant l’assistance de son Auteur divin que nous le lirons; autrement, la plus grande érudition, tout aussi bien qu’une lecture fantaisiste, nous égarerait du message vital qu’il nous communique pour aujourd’hui.
Le livre de l’Apocalypse contient une série d’images et de représentations symboliques de réalités concrètes. Ces images sont en constant mouvement. Ce mouvement exige de notre part une attention soutenue. Quelqu’un marche au milieu de chandeliers; il porte une longue robe et autour de la poitrine une ceinture en or. Ses cheveux sont blancs comme la neige et ses yeux brillent comme le feu. Dans sa main droite, il tient sept étoiles et de sa bouche sort une épée à double tranchant.
Ensuite, la scène change. On voit un trône entouré d’une auréole d’où sortent des éclairs et des tonnerres. Celui qui y est assis tient dans sa main droite un rouleau scellé par sept sceaux; quelqu’un, présenté comme le Lion de la tribu de Juda, approche du trône. Il prend le rouleau. Immédiatement après, quatre êtres vivants entourent le trône et vingt-quatre anciens se mettent à genoux devant l’Agneau. Chacun porte une harpe et des coupes en or pleines d’encens et ils chantent un cantique nouveau. Tandis que la musique s’éteint apparaissent quatre chevaux, un blanc, un rouge, un noir et un pâle. Tandis qu’ils s’envolent avec leurs cavaliers, on aperçoit aussi les âmes de ceux qui ont été mis à mort. Ils pleurent avec une voix forte sous l’autel.
Le soleil s’obscurcit, la pleine lune prend une couleur rouge sang. Les étoiles tombent sur la terre. Le ciel s’enroule comme un rouleau. Chaque montagne et chaque île sont déplacées. Les gens, y compris les rois, les nobles, les officiers, des riches et des pauvres se cachent dans des cavernes et sous des rochers. Quatre anges retiennent les quatre vents afin que toutes choses ne soient pas détruites, aussi bien sur la terre que dans la mer. Ensuite, 144 000 personnes (nombre symbolique) sont marquées d’un sceau et une grande multitude que personne ne peut compter (des gens issus de toutes les races et de toutes les nations) apparaît et crie à haute voix : « Notre salut est dans l’œuvre de notre Dieu qui est assis sur le trône, et en celle de l’Agneau » (Ap 7.10). Sept autres anges et sept trompettes apparaissent ensuite sur scène. Un autre ange commence par offrir de l’encens. L’encensoir est rempli de feu; son contenu est vidé sur la terre. Ceci sera suivi d’un grondement de tonnerre, d’éclairs et d’un tremblement de terre…
Le livre tout entier consiste en des scènes qui se succèdent et qui sont remplies de symboles. On entend des voix, des cantiques de réponses et des chœurs célestes.
Comment interpréter ce symbolisme-là? Essayons de le comprendre à l’aide d’une autre image biblique, la parabole, par exemple la parabole du bon Samaritain dans Luc 10. Dans toute parabole, il faut comprendre l’essentiel en évitant d’allégoriser ou de trouver des significations dans tous les détails. Pour comprendre cette parabole-là, il n’est nullement indispensable de comprendre qui était le voyageur victime des brigands ni qui représente le prêtre, le lévite et le Samaritain; ou encore, pour d’autres paraboles, quel sens il faut accorder au vin et à l’huile, aux deux pièces d’argent, etc. Aucun de ces éléments ne possède de signification spirituelle profonde en soi. S’il fallait spiritualiser le mulet du Samaritain, qui pourrait décider quel en est le sens? Les deux pièces d’argent représentaient-elles les deux sacrements? Ou encore les deux Alliances? Qui peut décider de leur nature? Ainsi le contexte ne permet d’avancer aucune hypothèse. Cependant, une fois qu’on a lu ou entendu la parabole, il faut se demander quel est le sens global du récit. Ceci nous épargnera de tomber dans une analyse impossible et infructueuse des détails. L’essentiel de cette parabole est la question : « Qui est mon prochain? », ou encore : « Je suis le prochain de tout homme qui a besoin de mon secours ». C’est ainsi que nous réussirons à distinguer entre le principe et le détail.
