Manifeste sur l'évangélisation
Manifeste sur l'évangélisation
Chrétiens de tradition réformée, souscrivant pleinement à l’autorité suprême des saintes Écritures, Parole de Dieu, nous confessons joyeusement notre foi en Jésus-Christ, Sauveur et Seigneur, ainsi que notre unité avec tous les chrétiens, chargés de mission. Nous partageons l’intérêt nouvellement exprimé par de très nombreux fidèles et leur souci de comprendre la nature de l’évangélisation, parmi d’autres tâches confiées à l’Église. Nous déplorons notre propre tendance, en pensée ou en acte, de séparer la proclamation de l’Évangile du ministère de la diaconie, à la seule lumière du thème dominant des Écritures, à savoir le Royaume de Dieu.
1. La proclamation du Royaume⤒🔗
Évangéliser c’est proclamer une Bonne Nouvelle, celle du règne de Dieu. Le sens de la proclamation publique, ouverte, prédomine l’usage biblique du terme. Les évangélistes sont les porteurs d’une Bonne Nouvelle. L’objet direct du verbe « évangéliser » est rarement l’auditeur ou le récipiendaire du message. Les apôtres n’évangélisent pas les gens; ils évangélisent une parole, le contenu d’un message adressé à des hommes. Ce qu’ils « évangélisent » c’est soit « l’Évangile », soit « la Parole du Seigneur », soit « la foi », soit « Jésus », soit « le Christ », ou encore d’une manière plus large « le Royaume de Dieu ». La proclamation est une « Bonne Nouvelle ». La note de joie en fait la partie essentielle, de telle sorte que les auditeurs se mettent à chanter. Le Royaume de Dieu est semblable à un trésor découvert.
Dans les deux Testaments, « évangéliser » revient à proclamer une victoire et à annoncer un règne nouveau. Au fond, c’est rendre témoignage « que le Royaume s’est approché ». Dans son usage biblique, le Royaume ne se réfère pas principalement à la souveraineté divine au sens général, mais au règne actif, libérateur du Dieu trinitaire au cours même de l’histoire. Le règne qui s’approche n’est jamais statique, mais toujours dynamique; il est non pas un concept, mais un pouvoir effectif. Proclamer le Royaume de Dieu c’est annoncer les événements puissants par lesquels le règne tout-puissant de Dieu a envahi la terre, par la venue de Jésus-Christ et par la puissance du Saint-Esprit. C’est apporter la nouvelle qui fait tressaillir de la victoire de Dieu dans la mort et la résurrection de son Fils, sur toutes les puissances des ténèbres qui ont asservi l’humanité et assujetti la bonne création à la vanité. C’est dire ce que Dieu a entrepris afin de pardonner le coupable, de secourir le pauvre, de libérer le captif, d’accorder la vue aux aveugles et d’affranchir les opprimés. C’est à la face de la création tout entière qu’il convient de proclamer le règne de justice et de paix divines.
La proclamation adresse aussi un appel. L’auditeur est invité à renoncer au péché et, dans une vraie repentance et en une foi sincère, se soumettre à la volonté de Dieu en acceptant d’obéir à sa Parole. Quoique la victoire décisive sur les mauvaises puissances ait été remportée, le conflit se poursuit encore. Christ est ressuscité; l’Esprit est répandu sur l’Église, les puissances du siècle à venir sont à l’œuvre ici-bas. Mais ce n’est pas encore la fin. Des armées de ténèbres résistent au règne de Dieu. Le mal rampant s’oppose à sa volonté. Se repentir et croire, c’est prendre position dans le conflit, assuré que l’on est de la victoire finale, quoiqu’engagé dans le combat pour l’établissement de la justice de Dieu, dans toutes les sphères de la vie.
Nous affirmons que l’évangélisation au sens du Nouveau Testament inclut la proclamation joyeuse du règne libérateur de Dieu ainsi que l’appel à la foi et à la repentance.
2. Les signes du Royaume←⤒🔗
La proclamation du règne de Dieu amène et produit avec elle la réalité proclamée. L’évangélisation ne se voit jamais comme une activité humaine ou une parole en soi. « Car le Royaume de Dieu ne consiste pas en parole, mais en puissance » (1 Co 4.20). « Car notre Évangile n’est pas venu jusqu’à vous en paroles seulement, mais aussi avec puissance, avec l’Esprit Saint et une pleine certitude » (1 Th 1.5).
Lors du ministère terrestre de notre Seigneur, l’évangélisation avait lieu en rapport avec des signes du Royaume imminent. « Prêcher la bonne nouvelle aux pauvres », par exemple, est étroitement lié avec la libération de ceux qui sont opprimés. Comme preuves ou signes de l’avènement du Royaume, Jésus indique son ministère : Les actes de guérison et la restauration sont clairement distingués de l’évangélisation proprement dite, mais jamais isolés d’elle. De la même manière, la vie de l’Église, en tant que communauté d’amour et de service, rend témoignage au Royaume annoncé. Ses œuvres de miséricorde et de puissance sont parmi les signes de sa puissance. Nous affirmons que toute évangélisation, selon le Nouveau Testament, est accompagnée des signes visibles du Royaume, et elle est le résultat de l’intérêt actif porté et manifesté à la pleine délivrance et à la restauration de tous ceux à qui elle s’adresse.
Ce n’est qu’à cette condition que la proclamation authentique du règne sera effective. Le ministère de service ecclésial et son action rédemptrice dans le monde forment le contexte indispensable d’une proclamation fidèle. Nous devons nous montrer prêts à partager non seulement l’Évangile de Dieu, mais également nos personnes.
3. L’impératif du Royaume←⤒🔗
Christ envoie son Église pour faire des disciples. L’Évangile du Royaume apporte la seule espérance de salut à l’humanité perdue. Tous sont placés sous le jugement, dont il les avertit. Tous ont besoin du pardon et de la vie nouvelle qu’il offre. Tous sont appelés à l’engagement de la foi que la vie nouvelle commande. La même Bonne Nouvelle prêchée à la repentance et à la foi, et à la soumission à la grâce de Dieu est un appel qui concerne autant la croissance dans la foi que la régénération et la conversion.
L’Esprit appelle le peuple de Dieu à vivre une communauté authentique et à poursuivre l’amour et la justice dans le monde. Par sa vie et son œuvre, l’Église est vecteur du règne puissant du Seigneur ressuscité.
Par conséquent, nous affirmons notre responsabilité à proclamer, à manifester et à servir le Royaume. Nous confessons notre entière dépendance dans le Saint-Esprit et dans sa puissance pour accomplir notre mission jusqu’à ce que le Christ revienne dans sa gloire. Dans la reconnaissance pour la grâce qui nous est faite, et assurés que notre labeur ne sera pas vain, nous nous offrons à nouveau à notre mission et nous prions : « Que ton règne vienne! »