Pères, êtes-vous là?
Pères, êtes-vous là?
Quelque temps avant qu’elle meure, Merv Griffin a demandé à la comédienne Lucille Ball, vedette de la télévision américaine :
« Lucille, vous avez vécu longtemps sur cette terre et vous êtes une personne sage. Qu’est-il arrivé à notre pays? Quel est le problème avec nos enfants? Pourquoi nos familles sont-elles en train de se désintégrer? Qu’est-ce qui manque? »
Lucy a répondu : « Papa est absent. Les choses s’effondrent et se désintègrent parce que Papa est parti. Si Papa était ici, il arrangerait les choses. » Lucy avait raison. Il y a trop de pères qui disparaissent.
Dans son livre franc et courageux, Fatherless America : Confronting Our Most Urgent Social Problems (qu’on pourrait traduire : « Une Amérique sans pères : faire face à nos problèmes sociaux les plus urgents »), David Blankenhorn affirme qu’il n’existe pas de tendance sociale plus dangereuse que celle du déclin du rôle des pères. Un nombre de plus en plus grand d’enfants n’ont pas de liens avec leurs pères.
Dans une étude américaine datant de 1991, la Commission nationale sur les enfants (National Commission on Children) décrit la relation père-enfant comme étant « fréquemment fragile et bien trop souvent inexistante ». La même situation prévaut au Canada également.
Quels sont quelques-uns des facteurs responsables de la dévalorisation de la paternité? Depuis la seconde moitié du vingtième siècle, les valeurs familiales traditionnelles ont été durement attaquées dans la littérature et les arts, à la suite d’une révolution culturelle radicale. Plusieurs écrivains ont ridiculisé et tourné en dérision l’autorité des pères, sans se rendre compte qu’ils contribuaient ainsi à ébranler leur propre monde. Selon le courant de pensée prédominant de l’élite culturelle, le rôle distinctif des pères dans la famille serait soit inutile, soit indésirable. Plusieurs hommes ont perdu le sens de leur identité et ne savent pas vraiment ce à quoi ils sont appelés dans la vie.
1. La paternité définie⤒🔗
Qu’est-ce que la paternité? C’est bien davantage que simplement engendrer des enfants. Selon la perspective biblique, la paternité est toujours comprise dans le contexte du mariage. Tout au début, lors de la création du monde, Dieu a institué le mariage comme lien exclusif pour toute la vie entre un mari et sa femme. Dans le Nouveau Testament, le mariage est présenté comme étant un reflet de la relation entre le Christ et son Église. C’est la raison pour laquelle les Écritures exigent « que le mariage soit honoré de tous » (Hé 13.4). Le mariage est une institution fondamentale qui a besoin d’être protégée par le gouvernement et d’être fermement soutenue par l’Église.
L’antidote au phénomène de la disparition des pères consiste à promouvoir la fidélité dans le mariage ainsi que la paternité responsable. Cette paternité responsable ne peut exister sans sacrifices et sans engagement. Le père a vraiment un rôle vital dans la vie de la famille. Il est le protecteur de ses enfants, de même que leur modèle, leur norme, celui qui les aide et qui les corrige.
Je pense à mon propre père, qui était un exemple d’intégrité et de direction spirituelle, et qui nous manque encore, bien qu’il soit mort depuis plus de seize ans. La notion de responsabilité est cruciale pour la compréhension de la véritable paternité. Nous avons besoin de pères engagés à servir Jésus-Christ, qui suivent sa voie et qui ont pour but de conduire leur famille dans cette voie. Dieu appelle les pères à jouer un rôle de direction spirituelle dans la famille et dans l’Église. Ce rôle de direction s’exprime à travers le service.
2. La paternité diffamée←⤒🔗
Certains peuvent avoir un père qui les maltraite et qui ne les soutient pas. D’autres peuvent avoir un père trop permissif et qui ne sait pas exercer la discipline. Étant donné que nous vivons dans un monde pécheur, il n’existe aucun père parfait. Si un père faillit moralement, il doit l’avouer et chercher la guérison et la restauration en Jésus-Christ. Dieu ne méprise pas un cœur contrit et brisé.
Nous sommes conscients que les pères ont des défauts et qu’ils peuvent se tromper. Un père qui est honnête le reconnaîtra. Jésus nous rappelle toutefois que même des pères qui sont mauvais savent donner de bonnes choses à leurs enfants (Lc 11.13). Certains prétendent qu’ils ne peuvent pas appeler Dieu « Père » parce que leur père était un si mauvais exemple. Cette approche aborde la question du rôle des pères de la mauvaise façon. Nous ne devons pas projeter sur Dieu le père humain que nous avons aimé, qui nous a manqué, que nous aurions aimé avoir ou à qui nous en voulons. Si l’image que nous nous faisons de Dieu est modelée sur notre père humain, nous risquons de devenir rebelles et amers. Nous pouvons, par exemple, avoir l’impression que Dieu n’est pas approchable parce que notre père terrestre n’était pas approchable. La paternité de Dieu n’est toutefois pas définie à partir de nos pères terrestres, mais plutôt à partir de Jésus-Christ.
La norme chrétienne qui devrait caractériser la relation entre un père et son enfant est déterminée par la façon dont Dieu le Père et Jésus-Christ vivent leur relation. Jésus a commencé à s’occuper des affaires de son Père, alors même qu’il n’était qu’un jeune garçon (Lc 2.49). Plus tard durant son ministère, Jésus a invité des hommes et des femmes à avoir part à la vie de son Père. Une fois que nous devenons enfants de Dieu, nous avons le privilège d’appeler Dieu « Père ». Si nous voulons, aujourd’hui, voir un retour des hommes à la paternité responsable, il faut qu’ils tournent leur regard vers leur Père céleste et qu’ils comptent sur lui. Même Jésus a dit :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait également. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5.19-20).
Dieu est le modèle d’un père rempli d’amour. Il a dit à Jésus : « Tu es mon Fils bien-aimé, objet de mon affection » (Mc 1.11).
Le président américain Lynden Johnson a dit :
« L’histoire et l’instinct nous enseignent qu’une société qui n’encourage pas les pères à exercer leur rôle de manière responsable devra payer pour son échec dans les générations qui lui succéderont. »
Les familles ont besoin de pères qui prennent leurs responsabilités et qui refusent d’abandonner leur rôle de direction à la maison, dans l’Église et dans la société. Notre société va s’effondrer si les pères abandonnent leurs familles.