Luc 14 - L'invitation au festin - Parabole des invités au banquet (1)
Luc 14 - L'invitation au festin - Parabole des invités au banquet (1)
« Un de ceux qui étaient à table, après avoir entendu ces paroles, dit à Jésus : Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu! Et Jésus lui répondit : Un homme donna un grand repas et invita beaucoup de gens. À l’heure du repas, il envoya son serviteur dire aux invités : Venez, car tout est déjà prêt. Mais tous unanimement se mirent à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté un champ et je suis obligé d’aller le voir; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : J’ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et c’est pourquoi je ne puis venir. Le serviteur, de retour, rapporta ces choses à son maître. Alors le maître de la maison, irrité, dit à son serviteur : Va promptement sur les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. Le serviteur dit : Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place. Et le maître dit au serviteur : Va par les chemins et le long des haies, contrains les gens d’entrer, afin que ma maison soit remplie. Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon repas. »
Luc 14.15-24
Lorsque le jour et l’heure de la réception arrivèrent, la grande dame, accompagnée de sa suite, descendit majestueusement le grand escalier du hall central de sa luxueuse demeure. Les premières notes de musique annoncèrent l’ouverture de la fête. Cependant, à l’étonnement général, aucun invité n’était encore arrivé. Les minutes passèrent, puis des demi-heures, suivies bientôt de longues heures… Mais personne ne franchissait le seuil de la demeure. L’orchestre jouait sans arrêt afin de remplir de musique le salon quasiment vide, mais la consternation était grande et bien compréhensible.
Lorsque minuit sonna et que la dame âgée, épuisée par une telle attente, monta dans sa chambre, on savait que l’éblouissante fête préparée avec autant de soin n’aurait plus jamais lieu. Le lendemain matin, lorsque la femme de chambre alla réveiller l’hôtesse de la maison, elle la trouva inanimée sur son lit. Mais quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsque, sur un coin de la commode, à côté du lit, elle trouva, oh ironie!, le tas d’enveloppes contenant les invitations adressées aux hôtes de la mémorable soirée. Notre vieille héroïne avait tout simplement oublié de les faire expédier à leurs destinataires!
Il nous est sans doute arrivé à tous, une fois ou l’autre au cours de notre vie, d’avoir été oubliés lamentablement par ceux mêmes dont nous nous y serions attendus le moins. De tels oublis peuvent être involontaires, mais ils peuvent être aussi parfois, hélas!, tout à fait calculés, et dans ce dernier cas, avec quelle amertume n’égrenons-nous pas un chapelet de récriminations, d’ailleurs combien épuisantes. Ainsi donc, nous ne comptons plus pour telle ou telle personne que nous avions crue pourtant un ami véritable. Quelle misérable existence que la nôtre! Voici que notre personne ne compte plus pour qui que ce soit. Telles sont sans doute quelques-unes des réflexions désabusées auxquelles nous nous livrons en de telles circonstances.
L’Évangile nous parle d’une invitation, et d’une invitation telle que vous n’oseriez même pas la rêver ni l’imaginer. Il s’agit, vous l’avez deviné, de l’invitation dont Jésus en personne est devenu le messager, et qui émane directement de Dieu son Père, notre Seigneur… La parabole que nous venons de lire n’omet personne. Elle renferme la grande nouvelle de l’offre gratuite de Dieu. Il nous fait part de sa bonté; il propose son amitié; il nous invite à renouer avec lui, à recommencer notre vie à ses côtés et grâce à son secours.
Remarquez qu’au temps de Jésus, il y a deux mille ans, se réunir autour de la table d’un festin était le signe d’une grande intimité. Cela pouvait être aussi l’expression d’une grâce inespérée et un symbole de plénitude. Cette illustration éclaire surtout l’offre du salut accompli par Jésus. Cette grande invitation, dont il est devenu le porte-parole, n’est rien de moins que l’Évangile, dont il est aussi l’auteur.
Ainsi, l’Évangile chrétien, celui dont nous avons l’honneur de vous entretenir ici et qui a été proclamé depuis vingt siècles, est, avant tout, une offre gratuite. N’est-ce pas étrange, voire émouvant?
Nous apprenons de la bouche même de Jésus-Christ que Dieu nous prend au sérieux. Nous, ces « vers de terre », créatures de misère, traînant une existence apparemment sans valeur… Le Seigneur du ciel et de la terre vient vers nous, décide de nous accueillir, de nous aimer, de nous entourer, de nous protéger… Cela a de quoi nous surprendre. Car, avouons-le, dès que nous parlons de Dieu, de religion ou d’Église, nous faisons les réflexions les plus erronées et les plus mesquines, par exemple : Que va me coûter la foi en Dieu? Quel est le sacrifice auquel je devrai consentir pour suivre Jésus-Christ? Quel est le prix que je devrai payer pour devenir un membre responsable de l’Église? Tandis que Dieu, lui, de manière surprenante, offre tout avant d’exiger quoi que ce soit.
