Psaumes et louange (4) - Ne t'irrite pas contre les méchants
Psaumes et louange (4) - Ne t'irrite pas contre les méchants
Psaume 37
Qui de vous ne s’est jamais posé avec intensité la question de savoir pourquoi ceux qui font le mal prospèrent si souvent de manière insolente? Pourquoi n’y a-t-il pas de justice immédiate pour punir ceux qui commettent toutes sortes d’actions répréhensibles et semblent en profiter impunément? Deux Psaumes de l’Ancien Testament, les Psaumes 37 et 73, traitent précisément de ce sujet et expriment le désarroi du croyant face à cette situation; mais ils apportent aussi la réponse finale à cette question qu’on peut tout aussi bien se poser aujourd’hui qu’il y a trois mille ans. Ces deux Psaumes nous invitent à observer ce qui se passe non dans une perspective à court terme, mais en contemplant ce qui arrive à long terme. Le futur appartient à Dieu, le maître de la providence, et à un moment ou un autre il fait tomber son jugement sur ceux qui transgressent sa loi. En conséquence, les psalmistes appellent leurs lecteurs à la sagesse, en l’occurrence à ne pas envier les méchants et leurs succès provisoires, mais à se comporter avec droiture.
Lisons le Psaume 37 attribué au roi David :
« Ne t’irrite pas contre les méchants! Ne jalouse pas ceux qui font le mal! Car, rapidement, comme l’herbe aux champs, ils seront fauchés et se faneront comme la verdure. Mets en l’Éternel toute ta confiance! Fais ce qui est bien, et, dans le pays, tu demeureras en sécurité. En Dieu, mets ta joie et il comblera les vœux de ton cœur. C’est à l’Éternel qu’il te faut remettre tout ton avenir. Aie confiance en lui et il agira. Il fera paraître ta justice comme la lumière, et ton droit comme le soleil à midi. Demeure en silence devant l’Éternel. Attends-toi à lui, ne t’irrite pas devant le succès qu’obtiennent les uns ni devant les ruses que déploient les autres! Laisse la colère, calme ton courroux, ne t’irrite pas, car en fin de compte tu ferais le mal. Or, qui fait le mal sera retranché : tandis que tous ceux qui ont mis en l’Éternel leur espoir auront le pays comme possession. D’ici peu de temps, fini le méchant! Tu demanderas où il est passé : il ne sera plus. Mais ceux qui sont humbles auront le pays comme possession, et ils jouiront d’une paix profonde. Le méchant complote pour ruiner le juste, il grince des dents contre lui. Pourtant, l’Éternel se moque de lui, car il voit venir le jour de sa perte. Voyez les méchants : ils tirent l’épée, ils bandent leur arc pour tuer le pauvre et le malheureux et pour égorger tous les gens qui suivent la voie droite. Mais leur épée les transpercera, et quant à leurs arcs, ils seront brisés. Le peu que possède celui qui est juste vaut mieux qu’un trésor aux mains du méchant. Les méchants verront leur pouvoir brisé, mais l’Éternel reste le soutien des justes. Il garde la vie des gens sans reproche, et leur héritage demeure à jamais. Pour eux, pas de honte au temps du malheur, et dans la famine, ils n’auront pas faim. Les méchants périssent et les ennemis de l’Éternel sont comme les fleurs des prés : ils disparaîtront; comme une fumée, ils s’évanouiront. Le méchant emprunte, mais il ne rend pas; le juste a pitié, il est généreux. Ceux que Dieu bénit auront le pays comme possession, mais ceux qu’il maudit seront retranchés. Lorsque la conduite de quelqu’un lui plaît, l’Éternel lui donne d’affermir sa marche dans la vie. Il peut trébucher, cependant jamais il ne tombera : l’Éternel le tient par la main. J’étais un enfant et me voilà vieux, jamais je n’ai vu celui qui est juste être abandonné, ni ses descendants mendier leur pain. Tout au long des jours, il a compassion et il prête aux autres. Ses enfants seront en bénédiction. Évite le mal, accomplis le bien : tu demeureras pour toujours. Car l’Éternel aime qu’on suive le droit, et ceux qui le servent ne seront jamais délaissés par lui. Ils seront gardés éternellement, mais les malfaiteurs seront supprimés, la postérité de tous les méchants sera retranchée; tandis que les justes auront le pays comme possession. Ils l’habiteront éternellement. Des paroles sages sortent de la bouche de ceux qui sont justes, et leur langue parle, selon la droiture. La Loi de leur Dieu, gravée dans leur cœur, les garde à l’abri de tous les faux pas. Le méchant épie le juste : il cherche à le mettre à mort. Jamais l’Éternel ne le livrera à la merci des méchants. Il ne le laissera pas être condamné dans un jugement. Attends-toi à l’Éternel, et suis le chemin qu’il te recommande; il t’honorera par la possession de tout le pays. Tu verras comment tous les malfaisants sont retranchés. J’ai vu le méchant, dans sa violence, croître comme un cèdre vert et florissant. Mais il a passé; voici qu’il n’est plus. J’ai beau le chercher, il est introuvable. Observe comment vit l’homme au cœur droit, l’homme au cœur intègre : tu constateras que l’homme de paix a un avenir. Mais vois les rebelles : c’est toute autre chose : tous seront détruits, et ils n’auront plus aucun avenir! Le salut des justes vient de l’Éternel, et il est leur forteresse aux jours de détresse. Il leur vient en aide et les délivre de tous les méchants. Il les sauvera, car ils ont cherché leur refuge en lui » (Ps 37).