Un principe identique devra régir l’interprétation des symboles de l’Apocalypse. Il n’est pas nécessaire de penser aux détails, au sens des chevaux, de leurs dents, de leur poitrine, etc. Nous devons conserver l’unité du symbole. Nous n’avons pas à donner une interprétation au détail, à moins que cela soit nécessaire pour la compréhension de l’ensemble. Par exemple, le symbole de la nouvelle Jérusalem n’est que la représentation de la communion intime avec Dieu. Et les détails tels que le fleuve, les murs, les portes, les fondements en décrivent la glorieuse réalité. Ici, comme dans la parabole, le contexte nous permettra de saisir le sens de l’image employée.
On a suggéré de diviser les symboles bibliques en deux catégories : ceux du commencement et ceux de la fin de la nouvelle dispensation. Ces symboles, ainsi que le démontre le contexte, se réfèrent en général à un événement spécifique.
La double moisson se réfère au jugement final, par conséquent à un événement. D’autres symboles interviennent entre la première et la seconde venue du Christ. Nous pensons à des symboles tels que les chandeliers, les sceaux, les trompettes, les coupes, etc. S’ils se réfèrent à des événements précis, nous devons admettre notre ignorance. Parmi les milliers de dates, de personnes et d’événements survenus au cours de l’histoire et qui montrent certains traits de ressemblance avec le symbole, qui pourrait dire lequel est le plus fidèlement représenté? Nous nous trouverions en présence de milliers d’explications sans posséder toutefois une certitude absolue. Dans ce cas, l’Apocalypse sera pour nous un livre à jamais fermé.
Or, ce livre n’est pas fermé! Nous lisons dans ses pages la révélation de Dieu. Nous pensons donc que, sur la base de ce symbolisme, même examiné sommairement, nous parviendrons à une importante conclusion. Les sceaux, les trompettes, les coupes et les autres images se réfèrent, non pas à des événements ou à des détails de l’histoire, mais à des principes qui opèrent au cours de l’histoire. La sphère où ils opèrent est étendue.
Les symboles affectent plus spécialement le tiers de la terre, de la mer, des arbres. Ceci ne pourrait se faire si chaque symbole et chaque sceau représentaient un événement précis historique, dans une localité donnée et dans un temps défini. Mais si nous considérons le symbole comme indiquant une série d’événements depuis le commencement jusqu’à la fin de la dispensation, ces descriptions de l’ère durant laquelle opèrent les symboles, alors le symbole commence à revêtir un sens. Ainsi, l’expression « une montagne en flammes fut précipitée dans la mer » (Ap 8.8) veut décrire tous les désastres maritimes survenus ou qui vont survenir.
Les symboles n’affectent pas un seul individu, mais une multitude de gens. Les trompettes sonnent pour l’humanité tout entière. Elles ne concernent pas un peuple particulier vivant en Europe qui se querellerait avec le pape. De même, elles ne concernent pas les incroyants d’une seule époque, mais avec ceux de l’humanité au cours de son histoire. C’est dans ce sens-là qu’on peut dire de l’Apocalypse qu’il est le livre d’actualité par excellence.
Notons aussi l’importance du chiffre sept. Les lettres sont adressées à sept Églises. Ce chiffre apparaît environ 54 fois… ce qui confirme la thèse selon laquelle les symboles se réfèrent à des principes de conduite humaine et de gouvernement divin, comme signe de perfection et de plénitude. Le dessein de Dieu consiste à rendre les hommes sages au salut. Le but de l’auteur est par conséquent éthique et spirituel. Si le symbole indiquait simplement des événements, il pourrait satisfaire la curiosité de certains lecteurs sans pour autant édifier leur foi. Mais si nous pensons qu’il relève des principes de conduite humaine et de gouvernement divin, nous percevrons alors la main de Dieu au cours de l’histoire et sa toute-puissance protégeant l’Église et lui accordant la victoire par le Seigneur Jésus-Christ. Ceci a l’avantage de fortifier notre foi et de nous consoler dans l’épreuve.
