La bonté et la sévérité de Dieu
La bonté et la sévérité de Dieu
- Comment la Bible parle-t-elle du jugement de Dieu?
- Que peut-on apprendre de la Bible sur l’enfer comme lieu où s’exerce la sévérité de Dieu?
- Comment Dieu peut-il être bon et pourtant exercer aussi une telle sévérité?
- Doit-on parler de l’enfer aussi ouvertement, ainsi que nous le faisons maintenant?
Examinons à présent une autre donnée biblique relative à la nature de Dieu : la sévérité de Dieu. En effet, la Bible contient de nombreuses références à la colère de Dieu et au jugement qu’il exerce sur le mal. Dès le début de l’histoire de la race humaine, aussitôt après la chute de nos premiers parents Adam et Ève, Dieu prononce sur eux un verdict sévère, même si, par la suite, la grâce et la rédemption leur seront promises, ainsi qu’à leur descendance.
Les Écritures décrivent de manière réellement redoutable la sévérité divine. À cause de son jugement, le cœur des hommes est rempli de terreur.
1. Comment la Bible parle-t-elle du jugement de Dieu?⤒🔗
L’Ancien Testament, composé en langue hébraïque, contient une vingtaine de mots différents pour décrire la colère de Dieu; ces termes y reviennent quelque 600 fois.
Le Nouveau Testament ne reste pas en arrière en ce qui concerne cette description, aussi réaliste que redoutable, de l’ire, du courroux divin. « La colère de Dieu se manifeste du ciel… », écrit saint Paul au début de sa lettre aux Romains (Rm 1.18). Le temps du verbe employé à cet endroit n’indique pas simplement une colère passagère, circonscrite à une époque, manifeste durant la période historique de l’apôtre, mais une disposition divine permanente. Il y est question d’une présence prophétique qui pointe au lointain futur. La colère divine est continuellement manifeste ou manifestée. Elle montre l’opposition de Dieu au péché et à la rébellion des hommes. Même si nous nous limitons à l’Ancien Testament, le déluge universel, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, l’exil babylonien et la destruction de Jérusalem sont les claires manifestations de la sévérité divine.
Celle-ci se déploie aussi et très lourdement dans l’existence quotidienne douloureuse et misérable des hommes; cela peut se manifester lors d’une maladie ou d’un accident, bien qu’il faille bien se garder de voir dans de tels malheurs le signe clair et certain d’un châtiment. Nous avions expliqué la nature du châtiment ailleurs. Cependant, le grand jour de la colère de Dieu est encore à venir, lorsque le Seigneur tout-puissant prononcera un verdict irrévocable sur les hommes iniques et méchants et les jettera dans l’enfer éternel.
En hébreu, l’enfer se dit « shéol »; ce terme revient dans la Bible 65 fois. À certains endroits, il désigne simplement le séjour des morts; ailleurs, le lieu du châtiment suprême réservé aux rebelles. Nombre de passages bibliques corroborent notre interprétation du mot (Ps 9.17; Pr 23.14; Dt 32.22; Ps 139.8). Dans chacun de ces passages, l’enfer pourra être désigné par « shéol ».
Quant au terme grec de « hadès », il apparaît dix fois seulement dans le Nouveau Testament. Il a le même sens que son équivalent hébreu (voir Lc 16.23). Un autre terme grec, la « géhenne », dérive son nom d’une vallée dans les environs de Jérusalem où Moloch, une divinité païenne, dieu du feu, était adoré. Ce lieu fut désacralisé par Josias, un souverain israélite, et depuis lors il devint l’endroit où l’on entassait les déchets de la ville qui y brûlaient jour et nuit. Si « hadès » désignait le séjour des méchants avant le jugement dernier, le terme « géhenne », lui, désigne leur séjour après le jugement dernier. Par conséquent, il sert de symbole du châtiment que subiront les iniques (voir 2 Pi 2.4) où un autre terme, le « tartare », désigne également le lieu où s’exerce le jugement éternel.
