L'amitié d'un frère est plus précieuse que la compagnie d'un ange
L'amitié d'un frère est plus précieuse que la compagnie d'un ange
D’après un ancien proverbe yiddish :
« Il existe trois sortes d’amis : ceux qui sont comme la nourriture, sans lesquels nous ne pouvons pas vivre; ceux qui sont comme un médicament, dont nous avons besoin à l’occasion; et ceux qui sont comme une maladie, que nous voudrions ne jamais avoir. »
Salomon, qui a écrit plusieurs proverbes au sujet de l’amitié, considérait de toute évidence que l’amitié était digne qu’on lui accorde une grande valeur, qu’on la protège et qu’on la cultive, surtout étant donné que les bons amis sont rares, comme le dit Ecclésiaste 7.8 : « J’ai trouvé un homme entre mille. » Mais pourquoi les bons amis ont-ils une si grande valeur? Parce que le Seigneur utilise souvent nos amis pour venir à notre aide lorsque nous en avons besoin.
Dans sa méditation sur Deutéronome 1.38, Spurgeon (un grand prédicateur anglais du 19e siècle) souligne le fait que ce ne sont pas des anges que le Seigneur a envoyés pour encourager Josué, fils de Noun, mais bien plutôt Moïse (un ami plus âgé, pourrions-nous dire). Spurgeon explique la sagesse de cette façon d’agir de la manière suivante :
« Un ange n’a jamais expérimenté les difficultés de la route, il n’a jamais vu de serpents vifs et dangereux ni conduit une multitude d’entêtés dans le désert comme Moïse l’a fait. C’est pourquoi nous devrions être heureux du fait que Dieu vient généralement en aide aux êtres humains dans le besoin par l’entremise d’autres êtres humains. Ceci permet de développer des liens fraternels, où nous dépendons mutuellement les uns des autres, ce qui a pour conséquence de nous souder plus complètement les uns aux autres, dans une même famille. »
Des amis qui ont un cœur pour Dieu sont des serviteurs que le Seigneur nous envoie pour nous aider et, à ce titre, ils doivent être un reflet de l’amour de notre Ami céleste, qui est un « ami plus attaché qu’un frère » (Pr 18.24). Par conséquent, en tant que serviteurs du Seigneur, ils ont la responsabilité :
« … de réconforter celui qui est attristé, de motiver celui qui est découragé, de dire une parole appropriée à celui qui est fatigué et d’encourager celui qui est abattu, […] tout comme Dieu nous encourage au moyen de ses promesses, tout comme Jésus nous encourage en nous montrant le ciel qu’il a gagné pour nous et tout comme l’Esprit nous encourage en opérant en nous le vouloir et le faire, selon le bon plaisir de sa volonté » (Spurgeon).
Pour cette raison, de vrais amis chrétiens ne devraient jamais nous encourager à transgresser les commandements, les prescriptions, les principes de Dieu; ils ne devraient pas non plus nous suivre si nous nous engageons dans la voie du péché. Ce serait trahir le mandat que Dieu leur a confié. En retour, nous avons également une responsabilité envers eux : nous devons les honorer, les respecter et apprécier leurs bons conseils selon Dieu.
Pour toutes ces raisons, la Bible insiste sur le fait que de bons amis chrétiens devraient s’édifier mutuellement et non pas se détruire. De plus, elle donne amplement d’instructions pour les amis qui désirent développer entre eux une communication qui soit à l’honneur de Dieu ainsi que des attitudes saines.
Premièrement, « l’ami aime en tout temps et un frère est là pour aider dans la détresse » (Pr 17.17). Cela veut dire, entre autres choses, que nous devons combattre notre tendance pécheresse naturelle à humilier les autres pour nous mettre en valeur ou pour mieux paraître (même si nous prétendons que c’est juste pour plaisanter). Les psychologues appellent cela « niveler », mais en fait c’est plutôt « se gonfler » aux dépens des autres. Un ami ne dissimule pas non plus un sentiment de rivalité ou de jalousie ou encore son orgueil en adoptant une attitude qui semble bien pieuse extérieurement, mais qui, en fait, a pour but de tourmenter l’autre (par exemple, quand quelqu’un pense qu’il devrait faire descendre l’autre de son piédestal — au moins de quelques marches — pour lui enseigner « l’humilité »). On peut comparer une telle tactique aux baisers trompeurs d’un ennemi, comme le dit Proverbe 27.6. Un ami fidèle véritable va plutôt nous réprimander directement si nous péchons ou si nous manquons d’humilité, comme il est écrit en Proverbe 27.17 : « Le fer aiguise le fer, ainsi un homme aiguise la personnalité de son prochain. » La Bible dit : « L’ami aime en tout temps » (Pr 17.17).
