La nature de l'Ancien Testament
La nature de l'Ancien Testament
- L’importance de l’Ancien Testament
- Les noms désignant le livre de l’Ancien Testament
- L’Ancien Testament est la Parole de Dieu
- L’Ancien Testament est inspiré
- L’Ancien Testament est infaillible
- L’Ancien Testament est important pour la foi
- Le but de l’Ancien Testament
- La typologie de l’Ancien Testament
- Le thème de l’Ancien Testament
Bien que l’Ancien Testament (désormais désigné par AT) soit présenté comme un livre en un seul volume, en réalité, il forme une collection de plusieurs. Tous ces écrits, 39 titres (du canon protestant), n’ont pas été produits pour le même but; ils ne furent pas non plus considérés d’égale importance à l’époque de leur rédaction. Ils ont cependant tous été incorporés dans la collection qui revendiquera le statut d’Écriture sainte, et pour devenir écrits canoniques.
1. L’importance de l’Ancien Testament⤒🔗
Pour commencer, l’importance de l’AT se voit dans l’influence exceptionnelle qu’il a exercée au cours de nombreux siècles. En tant qu’écrit religieux ou littérature sacrée, il a profondément marqué les trois religions dites « monothéistes » issues du Proche-Orient, à savoir le judaïsme, l’islam et bien entendu la foi chrétienne. Avec le Nouveau Testament (désormais désigné par NT), il fait partie du canon biblique chrétien.
Son importance dépasse cependant très largement ces trois religions. Par exemple, il a constitué l’une des sources principales d’idéaux moraux et politiques qui ont tenu un rôle décisif au cours de l’histoire mondiale, notamment en Occident. La dignité de la personne humaine, la liberté individuelle et celle des communautés sociales, les principes de gouvernement juste, etc., sont tous dus à l’inspiration que des hommes ont puisée dans ses pages. Les desseins de Dieu relatifs à la destinée de l’humanité et la fin eschatologique de l’univers y sont également exposés. La littérature, au moins occidentale, en est profondément imprégnée. En réalité, sans l’AT, il serait impossible de comprendre nombre de chefs-d’œuvre produits par celle-ci.
Néanmoins, la valeur profonde et surtout permanente de l’AT réside en son message religieux. Sur ce point, il occupe une part véritablement exceptionnelle. Les savants et les historiens décrivent des faits et des événements survenus dans le passé; ils retracent les étapes de l’évolution des mœurs sans toutefois se référer à un dessein précis. Tel n’est pas le cas pour l’AT. Ses auteurs déclarent que Dieu se révèle dans tous les événements dont les humains sont les témoins, dans la vie d’Israël pour commencer, des nations païennes ensuite; dans la nature comme dans les cieux, au-dessus de la terre. Les écrits de l’AT illustrent la manière dont, depuis les origines, Dieu poursuit son dessein à travers des événements historiques.
Nous ne voulons pas dire que dans le détail nous pourrions nous passer de l’apport de la science historiographique moderne. Il est exact que l’AT ne vise pas uniquement à nous informer d’événements historiques du passé, mais encore il prend la peine de les interpréter de manière religieuse pour nous placer en rapport avec Dieu, ce Dieu qui agit puissamment au cours de l’histoire et qui régit l’évolution de toutes choses. Nous aurions tort de sous-estimer sa valeur historique et il serait grave de rejeter les informations qu’il nous fournit comme étant dépourvues de valeur scientifique.
Notre introduction ne traitera pas de la doctrine de la révélation, l’étude de cette dernière étant réservée à la discipline théologique appelée dogmatique, à laquelle elle appartient naturellement. Toutefois, qu’il soit dit en passant que les écrits de l’AT font partie de cette divine révélation au même titre que ceux du NT et à laquelle nous adhérons sans réserve. Sur les pages de ce livre, Dieu s’est révélé à notre foi. Les hommes en ont été les récipiendaires et, dans le cas de son peuple fidèle, ils en sont devenus ses répondants. Lors des étapes initiales de la révélation, ce peuple de croyants ne saisissait pas la totalité de la révélation. Il y manquait la lumière qui s’est incarnée plus tard dans le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ, notre Seigneur, en qui l’AT trouve son accomplissement et toute sa justification. Il convient donc de lire l’AT en ayant en vue le fait que ses pages sont des vecteurs pointant vers l’avènement du Promis, du Messie d’Israël et du Sauveur de l’Église.