5. Le texte et la traduction←⤒🔗
Un mot aussi au sujet du texte et de la traduction à choisir. Les traductions du Nouveau Testament sont fondées sur le texte grec établi après un sérieux examen de tous les manuscrits en notre possession. De tous les livres du Nouveau Testament, l’Apocalypse est celui qui possède le moins de manuscrits anciens. L’histoire de l’évolution textuelle est aussi très différente de celle d’autres livres de la Bible. Certaines phrases sont grammaticalement mal construites et ont de mauvaises tournures de style, ce qui ne rend pas aisée la traduction d’un texte. Cela dit, nous déconseillons d’avoir recours aux paraphrases du livre. Elles faussent le sens du texte biblique sous prétexte de le rendre plus clair et intelligible au lecteur moderne.
De nouvelles études de style, de langue et de structure ont montré la remarquable composition de l’ensemble, sa cohésion totale, son message biblique et théologique unique. Ces études retiennent surtout les séries d’« heptades » (séries de sept), le cadre épistolaire, le style hébraïque et archaïque, l’emploi de méthodes littéraires et de répétitions simples, de formules fixes et des « anaphores ».
6. Les diverses écoles d’interprétation←⤒🔗
De nombreux commentateurs ont cherché à rendre clair le message du livre. Une partie d’entre eux s’est fourvoyée dans des spéculations hautement fantaisistes qui ont totalement obscurci le message pourtant très clair de l’Apocalypse. Ce livre de la révélation biblique est aussi devenu le sol fertile sur lequel ont poussé des sectes pernicieuses et se sont développées des aberrations doctrinales de la foi chrétienne.
Cinq des principales écoles d’interprétation du livre seront mentionnées à présent.
a. L’école prétériste←↰⤒🔗
D’après l’école prétériste, le livre se rapporterait à la période immédiate et aux circonstances dans lesquelles aurait vécu son auteur. Il est certain que l’atmosphère « d’urgence » qui parcourt le livre tout entier explique un accomplissement immédiat de ses prédictions. Une interprétation purement futuriste dans l’exécution du jugement compromettrait l’élément essentiel de son message. La menace la plus immédiate pour les chrétiens était celle du culte de l’empereur, que l’on voulait leur imposer. Certains d’entre eux avaient déjà abjuré le nom du Christ. Quoi qu’il en soit, Dieu défendra les siens et jugera les apostats et les renégats. Il établira son règne sur terre.
On peut apprécier la force réelle de cette interprétation qui est, en général, le point de vue de la théologie libérale. Toutefois, même s’il existe, en effet, une note d’urgence se rapportant aux circonstances historiques immédiates, on doit aussi noter que, malheureusement, cette école ôte au message sa dimension eschatologique… Nous pensons qu’outre le présent, l’avenir aussi est compris dans le puissant message de ce livre.
b. L’école historiciste←↰⤒🔗
L’école historiciste tient le livre pour une vue panoramique de l’histoire qui s’étend depuis le premier siècle jusqu’au retour du Christ. La période immédiate de l’auteur y figure, mais également la fin des temps, sans qu’il n’existe toutefois de rupture entre ces deux temps. Plusieurs réformateurs adoptèrent cette position-là. Parfois, dans leur souci d’actualiser le message de l’Apocalypse, ils allèrent jusqu’à identifier le pape avec la bête… Quelques difficultés de détail apparaissent avec cette approche : par exemple, en optant pour la valeur historique de ces pages, les partisans de cette interprétation varient et se séparent quant aux précisions et aux définitions des épisodes et des époques auxquelles ils appliquent les symboles. En outre, ils ont commis l’erreur de restreindre l’histoire ainsi interprétée à la seule histoire de l’Occident. Or, on sait qu’au moins à ses débuts, l’histoire de l’Église se déroulait dans des pays de l’est méditerranéen et non pas au cœur de l’Europe.
c. L’école futuriste←↰⤒🔗
L’école futuriste prétend qu’à partir du chapitre 4 de l’Apocalypse, le livre ne s’occupe que des événements de la fin des temps. L’auteur ne s’intéresse pas à sa propre époque, mais exclusivement aux événements ayant trait au retour du Christ. Mais une objection sérieuse s’élève contre cette école qui souligne la valeur prédictive du livre : c’est qu’un message purement futuriste n’a dû présenter aucun intérêt pour les premiers lecteurs du livre.
d. L’école symbolique←↰⤒🔗
D’après l’école symbolique, l’essentiel du livre consiste à apporter aux chrétiens persécutés et victimes d’une oppression inhumaine la consolation, tout en exhortant à la patience et à l’endurance. L’auteur recourt alors à un langage symbolique qu’il ne cherche pas à faire passer pour une réalité littéraire. Il offre des descriptions imagées de la victoire du Dieu trinitaire.
