Jacques 5 - La prière
Jacques 5 - La prière
« La prière agissante du juste a une grande efficacité. Élie était un homme de même nature que nous; il pria avec insistance pour qu’il ne pleuve pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau; alors le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit. »
Jacques 5.16-18
Jacques parle beaucoup de la foi et de la vie dans la foi et aboutit à l’ordre qu’il nous donne de prier. Vous voulez être chrétiens? Être chrétien signifie reconnaître et savoir que Jésus-Christ est là pour nous et avec nous. Mais cette certitude demeure vaine et inefficace si elle ne conduit pas à prier.
Il s’agit de savoir comme nous prions, car il faut bien prier. Jacques précise : « la prière agissante a une grande efficacité ». La ferveur de la prière vient de celui auquel elle s’adresse, c’est-à-dire Dieu. Prier c’est compter sur une puissance, mais une puissance qui vient de Dieu et pas de nous-mêmes. Celui qui prie correctement a la certitude qu’il n’est pas seul, mais qu’un autre est là, Dieu, devant qui il se tient. Toute prière dépend de l’exaucement de Dieu. C’est lui qui doit répondre à notre prière. Et sa volonté est justement de nous entendre et de nous répondre. C’est pourquoi notre prière doit être fervente. Si elle ne l’est pas, elle est vaine.
Mais ce n’est pas notre prière qui a, en elle-même, une efficacité. Celui qui prie ne peut pas contraindre Dieu ou les hommes à faire telle ou telle chose; celui qui prie ne peut que demander, et c’est à Dieu de donner suite ou non à sa requête. C’est Jésus-Christ qui rend fervente notre prière, et nous l’oublions chaque fois que nous prions, ou presque. Nous savons bien que notre prière doit être fervente, mais nous sommes incapables de lui donner cette ferveur.
Jacques nous montre une tout autre direction. Il ne parle pas de l’ardeur que nous mettons dans notre prière; il ne nous parle pas de ce que nous éprouvons, de ce que nous pensons ou voulons quand nous prions. Pour prier, il faut du zèle et du recueillement, mais Jacques attire notre attention sur celui auquel s’adresse notre prière. C’est sa volonté qui rendra notre prière fervente; nous n’avons pas à en douter. C’est alors que notre prière sera correcte.
Jacques ne dit pas que celui qui prie doit être « juste » comme nous pourrions entendre ce terme. Ici, « être juste » signifie être à sa place. Or, être à la bonne place signifie faire abstraction de soi lorsqu’on prie, c’est faire monter vers Dieu une prière humble et confiante. Être juste devant Dieu signifie reconnaître que l’on est pécheur, mais que Dieu est présent pardonnant notre péché et guérissant nos blessures. Par Jésus-Christ notre frère, nous devenons les enfants de Dieu.
Jacques nous donne alors l’exemple d’Élie, le prophète de l’Ancien Testament. Ne pensons surtout pas que nous ne pouvons pas prier comme Élie. Car nous venons de voir que la prière ne dépend pas de nous. Il n’est pas de la prière comme des dons. La prière n’est pas un art ni un pouvoir dont l’un disposerait et pas l’autre, car tous les hommes sont appelés à la prière. C’est pourquoi Jacques s’empresse à nous dire : « Élie était un homme de la même nature que nous ». Il a été tourmenté comme nous, faible comme nous; il a connu lui aussi diverses épreuves et tribulations. Cependant, « il pria de nouveau et le ciel donna de la pluie et la terre produisit son fruit ». Cette confiance en Dieu le Père et cet exaucement de la prière sont l’expression de sa valeur et de sa puissance.
Pour comprendre parfaitement l’exemple d’Élie, il faut avoir sous les yeux le récit de 1 Rois 17 et 18, dans l’Ancien Testament. Élie, nous y est-il dit, pria pour le jugement et l’épreuve de son peuple. Il demanda la disette et une mauvaise récolte. La lecture de ce récit nous coupe le souffle. La réponse à la prière d’Élie ne tarda pas, la sécheresse vint et les rayons du soleil brûlèrent tout le pays durant trois ans et six mois.
Nombreux étaient ceux qui n’avaient pas compris la prière d’Élie, puisque nombreux étaient ceux qui suivaient le roi et sa femme Jézabel et servaient les dieux étrangers qu’ils avaient introduits durant leur règne. Les savants de l’époque ont essayé sans doute de découvrir les causes de cette sécheresse et de cette disette, mais bien entendu, ils n’ont rien trouvé… Cela s’est passé comme cela se passe de nos jours en pareil cas. Chacun explique à sa manière la cause des événements. Mais Dieu prend la parole et nous dit, comme au temps d’Élie, qu’il y a une cause aux souffrances des hommes : le jugement qu’il porte sur eux. La disette d’alors comme les événements qui nous menacent aujourd’hui révèlent combien grande est la désobéissance humaine.