2. Les noms désignant le livre de l’Ancien Testament←⤒🔗
Dans l’AT, nous n’avons pas de terme ou d’expression désignant le livre d’Israël dans son ensemble. Les expressions qui y apparaissent ont une portée plutôt restreinte. On note ainsi :
a. Le livre de l’alliance : Exode 24.7; 2 Rois 23.2,21; 2 Chroniques 34.30. Si nous comparons 2 Chroniques 34.30 à 2 Chroniques 34.15, nous voyons que le livre de l’alliance est également appelé « livre de la loi ». Remarquons encore que, dans Exode 24.7, l’écrit appelé « livre de l’alliance » n’avait certainement pas encore le contenu qu’il a reçu par la suite.
b. Le livre de la loi : Deutéronome 28.61 (« dans le livre de cette loi »); 29.21; 30.10; 31.26. Dans ces trois textes, il est question de « ce livre de la loi ». Il semble que ce soit le Deutéronome, ou du moins la partie législative de ce livre, qui soit ainsi désigné. Dans Josué 8.34, il est parlé de la loi sans autre déterminant (2 R 22.8,11; 2 Ch 34.15; Né 8.3). L’expression « ce livre de la loi » se trouve aussi dans Josué 1.8, ce qui s’explique par le fait qu’au verset 7 il était question de « toute la loi que Moïse avait prescrite ». Souvent, ce titre est complété et alors on a : le livre de la loi de Moïse (2 R 14.6; Né 8.1); « le livre de la loi de Yahvé » (2 Ch 17.9); « le livre de la loi que l’Éternel a donné par Moïse » (2 Ch 34.14); « le livre de la loi de Dieu » (Jos 24.26; Né 8.8,18).
c. La loi : Néhémie 8.2,14.
d. Le livre de Moise : 2 Chroniques 25.4; 35.12; Esdras 6.18; Néhémie 13.1.
e. Le livre : Néhémie 8.3. Selon le contexte, il s’agit de la loi, du livre de la loi. Dans Daniel 9.12, il s’agit d’un recueil prophétique où il est question des livres dans lesquels Daniel avait trouvé la mention de la prophétie des 70 années. Il est difficile de dire de quels livres il s’agit.
Dans le Nouveau Testament, on relève les expressions suivantes qui désignent l’AT :
La Loi; la Loi et les Prophètes; la Loi, les Prophètes et les Psaumes; les Écritures; l’Écriture; les saintes Écritures; les saintes lettres; les oracles (en grec « logia »); le livre (« biblion »); le livre (« biblos ») avec un déterminatif : le livre de Moïse, le livre des paroles d’Ésaïe, le livre des Psaumes, le livre des Prophètes, le livre de la Loi. On retrouve enfin l’expression « Ancien Testament » ou « Ancienne Alliance » (« palaia diathèkè »).
3. L’Ancien Testament est la Parole de Dieu←⤒🔗
Il est impensable de lire et d’étudier l’AT sans reconnaître un fait fondamental à son sujet. L’AT est la révélation que Dieu fait aux humains. Certes, il n’est pas la totalité de la révélation, pourtant dans sa totalité il est Parole de Dieu. À moins de commencer par reconnaître ce fait essentiel, notre étude de l’AT serait inutile. Pour d’aucuns, une telle conception de l’AT serait le fait d’une idée humaine, ce sont des hommes qui l’auraient imposé à la première partie de la Bible. Quant à nous, nous pensons que l’idée s’enracine et s’exprime dans le livre lui-même. Elle est également présente dans le Nouveau Testament. C’est la Bible qui rend témoignage à elle-même; car il n’y a que la Bible qui peut parler bien d’elle-même.
Dans les limites de notre introduction, il ne nous est guère possible d’avancer tous les arguments en faveur de l’origine divine de l’AT. Notons simplement que plus de 400 fois nous y lisons : « Ainsi parle l’Éternel ». De son côté, le NT déclare : « Car ce n’est nullement par une volonté humaine qu’une prophétie a jamais été présentée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi 1.21). En d’autres mots, la Bible affirme à son sujet qu’elle est Parole de Dieu et pour le chrétien cette déclaration est amplement suffisante. Telles sont les positions aussi des confessions de foi des Églises réformées.
