La littérature de l'Ancien Testament
La littérature de l'Ancien Testament
- Sa diversité
- La loi
- Les écrits prophétiques
- Les Psaumes
- Les écrits de sagesse (ou littérature sapientiale)
- Les livres apocryphes
1. Sa diversité⤒🔗
L’étude de la Bible et spécialement celle de l’Ancien Testament (AT) a toujours été menée de front de deux points de vue différents. D’une part, du point de vue historique, et dans ce cas la Bible constitue une mine précieuse de renseignements intéressants en ce qui a trait aux traditions de l’ancien Orient, notamment relatives à la culture et la piété d’Israël; d’autre part, du point de vue de l’Église qui jusqu’à présent fonde sa foi sur ces textes et les expose en y discernant la voix même de Dieu.
En fait, ce sont des hommes qui écrivent et qui parlent dans la Bible. Ils sont d’origines diverses et ils appartiennent à des traditions multiples. Les uns nous sont mieux connus que les autres, d’autres écrits demeurent anonymes; mais chaque écrit s’est fixé un objectif précis et a poursuivi une mission particulière. Ceci explique, du point de vue littéraire, la riche variété des styles de l’AT : recueils de lois destinés à l’usage des prêtres ou des magistrats, explications de coutumes religieuses à l’attention du peuple et des officiants du culte, traditions narratives servant à l’enseignement, leçons d’histoire, polémiques touchant certains problèmes contemporains, cantiques religieux ou psaumes, chants « profanes » (au sens de non religieux), prières, sentences sur l’éducation des jeunes et des enfants, prédications, récits en style de nouvelles.
Cette riche diversité d’auteurs et d’objectifs poursuivis fait qu’il est possible d’étudier séparément les différents documents qui forment la Bible et de les considérer comme des traditions purement humaines en leur appliquant la seule méthode historique.
Il n’en reste pas moins que, depuis l’époque reculée où s’est formé le peuple d’Israël, Dieu s’est servi de ces documents-là pour y faire entendre sa Parole. Ce n’est pas la voix de législateurs humains qu’Israël entend dans des recueils des lois de l’AT, mais celle de son Dieu et Libérateur : « L’Éternel dit à Moïse… » Ce n’est pas pour s’enivrer de son passé héroïque qu’il interroge les traditions de son histoire, mais bien pour entendre la voix redoutable qui déclare : « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20.1). Ce peuple écoute et lit l’AT, non pas pour « faire de la littérature » ancienne, au sens moderne, mais en sachant que la Parole de Dieu est une réalité vivante et permanente. Il prie et il chante ses vieux cantiques, non pour cultiver sa piété, mais parce que l’Éternel est Roi et pour exprimer toute sa joie : « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau » (Ps 96.1). Enfin, Israël ne cherche pas simplement à donner à sa jeunesse une excellente préparation morale, mais une éducation dont le commencement est la crainte de l’Éternel et la fin à atteindre la sagesse qu’elle procure.
Cette attitude est particulièrement sensible chez les témoins anonymes que Dieu a appelés à rassembler les traditions et les documents constituant actuellement les livres bibliques de l’AT.
Il est a noter que les noms des titres de livres ne sont pas toujours ceux de l’auteur, mais peuvent parfois désigner le personnage qui y occupe la place principale. Ainsi, les livres de Josué, de Samuel ou de Job ne sont sans doute pas des écrits de ces mêmes personnages (Samuel est mort en 1 Samuel 25). Jonas n’est pas forcément l’auteur du récit qui porte son nom. Les 150 Psaumes ne sont pas tous de David, car certains ont été écrits par Asaph, Salomon, Héman, etc., et d’autres sont demeurés anonymes. Les Proverbes sont globalement attribués à Salomon; cependant, le livre des Proverbes fait également mention d’autres auteurs (Agour, Lemouel, etc.).
Les différents types littéraires ayant servi de source aux livres de l’AT se divisent en trois catégories :
- Poétique : le livre des guerres de l’Éternel (Nb 21.14); le livre de Yashar ou le Juste (Jos 10.13; 2 S 1.18).