Tous les hommes sont coupables, la punition de Dieu n’atteint pas des innocents… Les justes, c’est-à-dire ceux qui se tiennent devant Jésus-Christ, en sont persuadés et reconnaissent dans les événements qui se déroulent dans l’histoire des hommes les jugements de Dieu qui les menacent, l’ardeur de sa colère qui les embrase… Nous tous nous sommes éloignés de Dieu, rien d’étonnant donc que la mort, à son tour, nous menace. Quel secours Mammon peut-il nous offrir? Les puissances de ce monde ne nous sont d’aucun secours. Nous n’avons d’espérance qu’en un seul règne : celui du Père céleste. Notre époque est aussi menacée que l’était celle d’Élie. Nous sommes acculés contre le mur, sans pouvoir aller plus loin.
« Puis Élie pria de nouveau. » Au milieu de ce peuple éprouvé, le prophète de l’Éternel se lève et prie avec foi; le peuple est au bord de l’abîme, et Élie souffre avec eux, car il est, lui aussi, un homme exposé à la famine et à la mort. Et avec lui, 7000 hommes qui n’ont pas fléchi devant les idoles participent aussi à la souffrance. Les justes avec les injustes. Mais pendant que les rayons du soleil brûlaient les terres de tout le pays, Élie et ses 7000 hommes élevèrent leurs cœurs et leurs voix vers Dieu, « et le ciel donna de la pluie ». Cette prière est le fruit que Dieu fait mûrir au milieu de l’ardeur de son jugement. Mais il a fallu que des justes meurent aussi. La Parole de Dieu qu’Élie annonce dans le pays est semblable à une épée qui n’épargne personne. Tous devaient mourir sous les coups de cette épée, mais Dieu fit une distinction. Alors que les uns mouraient sous les coups de cette épée, les autres purent se ressaisir et se tourner vers leur Dieu et crier vers lui. Ainsi un dernier reste de foi et d’espérance en Dieu subsista en Israël. Éprouvés comme tous les autres, pressés comme eux de toutes parts, ils apprirent à chercher de l’air ailleurs et à respirer l’air frais et libre du règne de Dieu.
Cette distinction est encore visible aujourd’hui. Aujourd’hui encore, les uns ont à cœur de prier, alors que les autres renoncent complètement à la foi et à la prière. Aujourd’hui encore, on constate l’endurcissement de ceux qui sont insensibles et qui restent inaccessibles dans leur égoïsme, mais aussi le réveil et l’humilité des autres, qui confessent à nouveau : « Je reconnais mes transgressions et mon péché est constamment devant moi… » C’est un juste jugement qui nous condamne et nous plonge dans la détresse, mais c’est là, au plus profond de notre misère, qu’éclate la grâce infinie du Père qui nous attend. Au onzième chapitre de la lettre aux Hébreux, on lit cette importante affirmation : « C’est par la foi que nous reconnaissons que le monde a été formé par la Parole de Dieu, en sorte que ce que l’on voit n’a pas été fait de choses visibles ». Le reconnaissons-nous aussi? Dieu fait mourir, mais il fait vivre aussi. Il fait descendre aux enfers, mais il en fait aussi remonter. Prions donc les uns pour les autres. Cette prière a une grande efficacité, parce que Dieu la rend fervente.
La prière d’Élie n’avait pas d’autre but que le réveil de son peuple; nous prions beaucoup trop pour obtenir un secours tout extérieur. Nous aimerions bien nous passer de Dieu… Mais quand Jésus-Christ nous demande de dire en priant : « Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », il ne nous enseigne pas, bien entendu, à nous passer du secours de Dieu. Il veut, tout au contraire, que son règne croisse parmi nous. Nous devons tenir bon dans le temps du jugement, car Dieu nous accordera alors sa miséricorde et nous donnera son salut. C’est ainsi que Dieu a exaucé la prière d’Élie.
La prière du prophète était aussi une prière d’intercession. Il ne pria pas pour lui tout seul; il pria pour le peuple tout entier. Lorsqu’Élie pria, la pluie vint. L’ardeur du soleil disparut et la terre produisit ses fruits. Tout cela est un grand signe de la fidélité de Dieu, de cette paix conclue avec son peuple qui durera éternellement. Si nous voulons demander à Dieu d’établir la paix dans le monde, c’est cette paix-là, la paix de Dieu, que nous devons rechercher et demander.
Prions donc, prions les uns pour les autres, car « la prière du juste a une grande efficacité ».