« Comprends-tu ce que tu lis? », demandait l’évangéliste Philippe à l’officier éthiopien rencontré sur son chemin (Ac 8.30). Celui-ci était en train de lire des passages christologiques dans le livre du prophète Ésaïe. On peut poser la même question à propos du dernier livre du Nouveau Testament. Il est hors de doute que celui-ci a reçu une faveur, ou encore une disgrâce, qu’aucun autre livre de la Bible n’a connues. Pourtant, mis à part le chapitre 20, l’Apocalypse n’enseigne rien qui ne se trouve comme vérité dans le reste de l’Écriture sainte.
Nous avons déjà mentionné le fait que le langage apocalyptique est une cause principale de malentendus. Pourtant, le titre grec du livre, « apokalupsis », a été parfaitement bien traduit par « révélation », ce qu’il est en réalité. Il en explique aussi bien le contenu que le genre littéraire. Précisons toutefois que le titre « révélation » est bien au singulier et non au pluriel; il n’existe pas plusieurs révélations, mais une seule : celle de Jésus-Christ.
Au cours des premier et second siècles après Jésus-Christ, ce genre littéraire était très répandu chez les Juifs. Les langages historique, prophétique, sapiential (littérature de sagesse) ou épistolaire (correspondance, lettres) de la Bible nous sont familiers. Ils sont parfaitement compris. Tel n’est pas le cas de l’apocalyptique. Parfois, des chrétiens assimilent « apocalypse » et « apocalyptique », c’est-à-dire à ce qui est cataclysmique, ce qui se rapporte au jugement dernier.
Depuis l’an 200 avant notre ère et jusqu’à l’an 100 après Jésus-Christ, les Juifs traitaient avec une certaine prédilection des thèmes eschatologiques, c’est-à-dire de ce qui concernait la fin des temps. Dans ce genre de pensée, le symbole domine sur le concept. Entre cette période et ce mode d’expression et les nôtres se dresse une barrière intellectuelle et linguistique telle que nous avons souvent de la peine à les comprendre. Nous sommes les héritiers de la pensée et des modes d’expression grecs. Le mode de pensée grec est éminemment intellectuel et conceptuel, hautement analytique. Il faut reconnaître que sans cela la civilisation occidentale n’aurait pas pu voir le jour. Malheureusement, il a aussi engendré une société et une culture hautement mécanisées.
Toutefois, il y a aussi de la place pour le langage imagé et le symbole, qui exprime parfois mieux notre être profond que la logique intellectuelle la plus rigoureuse.
La littérature apocalyptique appartient au genre littéraire d’écrits sacrés juifs connus aussi comme littérature apocryphe. Le terme d’apocryphe signifiait caché, secret, connu des seuls initiés, ce qui ne veut pas dire qu’il était inauthentique. Nous savons qu’une certaine littérature apocryphe se tient assez près du message biblique. Certains livres apocryphes trouvèrent même place dans le canon biblique des premiers siècles. L’Église catholique romaine les accepte toujours comme étant deutérocanoniques.
Toute littérature apocalyptique est caractérisée par un objectif limité, mais précis. Son but consiste à dépeindre sur une échelle, souvent cosmique, le conflit qui se déroule entre la lumière et les ténèbres, entre le bien et le mal, entre Dieu et Satan. Ce conflit devient plus aigu vers la fin des temps. Alors apparaît le contraste… entre le mauvais âge présent et celui à venir, qui sera l’âge de la félicité. En termes théologiques, on peut qualifier la littérature apocalyptique de dualiste et d’eschatologique.