Deuxièmement, une amitié chrétienne grandit et s’épanouit lorsque nous nous lions d’amitié avec des gens qui nous encouragent à nous comporter du mieux que nous pouvons et à développer toujours davantage les bons aspects de notre personnalité, comme il est écrit : « Ne fréquente pas quelqu’un de coléreux, ne va pas avec un homme furieux, de peur que tu ne t’habitues à ses sentiers et que tu n’y trouves un piège pour ta vie » (Pr 22.24-25). « Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Co 15.33). De vrais bons amis offrent et reçoivent de l’encouragement, ils font part de leurs critiques dans un esprit d’amour et reçoivent les nôtres dans le même esprit, tout comme ils savent faire preuve de bonté et de générosité l’un envers l’autre et l’accepter avec reconnaissance. « Le juste montre à son ami la bonne voie, mais la voie des méchants les égare » (Pr 12.26).
Un bon ami ne devrait jamais témoigner de la sympathie à un ami qui fait preuve d’une attitude amère ou d’une attitude de rébellion envers les lois de Dieu, ses statuts, ses principes; il ne devrait jamais encourager de tels comportements, mais inciter plutôt son ami à changer de direction, comme il est écrit : « Mieux vaut une réprimande ouverte qu’une amitié cachée. Les blessures d’un ami sont dignes de confiance, les baisers d’un ennemi sont trompeurs » (Pr 27.5-6).
Troisièmement, pouvoir se confier en toute liberté en une autre personne sans crainte d’être trahi est une marque de l’amitié chrétienne. Cette amitié, basée sur la confiance, doit toutefois être réciproque. Si nos amis et les membres de nos familles imitaient l’exemple de David et Jonathan, il n’y aurait pas de confiance trahie. Jonathan et David ont partagé bien des secrets et des confidences, sans s’inquiéter d’être trahis par l’autre, car chacun aimait l’autre « comme son âme ». Le Psaume 55 nous montre qu’il n’y a pas d’expérience plus décourageante que la trahison d’un ami, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église. Il est écrit :
« Car ce n’est pas un ennemi qui me déshonore, je le supporterais; ce n’est pas celui qui me hait qui s’élève contre moi, je me cacherais de lui. C’est toi, un homme comme moi, mon confident, toi que je connais bien! » (Ps 55.13-14).
La trahison blesse; elle fait mal comme une brûlure; elle est la garantie de la destruction de l’amitié, comme l’exprime Proverbe 18.19 : « Un frère offensé est pire qu’une ville forte, et les querelles sont comme les verrous d’un donjon. »
Et que dire du chantage qui, même dans l’Église, pousse souvent des amis à garder le silence : « Je ne dirai pas ce que je sais à ton sujet si tu ne dis pas ce que tu sais à mon sujet. » Une forme de manipulation aussi sophistiquée fait penser à un proverbe yiddish cynique : « Si ton ami a un ami, ne lui dis pas de secrets. »
Quatrièmement, il est bon d’avoir et d’honorer des amis plus âgés qui ont de la sagesse et suffisamment d’expérience de la vie pour nous conseiller. Le Proverbe 27.10 nous dit : « N’abandonne pas ton ami ni l’ami de ton père. » Un ami plus âgé, en particulier un ami proche de la famille, qui s’intéresse vraiment à ce qui se passe dans notre vie, est un don de Dieu. Parce qu’ils nous connaissent depuis notre jeunesse et même depuis notre enfance, ils sont souvent les mieux placés pour nous donner un conseil objectif et judicieux qui respectera notre conscience, notre foi et notre contexte familial. De tels conseillers ne cherchent pas à gouverner sévèrement nos vies, ils n’essaient pas non plus de nous imposer leurs idées et ils ne tentent pas de nous lier à eux dans une relation d’allégeance malsaine. Ils exercent sur nous une influence chrétienne productive et positive, nous qui n’avons pas encore suffisamment d’expérience de la vie ou de sagesse pour voir les conséquences à long terme de nos actions ou de nos décisions. De tels conseillers sont comme un médicament dont nous avons besoin à l’occasion. Remercions le Seigneur lorsqu’il met de telles personnes sur notre route.