Judaïsme - La doctrine juive
Judaïsme - La doctrine juive
1. Dieu⤒🔗
Cet exposé est tiré d’ouvrages juifs. Nous le présentons sans commentaires.
La connaissance de Dieu intéresse toute la vie et tout l’avenir. On ne peut s’en passer sans dommage ni danger. « On ne fera plus aucun mal et on ne commettra plus de destruction sur ma montagne, car la terre sera pleine de la connaissance de Dieu, comme l’océan, des eaux qui le recouvrent » (És 11.9).
a. L’unité de Dieu←↰⤒🔗
« Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un » (Dt 6.4, « shema »). Dieu dirige le monde. Il est pur esprit, force suprême, intelligence suprême, sainteté suprême. Nous lui obéissons, non seulement parce qu’il est le plus fort, mais parce qu’il est supérieur. Il n’y a pas de divinité partageant sa perfection. C’est dans ce sens que la Bible désigne Dieu comme le Dieu jaloux.
b. Les différences entre la conception juive de Dieu et d’autres conceptions←↰⤒🔗
Cultes païens : les dieux étaient plus forts que les hommes, mais pas meilleurs; ils étaient servis par les faiblesses humaines, les vices des uns et les cruautés des autres.
Sous l’influence du judaïsme, le christianisme s’est substitué à l’ancien paganisme gréco-romain. Le paganisme arabe, sous la même influence, a été remplacé par la religion de Mahomet.
Le christianisme conçoit Dieu sous la forme de l’Homme-Dieu, ce qui est contraire à la religion juive. L’islam ne le conçoit que par une révélation tardive, survenue à une époque où le judaïsme avait acquis depuis longtemps sa structure et son développement supérieur.
Les athées et les agnostiques : Le judaïsme s’oppose à eux en affirmant que Dieu est et qu’il est possible de le connaître.
c. La connaissance de Dieu←↰⤒🔗
Ce n’est pas la connaissance du savant, car l’univers lui-même, bien que créé, dépasse la portée de nos sens et les possibilités de nos observations. Cette connaissance s’apparente plutôt à celle de l’artiste qui saisit directement la finesse des choses. Dieu est connu par le cœur et compris par la conscience, ce miroir de Dieu ou cette plaque, sensible au divin, comme l’œil à la lumière et l’oreille aux sons.
Certains grands penseurs sont arrivés à connaître Dieu par l’intelligence, mais cela n’est pas donné à tous, tandis que tous peuvent connaître Dieu par le cœur.
La connaissance des prophètes, ces organes de la pensée divine, est supérieure à celle des docteurs et des savants qui ont besoin d’elle pour appuyer leurs déductions et commentaires.
Beaucoup n’arrivent pas à connaître Dieu parce qu’ils voudraient utiliser pour cela une méthode appliquée à la connaissance des sciences positives : l’observation des phénomènes et l’induction ou les déductions basées sur cette observation. Il y a d’ailleurs bien d’autres sciences qui doivent compléter l’observation par l’intuition et par un sens de la divination. Le propre de l’homme supérieur est de savoir discerner, à l’aide de faibles indices, ce que d’autres ont de la peine à voir même à l’aide de preuves plus manifestes.
Il y a des preuves de l’existence de Dieu. Notre propre existence en est une, car comment expliquer que l’intelligence puisse provenir d’un univers inintelligent? En outre, nous avons un indice révélateur de l’existence de Dieu dans la vie organique des êtres vivants : organismes de défense, de conservation et de reproduction. Cette organisation suppose une intelligence créatrice.
d. Les rapports de la connaissance de Dieu et de la vie←↰⤒🔗
La religion juive résume les efforts faits par Israël en vue d’utiliser cette connaissance de Dieu pour rendre la vie parfaite. Le contact entre Dieu et l’esprit de l’homme, autrement dit la présence divine, s’appelle « shekinah ». Elle est comme le contact du rayon de soleil avec notre vue, la partie de la divinité qui nous touche, le reste nous dépassant incommensurablement. Le contact le plus étendu est celui qui a eu lieu avec l’ensemble de la communauté d’Israël qui forme comme une plaque réceptrice du courant divin. La religion privée ne dispense donc nullement du culte public.
e. Comment le judaïsme sert la connaissance de Dieu←↰⤒🔗
Il sert cette connaissance par des institutions approuvées qui facilitent l’accès à Dieu et par l’exemple qu’il donne d’un groupe d’hommes capables de se dévouer jusqu’à la mort à leur Dieu. C’est cette dernière pensée qu’illustre le prophète, quand il appelle les fils d’Israël « les témoins de Dieu ».