L’Apocalypse de Jean parut à la fin de cette période de trois siècles où ce genre de littérature jouissait d’un grand succès. Dans sa forme et son contenu, elle est considérée comme l’épanouissement et l’apogée de celle-ci. Dans la littérature apocalyptique, ce qui est étrange, merveilleux, sublime, par moments même bizarre ou grotesque, l’emporte sur la logique, afin de rendre le message encore plus efficace et percutant. Soulignons toutefois que la source de ce symbolisme ne se trouve pas exclusivement, ou principalement, dans les écrits apocalyptiques ou dans les livres canoniques de l’Ancien Testament, tels que Daniel et Ézéchiel par exemple.
Ce genre littéraire prit naissance et se développa à une époque où le peuple de Dieu faisait l’expérience d’une oppression insoutenable. Son désespoir trouva alors une réponse dans ce message annonçant que Dieu allait miraculeusement délivrer son peuple à travers un cataclysme cosmique. La situation était tellement mauvaise que seule l’intervention divine pouvait secourir et délivrer. Or, le message de l’Apocalypse veut dire que, si le mal est insupportable durant l’âge présent, l’âge à venir verra le bien triompher et le dépasser infiniment. Ce message est communiqué à l’aide de symboles célestes, souvent cryptiques et non intelligibles aux ennemis oppresseurs. La littérature apocalyptique était un genre ordinaire au cours du premier siècle de notre ère, et les premiers lecteurs du livre de l’Apocalypse l’ont parfaitement compris. Mais cela n’autorise pas les lecteurs contemporains à trouver dans la bête du chapitre 13 la figure d’Adolf Hitler ou de Fidel Castro, si ce n’est des tristement célèbres ayatollahs du Proche-Orient.
e. Le parallélisme progressif←↰⤒🔗
Le spécialiste américain du Nouveau Testament William Hendriksen propose, à la suite d’autres théologiens réformés, une lecture profitable de l’Apocalypse1. La méthode, que voici, s’appelle « parallélisme progressif ». Une étude attentive du livre révèle sa composition littéraire en sept sections. Celles-ci progressent de manière parallèle. Elles recouvrent toutes et chacune individuellement la période qui s’étend de la première venue du Christ à son retour. Chaque fois qu’une section parvient au jour du jugement, l’auteur revient en arrière pour aborder une nouvelle section et pour recommencer dès le début. Celle-ci décrit de nouveau la même période, mais sous un angle différent et avec des symboles différents. Voici un tableau qui, de manière schématique, explique le contenu et le message parallélique du livre :
1. Apocalypse 1 à 3 - Les chandeliers
L’Église est habitée par le Christ dans le monde
2. Apocalypse 4 à 7 - Les sceaux
L’Église souffre de la persécution
3. Apocalypse 8 à 11 - Les trompettes
L’Église est vengée, protégée et victorieuse
4. Apocalypse 12 à 14 - Le Christ et le dragon
Le Christ est opposé par le dragon et ses légions
5. Apocalypse 15 et 16 - Les coupes
Le courroux final de Dieu frappe l’impénitent
6. Apocalypse 17 à 19 - Babylone
La chute de Babylone et celle des bêtes
7. Apocalypse 20 à 22 - La consommation finale
La condamnation du dragon; la victoire du Christ et de l’Église
Ces sections présentent donc la période qui s’étend entre la première venue du Christ et son retour. Celui-ci sera suivi du jugement dernier ainsi que du renouvellement total de l’univers2.
Ces sections ne sont pourtant pas de simples répétitions. Chacune d’elle ajoute un nouvel élément à la pensée de la section précédente. En outre, elle se trouve exactement à sa place, à l’endroit où elle doit se trouver. Il n’existe aucune confusion. Ainsi, on voit l’Église fonctionner comme un chandelier; elle porte et répand la lumière. Mais quel en est le résultat? Toujours et à nouveau, le monde enveloppé de ténèbres persécute l’Église. Tel est le sens des sept sceaux de la persécution. Cependant, Dieu ne laisse pas les persécuteurs impunis. Il exerce aussi son jugement sur le monde, symbolisé par les sept trompettes. Si le monde ne tient pas compte de ce jugement, il reçoit les sept coupes remplies de la colère divine.