Si nous reprenons le début de ce Psaume, nous voyons qu’il met en garde contre deux tentations, dont la seconde découle en fait de la première : en se mettant en colère contre ceux qui commettent le mal, en en voyant le succès apparent de leurs entreprises, on est facilement amené à les jalouser, et à partir de là à imiter leur comportement pour parvenir à nos propres fins. L’antidote contre une telle tentation, c’est de placer toute sa confiance en l’Éternel, car dans sa providence, il gouverne non seulement notre présent, mais aussi notre avenir. Cela est exprimé aux versets 5 et 6 : « C’est à l’Éternel qu’il te faut remettre tout ton avenir. Aie confiance en lui et il agira. Il fera paraître ta justice comme la lumière, et ton droit comme le soleil à midi. »
Jalouser ceux qui font le mal, c’est avoir une vue à court terme, c’est se laisser entraîner à rechercher le profit immédiat, quels que soient les moyens employés. C’est sans doute aussi être tellement pris dans le filet de ses propres préoccupations qu’on en vient à penser qu’on est soi-même le maître de son existence, et qu’on peut décider de ce qui va nous arriver. L’antidote contre une attitude aussi insensée, c’est de remettre tous nos soucis à la providence divine qui agit. Il faut savoir se confier en lui et s’attendre à ce que lui nous apporte la libération. Agir de cette manière c’est honorer Dieu, car ainsi on reconnaît dans la foi qu’il est le maître de notre vie, et l’on trouve sa paix et son repos dans cette certitude : « En Dieu, mets ta joie et il comblera les vœux de ton cœur », lisons-nous au verset 4.
Cela signifie-t-il que nos désirs les plus insensés seront accomplis, et qu’il nous est permis de les présenter devant Dieu? Certes non, car nos désirs eux-mêmes doivent être purifiés et se conformer à ce qui est juste et bon selon la Parole de Dieu. Comment s’attendre à ce que Dieu fasse justice des méchants d’une part, et qu’il bénisse mes désirs mauvais de l’autre? Les versets 8 et 9 nous éclairent à ce sujet :
« Laisse la colère, calme ton courroux, ne t’irrite pas, car en fin de compte tu ferais le mal. Or, qui fait le mal sera retranché : tandis que tous ceux qui ont mis en l’Éternel leur espoir auront le pays comme possession. »
Même chose aux versets 27 et 28 :
« Évite le mal, accomplis le bien : tu demeureras pour toujours. Car l’Éternel aime qu’on suive le droit, et ceux qui le servent ne seront jamais délaissés par lui. Ils seront gardés éternellement. »
D’autre part, seule la confiance en la providence divine permet de comprendre ce qui se passe à long terme et comment Dieu agit vis-à-vis des méchants : au bout du compte, ils dépérissent comme l’herbe qui se fane. Cette image montre que leur dépérissement, leur fin apparaît après coup comme quelque chose de bien plus rapide que cela ne semble de prime abord lorsqu’on observe le cours des choses à court terme seulement.
Au cours du Psaume 37, le psalmiste reconnaît que le juste, celui qui pratique le bien, peut trébucher, connaître des accidents de parcours durant son existence. Il peut commettre des erreurs, ou bien il peut lui arriver de grandes épreuves. Mais s’il trébuche, il ne tombe cependant pas, et c’est là une différence de taille : tomber, dans la langue du psalmiste, c’est s’éloigner définitivement de Dieu en commettant délibérément le mal.
Les versets 23 et 24 assurent le juste de la protection divine :
« Lorsque la conduite de quelqu’un lui plaît, l’Éternel lui donne d’affermir sa marche dans la vie. Il peut trébucher, cependant jamais il ne tombera : l’Éternel le tient par la main. »
Et le Psaume conclut par l’assurance que Dieu vient au secours des justes, au moment même où ils connaissent de grandes épreuves :
« Le salut des justes vient de l’Éternel, et il est leur forteresse aux jours de détresse. Il leur vient en aide et les délivre de tous les méchants. Il les sauvera, car ils ont cherché leur refuge en lui. »