Matthieu 6 - Prier pour notre pain quotidien
Matthieu 6 - Prier pour notre pain quotidien
« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. »
Matthieu 6.11
La terre sur laquelle nous avons le privilège de vivre est une œuvre fantastique de la main même du Créateur. La diversité incroyable des réalités physiques — à commencer par les « simples » atomes d’hydrogène (essayez d’en fabriquer un!) jusqu’aux combinaisons complexes de milliers de molécules particulières (chacune composée de millions d’atomes) qui forment la structure chimique de la vie biologique — rend témoignage à l’intelligence inimaginable du Créateur qui les a conçues. En effet, même une toute petite parcelle de cet univers n’aurait pu voir le jour autrement que par l’action d’une Personne divine possédant une immense puissance et une parfaite sagesse. Partout où nous regardons, l’univers proclame avec force la grandeur de son Créateur.
À l’univers physique s’ajoute la mystérieuse force de vie spirituelle qui anime tous les êtres vivants (les animaux et les humains ont des âmes distinctes, l’une meurt, l’autre retourne vers Dieu à son décès); voilà un univers qui échappera toujours au microscope le plus puissant. « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’étendue céleste annonce l’œuvre de ses mains. […] Leur trace apparaît sur toute la terre, leurs accents vont aux extrémités du monde » (Ps 19.2,5). Peu importe où nous portons le regard, nous nous retrouvons toujours face à Dieu. C’est pourquoi les non-croyants sont inexcusables et méritent le feu de l’enfer à cause de leur refus de glorifier Dieu et de le remercier (Rm 1.20-21).
Le fait que cet univers extrêmement complexe forme un seul tout au sein duquel toutes choses coopèrent dans le but de pourvoir à tout ce dont les êtres humains ont besoin pour leur vie sur terre (comme l’enseigne Genèse 1 et comme tous peuvent l’observer) devrait nous émerveiller à nous en couper le souffle et nous remplir de reconnaissance envers Dieu. Cela devrait aussi nous rendre profondément conscients de notre entière dépendance de Dieu, jusque dans les moindres détails de nos vies. La Bible affirme très clairement que l’univers est directement soutenu et gouverné par Dieu « qui opère tout selon la décision de sa volonté » (Ép 1.11). L’univers n’est pas un jouet mécanique ou un robot qui fonctionne par lui-même. Nous pouvons bien parler de la « nature » et des « lois de la nature », mais nous devons toujours nous rappeler que ces lois sont sous la puissance et le contrôle direct de Dieu, qui gouverne toutes choses de manière telle qu’aucun moineau ne meurt et qu’aucun cheveu ne tombe de notre tête sans sa volonté. Le fait est que c’est Dieu en personne qui nous « donne notre pain quotidien ».
Parce que nous sommes des personnes qui ont été créées à l’image de Dieu pour que nous puissions le connaître et vivre en communion avec lui, il est absolument essentiel que, dans la prière, nous confessions notre dépendance de lui et lui demandions sa bénédiction. La prière, c’est notre part dans la conversation que Dieu nous appelle à avoir avec lui; la part de Dieu dans cette conversation, c’est sa Parole, mise par écrit dans la sainte Bible. La prière est notre réponse à la Parole de Dieu et à ce qu’il fait. Comme le dit le Catéchisme de Heidelberg, « la prière est la principale partie de la reconnaissance que Dieu réclame de nous » (Q. 116).
1. Ce que la prière n’est pas⤒🔗
Cela peut sembler étrange, mais pour comprendre ce qu’est la prière, il est bon d’écouter ce que les Écritures disent à propos de ce que la prière n’est pas. Jésus en parle dans le sermon sur la montagne, en Matthieu 6, juste avant de nous donner le Notre Père. Tout d’abord, la prière n’est pas un coup de pub cherchant à mettre en valeur nos vertus religieuses. Tout comme pour nos offrandes et nos autres actions en tant que chrétiens, la véritable prière doit venir du cœur et doit s’adresser directement à Dieu. Jésus dit de ne pas prier pour être vu des hommes, mais bien plutôt de prier dans le secret de notre chambre. Que ce soit littéralement dans notre chambre ou simplement dans le secret de notre cœur, la véritable prière est une conversation avec Dieu, et avec lui seul.
Deuxièmement, la prière n’est pas un service de messagerie visant à transmettre des informations à Dieu. Jésus a dit : « Votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » (Mt 6.8). Nous n’avons pas besoin de spécifier à Dieu l’heure qu’il est ni le nom latin de la maladie de notre tante, car, après tout, c’est Dieu qui a fait toutes ces choses. Nos prières peuvent couvrir beaucoup de sujets en peu de mots, et tel devrait être le cas, comme pour le Notre Père. Une longue prière n’est pas une vertu en soi.