Ces sept sections se regroupent en deux grandes parties : la première contient les trois premières sections et concerne la lutte sur la terre, l’Église persécutée par le monde, mais également protégée et victorieuse (Ap 1 à 11). La seconde comprend les quatre dernières sections et indique l’arrière-plan plus profond et plus grand encore du conflit : le Christ et son Église sont en réalité persécutés par le dragon et ses légions. Mais le Christ et ses élus sont les vainqueurs véritables (Ap 12 à 22).
Satan se sert de ses trois alliés qui sont mentionnés dans la section des chapitres 12 à 14. La bête de la mer représente le monde en tant que le centre de la persécution. La bête sortie de la terre et le faux prophète représentent le monde en tant que le centre de la fausse religion et de la fausse philosophie. Babylone, quant à elle, représente le monde comme centre de la séduction idolâtre. Le triple objectif consiste à assaillir le corps, l’esprit et le cœur des fidèles. Ces ennemis subissent pourtant la défaite. Dans les chapitres 17 à 19, les deux bêtes et Babylone sont vaincues. Au chapitre 20, le dragon, qui est Satan, est jeté dans l’étang de feu. Sur les ruines de Babylone s’élève l’image de la Jérusalem céleste des chapitres 21 et 22. Le peuple de Dieu est donc vainqueur.
Tout ceci est d’une grande beauté et d’une force de consolation immense. Nous y trouvons une véritable philosophie de l’histoire. Par l’intermédiaire du Christ, Dieu dirige le cours des événements. Il prend soin de son Église, et ce, malgré les apparences, malgré l’apparente défaite de celle-ci.
Cet enseignement tiré des sept sections du livre est en accord avec tout l’enseignement de la Bible. Comparer, par exemple, les chandeliers du témoignage (Ap 1 à 3) avec « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5.14); les sceaux de la persécution (Ap 4 à 7) avec « Dans le monde vous aurez des tribulations, mais prenez courage, car j’ai vaincu le monde » (Jn 16.33); les trompettes du jugement (Ap 8 à 11) avec « Dieu ne vengera-t-il pas ses élus qui lui crient jour et nuit? » (Lc 18.7); l’Agneau s’élevant contre le dragon (Ap 12 à 14) avec « Je mettrai l’inimitié entre toi [le dragon, Satan] et la femme et sa postérité » (Gn 3.15); les coupes de la colère dont le contenu est déversé sur les persécuteurs impénitents (Ap 15 à 16) avec « Par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu » (Rm 2.5); la chute de Babylone et celle des deux bêtes (Ap 17 à 19) avec « Le monde passe et sa convoitise aussi, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jn 2.17); enfin la fin du dragon et la Jérusalem céleste (Ap 20 à 22) comparée avec « Il a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure » (Jude 1.6) ainsi que « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Rm 8.28).
7. Le thème du livre←⤒🔗
Une simple phrase pourra résumer le message exceptionnel de ce livre : la victoire totale et incontestable de Jésus-Christ, mais également de son Église, sur Satan et sur ses légions. La situation n’est pas celle qui apparaît à première vue, car, s’il faut en juger d’après les apparences, c’est la bête surgie du fond de l’abîme qui mène la course. Elle fait la guerre et parvient à écraser les fidèles. Les cadavres de ces derniers jonchent les rues de la grande cité qui, spirituellement, est appelée Sodome et Égypte, « là même où le Seigneur fut crucifié » (Ap 11.8). Parmi les peuples, les tribus, les langues et les nations, les hommes regardent leurs corps abattus et ne permettent pas qu’ils soient ensevelis. Ceux qui habitent la terre s’en réjouissent; ensuite, ils s’envoient des cadeaux parce que les deux prophètes qui avaient tourmenté ceux qui habitaient la terre ont été tués par la bête. Cette réjouissance est cependant prématurée. En réalité, le dernier mot appartient au fidèle, ou, pour être plus précis, à son Seigneur. Ainsi, nous lisons :
« Après trois jours et demi, le souffle de vie de Dieu entra en eux et ils demeurèrent sur leurs pieds et une grande peur s’empara de ceux qui les voyaient. […] Et la domination sur le monde devint celle de notre Seigneur et de son Christ. Et il régnera aux siècles des siècles » (Ap 11.11,15).
