L'appel à la sanctification - Le progrès dans la sanctification
L'appel à la sanctification - Le progrès dans la sanctification
Le Christ nous a rendus capables de vivre le commandement de Dieu; par sa mort, il a anéanti la vieille nature et nous a ressuscités avec lui. En lui, nous sommes vivants en Dieu. Notre vie est transformée par lui. Cependant, la réalisation de la perfection, à laquelle le Christ a amené par une seule offrande et pour toujours ceux qui sont sanctifiés (Hé 10.14), ne se révèle pas immédiatement dans toute son étendue et dans toute sa profondeur. L’influence du vieil homme est toujours présente. L’apôtre Paul reconnaissait qu’il n’était pas parfait. Certes, quelque chose en lui avait changé. Le chrétien prend plaisir à la loi de Dieu.
Pourtant, il constate dans ses membres une autre loi qui s’oppose à la loi de son entendement et qui le rend captif de la loi du péché qui se trouve dans ses membres. Mais il a cessé d’être « sarkikos », c’est-à-dire charnel; le mal n’est plus la seule présence et le pouvoir dominant. Selon Jean, celui qui est né de Dieu ne pèche plus parce que la semence de Dieu demeure en lui. Il ne peut pécher, il est né de Dieu (1 Jn 3.9). C’est là le paradoxe chrétien; malgré la foi et la sanctification, le péché est encore dans le fidèle. D’après l’expression paulinienne « dans ce corps de péché », il est encore « sarkinos »; il ne fait pas ce qu’il veut. Jean, de son côté, met aussi en garde contre la prétention de s’imaginer exempt de péché : « Ils se séduisent, ils se trompent, et la vérité ne se trouve pas en eux » (1 Jn 1.8).
« Nous bronchons tous de plusieurs manières », écrit saint Jacques (Jc 3.2). Un combat incessant sera livré contre le mal. Ceci est de nature véritablement énigmatique. L’homme en Christ est devenu une nouvelle création, mais ce même homme n’est pas toujours capable de résister à la tentation. La différence que le fidèle constate entre ce qu’il est par la foi en Christ et son état d’imperfection l’incite à rechercher le progrès et la perfection. « Ce n’est pas que j’aie remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection, mais je cours pour tâcher de le saisir puisque moi aussi j’ai été saisi par le Christ » (Ph 3.12). Saint Paul recherche la sanctification sans laquelle nul ne verra le Seigneur. Sa vie tout entière s’oriente vers la résurrection de l’homme nouveau « en Christ ».
Cependant, même lorsque le fidèle n’a pas atteint le but ultime et qu’il est loin d’être irréprochable, le progrès ne lui fait pas défaut. L’apôtre prie pour que Dieu augmente la charité des Thessaloniciens; au début de sa deuxième lettre à cette Église macédonienne, il constate que la foi de ses membres a fait un grand progrès. Ce progrès fait partie de la vie normale du chrétien. Les promesses divines le conduisent à la purification de toute souillure dans la crainte du Seigneur. L’apôtre parle aussi de la transformation du croyant de gloire en gloire. De son côté, dans sa brève lettre, Jude nous assure de notre édification sur le fondement de notre très sainte foi. Pierre fait état de la croissance dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Un tel progrès est un don de Dieu. À mesure que le Seigneur nous fait mieux connaître sa bonté, nous vivons davantage comme ses enfants.
Le progrès n’implique pas que nous ayons moins besoin de la justification. Bien au contraire, mieux nous connaîtrons la compassion par laquelle Dieu nous a gratuitement remis nos offenses et plus nous vivrons une vie de reconnaissance et nous nous efforcerons d’atteindre le degré de sa perfection. Le progrès de la vie chrétienne ne se déroule pas de manière régulière, selon un rythme précis. L’insuffisance et la faiblesse de la foi font que nous avançons en zigzaguant.