4. L’Ancien Testament est inspiré←⤒🔗
Que l’AT soit Parole de Dieu ne signifie pas que Dieu l’ait directement rédigé en l’adressant ensuite aux hommes depuis le ciel! Il n’y a pas eu de main céleste qui, comme celle lors du festin du roi Belchatsar, traçait un message écrit (Dn 5). En quel sens affirmons-nous alors que les 39 livres du recueil de l’AT sont Parole divine? La Bible répond à la question par : « Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour convaincre, pour redresser, pour éduquer dans la justice afin que l’homme de Dieu soit adapté et préparé à toute œuvre bonne » (2 Tm 3.16). L’inspiration de la Bible signifie pour nous que Dieu a guidé les auteurs de l’AT pour qu’ils rédigent ce que l’Esprit leur a inspiré. Dieu a accompli cela de manière miraculeuse.
Il n’a pas ignoré, encore moins anéanti, la personnalité de chaque auteur. Il ne les a pas forcés à choisir un style particulier. Il s’est servi d’eux tels qu’ils étaient. Ou mieux, il les a préparés en vue de cette œuvre. Les auteurs humains reçurent sa Parole et l’ont mise par écrit, chacun en son style personnel, avec son vocabulaire, son éducation, voire son tempérament. Cependant, ce qu’ils ont mis par écrit ne fut pas leur message à eux, sorti de leur cru, mais le message que Dieu a voulu adresser aux hommes. Les mots choisis par eux furent les mots de Dieu; les pensées exprimées furent les pensées divines.
Nous ne comprenons pas comment la chose se passa. Ceci doit nous paraître bien étrange. Pourtant, rappelons-nous qu’il existe nombre de faits dans la vie qui dépassent notre entendement humain. Ce serait merveilleux ou anormal si nous comprenions et si nous expliquions tout ce que nous voyons autour de nous. En chrétiens, nous confessons humblement notre ignorance devant l’agir divin; nous croyons afin de comprendre et en comprenant nous croirons mieux. Lorsque nous comprenons que Dieu a inspiré les auteurs de l’AT, la porte s’ouvre pour comprendre son message incomplet, quoique déjà salutaire.
5. L’Ancien Testament est infaillible←⤒🔗
L’inspiration de l’AT porte à notre attention plusieurs autres faits. Elle nous certifie l’infaillibilité de la première partie de la Bible chrétienne, pas moins que celle de la seconde. Il n’y existe point d’erreur. Nous ne prétendons pas que ses auteurs possédaient une parfaite connaissance de la totalité de l’ordre créé. Nombre de faits importants leur étaient encore inconnus. Mais en écrivant sous la direction de l’Esprit Saint, ils furent exempts de toute erreur dans tout ce qu’ils affirment. Ils écrivirent les paroles mêmes de Dieu. Or, il est impossible que Dieu se trompe. L’homme ne peut connaître toute la vérité, Dieu seul la connaît parfaitement, car il en est la source. Il est omniscient. Qu’il s’agisse de la science, de l’histoire ou des faits de la rédemption, Dieu n’ignore aucun élément qui compose son œuvre de création et de rédemption. Il ne se trompe pas ni ne ment (Tt 1.2). Dieu est saint, ses yeux sont purs, il ne saurait voir ni prendre plaisir à l’iniquité. Dans sa prière dite sacerdotale, Jésus disait : « Ta parole est la vérité » (Jn 17.17).
Hélas! tous les chrétiens ne pensent pas de cette façon. Non seulement des non-chrétiens estiment que l’AT est un livre truffé d’erreurs, mais encore des membres mêmes d’Églises du Christ, des savants théologiens, osent prétendre que l’AT n’est pas digne de notre foi. Ils s’imaginent y déceler des inconsistances et des contradictions flagrantes avec la science moderne et les résultats des recherches archéologiques et historiques. Pourtant, si on prenait la peine d’étudier l’archéologie et les découvertes en terre biblique, on s’apercevrait comment la Bible dit la vérité quand certains savants soutiennent le contraire.
6. L’Ancien Testament est important pour la foi←⤒🔗
Lorsque nous acceptons la Bible comme Parole de Dieu, nous reconnaissons également que l’AT possède la même autorité que le NT. Il nous parle de Dieu avec autorité. Aussi, membres de l’Église du Christ, sommes-nous dans l’obligation d’accepter ce qu’il contient et expose. À travers ses pages, Dieu s’adresse à nous. Si ses pages ne contenaient que des pensées humaines, aussi élevées fussent-elles, nous serions en droit de le rejeter.