À travers les prophéties de ce livre merveilleux, le Christ apparaît comme le Conquérant (Ap 1.18; 2.8; 5.9; 6:2; 11.15; 12.9-10; 14.1; 15.3-4; 19.16; 20.4; 22.3). Il domine la mort, le séjour des morts, le dragon, la bête, le faux prophète, celui qui adore la bête, etc. Par conséquent, même si nous sommes acculés au désespoir, nous pourrons reprendre courage.
Regardez les croyants; leurs vêlements sont-ils impurs? Ils les lavent et les blanchissent dans le sang de l’Agneau (7.14; 22.14). Sont-ils pris dans le tourbillon de la grande tribulation? Ils en sortent (7.14). Sont-ils mis à mort? Ils se tiennent sur leurs pieds (11.11). Sont-ils persécutés par le dragon, la bête et le faux prophète? À la fin, vous les verrez victorieux se tenant sur le mont Sion. Regardez plutôt l’Agneau et avec lui ces 144 000 (14.1). Ils ont remporté la victoire sur la bête (15.2). Leurs prières ne sont-elles pas exaucées (6.10)? Le jugement divin qui frappe le monde est la réponse divine à la prière de son peuple (8.3-5). C’est pourquoi ces prières constituent la clé véritable qui ouvre les mystères de toute philosophie et de toute histoire authentiques. Semblent-ils vaincus? En réalité, c’est eux qui règnent sur la terre (5.10) et avec le Christ au ciel durant « mille ans » (20.4) et dans les cieux et sur la terre durant toute l’éternité (22.5).
Mais qu’advient-il à ceux qui sont apparemment leurs dominateurs et oppresseurs? Ils sortent de la mer, de la terre, de l’abîme : le dragon (12.3), la bête (13.1), le faux prophète (13.11) et Babylone (14.8). Dans l’ordre inverse, nous les voyons définitivement vaincus : Babylone (18.2), la bête et le faux prophète (19.20) et le dragon (20.10).
Laissons donc le livre parler de lui-même. Apocalypse 17.14 énonce clairement le thème : Ils (les adversaires mentionnés) combattront l’Agneau, mais celui-ci les écrasera. Il est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs.
Ainsi, l’auteur réconforte l’Église du Christ. Il l’assure du triomphe final. Il l’exhorte à la persévérance. Son message d’espérance s’adresse aussi bien au chrétien à titre individuel qu’à l’Église dans son ensemble. Les circonstances peuvent sembler dramatiques et nous menacer gravement. La victoire ultime est cependant assurée pour tous ceux qui se placent du côté du Christ.
8. Analyse du livre←⤒🔗
Après l’énumération des sept sections du livre, il n’est guère nécessaire de présenter une longue analyse de son contenu. Cependant, par commodité, présentons ici en deux lignes les grandes sections du livre :
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Chapitres 1 à 11 : La lutte sur terre.
L’Église est persécutée par le monde, mais également protégée et victorieuse. -
Chapitres 12 à 22 : L’arrière-plan spirituel plus profond du conflit.
Le Christ et son Église sont persécutés en réalité par le dragon et ses légions, mais Christ et ses élus sont les vainqueurs véritables.
9. Questions←⤒🔗
- De quelle manière Jean décrit-il le Christ glorifié dans le chapitre 1?
- Résumer les critiques et les recommandations faites à chacune des sept Églises.
- Quel est le contenu du cantique des anges; des rachetés; des anciens? (5.13-14; 7.10-12; 11.17-18).
- Quelle est l’activité des rachetés au ciel?
- Quelles sont les bénédictions dont ils bénéficient? (5.15-17).
- Qui sont les âmes se trouvant sous le trône? (6.9-11).
- Quel rapport voyez-vous entre Matthieu 13.11-15 et ce livre?
- Apprendre par mémoire les sept sections du livre.
- Décrire le ciel d’après 20.22.
Note
1. W. Hendriksen, More than Conquerors. An Interpretation of the Book of Revelation. Baker Publishing Group, 1998.
2. À ce propos, voir ma série d’études Espérer contre toute espérance.