- Chroniques des cours royales : les chroniques du roi David (1 Ch 27.24); les livres des rois d’Israël et de Juda (2 Ch 36.8); les livres des rois de Juda et d’Israël (2 Ch 16.11; 28.26); le livre des rois d’Israël (1 Ch 9.1); le commentaire du livre des rois (2 Ch 24.27); les paroles des rois d’Israël (2 Ch 33.18); le décret de David, roi d’Israël et de son fils Salomon (2 Ch 35.4).
- Chroniques prophétiques : les paroles de Samuel le voyant (1 Ch 29.29); les paroles de Nathan le prophète (1 Ch 29.29; 2 Ch 9.29); les paroles de Gad, le voyant (1 Ch 29.29); les paroles d’Ahidja le Silonite (2 Ch 9.29); les visions de Iddo (2 Ch 12.15); les paroles de Shemaiah le prophète (2 Ch 12.15); les paroles de Jéhu le fils d’Hanani (2 Ch 20.34); les actes d’Osée par Ésaïe (2 Ch 26.22); les chroniques d’Hosaï (2 Ch 33.19).
2. La loi←⤒🔗
L’AT contient quelque 600 commandements que les Israélites devaient observer pour témoigner de leur allégeance à l’Éternel. Quatre seulement des 39 livres contiennent ces lois : Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome. Bien que ces livres contiennent également d’autres matériaux, ils sont appelés la Loi. La Genèse, qui ne comprend aucun commandement du système légal israélite, est traditionnellement incluse dans la Loi. On peut se rendre compte qu’il n’existe aucune correspondance entre ce que les modernes appellent loi et la Loi de l’AT.
Après la mort de Moïse, Josué son successeur exhortait Israël à demeurer ferme et fidèle à la Loi de Dieu, qui, au sens précis du terme hébreu, est autant une exhortation qu’une loi stipulant telle conduite spécifique. Souvent dans le Nouveau Testament (NT) il est fait allusion à la Loi de manière à penser que tout l’AT est la Loi révélée de Dieu. Néanmoins, dans la majorité des cas, la Loi désigne le corps d’écrits qui commence avec Exode 20 et va jusqu’à la fin du Deutéronome. Même ainsi, on sait que quatre livres seulement du recueil contiennent des commandements et des prescriptions.
Sans aborder ici la question de son interprétation, nous pouvons dire au sujet de la Loi qu’elle est la loi d’une alliance. Certaines de ses prescriptions ne sont pas reprises par le NT. Certaines parties de l’Ancienne Alliance sont renouvelées dans la Nouvelle Alliance. Seul ce qui est explicitement renouvelé à partir de l’AT peut se considérer comme faisant partie du NT.
3. Les écrits prophétiques←⤒🔗
Il existe plus de livres prophétiques que d’autres genres littéraires. Il convient de les séparer en trois périodes :
- Les prophètes pré-exiliques : Abdias, Amos, Ésaïe, Habacuc, Joël, Jonas, Michée, Nahum, Osée, Sophonie.
- Les prophètes exiliques : Jérémie, Ézéchiel, Daniel.
- Les prophètes post-exiliques : Aggée, Zacharie, Malachie.
Les prophètes ne sont pas des prédiseurs d’avenir, mais des porte-parole de Dieu; ils parlent de sa part. Ils exhortent à la fidélité dans l’alliance. Ils annoncent le jugement divin sur la nation élue ou sur des nations étrangères qui oppriment Israël. Ils prédisent parfois le rétablissement d’Israël après l’Exil, l’avènement du Messie, la future résurrection et le règne universel de Dieu.
Pour bien saisir leur message, il est indispensable non seulement d’en connaître le contenu, mais encore les circonstances historiques durant lesquelles les prophètes ont vécu et exercé leur ministère, de même que la date de rédaction de leur écrit. Notre introduction aux livres individuels de l’AT traitera de ces points.
Le prophétisme est intimement lié à l’existence même d’Israël. Les parallèles qu’on a voulu trouver avec les prophéties extrabibliques n’expliqueront pas la raison du rôle si important du prophétisme au sein d’Israël. Sans développer le thème, nous rappellerons en passant seulement le caractère d’inspiration et de révélation de leurs oracles ainsi que de leurs écrits.