2. Que peut-on apprendre de la Bible sur l’enfer comme lieu où s’exerce la sévérité de Dieu?←⤒🔗
1. D’abord, qu’il est le lieu par excellence du châtiment. De nos jours, il est de bon ton de rejeter catégoriquement, et ce avec une arrogante prétention, l’idée même qu’il puisse y avoir un jugement divin, et à plus forte raison l’existence réelle d’un enfer. Bien sûr, si l’on confond la foi biblique avec ce romantisme dégénéré ou ce sentimentalisme mièvre qui considère Dieu comme un vieillard débonnaire qui, avec une généreuse magnanimité, tolérera les faits et les méfaits de tous et de chacun et les actes de chaque criminel, alors le châtiment divin ne peut pas, bien entendu, être considéré un seul instant.
D’ailleurs, notre système carcéral et pénitencier moderne traduit précisément cette aversion à l’idée même du châtiment. Les maisons d’arrêt sont censées être, si elles ne le sont pas toujours, des écoles de réformation, et surtout pas des lieux où le malfaiteur doit y subir le juste châtiment pour ses crimes. Le châtiment est considéré actuellement comme une mesure barbare et obsolète, digne de temps révolus. Ayant déjà consacré une méditation au thème de la justice et du châtiment, je n’y reviendrai pas ici. Je rappellerai seulement qu’exercer la justice, rendre justice à la victime, réprimer le mal et exiger la restitution ou la réparation traduit, aux yeux de nombre de nos contemporains, la plus grande inhumanité.
Il en sera tout naturellement ainsi si nous refusons l’idée biblique de l’enfer en tant que lieu de châtiment. La conséquence naturelle du refus de l’enseignement biblique est la tolérance et la multiplication d’actes délinquants et criminels, qui restent impunis, et même les flagrantes injustices perpétrées le plus légalement du monde.
Jésus-Christ annonçait clairement que les méchants sont destinés à l’enfer. Nous ne nous préoccuperons donc pas de la prétendue mentalité éclairée des modernes, mais de ce que dit sur la question celui qui est la révélation définitive de Dieu, et nous accepterons son enseignement infaillible.
2. En second lieu, l’enfer biblique est un lieu de souffrance; il est décrit comme l’endroit où « le ver ne meurt pas et le feu ne s’éteint pas » (Mc 9.44-48). Le ver représente symboliquement, dans ce contexte, une conscience torturée à cause de crimes perpétrés dans l’existence temporelle des hommes. Je ne me représente certes pas le feu de l’enfer de manière littérale; néanmoins, je crois à une réalité qui, tel le feu, sans doute des flammes spirituelles, punira le méchant qui a persisté dans sa méchanceté. Je mesure parfaitement la gravité de mes propos. Mais je n’en atténuerai pas le degré. Jésus a déclaré qu’il y aura « des pleurs et des grincements des dents » (Mt 25.30); tandis que la Jérusalem céleste, la cité divine restaurée, nous est décrite comme la ville éternelle où Dieu « essuiera toutes larmes de leurs yeux », c’est-à-dire de son peuple racheté (Ap 21.4).
3. Troisièmement, l’enfer signifie une séparation éternelle; c’est-à-dire l’absence permanente de la présence favorable de Dieu. Le Christ en personne le déclarait dans l’une de ses paraboles. Ailleurs, il prononçait ce verdict qui devrait terrifier tout pécheur qui ne cherche pas son salut en lui : « Retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Mt 7.23). Ceux-ci sont renvoyés « aux ténèbres du dehors » (Mt 8.12; 22.13; 25.30), c’est-à-dire loin de sa présence gracieuse et lumineuse. Que le langage soit symbolique et les termes poétiques, cela n’enlève rien à la réalité terrible de ce qui attend le pécheur obstiné. Les « chiens », les adultères, les sorciers, les prostitués et les prostituées, les assassins, les idolâtres, les menteurs, seront rejetés hors de la cité sainte (Ap 22.15). Pour l’heure, les méchants bénéficient encore de la patience de Dieu, mais pour combien de temps?