Tout l’Évangile est d’ailleurs l’annonce de cette offre-là. Et même bien avant l’Évangile du Nouveau Testament, nous trouvons dans l’Ancien Testament, notamment au chapitre qui nous rapporte les dix commandements, la même annonce préliminaire. Dieu ne dit pas pour commencer : « Tu ne feras pas ceci, tu ne feras pas cela », mais écoutez bien : « Je suis l’Éternel, ton Dieu qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude » (Ex 20.2). Parce que Dieu est notre Libérateur, il devient, par la suite seulement notre Législateur. Avant même de nous proposer la voie de l’obéissance, il nous fait un cadeau royal.
Pensez encore aux béatitudes, dans le Nouveau Testament. Jésus se met à enseigner les foules qui l’entourent; mais au lieu de commencer par leur faire une leçon de morale, pour établir un code contraignant et impersonnel, il commence par l’annonce des béatitudes. Il leur dit : bienheureux, bienheureux, bienheureux…
Il est absolument indispensable de comprendre que, dans la religion chrétienne, Dieu se présente pour commencer comme celui qui a fait le premier pas vers nous, et, à nos cœurs assoiffés et en danger mortel, il tend sa main miséricordieuse. Il ne vient pas vers nous comme un potentat menaçant, nous fixant un code de conduite perfectionniste et nous imposant des fardeaux que nous ne sommes pas en mesure de porter. Nous pouvons nous réjouir de tout notre cœur et sans arrière-pensée et, comme l’apôtre Paul dans ses lettres et tant d’autres chrétiens depuis, entonner un hymne de reconnaissance : « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ » (1 Co 15.57).
Pourtant, cette invitation exceptionnelle a coûté à Dieu terriblement cher. Elle lui a coûté la séparation d’avec son Fils unique, c’est-à-dire l’incarnation, la vie, la passion, la mort et l’ensevelissement de Jésus-Christ.
Toute la vie du Christ, que nous adorons comme notre Sauveur, n’a été que le prix exorbitant que Dieu a consenti à payer pour que nous devenions les participants au festin royal qu’il nous offre. C’est grâce à ce prix-là que son invitation est réelle. Elle est réelle encore pour vous aujourd’hui, qui venez d’entendre son invitation à travers la parabole lue tout à l’heure. Elle se fait pressante. Dieu vous enjoint de vous associer à tous ceux qui ont répondu à son appel et qui ont honoré sa gracieuse libéralité.
La refuserez-vous pour des motifs futiles? Catégoriquement ou bien avec une extrême politesse, avec une diplomatie subtile, ou encore par des tergiversations calculées? Pensez-vous que les arguments que vous avancez pour vous excuser seront valables devant celui qui vous connaît comme personne d’autre ne vous connaîtra jamais?
Mentionnons quelques-uns des arguments ou prétextes qui peuvent paraître fort raisonnables à vos yeux, de très bons alibis, tels que : Dieu, la foi, la morale, l’Église, tout ça c’est bien, mais nous sommes des gens vivant ici-bas; il faut bien garder les pieds sur terre. Nous avons aussi nos soucis, nos préoccupations, nos obligations familiales, sociales et politiques. On ne peut pas toujours s’encombrer du lourd bagage de la foi en Dieu et de la religion chrétienne…
Certaines personnes, ayant entendu la parabole pour la première fois, réagirent de la même façon. Et elles ont manqué la chance de leur vie! Elles se sont mariées, ont acheté, vendu et prospéré matériellement, mais pour perdre, en fin de compte, l’essentiel.
Dans un autre discours, Jésus déclarait : « Cherchez d’abord son royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus » (Mt 6.33).
Pour comprendre aussi bien la parabole que la nature de Dieu, ajoutons ceci : Comme vous l’avez remarqué, Dieu ne se laisse jamais vaincre par le refus de quiconque. Si vous lui résistez, il saura remplir ses salons d’honneur d’invités prêts à saisir l’offre inouïe de la vie, et quelle vie, mes amis! Car il s’agit d’une vie vécue quotidiennement dans la compagnie même de Dieu. Je n’ai rien d’autre à ajouter à ceci sauf que de vous presser, et même de vous supplier d’accepter, vous aussi, une telle grâce.
Pour la Bible, un seul mot rappelle l’acceptation. Il s’agit de la foi. L’assurance du salut, la communion avec Dieu, le pardon des offenses, la consolation et la plénitude de la vie nous sont accordés à cause de notre foi, à condition de croire en l’offre de Dieu. Et cela est une condition possible.
Vous ne le regretterez jamais. Dans votre vie, vous pourrez regretter beaucoup de choses : votre taille et la couleur de votre peau, votre métier ou votre conjoint. Mais jamais vous ne regretterez d’avoir accepté de faire partie de la foule de ceux qui se pressent pour accepter la grande invitation du Dieu des cieux et de la terre.