4. Les Psaumes←⤒🔗
Le livre des Psaumes est le recueil des prières et des cantiques inspirés d’Israël. En tant que littérature, on distinguera les types suivants :
- Psaumes de lamentations : Ps 3; 22; 31; 39; 42; 57; 71; 120; 139; 142.
- Psaumes d’action de grâces : Ps 65; 67; 75; 107; 124; 136.
- Psaumes d’action de grâces individuelles : Ps 18; 30; 32; 34; 40; 66; 116; 118; 138.
- Psaumes de louange :
- Dieu comme Créateur : Ps 8; 19; 104; 148.
- Dieu comme protecteur et bienfaiteur d’Israël : Ps 66; 100; 111; 114; 149.
- Dieu comme Seigneur de l’histoire : Ps 33; 103; 113; 117; 145; 147.
- Psaumes de salut et de délivrance : Ps 78; 105; 106; 135; 136.
- Psaumes de célébration et de confession :
- Liturgie de renouvellement de l’alliance : Ps 50; 81.
- Psaumes de l’alliance avec David : Ps 89; 132.
- Psaumes concernant la royauté : Ps 2; 18; 20; 21; 45; 72; 101; 110; 144.
- Psaumes d’intronisation royale : Ps 24; 29; 47; 93; 95 à 99.
- Psaumes de Sion ou chants pour Jérusalem : Ps 46; 48; 76; 84; 87; 122.
- Psaumes de sagesse : Ps 36; 37; 49; 73; 112; 127; 128; 133.
- Psaumes de confiance : Ps 11; 16; 23; 27; 62; 63; 91; 121; 125; 131.
5. Les écrits de sagesse (ou littérature sapientiale)←⤒🔗
Les livres de Job, les Proverbes et le livre de l’Ecclésiaste forment la littérature dite sapientiale de l’AT. En outre, certains Psaumes peuvent également être considérés comme littérature de sagesse. D’ordinaire, la sagesse est la discipline qui applique la vérité à la vie quotidienne, à la lumière de l’expérience. Cette définition ne peut suffire pour expliquer la littérature de sagesse de l’AT.
« La sagesse hébraïque est une catégorie de littérature inconnue à la majorité des chrétiens modernes. La littérature de sagesse ne peut être isolée de l’ensemble des écrits de l’ancien Orient. La Bible elle-même parlant du roi Salomon, auteur d’une grande partie de cette littérature, le compare aux sages de l’Orient (1 R 5.10). Les sages sont des hommes cultivés. Ils apparaissent surtout parmi les classes dirigeantes dans l’entourage du roi, car leur fonction principale est de donner aux élites un enseignement qui les rend capables de bien exercer les fonctions du gouvernement. Plus tard, la pédagogie des sages ira en s’élargissant et en se démocratisant et comporte un triple aspect : scientifique, moral et philosophico-religieux. Le roi doit être un homme instruit. Mais en Israël la sagesse reçoit une coloration particulière du fait de son lien avec la religion de l’Éternel. Tout en pratiquant l’ouverture sur le monde extérieur, les sages d’Israël n’ont jamais prétendu délivrer leur enseignement en dehors de la loi et des prophètes.1 »
6. Les livres apocryphes←⤒🔗
L’AT étant constitué des livres du canon hébraïque, nous accorderons une place très réduite aux écrits apocryphes, en mentionnant seulement leurs titres : Le 3e livre d’Esdras; le 1er livre des Maccabées; le 2e livre des Maccabées; le 4e livre des Maccabées; Tobie; Judith; la prière de Manassé; les additions à Daniel : (a) l’histoire de Susanne; (b) le Bel et le Dragon; les additions d’Esther; le livre de Baruch; l’épître de Jérémie; la sagesse de Jésus, fils de Sirach, Siracide ou Ecclésiastique; la Sagesse de Salomon.
Note
1. E. Jacob, L’Ancien Testament, P.U.F.