2. L’homme←⤒🔗
a. La valeur de l’homme←↰⤒🔗
La connaissance de Dieu permet d’attribuer une valeur à l’homme. Sans elle, la vie humaine ne serait qu’un accident parmi tant d’autres, la mort aussi. Au contraire, par le souffle de vie qu’il renferme, l’homme représente une valeur à respecter. L’homme, dit l’Écriture, a été créé à l’image de Dieu; il vaut donc par ce qu’il représente de divin, autrement dit par sa qualité de sainteté. La morale juive est basée sur la dignité de l’homme laquelle est en proportion de sa sainteté. Israël est le groupe d’hommes qui s’est efforcé spécialement d’atteindre cette sainteté. Mais il n’en a pas l’exclusivité; tous les justes de toutes confessions et de toutes origines peuvent atteindre les félicités éternelles.
b. Le but de la vie←↰⤒🔗
Le but de tous les efforts de l’homme est de réaliser une vie pleine de valeur spirituelle. L’homme est une étincelle de Dieu. Il parvient à sa pleine valeur en s’élevant du niveau de l’animalité qui lui vient de la nature à celui de collaborateur de Dieu dans l’œuvre de la création.
c. Le problème du mal←↰⤒🔗
La douleur peut s’expliquer. Elle est le tison de la vie; elle en éveille l’ardeur; elle sert au perfectionnement de l’homme (talmudistes). Si la douleur favorise l’existence de l’individu, la mort, à travers les générations qui se remplacent, sert au perfectionnement de l’homme, de la race humaine. Sans le renouvellement qu’elle provoque, nos vies seraient entraînées dans la dégradation et l’usure; nous serions des esclaves enchaînés aux habitudes contractées, marqués pour toujours par des rides ineffaçables. Par la mort, la génération qui s’en va lègue à l’autre le résultat de ses acquisitions et celle-ci peut les refondre dans un moule neuf. La mort ne supprime pas la vie; elle la répare.
d. La liberté←↰⤒🔗
Bien que Dieu soit tout-puissant, il a abandonné l’homme à la liberté d’agir. Cela entraîne la responsabilité individuelle et sociale. Ce qui fait obstacle à la connaissance de Dieu, ce sont nos passions. La sagesse est de les dominer.
e. Le travail←↰⤒🔗
C’est par le travail que nous pouvons assurer notre vie. Le travail est aussi indispensable à notre vie morale qu’à notre vie physique. Il entretient le sens de la dignité et de la responsabilité et contribue à la solidarité sociale. C’est une mission divine.
3. Israël←⤒🔗
a. Sa mission←↰⤒🔗
Parmi les hommes, Israël a un mérite particulier : celui d’avoir été le promoteur de la connaissance de Dieu et, dans la suite, d’avoir été son soutien le plus efficace et le plus tenace. Par son attitude, Israël est devenu le témoin de la valeur de cette connaissance qui est digne qu’on se sacrifie pour elle. Là où cette connaissance est suffisamment répandue, Israël doit se maintenir comme groupe original de « témoins de Dieu ». « Vous êtes mes témoins et moi, je suis votre Dieu » (És 43.12; 44.8).
Israël a été désigné par Dieu pour être l’initiateur et le propagateur de cette connaissance : c’est ce qu’on appelle l’élection et la mission d’Israël.
b. La solidarité juive←↰⤒🔗
Cette mission crée pour les Israélites l’obligation d’avoir un esprit de corps et de se tenir solidaires de tous les collaborateurs à cet idéal. Ils doivent se soutenir, notamment en temps de persécution. Cette solidarité n’a pas à jouer là où Israël n’est pas en cause; dans ce cas, c’est la solidarité humaine qui joue, ou, s’il s’agit de questions nationales, c’est le patriotisme qui doit régir les actes des juifs.
c. Sionisme et assimilation←↰⤒🔗
Certains poussent cette solidarité jusqu’à vouloir reconstituer l’ancienne nationalité juive. C’est le sionisme. Mais d’autres se contentent d’une solidarité spirituelle et sociale.