Troisièmement, la prière n’est pas un moyen de corriger la volonté de Dieu qui serait défectueuse. Nous devrions toujours prier « Que ta volonté soit faite », peu importe le sujet pour lequel nous prions et peu importe ce que nous sommes en train de planifier. « Vous devriez dire au contraire : si le Seigneur le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela » (Jc 4.15). Ne pensons jamais considérer la prière comme un moyen de faire changer Dieu d’idée.
2. Ce qu’est la prière←⤒🔗
La question suivante peut surgir : « Si Dieu sait de quoi nous avons besoin avant que nous le lui demandions, pourquoi devrions-nous prier? » La réponse est que la prière, c’est reconnaître essentiellement que nous savons que Dieu est la source de tout bien. La prière, c’est reconnaître que nous dépendons entièrement de Dieu. Lorsque nous reconnaissons dépendre de Dieu, nous déclarons qui nous sommes en tant que chrétiens, non seulement devant le monde qui nous entoure, mais aussi devant Dieu lui-même. Le deuxième commandement nous dit que Dieu est un « Dieu jaloux », c’est-à-dire qu’il s’attend à ce que nous le reconnaissions pour qui il est et pour tout ce qu’il fait, et à ce que nous lui soyons attachés et consacrés d’un cœur non partagé. Dieu n’est pas une force dénuée d’émotions; il aime son peuple jusqu’à lui accorder le salut et il fait miséricorde à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. Il punit aussi ceux qui le détestent. Prier, c’est reconnaître que Dieu est un Dieu jaloux.
Deuxièmement, la prière, c’est reconnaître devant Dieu que nous sommes des créatures entièrement dépendantes de lui pour tout ce que nous avons ou désirons avoir. Ainsi, « la prière est la principale partie de la reconnaissance que Dieu réclame de nous » (Catéchisme de Heidelberg, Q. 116). La prière, c’est aussi reconnaître que les choses que nous demandons à Dieu ne peuvent venir que de lui. C’est la raison pour laquelle les Psaumes nous exhortent à répétition à « chanter au Seigneur », à chanter directement à Dieu, qui entend nos prières. Tout comme nos prières de reconnaissance envers Dieu démontrent que nous reconnaissons qu’il est celui d’où viennent tous les dons, de même nos supplications démontrent que nous reconnaissons que ce que nous espérons recevoir vient également de lui. La prière est nécessaire, car elle démontre que nous savons qui nous sommes devant Dieu.
Troisièmement, la prière, c’est la part qui nous revient dans notre conversation avec Dieu. Elle devrait donc être une réponse à ce que Dieu nous dit. L’alternance de la parole de Dieu adressée à l’homme et de celle de l’homme adressée à Dieu constitue l’adoration. Les prières s’expriment sous forme de mots, car les mots sont la seule façon de communiquer les choses spirituelles (1 Co 2.13; Jn 4.24). Dieu parle au moyen de mots et nous répondons par des mots, d’où l’idée que l’adoration est une conversation. C’est bien sûr une conversation particulière qui se déroule dans le contexte de l’alliance, une conversation qui reflète le fait que Dieu est notre Roi et que nous sommes ses serviteurs, que Dieu est notre Créateur et que nous sommes ses créatures, que Dieu est notre Sauveur et que nous sommes son peuple sauvé. Ainsi, Dieu parle le plus, en premier, de manière souveraine; de notre côté, nous ne parlons pas avant qu’il s’adresse à nous, et lorsque vient le temps de répondre, nous le faisons dans une attitude de soumission et de louange. En 1 Timothée 4.5, l’apôtre Paul nous dit que l’adoration « par la Parole de Dieu et par la prière » nous sanctifie, nous consacre à Dieu de manière à ce que nous le glorifiions. Dieu a pour but d’être glorifié par tout l’univers et l’adoration est un élément essentiel à l’accomplissement de ce dessein.
Quatrièmement, la prière fait partie des moyens que Dieu utilise pour accomplir sa volonté sur la terre. Rien de ce qui arrive n’est en dehors de ce que Dieu décrète et ceci s’applique également à nos prières. Dieu opère en nous le vouloir et le faire — ce qui inclut les paroles de nos prières — selon son dessein bienveillant (Ph 2.13). Il répond ensuite à nos prières selon sa volonté.
Ceux qui craignent que nous soyons des marionnettes ou qui sont rationalistes, à la manière des arminiens ou des hypercalvinistes, essaient d’opposer la volonté de Dieu à la volonté humaine, comme si les deux étaient tout aussi déterminantes, c’est-à-dire en compétition l’une avec l’autre; ils ne pourraient être plus éloignés de la vérité. Non seulement la volonté et les actions de l’homme sont-elles minuscules, de beaucoup inférieures à la volonté et aux actions de Dieu, comme « les cieux sont élevés au-dessus de la terre » (És 55.9), mais la volonté et les actions de l’homme ne peuvent jamais être extérieures à la volonté et aux actions de Dieu.
