Psaumes et louange (1) - Un regard sur le livre des Psaumes
Psaumes et louange (1) - Un regard sur le livre des Psaumes
Connaissez-vous le livre des Psaumes? C’est le livre le plus étendu de toute la Bible, on le trouve dans l’Ancien Testament, entouré d’autres livres poétiques, comme le livre de Job ou le Cantique des cantiques. Les 150 Psaumes qu’il contient nous présentent les prières, invocations, supplications, chants de louange et de reconnaissance des croyants non seulement de l’Ancien Testament (car le livre des Psaumes a été composé avant Jésus-Christ) mais aussi du Nouveau Testament, car les chrétiens ont dès le début chanté les Psaumes à la suite de Jésus-Christ. Ils avaient aussi compris que le livre des Psaumes se rapporte au Messie promis de longue date, et que nombre de Psaumes prophétisent sa venue et son œuvre. Pour comprendre cela, il avait fallu que Jésus-Christ, après sa résurrection, ouvre les yeux et l’intelligence spirituelle de ses disciples, comme le rapporte le dernier chapitre de l’Évangile selon Luc :
« Il leur dit : Voici ce que je vous ai dit quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, dans les Prophètes, et dans les Psaumes.” Là-dessus, il leur ouvrit l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures. “Vous voyez, leur dit-il, les Écritures enseignent que le Messie doit souffrir, qu’il ressuscitera le troisième jour, et qu’on prêchera de sa part aux hommes de toutes les nations, en commençant par Jérusalem, la repentance en vue du pardon des péchés” » (Lc 24.44-47).
Les Psaumes sont écrits en style poétique, dans la langue hébraïque. Cette poésie est très étroitement associée à la musique contemporaine de leur rédaction. Nous ne pouvons reconstituer ce style musical, faute d’informations à son sujet, quoique la mention d’instruments de musique accompagnant le chant ou la déclamation des Psaumes soit souvent indiquée en exergue, ainsi que certaines mélodies sur le rythme desquelles la poésie de tel ou tel Psaume semble avoir été calquée.
Quoi qu’il en soit, les Psaumes sont l’expression la plus achevée de la foi des croyants et de la prière qu’il convient d’adresser à Dieu. Ils révèlent toutes les faces de l’âme du croyant, et depuis leur rédaction ils ont servi de modèles de prière et de méditation à des générations d’hommes et de femmes habités par l’intense besoin d’épancher leur cœur devant le Dieu très haut. Les Psaumes proclament la toute-puissance de Dieu, son jugement sur les nations, ses actes de délivrance au cours de l’histoire de son peuple. Ils appellent les hommes à la fidélité, à la justice et au respect des ordonnances divines; ils supplient Dieu pour obtenir la délivrance des mains des ennemis et expriment la reconnaissance après ces actes de délivrance; ils chantent les bénédictions que reçoit d’en haut le croyant fidèle.
Le livre des Psaumes est divisé en cinq livres ou recueils plus petits : le premier livre comprend les Psaumes 1 à 41; le second les Psaumes 42 à 72; le troisième les Psaumes 73 à 89, le quatrième les Psaumes 90 à 106, et le cinquième les Psaumes 107 à 150. Chacun de ces recueils se termine par une formule de louange caractéristique, qu’on appelle une doxologie. Par exemple, à la fin du premier recueil, le Psaume 41 se termine ainsi : « Loué soit l’Éternel, le grand Dieu d’Israël, depuis toujours et pour toujours. Amen, amen! » De même, à la fin du quatrième recueil, le Psaume 106 conclut sur les paroles suivantes : « Loué soit l’Éternel, Dieu d’Israël, d’éternité jusqu’en éternité et que le peuple entier réponde : Amen. Louez l’Éternel! »
Mais qui sont les auteurs des Psaumes? Soixante-treize d’entre eux sont attribués au roi David, et quelques-uns indiquent même dans quelles circonstances personnelles David les a composés. D’autres ne portent aucune mention de leur auteur. Certains ont été composés par des chantres qui servaient dans le temple de Jérusalem, comme les fils de Qoré; les Psaumes 50 et 73 portent la mention d’Asaph, qui était l’un des trois chefs de chœur de David et l’ancêtre d’une confrérie de prêtres-chantres. Le Psaume 90 est attribué à Moïse. Il faut aussi mentionner que le nombre des Psaumes varie d’une tradition chrétienne à l’autre : dans certaines bibles, ils sont au nombre de 151, dans d’autres au nombre de 150. Cette dernière numérotation est en vigueur dans les Bibles protestantes, et c’est celle que j’adopte ici. Cela est dû non pas à la présence supplémentaire d’un Psaume dans certaines traditions, mais au fait qu’au cours de l’histoire certains Psaumes ont été groupés ensemble, ou bien séparés, ce qui a donné lieu à une numérotation légèrement différente.