4. Enfin, l’enfer, nous prévient l’Écriture sainte, est éternel. Cet aspect de l’enfer me semble le plus terrifiant de tous. Pour le pécheur non repenti, l’enfer est comme un abîme sans fond où il s’enfonce de plus en plus dans la réprobation de Dieu. Dans un langage imagé, l’Écriture parle « de la fumée de leur tourment qui monte aux siècles des siècles » (Ap 14.11).
3. Comment Dieu peut-il être bon et pourtant exercer aussi une telle sévérité?←⤒🔗
Dieu est amour, avons-nous rappelé à plusieurs reprises dans nos exposés. De cela, nous n’avons le moindre doute. Cependant, si nous nous faisons nos propres idées sur Dieu, sa nature et sa sainteté, nous finirons par décider, contre toute l’évidence biblique, que l’enfer n’existe pas, que l’idée en est une simple survivance des temps d’ignorance et superstition.
Certes, nous savons que Dieu nous commande d’aimer jusqu’à nos ennemis. Nous ne torturerions jamais pour toujours le pire de ceux-ci. Dieu n’est-il pas meilleur que nous? Si l’enfer existe, n’est-il pas, ne serait-il pas un intolérable affront à son image de bonté et de bienveillance? Une tache dans sa parfaite création? Et, au courant de quelques idées philosophiques, nous objecterons qu’une telle idée de Dieu relève du mazdéisme, cette religion dualiste des anciens Iraniens, d’après laquelle le bien et le mal seraient égaux…
Nombre de chrétiens, influencés soit par des idées philosophiques, anciennes ou modernes, soit par des religions païennes, ou encore mus par leur propre sentimentalisme, ont proposé certaines solutions :
1. L’universalisme en est l’une des plus répandues. C’est une vieille hérésie dont Clément d’Alexandrie et Origène, son disciple, ont été parmi les premiers et les plus éminents porte-parole, au 3e siècle de notre ère. À l’appui de l’hypothèse, on évoque 1 Corinthiens 15.22 d’après lequel « en Adam tous sont morts ». Mais ce passage souligne le contraste entre le Christ et Adam et entre l’effet de l’œuvre de l’un et de l’autre, à savoir que ceux qui ont été régénérés l’ont été en Christ. Nombre d’autres passages indiquent clairement que ceux qui persistent dans leurs iniquités vont finir en enfer.
2. L’annihilation est, de nous jours, une vue assez courante. Selon cette hypothèse, les iniques envoyés en enfer seraient aussitôt détruits, annihilés pour toujours, sans laisser de traces. Par conséquent, si châtiment il y a, il ne serait pas éternel. Cette idée fait également partie des idées contredisant les clairs enseignements des Écritures.
3. Faut-il opter alors pour l’hypothèse du purgatoire? Avec toute la Réforme, nous refuserons cette solution qui contredit, à son tour, la révélation biblique. Car en dehors de notre existence présente, temporelle et historique, il ne nous sera pas accordé d’autre occasion de nous repentir. Le pardon divin nous est offert ici même.
4. L’immortalité conditionnelle vient aussi comme une très grave et dangereuse erreur. Nombre de sectes y adhèrent, mais également, aussi curieux que cela puisse paraître, des représentants de certains mouvements chrétiens, se voulant sans doute plus évangéliques que l’Évangile lui-même! Dieu seul, disent-ils, possède l’immortalité. L’homme devient immortel en croyant en Jésus-Christ. Le châtiment éternel ne serait éternel que par ses effets, mais non par la souffrance réellement infligée. Après la résurrection générale, les non-croyants seraient envoyés en enfer, mais afin de disparaître aussitôt. Ce serait là le sens de « la seconde mort » dont parle l’Écriture. Ce sont les âmes qui meurent; ce sont elles qui sont mortelles.