Les premiers poussent la solidarité juive jusqu’au particularisme qui les rend étrangers à leurs nations. Les autres courent le risque de perdre leur personnalité dans la communauté nationale à laquelle ils se sont assimilés.
4. Jésus et les chrétiens←⤒🔗
La tradition juive n’a jamais enseigné la supériorité de Jésus sur les maîtres de la tradition. D’après elle, les textes bibliques ne conduisent pas à Jésus. Le judaïsme et le christianisme sont indépendants l’un de l’autre.
Le conflit judéo-chrétien a eu deux aspects :
a. Il a été d’abord un conflit politique, les chrétiens se recrutant parmi ceux qui s’opposaient violemment aux Romains, les pharisiens restant au contraire loyaux et pacifistes. Les juifs se servent des versets suivants pour soutenir leur thèse : Jean 19.12 (les juifs font profession de loyalisme); Jean 19.19 (ils protestent contre le titre de « roi des juifs »); Luc 23 (les juifs accusent Jésus de s’opposer à César); Luc 24.21 (les disciples de Jésus avaient des espérances politiques); Actes 1.4 (ces espérances reparaissent); Actes 17.7 (les chrétiens sont accusés de s’opposer à César); Matthieu 24 (atmosphère de guerre); Luc 22.36 (les épées)…
b. Le conflit a été un conflit religieux. En effet, Jésus se faisait l’égal de Dieu (Jn 5.17-30; Jn 10.32-34; 19.5-7; Mc 14.54-65; Lc 22.66-71). Mais on lit dans Ésaïe 42.8 qui vient de parler du Serviteur de l’Éternel : « Je suis l’Éternel, c’est là mon nom; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre. »
Il n’y avait pas chez Jésus de conception nouvelle de la morale. E. Rodriguez a trouvé dans l’Ancien Testament les versets montrant que l’enseignement du sermon sur la montagne n’est pas original (Pr 24.17-19; 25.21…).
On a substitué sans droit la personne de Jésus à la personnalité d’Israël et à celle de Moïse.
Certains juifs ont pensé qu’on pouvait introduire Jésus dans le judaïsme. D’autres pensent que cela est impossible. Ils disent que l’Évangile n’apporte rien de neuf. Il ne contient pas de morale supérieure et Jésus, même débarrassé de tout caractère divin, tend à prendre une place anormale. Le mythe divin, même atténué, subsiste.
Remarque : Nous avons déjà dit que le texte de ce chapitre est tiré d’auteurs juifs et que nous ne voulons pas les commenter ici. Si nous les citons, c’est qu’il est bon que nous prenions contact directement avec le judaïsme afin de le connaître tel qu’il est. Toutes les questions soulevées ici ont leur solution dans les divers cours de doctrine.
5. Le messianisme←⤒🔗
L’idée du Messie et du salut s’est développée progressivement; elle comporte des aspirations diverses; aspirations mystiques : le règne de Dieu sur la terre; aspirations éthiques : la bonté parmi les hommes et la paix universelle; aspirations nationales : l’indépendance d’Israël; aspirations traditionnelles : la restauration du Temple.
Le messianisme a sa place dans la prière d’Israël. Les dix-huit bénédictions (Shemoné Ezré) demandent la restauration du temple et la royauté de David. La prière Alenou et le Qaddiche demandent la venue du règne de Dieu et l’immortalité sur la terre. On lira au sujet du Messie proche : És 9.1-6; 7.11-17; 11.1-10; Jr 23.5,6; Za 3.8-10; 6.9-15…; au sujet du Messie lointain : És 2.1-4; Mi 4.2-3…; du peuple Messie : És 42.1-6; 49.1-6; 52.13-53.12…
Remarque : On voit comment certains textes sont appliqués à Israël considéré lui-même comme Messie.
6. Bibliographie←⤒🔗
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Joseph Bonsirven, Sur les ruines du Temple, Paris, 1928 (catholique).
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Joseph Bonsirven, Juifs et chrétiens, Paris, 1936 (catholique).
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Cohen, Le Talmud, Payot, 1933 (juif).
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David Berman, Initiation au judaïsme, Bruxelles, 1947 (juif).
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Marmonstein, Studies in Jewish Theology, Londres, 1950 (juif).
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David Hedegard, Seder R. Amran Gaon, Lund, 1951 (juif).