S’agit-il de violence conjugale?
S’agit-il de violence conjugale?
Je viens de lire un livre sur la violence conjugale écrit par Darby Strickland1. Je ne saurais trop insister sur l’importance de ce livre pour les pasteurs et les anciens. Nous ne devons pas être naïfs quant à la présence de violence conjugale dans nos Églises. Darby Strickland a écrit un ouvrage complet sur le sujet, destiné à ceux et celles qui veulent aider. Je ne vais pas en rédiger un compte-rendu complet, mais simplement vous faire part de certaines des citations que j’ai trouvées les plus utiles ou les plus perspicaces.
« Lorsque nous nous entretenons avec une personne opprimée, nous devons nous faire petits aussi. Nos gestes, nos paroles et nos expressions doivent se faire petits. Une femme opprimée n’a pas besoin d’entendre nos opinions ou de se faire dire ce qu’elle doit faire. N’oubliez pas que son oppresseur lui dit ce qu’elle doit faire et comment elle doit penser. Nous devons adopter une posture différente — celle de l’écouter et de l’aider à retrouver sa capacité à faire des choix » (p. 47).
« Il peut être tentant lorsque nous observons le comportement d’une victime d’attribuer sa souffrance à ses propres échecs ou manquements. S’il est vrai que de nombreuses victimes pourraient améliorer la façon dont elles réagissent aux abus qu’elles subissent, ce n’est pas ce sur quoi nous devons nous concentrer lorsque nous commençons à travailler avec elles, et ce ne sont pas ces améliorations qui mettront fin aux abus qu’elles subissent. La première chose à faire est de chercher à comprendre ce qui leur arrive. Avant d’arriver avec des paroles d’instruction, nous devons connaître le monde dans lequel elles évoluent » (p. 94).
« Dans le contexte de l’Église, les gens sont souvent tentés de confronter les oppresseurs et de les appeler à la repentance. Ne faites pas cela, à moins que la personne opprimée ne soit à l’aise avec cette démarche, qu’elle soit protégée et qu’elle soit préparée » (p. 113).
« Les oppresseurs peuvent agir de manière repentante ou même être pleins de remords. Cependant, souvent, ils ne sont désolés qu’à cause des conséquences de leurs actes pour eux-mêmes. Leur orgueil perçoit qu’ils se sont rendus ridicules ou que les autres pensent qu’ils ont fait quelque chose de répréhensible » (p. 138).
« Malheureusement, j’ai entendu trop d’histoires comme celle-ci : Un pasteur voit un mari en pleurs qui sembler éprouver des remords sincères d’avoir fait du mal à sa femme. Le pasteur dit alors : “Votre mari semble sincèrement désolé et a promis qu’il ne recommencerait pas. Je ne pense pas que vous devriez appeler la police; il pourrait tout perdre.” Le pasteur n’a pas détecté la manipulation du mari et n’a pas vu que le but de ses excuses était d’éviter la police et autres conséquences » (p. 139).
Le viol conjugal se produit à l’intérieur de 10 à 14 % de tous les mariages. Ces chiffres devraient nous alarmer. Ils devraient également nous amener à nous demander pourquoi, si les violences sexuelles conjugales sont si répandues, nous n’en entendons pas parler davantage » (p. 160).
« Prenons l’exemple d’une autre personne que j’ai conseillée. Je parlais de la grâce de Dieu envers elle alors qu’elle était obsédée par ses défauts et ses échecs. Je pensais être en train de l’encourager jusqu’à ce que j’apprenne qu’on lui avait dit que la “grâce” décrivait la manière dont Dieu tolérait ce qu’il détestait en elle. Pour cette femme, ce concept ne comportait aucune notion de l’amour de Dieu pour elle. Le mot avait été tellement corrompu que j’ai dû trouver d’autres façons de parler de la miséricorde de Dieu et de son amour » (p. 222-223).
« Vous vous dites peut-être : “Une femme opprimée peut-elle quitter son mari? Dieu déteste le divorce. Va-t-elle pécher contre Dieu si elle le quitte?” Ce n’est jamais mal, ce n’est pas un péché, de fuir un danger. Jésus l’a fait, et l’apôtre Paul a échappé à plusieurs reprises à des situations violentes et dangereuses. Dieu ne demande pas aux personnes vulnérables de rester dans une situation dangereuse si leur souffrance peut être évitée. Si nous prenions du recul et examinions l’ensemble des Écritures, nous verrions que Dieu a un cœur pour les personnes faibles et sans défense » (p. 288)2.
Notes
1. Darby Strickland, Is It Abuse? A Biblical Guide to Identifying Domestic Abuse and Helping Victims [S’agit-il d’abus? Un guide biblique pour identifier la violence conjugale et aider les victimes], P&R Publishing, 2020, 360 pages.
2. NDT : Pour une réflexion sur ce sujet, voir l’article de Wes Bredenhof Une épouse est-elle moins qu’une esclave?