Faisons remarquer qu’on ne peut s’appuyer sur un passage isolé ou un seul terme biblique isolé pour fonder une théorie théologique. Pour nous, il est primordial de nous attacher à l’ensemble du témoignage biblique et à celui des grands docteurs de la foi et de l’Église. « L’âme qui périra » signifie que celui qui persiste dans le péché mourra; il, elle, sera définitivement et éternellement séparé de Dieu, car le châtiment éternel est aussi éternel que la vie éternelle.
Satan et le faux prophète « seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles » (Ap 20.10). Si cela est vrai pour le diable et pour ses suppôts, il le sera aussi pour les humains qui l’ont choisi comme maître. L’enfer n’existe pas dans le vide. Il y a du feu, et ce feu est inextinguible. Le « ver qui ronge » trouvera de quoi s’alimenter…
L’enfer est l’abîme sans fond. La justice et la sainteté divines ne peuvent être satisfaites que par la mort expiatoire du Sauveur. Le pécheur doit se convertir, il en est tenu (Ap 16.10-11). Si pour le salut des hommes il a fallu l’incarnation du Fils éternel de Dieu, la croix du Calvaire et l’enfer de sa séparation d’avec son Père, l’explication en est que l’enfer est une terrifiante réalité. Dieu ne l’a pas contourné en se servant d’une autre voie…
La bonté de Dieu ne peut pas être divorcée de sa sévérité, qui punira les iniques éternellement, car la sainteté de son caractère exige une telle mesure. Dieu est l’être suprême, majestueux, transcendant, élevé. Il est infiniment glorieux, tout-puissant, sagesse et bonté infinies. Le péché, lui, est un acte terrible, qui le défie et qui l’insulte, qui méprise et transgresse sa Parole et qui se rit de sa pureté absolue, qui ne peut tolérer la vue du mal.
Pourtant, Dieu est aussi amour. Il est bon envers l’homme, même l’homme pécheur qui, pourtant, continue à le bafouer… Dans sa providence, il pourvoit à la nourriture et aux autres besoins de sa créature. Il a fait descendre son Fils unique en enfer pour que celle-ci n’y aille pas. La mort du Christ sur la croix démontre la gravité du péché. Si nous parlions de l’enfer en termes atténués, il nous faudrait corollairement atténuer l’infinie gloire de Dieu.
4. Doit-on parler de l’enfer aussi ouvertement, ainsi que nous le faisons maintenant?←⤒🔗
Je le crois. On en parle si peu de nos jours, soit en se mettant des gants de velours soit en en niant carrément l’existence; pourtant, il nous faut le courage d’exposer la totalité de l’enseignement biblique sans faire une sélection parmi les textes et les thèmes. Si un prédicateur de l’Évangile n’a jamais abordé le thème du châtiment éternel, il vaut mieux qu’il renonce à son ministère. Car il faut prévenir le pécheur du sort éternel qui l’attend, l’avertir avant que le feu ne consume.
Les statistiques nous apprennent que chaque année quelque trente millions de personnes meurent de mort naturelle, sans compter ceux qui trépassent à cause des guerres et autres événements imprévisibles. À chaque seconde, quelqu’un entre dans l’éternité. Pour la Bible chrétienne, l’éternité est une réalité, soit de bonheur et de béatitude, soit de misère et de tourment. Aussi faut-il prévenir, avertir, informer. « Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à persuader les hommes », écrivait saint Paul (2 Co 5.11); il le faisait par amour pour les âmes et non pas par sadisme.
Où passeras-tu l’éternité? Pas de faux fuyants, chers amis. Ou bien vous écoutez l’Évangile et vous vous convertissez, ou bien vous choisissez les paroles rassurantes, mais trompeuses de ceux qui ne tolèrent pas les mesures justes de Dieu et, pour finir, vous vous condamnez pour l’éternité. C’est du feu que nous chercherons à vous arracher, à vous délivrer des tourments d’une éternelle séparation d’avec Dieu, car il ne prend pas plaisir à la mort du pécheur, mais il en attend la conversion afin qu’il vive.
Dans ce contexte de péché et d’enfer, c’est notre privilège de vous annoncer l’unique Sauveur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, notre Seigneur.