Cela ne fait pas de nous des marionnettes, comme Pierre l’affirme clairement en Actes 2.23 : « Cet homme [Jésus-Christ], livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies. » Il ne s’agit que d’un seul et même événement, à travers lequel Dieu a fait le bien en sacrifiant son Fils pour nos péchés, tandis que les Juifs et Ponce Pilate se sont rendus coupables du meurtre d’un homme innocent. Dans un même événement, Dieu agit avec justice, alors que l’homme commet un péché. Comment Dieu peut accomplir une telle chose demeure un mystère que nos pensées ne peuvent saisir, mais c’est pourtant ce qu’il fait. C’est la raison pour laquelle nos confessions de foi reconnaissent que Dieu a prédestiné la chute de l’homme tout en soulignant que Dieu n’est pas l’auteur du péché.
Cinquièmement, Dieu entend nos prières et y répond. Non seulement la Bible nous en assure-t-elle (Jc 5.16-19), mais nous devons reconnaître qu’il n’existe pas de « prière non répondue » pour les chrétiens véritables. Dieu peut dire « Non », ou « Attends », ou « Oui en partie », ou « Oui », mais il répond toujours pour notre bien. Jésus lui-même nous l’enseigne en Luc 11.9-13. Nos prières sont réellement nôtres; Dieu les entend réellement et il y répond. Le fait que nous vivions à l’intérieur de la volonté souveraine de Dieu ne signifie pas que nos paroles et nos prières ne sont pas réellement nôtres; elles sont réelles et elles sont importantes. Tout cela nous ramène au fait que Dieu sait de quoi nous avons besoin avant même que nous le lui demandions.
Ainsi, bien que Dieu recommande aux chrétiens de s’unir dans la prière (Mt 18.19-20), nous devons faire bien attention lors de « chaînes de prière » ou de « nuits de veille en prière » de nous approcher de Dieu avec l’attitude « Que ta volonté soit faite » bien ancrée au fond de nos cœurs et non pas en cherchant, par la pression du groupe, à imposer notre propre volonté à Dieu.
Ce principe peut être formulé de diverses manières et il l’a été à plusieurs reprises. La brève formulation de la question et réponse 125 du Catéchisme de Heidelberg en est un exemple sans ambiguïté qui reflète très bien ce qu’en dit la Bible.
« Quelle est la quatrième demande? Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, c’est-à-dire veuille nous pourvoir de tout ce qui est nécessaire à l’existence, afin que nous reconnaissions que tu es la source unique de tout bien et que, sans ta bénédiction, ni nos soins, ni nos travaux, ni même tes dons ne nous profiteraient, et qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour ne la placer qu’en toi. »
Le Catéchisme fait plusieurs affirmations fondamentales. Tout d’abord, nos prières pour des bénédictions matérielles doivent avoir essentiellement pour but la glorification de Dieu, qui est la source de tout bien, et non pas la jouissance de biens matériels en vue de satisfaire nos propres passions. « Vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de tout dépenser pour vos passions » (Jc 4.3).
Deuxièmement, rien ne peut réellement nous faire du bien sans la bénédiction de Dieu — qu’il s’agisse d’un don direct de Dieu ou, indirectement, du fruit de notre propre travail que nous accomplissons grâce aux dons que Dieu nous accorde. Les choses matérielles et le travail en lui-même peuvent être employés pour notre propre satisfaction, pour notre propre gloire, ou ils peuvent être employés en vue de glorifier Dieu, ce qui est bien entendu la bonne attitude à avoir. Notre attitude spirituelle de dépendance envers Dieu est donc d’une très grande importance lorsque nous prions pour des choses matérielles ou lorsque nous en faisons usage.
Enfin, le Catéchisme attire notre attention sur l’attitude spirituelle que nous devrions avoir du fait que Dieu pourvoit à nos besoins matériels : « et qu’ainsi nous détournions notre confiance de toutes les créatures pour ne la placer qu’en toi ». Toute prière est un acte de foi, car prier c’est faire confiance à Dieu qu’il pourvoira à tous nos besoins et c’est le remercier pour ses bénédictions. Prier avec foi pour des choses matérielles, d’une manière conforme à ce que nous enseigne la Bible, fera également grandir notre foi. En effet, nous prendrons ainsi davantage conscience d’à quel point nous ne pouvons nous fier à nous-mêmes ou aux choses de ce monde pour prendre soin de nous, et, en contrepartie, d’à quel point notre Dieu est magnifique, lui qui nous donne tout ce qui est nécessaire à notre corps et à notre âme. Que nos prières puissent, d’abord et avant tout, pleinement glorifier Dieu.