Parce que l’AT fait partie de la Parole de Dieu, son message s’applique à tous les aspects de la vie ordinaire du chrétien. Si l’AT n’était que le récit d’un peuple, l’histoire d’une nation, analogue à celle d’une autre nation, l’AT ne présenterait aucun intérêt pour notre foi et notre salut. Mais, inspiré et infaillible, il ne varie point d’une époque à une autre, d’une culture à une autre. Selon l’apôtre Paul, ce qui est survenu aux Israélites a été écrit pour notre propre instruction, à nous qui vivons à la fin des siècles. À nous alors de demander de quelle manière ces événements du passé israélite possèdent une signification rédemptrice pour nous, Église du Christ.
7. Le but de l’Ancien Testament←⤒🔗
Nous avons déjà souligné le fait que l’AT constitue une unité. Mais comme tel il nous rappelle encore une maison en construction, inachevée. Il reste encore à y ajouter d’autres dépendances. C’est ainsi qu’il nous amène au NT. Et à son tour, le NT nous explique l’AT.
8. La typologie de l’Ancien Testament←⤒🔗
L’un des moyens par lesquels l’AT attire notre attention vers Jésus-Christ consiste en sa méthode typologique. Un type, qu’il s’agisse d’une personne, d’un objet ou d’un événement, est désigné par Dieu afin de ressembler et de préfigurer quelque chose du NT. Dans l’AT, Dieu a enseigné les mêmes vérités que dans le NT. Mais ces vérités n’ont pas été exposées avec la même clarté que celle du NT. L’AT n’a fait que préparer les choses qui, dans le NT, allaient s’exprimer clairement.
Nous comprendrons mieux la typologie si nous la comparons au symbolisme. Certains événements historiques symbolisent des vérités divines. Ils enseignent une leçon. Ceci n’est pas un fait accidentel. Dieu l’a ainsi voulu. Pensons par exemple au serpent d’airain que Moïse a élevé dans le désert pour guérir les Israélites. Ceux-ci avaient été mordus par des serpents venimeux. Mais le serpent d’airain fabriqué par Moïse servit à sauver les victimes dans ce cas particulier (Nb 21.4-9). L’Israélite qui a médité sur le fait dut apprendre une leçon spirituelle, à savoir que c’est la foi en Dieu qui permet véritablement le salut. Il regarde donc à Dieu pour obtenir sa guérison. Tel est le symbolisme du serpent d’airain.
Parallèlement, cet objet matériel élevé dans le désert pointait vers une guérison plus radicale encore. Il devenait le symbole, ou bien le type de Jésus-Christ, qui est le Sauveur que Dieu envoie pour nous arracher au venin mortel du péché (Jn 3.14-15).
Dieu a enseigné certaines leçons à l’aide de tels symboles et par des actes symboliques. Le langage du NT les a ensuite explicités clairement.
Songeons encore à la manière dont la lettre aux Hébreux décrit le rôle du tabernacle et du culte qui y était célébré. L’un et l’autre sont des types des choses, des réalités à venir; ils symbolisent imparfaitement, mais réellement notre réconciliation avec Dieu par la médiation du Christ.
Il existe d’autres types encore. Si quelqu’un ou un événement ou un objet étaient symboliques pour l’ancien Israël, nous devons l’examiner s’il représente une valeur typologique pour nous. Quelqu’un a dit que les types sont la méthode qui cache le NT dans l’AT et révèle l’AT dans le NT.
9. Le thème de l’Ancien Testament←⤒🔗
Si nous cherchons un thème pour notre étude, il faut penser au Christ du NT. En effet, nous aurons besoin d’un thème central, d’un facteur unifiant tous les thèmes bibliques et il est évident que ceci ne pourrait être un autre ou quelque chose de différent que Jésus-Christ, le Fils incarné de Dieu, le Sauveur de son peuple, le Seigneur de l’univers. Sa personne et son œuvre nous serviront de guide dans le maquis de l’AT. Tous les itinéraires tracés n’offriraient aucune perspective claire, large, sûre en dehors du Christ entre les deux Testaments. Le Christ est le chemin vers le Royaume de Dieu et la vie éternelle, en personne. Or, chacun des écrits de l’AT nous aidera à saisir un aspect du Royaume, lequel est déjà présent au milieu du peuple élu de l’Ancienne Alliance.