Jean 6 - Celui qui se nourrit de Jésus vivra
Jean 6 - Celui qui se nourrit de Jésus vivra
« C’est moi qui suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim, celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et vous ne croyez pas. Tous ceux que le Père me donne viendront à moi, et je ne repousserai pas celui qui vient à moi. Car si je suis descendu du ciel, ce n’est pas pour faire ce qui me plaît, mais pour accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, celui qui m’a envoyé veut que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père : que tous ceux qui tournent leurs regards vers le Fils et qui croient en lui possèdent la vie éternelle, et moi, je les ressusciterai au dernier jour. Alors les gens se mirent à murmurer contre lui, parce qu’il avait dit : C’est moi qui suis le pain descendu du ciel. Ils disaient : Voyons, n’est-ce pas Jésus, le fils de Joseph? Nous connaissons bien son père et sa mère! Comment peut-il prétendre qu’il est descendu du ciel? Jésus leur dit : Cessez donc de murmurer ainsi entre vous! Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Dans les écrits et les prophètes, vous pouvez lire cette parole : Dieu les instruira tous. Tout homme qui écoute la voix du Père et qui se laisse instruire par lui vient à moi. Personne n’a jamais vu le Père, sauf celui qui est venu d’auprès de Dieu. Lui, il a vu le Père. Vraiment, je vous l’assure : celui qui croit a la vie éternelle, car je suis le pain qui donne la vie. Vos ancêtres ont bien mangé la manne dans le désert et cela ne les a pas empêchés de mourir. Mais c’est ici le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas. C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain-là, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai pour que le monde vive, c’est mon propre corps. À ces mots, les Juifs se mirent à discuter vivement entre eux : Comment cet homme pourrait-il nous donner son corps à manger? Alors Jésus leur dit : Oui, vraiment, je vous l’assure : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez point la vie en vous. Celui qui se nourrit de ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. Le Père qui m’a envoyé a la vie en lui-même, et c’est lui qui me fait vivre; ainsi, celui qui se nourrit de moi vivra lui aussi par moi. C’est ici le pain descendu du ciel. Il n’est pas comme celui que vos ancêtres ont mangé; eux, ils sont morts; mais celui qui mange de ce pain-ci vivra pour toujours. Voilà ce que déclara Jésus lorsqu’il enseigna dans la synagogue de Capernaüm. »
Jean 6.36-59
« Vie et mort », « lumière et ténèbres » : l’Évangile selon Jean est rempli de tels pôles, de tels éléments totalement irréconciliables qui témoignent du combat cosmique en cours dans la création. Et au milieu de ce combat se tient Jésus-Christ, l’homme qui déclare sur lui-même, au chapitre 6 : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain qui donne la vie » (Jn 6.47-48). Jésus ne s’en tient pas à une déclaration si inacceptable pour un monde qui vit dans les ténèbres. À ses auditeurs, il affirme sans ambages : « Si je suis descendu du ciel, ce n’est pas pour faire ce qui me plaît, mais pour accomplir la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6.38). Et au cas où ses auditeurs ne comprendraient toujours pas, il ajoute : « Celui qui se nourrit de moi vivra lui aussi par moi » (Jn 6.57).
Pouvez-vous vous imaginer combien grand dut être le choc subi par les gens rassemblés à la synagogue de Capernaüm ce jour-là? Le fils aîné d’un obscur charpentier, Joseph, leur déclare qu’au dernier jour il ressuscitera tous ceux que Dieu lui a donnés. Et au cas où cela ne serait pas assez clair, il ajoute : « C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain-là, il vivra éternellement. » Mais alors, est-il Fils de Dieu ou Fils de l’homme? Alors que s’opposent les pôles irréconciliables de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, Jésus, qui se tient au milieu de ce combat, en appelle à son humanité : « Si vous ne mangez pas de la chair du Fils de l’homme… », dit-il à ses auditeurs. Mais il en appelle également à sa divinité : « Seul celui qui est venu de Dieu a vu le Père… » Il est donc en même temps Fils de Dieu et Fils de l’homme, sans pour cela avoir une personnalité schizophrène, mais justement pour rendre possible l’impossible : pour passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.
Jésus ne prêche pas un nouveau type de sagesse, une nouvelle mystique. Il n’est pas un maître philosophe qui amène avec lui de nouvelles idées ou une nouvelle idéologie. Il n’essaie pas non plus à tout prix de susciter des suiveurs, des disciples. Il n’opère pas au moyen d’une forme de corruption, il ne promet pas le succès à ses auditeurs; il ne publie pas un livre pour apprendre aux gens comment devenir riche sans effort. Il prêche, annonce et donne sa propre personne pour le salut et la vie éternelle de ceux qui croiront en lui; pour ceux qui viendront à lui parce que le Père qui l’a envoyé les attire à lui. Il exprime l’appel que le Père adresse à ceux qu’il a choisis : « Toi, suis-moi! »
Mais quelle nourriture Jésus offre-t-il donc à ses auditeurs, lui qui se présente à eux comme à la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme? Nourriture divine ou nourriture humaine? Peu avant son discours à la synagogue de Capernaüm, Jésus a nourri une foule de plus de 5000 hommes avec du pain, alors qu’il se trouvait de l’autre côté du lac de Tibériade. À cause de cela, il a maintenant une foule de suiveurs derrière lui. Non pas qu’il cherche de tels suiveurs. Ce sont plutôt eux qui le cherchent et qui veulent l’établir comme leur roi, comme celui qui pourvoira à tous leurs besoins matériels. Certes, il a prouvé être en état d’y pourvoir, mais chez eux il n’y a guère de trace d’une foi en sa personne comme Fils de Dieu et Fils de l’homme. Pas de trace non plus d’un désir d’obtenir la vie éternelle. Alors voilà qu’il doit à nouveau les enseigner sur sa réelle identité.
C’est lui qui est le plus grand don de Dieu : la nourriture qu’il donne c’est sa propre personne. S’il n’était qu’un homme et qu’il disait à ses auditeurs : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez point la vie en vous », alors il ne ferait que les inciter au cannibalisme. Et de toute manière, nous, aujourd’hui, nous ne pouvons pas même manger son corps qui se trouvait sur terre il y a 2000 ans. Nous ne sommes pas non plus si barbares que nous désirions faire quelque chose de ce genre. Mais il est aussi Fils de Dieu, et en tant que tel source de toute vie. Ainsi, nous savons qu’en ayant part à sa vie, nous aussi nous pouvons hériter de la vie, de la vie éternelle.
Imaginez cependant que Jésus soit seulement Fils de Dieu, et non pas aussi Fils de l’homme. Comment pourrons-nous jamais participer de manière intime à la vie qui est la sienne? Comment partagera-t-il sa vie avec nous? Comment aurai-je accès au Fils du Père qui est un avec le Père avant tous les siècles, avant la fondation du monde? Il me serait impossible, à moi pauvre créature mortelle destinée à retourner à la poussière, d’avoir accès à sa vie de gloire éternelle, n’est-ce pas?
Mais, nous l’avons vu, Jésus-Christ est à la fois Fils de Dieu et Fils de l’homme, et c’est précisément en tant que tel qu’il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. C’est aussi en tant que tel qu’il nous donne son corps à manger et son sang à boire. Dans un prochain article, nous verrons quelle est la signification de cette nourriture, et comment comprendre spirituellement les paroles de Jésus.