Une question très importante doit maintenant être posée : Les Psaumes sont-ils des paroles humaines invoquant Dieu et lui parlant du fond du cœur, ou bien devons-nous les considérer comme des paroles inspirées par Dieu lui-même? La réponse est : les deux à la fois. Certes, les Psaumes sont des paroles prononcées par des hommes et qui témoignent même parfois du désarroi et de l’angoisse auxquels les croyants peuvent être soumis. Mais en même temps, cette expérience des psalmistes de l’Ancien Testament est guidée par Dieu pour nous donner un modèle de la prière qu’il convient de prier dans nos propres moments d’angoisse et de désarroi.
L’angoisse et le désarroi ne constituent pas l’expérience finale du croyant, même s’ils la caractérisent par moments. Jésus-Christ lui-même s’est écrié, sur la croix de Golgotha : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » (Mt 27.46), reprenant ainsi les paroles du Psaume 22. Mais ce cri ne constitue pas la fin de sa mission ou de son œuvre de rédemption, même s’il revêt une place centrale dans sa trajectoire terrestre. Avec les Psaumes, Dieu met dans la bouche et le cœur des croyants les prières qu’il veut qu’on lui adresse, en tenant compte du monde brisé après la chute et de la nature humaine sujette à ce monde brisé. Mais il met aussi dans la bouche des croyants une espérance indestructible prenant sa source dans la louange du Dieu tout puissant qui a vaincu les forces du mal.
Ce que je vous propose c’est de parcourir ensemble ce merveilleux livre de prières, de louanges, de méditations et d’invocations à Dieu, et de lire ensemble le texte de ces Psaumes, en abordant successivement les thèmes qu’ils évoquent. Commençons par le Psaume 96, qui est par excellence un Psaume de louange et qui appelle l’univers tout entier à chanter la gloire de l’Éternel, le Dieu Créateur et Sauveur. Il appelle en fait à exprimer cette louange en musique, comme c’était l’usage chez les Israélites de l’Ancien Testament.
« Chantez à l’Éternel un cantique nouveau! Chantez à l’Éternel, vous, gens du monde entier! Chantez à l’Éternel et louez-le pour ce qu’il est! Annoncez chaque jour la joyeuse nouvelle de son salut! Oui, publiez sa gloire au milieu des nations! Racontez ses merveilles chez tous les peuples! Car l’Éternel est grand et comblé de louanges, et il est redoutable bien plus que tous les dieux. Car tous les dieux des peuples ne sont que du néant, alors que l’Éternel a fait le ciel. Splendeur et majesté rayonnent de son être, et puissance et bonté ornent son sanctuaire. Célébrez l’Éternel, vous, nations de la terre, célébrez l’Éternel en proclamant sa gloire et sa puissance. Célébrez l’Éternel et son nom glorieux! Apportez vos offrandes, entrez dans ses parvis, et là, prosternez-vous. Adorez l’Éternel dans l’éclat de sa sainteté! Vous, gens du monde entier, tremblez devant sa face! Proclamez aux nations que l’Éternel est roi! Aussi le monde est ferme, il n’est pas ébranlé. Dieu juge avec droiture les peuples de la terre. Que le ciel soit en joie et que la terre exulte, que la mer retentisse et tout ce qui l’habite! Que toute la campagne et tout ce qui s’y trouve exultent d’allégresse! Que, dans les bois, les arbres poussent des cris de joie devant l’Éternel, car il vient, il vient juger la terre. Il jugera le monde selon ce qui est juste, il jugera les peuples selon la vérité qui est en lui » (Ps 96).
Ce Psaume de louange nous présente l’Éternel Dieu non seulement comme le Roi magnifique qui trône au-dessus du monde qu’il a créé et de toutes choses, mais aussi comme le Juge des peuples, qui vient juger avec vérité et justice toute créature. En soi, cela constitue une bonne nouvelle, et c’est la raison pour laquelle la nature elle-même se réjouit, car le monde tout entier est en attente d’un jugement juste qui restaurera l’ordre et l’harmonie tant désirés.
Le Psaume 98 souligne cet aspect de jugement du monde qui donne à toute la nature l’occasion de se réjouir, le tout au son de divers instruments de musique. Terminons ce premier article sur le livre des Psaumes en le citant :
« Chantez à l’Éternel un cantique nouveau, car il a fait des merveilles. Par sa puissance, par son pouvoir divin, il a sauvé. L’Éternel fait connaître son salut; aux nations, il révèle sa justice. L’Éternel se souvient de son amour et de sa bienveillance à l’égard d’Israël. Jusqu’au bout de la terre, on a vu le salut qui vient de notre Dieu. Acclame l’Éternel, ô terre tout entière avec des cris de joie, au son de la musique! Au son de la cithare, célébrez l’Éternel, au son de la cithare, de tous les instruments! Au son de la trompette et aux accents du cor, exultez en présence de l’Éternel, du Roi! Que la mer retentisse et tout ce qui la peuple! Que l’univers résonne avec ses habitants! Que les rivières battent des mains, que les montagnes, à l’unisson, chantent de joie. Que tous louent l’Éternel : car il vient pour juger la terre! Il jugera le monde selon ce qui est juste, il jugera les peuples selon ce qui est droit » (Ps 98).